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Le lien évoqué entre lèpre et sida peut sembler étrange, puisque tant de choses les séparent; époques, étiologies, modes de contagions. Mais alors que dans les métropoles des anciennes colonies, la lèpre a disparue quand apparaît le SIDA, elle est encore bien présente aux Antilles – comme dans la Caraïbe non francophone – quand apparaît l’épidémie au début des années 1980. Si l’incidence de la lèpre a considérablement baissé, cette « maladie d’autrefois », comme la qualifie déjà un journal antillais dans les années 1920 continue néanmoins de profondément marquer les esprits et les politiques sanitaires. Le but de cet article n’est pas de faire l’histoire de la lèpre ou celle du sida aux Antilles, mais en comparant les approches de la lèpre dans les années 1930 et celles du sida lors de son apparition cinquante ans plus tard, d’examiner les troublantes continuités, malgré les profondes différences, dans la façon dont « la » maladie est appréhendée, construite et cadre les réponses en termes de politique sanitaire. Lèpre et sida éveillent des constructions similaires quant aux « malades » et donnent lieu à des logiques et à des mécanismes d’exclusion très voisins. Cette recherche s’appuie plus particulièrement sur les publications médicales (thèses, rapports de santé et articles de vulgarisation) saisies comme autant de fragments révélateurs d’un discours social pour montrer comment lèpre et sida donnent lieu à des appréhensions et à des mécanismes d’exclusion très similaires.