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Allant à l’encontre des thèses égalitaristes (Dechêne, Greer) ou partiellement égalitaristes (Paquet et Wallot, Courville) qui ont cours pour expliquer les sociétés nouvelles, Fernand Ouellet examine les « disparités socio-ethniques » et les « hiérarchies de la terre » qu’il constate avant 1871 dans les cantons de Malden et de Sandwich, dans le sud-ouest ontarien. Cet article fait suite à son analyse de la population de Hawkesbury et d’Alfred, dans l’est ontarien, où il avait spécifiquement abordé cette question. Parmi les nombreux facteurs qui sont au coeur de sa discussion et qui permettent de rendre compte des écarts entre les groupes ethniques, le moment de l’arrivée dans la région a une importance substantielle. Si les Canadiens français avaient été les derniers venus dans l’Est, ils furent les premiers dans le Sud-Ouest, ce qui leur donna une prépondérance certaine. Mais d’autres facteurs jouent aussi un rôle important, notamment l’âge et le lieu d’origine, la religion et l’alphabétisation. Sans négliger aucun de ces éléments, mais en considérant en outre les pratiques antérieures de distribution des terres, à partir de sources diverses ‒ aveux et dénombrements, terriers, recensements ‒, Fernand Ouellet montre que les inégalités sont structurelles, que la thèse égalitariste « relève beaucoup plus du mythe que de la réalité », car l’évolution du Québec, comme celle de Malden et de Sandwich avant 1871, n’est « qu’un aspect de la prolifération des inégalités socio-économiques et socioculturelles à tous les niveaux ».