Hors-dossierRecensions

Barack Obama, Une terre promise, Paris, Fayard, 2020, 848 p. Traduction française de A Promised Land, New York, Crown, 2020, 768 p.[Record]

  • Xavier Larkin-Doucet

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  • Xavier Larkin-Doucet
    Université Laval

Dire que les mémoires présidentiels de Barack Obama, cet homme symbole d’espoir et de renouveau pour toute une génération de jeunes et de moins jeunes aux États-Unis (et à travers le monde), étaient très attendus ne suffit pas pour rendre justice à l’importance que revêt la publication de ce qui doit être le premier tome de deux volumes prévus. Ce premier opus de près de 850 pages, qui retrace ses premiers pas dans le « political solar system of Washington » jusqu’à une rencontre au Kentucky avec l’escouade d’élite (SEAL team) qui a abattu Oussama bin Laden en 2011 (un bien curieux point de rupture, il convient de le noter), débute par une préface rédigée en août 2020 dans laquelle l’ex-président aborde sans grande surprise la situation de la pandémie de la COVID-19. En plus de réitérer sa confiance envers le peuple américain et sa démocratie à l’aube d’une élection qu’il juge déterminante pour le futur du pays de l’Oncle Sam, il est évidemment conscient que celle-ci attirera tous les regards : « Le monde observe donc l’Amérique – la seule grande puissance de l’Histoire à être constituée de personnes venues des quatre coins de la planète, comprenant toutes les races, religions et pratiques culturelles – pour voir si notre expérience en matière de démocratie peut fonctionner » (p. 14). Force est de constater que les souhaits d’Obama, malgré les événements « historiques » (dans tout sauf le sens galvaudé du mot) regrettables ayant eu lieu au Capitole en janvier 2021, ont finalement été exaucés par l’accession à la fonction de chef de l’exécutif de celui qu’il nomme simplement « Joe » tout au long de son récit, son ancien vice-président et fidèle acolyte Joseph Robinette Biden. Connu pour ses talents d’orateur hors pair qui ont fait revivre le slogan « Change » (un mot-clé emprunté à d’autres locataires antérieurs de la Maison-Blanche tels que Jimmy Carter ou Bill Clinton, notamment) et qui ont galvanisé des foules monstres lors de ses populaires rallyes électoraux, la plume de l’ex-président américain se veut tout aussi impressionnante que ses discours, avec un vocabulaire vivant et une fluidité remarquable, le tout malgré l’obstacle de la traduction brillamment menée par Pierre Demarty, Charles Recoursé et Nicolas Richard, qui a comme principale qualité d’éviter de dénaturer ou édulcorer les propos tenus. D’ailleurs, bien que ses mémoires se veulent d’abord et avant tout un retour sur son parcours politique l’ayant mené à être le premier Afro-Américain à occuper la plus haute fonction exécutive aux États-Unis, curieusement, ce sont les divers questionnements sur ses propres motivations qui jalonnent son récit et les descriptions des rares moments passés en famille durant sa présidence qui volent la vedette ; sa relation de partenaires politiques inséparables avec Hillary Clinton, les souvenirs nostalgiques avec ses deux filles Malia et Sasha, la difficulté de voir sa propre mère, Ann Dunham, décédée en 1995, être terrassée par l’insidieuse maladie qu’est le cancer, la célèbre « bromance » avec Joe, et bien évidemment sa relation fusionnelle avec la première dame des États-Unis, Michelle Obama, « l’amour et la femme de sa vie » (voir la dédicace). Une véritable introspection de l’homme est menée dans cet ouvrage où le regard critique envers sa propre carrière et son ambition, qu’il qualifie de « suspecte », a de quoi surprendre. En contraste avec les mémoires d’un personnage comme Richard Nixon qui étaient particulièrement acerbes, les mémoires d’Obama n’écorchent que très peu les consciences et les personnages ; autrement dit, aucune révélation nucléaire n’est au rendez-vous. Adepte du « politically correct » …

Appendices