Abstracts
Résumé
Dans la foulée de la Recommandation relative à la condition de l’artiste de l’Unesco et à la suite de revendications en ce sens par certaines associations d’artistes, le Québec s’est doté d’un régime législatif encadrant spécifiquement les relations du travail des artistes en 1987, soit la Loi sur le statut professionnel et les conditions d’engagement des artistes de la scène, du disque et du cinéma. Ce régime favorise la représentation collective des artistes visés et la conclusion d’ententes collectives de travail établissant des normes minimales de travail. Il est intéressant de s’attarder à l’interprétation que les instances décisionnelles spécialisées chargées de l’application de la Loi ont donné aux différents éléments influençant le champ d’application de celle-ci. Tant la Commission de reconnaissance des associations d’artistes et des associations de producteurs (CRAAAP), de 1987 à 2009, que la Commission des relations du travail (CRT), de 2009 à 2015, ont eu recours à la théorie de l’interprétation des lois pour justifier leur lecture de l’étendue de la protection de la Loi. La présente analyse de cette jurisprudence vise, dans un premier temps, à mettre en lumière comment ces instances ont défini les objectifs de la Loi. Cela permet, dans un second temps, de porter un regard critique sur les choix interprétatifs qu’elles ont faits lors de l’application de la Loi, tant au niveau de la définition de l’objet visé par celle-ci (le travail artistique) que du sujet visé (l’artiste). Le texte dresse un bilan comparatif entre les approches de la CRAAAP et de la CRT, et la mesure dans laquelle leur interprétation respective permet de rencontrer les objectifs que chaque instance considère être ceux de la Loi, alors qu’un récent remaniement des tribunaux du travail a entraîné un nouveau transfert des compétences pour l’application de la Loi vers le Tribunal administratif du travail depuis janvier 2016.
Abstract
In the wake of the UNESCO document Recommendation concerning the Status of the Artist and the demands made by certain artists’ associations, Québec passed legislation in 1987 specifically to structure artists’ working conditions, in the form of the Act Respecting the Professional Status and Conditions of Engagement of Performing, Recording and Film Artists. The Act introduced collective bargaining for the artists concerned and provided for group agreements that establish minimum working standards. It is interesting to review the ways in which the specialized decision-making authorities responsible for the Act have interpreted various elements influencing its field of application. Both the Commission de reconnaissance des associations d’artistes et des associations de producteurs (CRAAAP), from 1987 to 2009, and the Commission des relations du travail (CRT), from 2009 to 2015, used the theory of statutory construction to justify their interpretation of the scope of the protection provided by the Act. Our analysis of the jurisprudence highlights, first, how these authorities defined the Act’s objective. As a second step, we look critically at the interpretational choices made to define both the Act’s object (artistic work) and its subjects (artists). We present a comparison of the approaches of the CRAAAP and the CRT, and of the extent to which their respective interpretations made it possible to meet the objectives which each authority considered to be those of the Act, until a recent reorganization of labour tribunals transferred responsibility for the application of the Act to the Administrative Labour Tribunal in January 2016.
Resumen
A raíz de la Recomendación relativa a la Condición del Artista de la UNESCO y en este sentido, como respuesta a las reivindicaciones por parte de algunas asociaciones de artistas, la provincia de Québec se ha dotado desde el año 1987 de un régimen legislativo que ha reglamentado de manera específica las relaciones laborales de los artistas, consagrada en la Loi sur le statut professionnel et les conditions d’engagement des artistes de la scène, du disque et du cinéma. Esta ley favorece la representación colectiva de los artistas en cuestión y la firma de contratos colectivos que establecen condiciones mínimas de trabajo. Es de interés tratar sobre la interpretación que las instancias decisionales especializadas a cargo de la aplicación de la ley, le han dado a los diferentes elementos, influenciando así la esfera de aplicación de ésta. Tanto la Commission de reconnaissance des associations d’artistes et des associations de producteurs (CRAAAP) (desde el año 1987 hasta el año 2009) como la Commission des relations du travail (CRT) (desde el año 2009 hasta el año 2015) han recurrido a la teoría de la interpretación de las leyes, para así justificar su lectura sobre el alcance de la protección de la ley. El análisis de la jurisprudencia tiene como objetivo, en primer lugar, aclarar cómo estas instancias han definido los objetivos de la ley. Esto permite, en segundo lugar, analizar con espíritu crítico las opciones interpretativas llevadas a cabo al momento de la aplicación de la ley, tanto a nivel de la definición del objeto previsto por éste (el trabajo artístico) como por el sujeto contemplado (el artista). El texto ha arrojado un balance comparativo entre los enfoques de la Commission de reconnaissance des associations d’artistes et des associations de producteurs (CRAAAP) y la Commission des relations du travail (CRT) acerca de la medida en la cual su interpretación respectiva permite alcanzar los objetivos que cada instancia considera ser el legal, puesto que una reciente reorganización de los tribunales del trabajo, motivada por la aplicación de la ley, ha acarreado una nueva transferencia de competencias hacia el Tribunal administrativo del trabajo desde el mes de enero de 2016.