Abstracts
Résumé
Le problème qui nous intéresse est avant tout celui de la gestion biomédicale des restes humains en archéologie, ces artefacts anciens « pas comme les autres », ces « patients atypiques ». Dans l’article suivant, on va tenter de voir, avec un regard interdisciplinaire (anthropologique, philosophique et médical), comment il est possible de travailler sur les restes humains en archéologie, mais aussi comment gérer le stockage de ces derniers après étude. Car déjà, travailler sur l’archéologie est un problème politique (au sens grec du terme, c’est-à-dire qui implique littéralement la cité, et l’on pourrait faire référence directement aux travaux de Laurent Olivier sur la politique des fouilles archéologiques pendant le troisième Reich et la diffusion de l’idéologie nazie fondée sur des produits de fouilles et des études anthropologiques. Mais en outre, travailler sur des restes humains peut également poser des problèmes politiques, et nous en avons fait les frais dans notre équipe lorsque nous avons travaillé d’une part sur le masque mortuaire de Robespierre (la reconstitution du visage ayant créé un véritable esclandre du côté de l’extrême gauche française) mais aussi lorsque nous avons travaillé sur la tête de Henri IV (l’identification de celle-ci ayant ravivé considérablement la querelle clanique historique entre Orléans et Bourbon)… Travailler sur les restes humains est donc tout sauf anodin.
Mots-clés :
- muséologie,
- bioéthique,
- anthropologie médicale,
- ostéo-archéologie,
- restitution
Abstract
The problem I am interested in is above all that of the biomedical management of human remains in archaeology, these ancient artifacts “unlike any other”, these “atypical patients”. In the following text, I will examine, with an interdisciplinary perspective (anthropological, philosophical and medical), how it is possible to work on human remains in archaeology, but also how to manage their storage after study. Working in archaeology is already a political problem (in the Greek sense of the word, i.e., it literally involves the city), and one could refer directly to Laurent Olivier’s work on the politics of archaeological excavations during the Third Reich and the spread of Nazi ideology based on excavation products and anthropological studies. But in addition, working on human remains can also pose political problems, and we paid the price in my team when we worked on Robespierre’s death mask (the reconstruction of the face having created a real scandal on the part of the French far left) but also when we worked on Henri IV’s head (its identification having considerably revived the historical clan quarrel between Orléans and Bourbon). Working on human remains is therefore anything but insignificant.
Keywords:
- museology,
- bioethics,
- medical anthropology,
- osteo-archaeology,
- restitution