Abstracts
Résumé
En droit pénal canadien, deux formes d’homicide entraînent la condamnation de celui qui crée une vive émotion de peur chez autrui, engendrant incidemment son décès. D’abord, l’homicide provoqué par la peur mentionné à l’article 222 (5) (c) du Code criminel incrimine celui qui cause la mort d’une autre personne en portant cette dernière, par des menaces ou la crainte de quelque violence, à faire quelque chose qui entraîne son décès. Ensuite, l’homicide par influence sur l’esprit mentionné à l’article 222 (5) (d) rend coupable celui qui cause la mort d’un être humain, précisément d’un enfant ou d’une personne malade, en l’effrayant volontairement. La spécificité de tels crimes suscite plusieurs questionnements. Faut-il tenir responsable celui qui apeure lorsque la mort résulte d’une réaction démesurée de la victime devant la peur ? Est-il pertinent de condamner celui qui apeure une autre personne lorsqu’une telle conduite engendre des conséquences tragiques qui ne sont ni voulues ni même envisagées ? Dans quelle mesure convient-il de considérer les caractéristiques personnelles de la victime lorsque celles-ci témoignent d’une particulière vulnérabilité quant à la peur ?
L’auteure tente de répondre à de telles interrogations dans l’article qui suit. La première partie aborde l’actus reus de l’homicide, soit la suffisance du lien de causalité lorsqu’une vive émotion de peur engendre la mort. La seconde partie est consacrée à la mens rea d’un tel crime, c’est-à-dire à l’intentionnalité exigée chez l’instigateur de la peur afin que sa responsabilité criminelle soit retenue. Inspirée par une jurisprudence canadienne, anglaise et australienne, l’auteure conclut en formulant une triple proposition afin de garantir une meilleure répression juridique de la peur en matière d’homicide.
Abstract
In Canadian criminal law two types of homicide entail the condemning of a person who provokes in another person deadly emotions of fear that unexpectedly causes that person’s death. First of all, homicide caused by fear under Section 222 (5) (c) Cr. C. incriminates anyone who causes the death of another person either by making threats or menacing some form of violence in order to induce that person’s fear of impending violence so as to perform some act that causes death. As such, homicide by exercising influence on volition under Section 222 (5) (d) Cr. C. makes guilty a person who causes the death of a human being, especially of a child or a sickly person by deliberately instilling fear in such persons. The specific nature of such crimes raises many questions. Must a person be held liable for having frightened another person when death results from a hypersensitive reaction of the deceased confronted with fear ? Should the person who instils fear when such behaviour causes tragic consequences that were neither sought nor even imagined by the perpetrator ? To what extent should one take into consideration the personal characteristics of the victim when they illustrate specific vulnerability when confronted by fear ?
This article seeks answers to such questions. The first part dwells upon the actus reus of the homicide, namely considering the sufficiency of the causal link when a powerful emotion of fear causes death. The second part focuses upon the mens rea of such a crime, namely the intent required of the perpetrator of fear such that his or her criminal liability is upheld. Inspired by Canadian, British and Australian jurisprudence, the author concludes by formulating a triple proposition so as to guarantee enhanced legal repression of fear in matters of homicide.