Depuis la parution de la première édition du Dictionnaire de droit québécois et canadien en 1994, l’oeuvre du professeur Reid est devenue un point de passage obligatoire pour tout chercheur s’intéressant à la langue de Thémis. La quatrième édition ne vient que renforcer une pratique bien établie chez les chercheurs, rédacteurs, traducteurs, terminologues et autres. Le lexique juridique du Québec et du Canada étant en constante évolution, sa mise à jour est indispensable et le présent ouvrage témoigne, par sa facture même, de cette évolution. Par sa qualité, nous pouvons même dire que l’oeuvre du professeur Reid participe à cet essor du droit, en en confortant les bases notionnelles, au bénéfice de tous. Cette mise au point des notions commence dès la première page (en fait, la page 3), au deuxième mot, « Abandon », et la cadence s’accélère au fur et à mesure de la comparaison des pages de la troisième et de la quatrième édition. Tout est minutie et précision étourdissantes, que ce soit une simple mise à jour de la jurisprudence sous-jacente au terme « Abandon » (p. 3), l’ajout de l’expression « Abri fiscal » (p. 4-5) ou encore l’ajout du terme « Absentéisme » (p. 5). Puis le « droit nouveau ou naissant » y trouve une place, voire des places d’honneur émaillant l’ouvrage : témoin l’article intitulé « Accommodements raisonnables » (p. 9), puis un peu plus loin, l’article qui a pour titre « Acharnement thérapeutique » (p. 11), pour ne mentionner que ceux-là. Si notre examen s’est concentré surtout sur la lettre A, le choix des nouvelles entrées laisse songeur par la variété : « Adresse électronique », « Agence de notation », « Aïeul, aïeule, aïeux », « Allocation d’ouverture », « Apartheid », « Appréciation », « Appuyeur », « Arbitraire » et « Article ». À travers les multiples sujets que le professeur Reid a répertoriés et l’éclectisme naturel dont il fait preuve, il ouvre les horizons de la langue juridique québécoise et, ce faisant, renouvelle et renforce la langue française. Cependant, ce n’est pas tout. Dans un domaine structuré comme le droit où les mots du for n’existent pas dans un vide, ils interagissent continuellement entre eux et forment des notions et des réseaux notionnels. La vision structurante et intégrante de ces phénomènes par le professeur Reid place ses observations à l’avant-garde de la terminographie du droit au Canada. Il faut le préciser : ce dictionnaire se démarque bien des ouvrages de doctrine juridique. En disant le droit, le Code civil du Québec comme bien d’autres exposés juridiques canadiens, apprend aux lecteurs… « en prose », comme dirait M. Jourdain, le fonctionnement du système juridique et ses orientations doctrinales. En décortiquant cette « prose », le professeur Reid fait tout le contraire de l’oeuvre doctrinale en mettant en relief les notions (mots) et leurs réseaux notionnels (conceptuels). Pour saisir son jeu, un exemple élémentaire suffit. Le professeur Reid définit d’abord la notion de personnalité comme une « [a]ptitude à être sujet de droit, c’est-à-dire titulaire de droits et débiteur d’obligations » (p. 452). L’éventail de nuances que le professeur vient d’ouvrir ici est vaste, et nous nous concentrons seulement sur une de ces voies : la personne, « [ê]tre qui est titulaire de droits et est assujetti à des obligations » (p. 452-453). Élémentaire ? Oui, mais le professeur Reid renchérit en élargissant encore la notion par la personne morale : « Entité légalement constituée, dotée d’une personnalité juridique indépendante de celle de ses membres et à qui la loi reconnaît des droits et des obligations » (p. 453). …
Hubert Reid, Dictionnaire de droit québécois et canadien, 4e éd., Montréal, Wilson & Lafleur, 2010, 855 p., ISBN 978-2-89127-984-0.[Record]
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Wallace Schwab
Québec