Canadian Journal of Bioethics
Revue canadienne de bioéthique
Volume 2, Number 1, 2019 Jonathan Glover: Questions de vie ou de mort Guest-edited by Benoît Basse
Table of contents (10 articles)
Éditorial / Editorial
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Jonathan Glover ou le besoin d'une éthique appliquée
Benoît Basse
pp. 1–4
AbstractFR:
Nous introduisons ici un numéro spécial consacré au philosophe britannique Jonathan Glover (1941-). Reconnu comme une figure importante de l'éthique appliquée dans le monde anglo-saxon, Glover ne bénéficie pas encore de la même renommée dans le monde francophone. En 2017, quarante ans après la publication originale de Causing Death and Saving Lives (1977), nous avons publié une traduction française de ce même ouvrage, sous le titre Questions de vie ou de mort (trad. B. Basse, Labor et fides, 2017). Dans cet éditorial, nous commençons par rappeler les raisons pour lesquelles Glover jugea nécessaire, dans les années 60, de donner à l'éthique un caractère davantage "appliqué". Puis nous présentons dans ses grandes lignes l'éthique du "faire-mourir" défendue par Glover, résolument pluraliste, et non pas strictement utilitariste comme d'aucuns ont pu le penser. Enfin, nous introduisons les contributions de ce numéro spécial (rédigées par des auteurs francophones), ainsi que les trois entretiens que nous avons menés avec Jonathan Glover, Peter Singer et Jeff McMahan.
EN:
I introduce here a special issue dedicated to the British philosopher Jonathan Glover (1941-). Recognized as an important figure in applied ethics in the Anglo-Saxon world, Glover does not yet enjoyed the same reputation in the French-speaking world. In 2017, forty years after the original publication of Causing Death and Saving Lives (1977), I published a French translation of the same book, entitled Questions de vie ou de mort (translated by B. Basse, Labor et fides, 2017). In this editorial, I begin by recalling the reasons why Glover considered it necessary in the 1960s to give ethics a more "applied" character. Then I present in broad terms the ethics of "making people die" defended by Glover, resolutely pluralist, and not strictly utilitarian as some may have thought. Finally, I introduce the contributions to this special issue (written by French-speaking authors), as well as the three interviews I conducted with Jonathan Glover, Peter Singer and Jeff McMahan.
Articles / Articles
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Jonathan Glover sur la doctrine des actes et omissions : une autre responsabilité négative
Cédric Astay
pp. 5–16
AbstractFR:
Dans Questions de vie ou de mort, Jonathan Glover fait de la critique de la doctrine des actes et omissions la pierre angulaire de ses positions en éthique appliquée. Comment soutenir en effet qu'un acte et une omission, lorsqu'ils aboutissent exactement aux mêmes conséquences, se voient attribuer une valeur morale différente? Cet article s'attache à montrer que refuser la doctrine des actes et omissions revient à adopter la notion utilitariste de responsabilité négative. Notamment développée par Peter Singer, dont Glover fut le professeur à la fin des années 1960, l'idée de responsabilité négative implique qu'un agent moral est non seulement responsable de ce qu'il fait, mais aussi de ce qu'il ne fait pas, justement en raison du fait qu'il a omis d'agir. La réfutation de la doctrine des actes et omissions amène Glover aux mêmes conclusions que les défenseurs de la responsabilité négative. À partir de cette intuition, nous allons tenter de montrer que l'opposition entre la responsabilité négative et la doctrine des actes et omissions constitue en fait le cœur de l'opposition entre le conséquentialisme et la déontologie : chacune en serait le principe métaéthique fondamental. Cependant, nous allons aussi essayer de souligner que la responsabilité négative et la doctrine des actes et omissions ne sont pas parfaitement symétriques. Au terme de cet article, la responsabilité négative sera toujours loin d'être définitivement assise, car ses implications restent problématiques, mais elle sortira renforcée de la comparaison.
EN:
In his book Causing Death and Saving Lives, Jonathan Glover undertakes to criticize the acts and omissions doctrine. This criticism forms the key plank of his stand in applied ethics. Is it possible to defend the idea that an act and an omission, if they have the exact same consequences, shall nevertheless have a different moral significance ? This work is devoted to showing that refuting the acts- and -omissions doctrine amounts to an acceptance of the notion of negative responsibility. Mainly developed by Peter Singer, who was Glover's student in the late 60s, the mere idea of negative responsibility implies that a moral agent is not only responsible for what he does, but also for what he omits to do, precisely because he didn't act. The refutation of the acts- and -omissions doctrine leads Glover to the same conclusions as the upholders of negative responsibility. Among all the moral principles Glover discusses in the second part of Causing Death and Saving Lives, the acts- and -omissions doctrine has the leading role. The analysis of the author's line of argument in the chapters devoted to applied ethics issues reveals that this doctrine could be the fundamental axiom of all deontological theories. Glover's method does not only consists in refutating a doctrine in the theoretical part of his work, in order to show right after in concreto that many opposite theories are implicitly based upon this foundation – and are consequently flimsy. It is much more about showing that negative responsibility and the acts- and -omissions doctrine are not fully symmetric. They do have the same principle status, the former for utilitarianism, the latter for deontology ; but the acts- and -omissions doctrine is the only one whose origin is psychological, rather than moral. Negative responsibility is still not perfectly well-established, because its implications remain problematic, but it comes out of the comparison strengthened.
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Actions et omissions, effets voulus et effets latéraux : le conséquentialisme contre la morale intuitive
Bernard Baertschi
pp. 17–28
AbstractFR:
Intuitivement, nous jugeons que notre responsabilité concerne davantage ce que nous faisons que ce que nous omettons de faire, et qu’elle s’étend plus aux effets voulus qu’aux effets simplement prévus de nos actes. Ces intuitions ont été thématisées dans notre tradition par deux principes, celui de la distinction de l’action et de l’omission (PDAO) et celui des actions à double effet (PADE). Jonathan Glover reconnaît l’importance de ces principes, mais considère que, en définitive, il n’est pas judicieux de les conserver et qu’il vaut mieux s’en tenir à la doctrine conséquentialiste que notre responsabilité s’étend également à toutes les conséquences de nos actes et de nos omissions. Après avoir examiné les objections de Glover contre ces deux principes, je présente les recherches de Joshua Greene sur la neuropsychologie du jugement moral. Elles s’appuient sur nos réactions à certains dilemmes moraux, particulièrement à celui du wagon fou (trolley problem) et recourent à l’imagerie cérébrale. Ses conclusions vont dans le même sens que les arguments plus conceptuels de Glover. Toutefois, ces deux auteurs partagent une conception philosophique commune, le conséquentialisme. C’est pourquoi j’examine dans une dernière partie certaines objections que rencontre cette conception morale, ce qui m’amène, avec l’aide d’autres études de neuropsychologie, à conclure qu’il est peu judicieux de mettre de côté les intentions de l’agent.
EN:
Intuitively, we judge that our responsibility has more to do with what we do than what we omit to do, and that it extends more to intended effects than to side-effects of our deeds. These intuitions have been expressed in our tradition through two principles: the doctrine of acts and omissions (DDE) and the doctrine of double effect (DDE). Jonathan Glover acknowledges that these two principles are important, but believes that it is eventually better to discard them and, instead, to stick to the consequentialist view that our responsibility extends equally to all the consequences of our behavior (acts and omissions). I first examine Glover’s objections against the two principles and then present Joshua Greene’s research on the neuropsychology of moral judgment. These rest heavily on our reactions to certain moral dilemmas, in particular the trolley problem, and have recourse to neuroimaging. Greene’s conclusions go in the same direction as Glover’s more conceptual arguments. However, both authors share a common philosophical view, i.e., consequentialism. Thus, in a last section I consider some difficulties that this moral view encounters, and with the aid of other neuropsychological studies, I conclude that it is not judicious to put aside the intentions of an agent.
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Enjeux éthiques des tests anténataux à l’époque contemporaine : L’apport d’une approche conséquentialiste
Marie Gaille
pp. 29–36
AbstractFR:
Le fœtus vivant est un « objet d’étude » relativement récent pour la médecine : depuis les années 1960. La mise en place de techniques de tests prénatal de dépistage et de diagnostic proposé aux couples ou aux femmes enceintes, afin de détecter in utero des maladies particulièrement graves incurables au moment du diagnostic et d’origine génétique, a suscité une réflexion éthique toujours présente. Jonathan Glover apporte à cette réflexion une contribution de premier ordre. Elle donne notamment toute sa place à l’examen des conséquences directes et « latérales » dans l’évaluation éthique d’une pratique. Après avoir présenté dans un premier temps le questionnement de Glover sur la pratique du diagnostic prénatal, élaboré sur plusieurs décennies, cette contribution aborde le moment de l’histoire du diagnostic prénatal dans lequel nous sommes à présent caractérisé par une pratique dite « non invasive » du diagnostic prénatal et par l’avènement d’une médecine génomique. Dans ce second moment, la démarche gloverienne attentive aux conséquences d’une pratique est reprise afin d’appréhender les enjeux propres de la période contemporaine et souligner que l’absence d’invasivité éthique ne met pas fin aux questionnements éthiques.
EN:
The living fetus has become object of study of medicine only recently, i.e., since the 1960s. The development of prenatal testing and diagnosis has allowed couples and pregnant women to be offered tests that are designed to identify serious in utero conditions, that is, conditions that are considered as incurable at the time of diagnosis. The scientific advances in prenatal diagnosis have also given rise to serious ethical reflections. Jonathan Glover makes a major contribution to this reflection by emphasising the importance of taking into account both the direct consequences and the ‘side-effects’ of a particular practice. This paper first discusses Glover’s perspective on the development of prenatal diagnosis, which he developed over the course of several decades, and focuses then on our current context which is characterized by a so-called “non-invasive” prenatal testing and the development of genomics. Using Glover’s approach, which pays particular attention to the effects of a decision, this paper identifies ethical issues that are particular to our time. The paper concludes that prenatal testing, despite being “non-invasive” from a biological point of view, still raises many ethical issues.
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Jonathan Glover : pour une reformulation du principe de la sacralité de la vie
Milena Maglio
pp. 37–46
AbstractFR:
Le troisième chapitre de Questions de vie ou de mort de Jonathan Glover est consacré à la doctrine du caractère sacré de la vie. Dans cette contribution, je propose d’analyser la critique gloverienne de la sacralité de la vie dans son contexte d’apparition. Lorsque Glover écrit ces pages, en 1977, l’affirmation du caractère sacré de la vie est récurrente dans les débats, publics et scientifiques, en Angleterre comme aux États-Unis. Si un certain consensus semble exister à son propos, notons cependant que l’expression « sacralité de la vie » est très rarement examinée. Jonathan Glover est l’un des premiers philosophes à s’engager dans une telle enquête et à montrer les limites de l’affirmation du caractère sacré de la vie. Dans son analyse, il se propose de remplacer les parties défectueuses de la doctrine, c’est-à-dire celles qui ne résistent pas à l’analyse rationnelle. Sa contribution se révèle de première importance non seulement pour la critique de la doctrine de la sacralité de la vie, mais encore pour le développement de la bioéthique et de ses arguments théoriques.
EN:
The third chapter of Jonathan Glover’s Causing Death and Saving Lives is devoted to the doctrine of the sanctity of life. In this article, I propose to analyse the Gloverian critique of the sanctity of life in its initial presentation. When Glover wrote this work in 1977, the affirmation of the sanctity of life was a recurring theme in public and scientific debates in both England and the United States. While there seems to be some consensus about it, it should be noted that the term “sanctity of life” is very rarely discussed. Jonathan Glover was one of the first philosophers to engage in such an investigation and to show the limits of affirming the sanctity of life. In his analysis, he proposed replacing the defective parts of the doctrine, i.e., those that do not stand up to rational analysis. His contribution is of primary importance not only for the criticism of the doctrine of the sanctity of life, but also for the development of bioethics and its theoretical arguments.
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H.L.A. Hart et J. Glover : un point de vue utilitariste contre la peine de mort
Nicolas Nayfeld
pp. 47–56
AbstractFR:
Dans cet article, je reviens sur les origines du chapitre sur la peine de mort de Questions de vie ou de mort de J. Glover, à savoir un article de 1957 de Hart, Murder and the Principles of Punishment : England and the United States. Dans cet article, Hart défend, comme Glover, l’abolition de la peine de mort en s’appuyant sur une stratégie utilitariste consistant, notamment, à renverser le fardeau de la preuve : tant que nous n’aurons pas la preuve que la peine de mort permet de sauver davantage de vies que la prison, nous ne serons pas autorisés à y recourir, dans la mesure où elle est prima facie un mal plus grand que la prison. En effet, elle cause un préjudice plus important, elle est davantage coûteuse et elle n’est pas rémissible. Plus de cinquante ans après la publication de cet article, nous n’avons toujours pas la preuve d’une plus grande efficacité de la peine de mort. Certaines études suggèrent même que la peine de mort pourrait être nocive et avoir un effet de brutalisation. Tout au long de l’article, j’explore les forces et les faiblesses de l’approche utilitariste de la sanction pénale, que j’oppose, suivant Hart et Glover, à deux autres approches : l’approche pacifiste et l’approche rétributiviste.
EN:
In this article, I return to the origins of J. Glover’s chapter on the death penalty in Causing Death and Saving Lives, that is, a 1957 article by Hart, “Murder and the Principles of Punishment: England and the United States.” In this article, Hart defends, like Glover, the abolition of the death penalty by relying on a utilitarian strategy consisting in, inter alia, reversing the burden of proof: as long as we do not have the proof that the death sentence can save more lives than prison, we will not be allowed to use it, since it is prima facie a greater evil than prison. In fact, it causes greater harm, is more expensive and is not remissible. More than fifty years after the publication of this article, we still have no proof of a greater effectiveness of the death penalty. Some studies even suggest that the death penalty could be harmful and have a brutalizing effect. Throughout my article, I explore the strengths and weaknesses of the utilitarian approach to criminal sanctions, which I oppose, following Hart and Glover, with two other approaches: the pacifist approach and the retributive approach.
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Conséquentialisme et recours collectif au raisonnement éthique : Remarques sur la valeur de la vie, sur la dignité et sur l'approche de la mise en débat chez J. Glover
Emmanuel Bernard Picavet
pp. 57–67
AbstractFR:
En partant d’une lecture des Questions de vie et de mort de Jonathan Glover, l’article aborde les présupposés généraux impliqués dans les conceptions de la dignité de la vie. La compatibilité (ou non) avec un point de vue conséquentialiste permet de clarifier le sens qui est accordé à des seuils dans la comparaison intra personnelle entre les états du monde. Ces thèmes sont ensuite traités dans la perspective du dialogue lié à l’appréciation collective des orientations pratiques.
EN:
Starting from a reading of Jonathan Glover's Causing Death and Saving Lives, the article addresses the general assumptions involved in conceptions of the dignity of life. Compatibility (or not) with a consequentialist point of view makes it possible to clarify the meaning given to thresholds in the intrapersonal comparisons between states of the world. These themes are then discussed within the perspective of dialogue related to the collective assessment of practical guidelines.
Compte rendu / Reviews
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Entretien avec Jeff McMahan sur Jonathan Glover et l’éthique du faire-mourir
Benoît Basse
pp. 68–76
AbstractFR:
Dans le cadre de ce numéro spécial consacré à Jonathan Glover et son éthique appliquée, nous avons demandé à Jeff McMahan de revenir pour nous sur l'influence qu'exerça sur lui l'ouvrage Questions de vie ou de mort (Labor et fides, 2017), publié il y a quarante ans dans sa version originale. Jeff McMahan, qui fut l'étudiant de Glover, a depuis lors développé sa propre éthique du faire-mourir. Nous avons voulu savoir ce qu'il retenait de la philosophie de Glover, dont il reconnaît le caractère pionnier en éthique appliqué.
EN:
In this special issue on Jonathan Glover and his applied ethics, I asked Jeff McMahan to review the influence of Questions of Life and Death (Labor et fides, 2017), published forty years ago in its original version. Jeff McMahan, Glover's former student, has since developed his own ethics of killing. I wanted to know what he had learned from Glover's philosophy, which he recognized as a pioneer in applied ethics.
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Entretien avec Peter Singer sur Jonathan Glover et l'éthique du faire-mourir
Benoît Basse
pp. 77–83
AbstractFR:
Dans le cadre de ce numéro spécial consacré à Jonathan Glover, nous avons demandé à Peter Singer de revenir sur l’influence qu’a pu exercer sur lui l’ouvrage Questions de vie ou de mort, ainsi que le séminaire de Glover à Oxford auquel Peter Singer assista à la fin des années soixante. L’un des arguments récurrents de Peter Singer réside dans la critique de la distinction traditionnelle entre les actes et les omissions. Mais Glover n’est sans doute pas étranger à cette remise en cause, même si les deux penseurs ne semblent pas vouloir en tirer exactement les mêmes conséquences. L’enjeu s’avère être le suivant : de quoi sommes-nous réellement responsable et quel est le degré d’exigence auquel doit s’élever la morale?
EN:
For this special issue dedicated to Jonathan Glover, Peter Singer was asked to reflect on the influence that the book Causing Death and Saving Lives had on him, as well as the Glover seminar in Oxford that Peter Singer attended in the late 1960s. One of Peter Singer's recurring arguments is the criticism of the traditional distinction between acts and omissions. But Glover is no stranger to this questioning, even if the two thinkers do not seem to want to draw exactly the same conclusions. What is at stake is this: what are we really responsible for and how demanding should our morality be?
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Entretien avec Jonathan Glover : retour sur Questions de vie ou de mort
Benoît Basse
pp. 84–94
AbstractFR:
Quelques mois après la publication de la traduction française de son livre Causing Death and Saving Lives (en français Questions de vie ou de mort, Labor et fides, 2017), Jonathan Glover a bien voulu revenir avec nous sur quelques-unes des thèses soutenues dans cet ouvrage. Depuis quarante ans, cette œuvre est devenue un classique de l'éthique appliquée dans le monde anglophone. Glover y abordait une série de questions mettant en jeu la vie des hommes et des femmes, notamment l'avortement, l'infanticide, le suicide, l'euthanasie, la peine de mort et la guerre. Nous l'interrogeons ici sur la méthode qu'il juge la meilleure en philosophie morale, nous revenons sur sa critique de certaines idées dominantes à l'époque (doctrine de la vie sacrée, la distinction entre actes et omissions, le principe du double effet...). Jonathan Glover évoque également certaines positions de ses anciens étudiants Peter Singer et Jeff McMahan.
EN:
A few months after the publication of the French translation of his book Causing Death and Saving Lives (in French Questions de vie ou de mort, Labor et fides, 2017), Jonathan Glover was kind enough to return to some of the theses defended in this book. In forty years, this work has become a classic of applied ethics in the English-speaking world. Glover tackled a series of questions involving the lives of men and women, including abortion, infanticide, suicide, euthanasia, the death penalty and war. We asked him here about the method he considers the best in moral philosophy, and returned to his criticism of certain dominant ideas at the time (doctrine of sacred life, the distinction between acts and omissions, the principle of double effect, etc.). Jonathan Glover also discusses some of the positions of his former students Peter Singer and Jeff McMahan.