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Frédéric Boily, Droitisation et populisme : Canada, Québec, États-Unis, Québec, Presses de l’Université Laval, 2020, 214 p.[Record]

  • Audrey E. Brennan

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  • Audrey E. Brennan
    Candidate au doctorat, Département de science politique, Université Laval

L’élection de Donald Trump a fait couler beaucoup d’encre, puisque l’on veut savoir quels phénomènes auraient bien pu mener à l’élection de celui-ci. C’est dans ce contexte que Frédéric Boily entame une discussion ayant pour objectif global de comprendre l’évolution de la droite politique en Amérique du Nord (p. 7). L’auteur offre une introduction pertinente sur la montée du populisme de la droite politique, autant au sein du grand public, que des médias. Or, les politologues remarqueront que Boily spécifie que sa définition du populisme mobilisée dans l’ouvrage est ancrée dans l’usage commun plutôt qu’universitaire. Pour atteindre l’objectif du livre, celui-ci est divisé en cinq chapitres portant sur l’évolution de la droite politique et la « populisation » de la vie politique, les périodes temporelles de populismes différents aux États-Unis, le populisme canadien, la droite canadienne, et finalement l’analyse des journalistes de droite au Canada. En bref, dans cet ouvrage, le lecteur trouvera des récits cohérents quant à l’évolution de la droite en Amérique du Nord. Toutefois, un lecteur averti restera sur sa faim en ce qui concerne l’opérationnalisation théorique et conceptuelle de l’auteur. Dans le chapitre premier, l’auteur demande « à quel point peut-on véritablement parler d’un retour de la droite et de la droitisation ? » (p. 12) M. Boily, à travers un survol des notions théoriques de la droitisation, montre son évolution dans le temps. Notamment, l’évolution de la droitisation, telle que l’évolution du clivage gauche-droite. Un exemple de cette évolution est que dans les années quatre-vingt, les anti-libre-échange étaient de gauche, tandis que cette même tendance est associée à la droite de nos jours. Dans le chapitre deux, l’auteur se demande « à quel point on assiste à une “populisation” de la vie politique aux États-Unis en revenant dans le passé » (p. 13). Tout comme dans le chapitre précédent, il faut prendre en compte l’aspect temporel. Or, l’auteur distingue cinq périodes de populisme américain : 1) la période de 1920-1930 ; 2) la période décrite par Hofstadter, qui écrit après la Seconde Guerre mondiale ; 3) les réactions à Hofstadter ; 4) les années soixante, donc la période qui suit les travaux quantitatifs en science politique ; et 5) la contribution de Goodwin dans les années soixante-dix. Le chapitre conclut en affirmant que Trump est un populiste américain dans la mesure où il est un suprémaciste blanc, mais qu’il est loin du fascisme de la république de Weimar. L’auteur arrive à cette conclusion en comparant le présent aux cinq cycles de populisme américain. On constate, dans le troisième chapitre, que Boily change le concept d’« opposition » (comme dans parti d’opposition) pour le concept de « populisme » lorsqu’il s’attarde à la question « à quel point peut-on parler de populisme au Canada ? » (p. 14) Or, c’est en substituant le concept d’« opposition » à celui de « populisme » que Boily peut postuler que le populisme canadien n’est pas radical. Il utilise notamment les exemples de Réal Caouette et de John Diefenbaker pour illustrer ses propos, pour ensuite discuter des droites partisanes dans les provinces de l’Alberta et du Nouveau-Brunswick. Il note que les provinces canadiennes voient l’émergence d’un populisme régional identitaire lorsqu’il y a de la tension avec Ottawa. Boily qualifie le discours de la droite canadienne de « flirt » avec le populisme, notamment lorsqu’on voit ses représentants se positionner contre les politiciens de carrière. Dans le quatrième chapitre, « La droite fédérale au Canada : une nouvelle étape de son histoire », on devine que le populisme auquel …