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Hubert Villeneuve, Teaching Anticommunism: Fred Schwarz and American Postwar Conservatism, Montréal/Kingston, McGill-Queen’s University Press, 2020, 461 p.[Record]

  • Bernard Lemelin

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  • Bernard Lemelin
    Département des sciences historiques, Université Laval

Historien et avocat établi à Québec, Hubert Villeneuve, dans sa toute récente monographie consacrée au prédicateur évangélique d’origine australienne Fred Schwarz (1913-2009) qui s’est fait connaître aux États-Unis dès le début des années Eisenhower suivant la création de sa Christian Anti-Communism Crusade (CACC), cherche à faire le point sur une figure de proue du conservatisme d’après-guerre : « By the late 1950s, […] Schwarz was the country’s most important anticommunist educator, and the CACC was its largest single-issue anticommunist organization » (p. 11). De préciser l’auteur dont l’ouvrage repose en grande partie sur sa thèse doctorale complétée à l’Université McGill sous la supervision du professeur Leonard Moore : Ne tarissant pas d’éloges envers Schwarz, dont l’aversion pour le communisme « was rooted in its atheism and its conception of God and humanity rather than in its economic and political doctrines » (p. 23), la militante conservatrice Phyllis Schlafly ira même jusqu’à lui confier sans ambages en 1998 : « You were an indispensable factor in building the grassroots anti-communist movement, which became the conservative movement, which ultimately elected Ronald Reagan » (p. 11). Étonnamment, les études sur ce porte-étendard majeur de l’idéologie conservatrice post-1945, qui a initialement embrassé la carrière médicale, sont rarissimes. En fait, hormis quelques brèves mentions de Schwarz dans des ouvrages tels celui de Richard Gid Powers intitulé Not Without Honor : The History of American Anticommunism (1995), celui-ci a été largement ignoré de la communauté historienne. Assez révélateur de cette réalité est le fait que des outils de référence comme ceux de Bruce Frohnen et al. (American Conservatism : An Encyclopedia, 2006) et Louis Filler (Dictionary of American Conservatism, 1987) ne contiennent aucune entrée sur l’éloquent prédicateur ! Naturellement, les découvertes sont nombreuses dans Teaching Anticommunism. Ainsi, le lecteur apprend entre autres que Schwarz, influencé considérablement par l’autobiographie Witness (1952) de l’ex-communiste repenti Whittaker Chambers et bien au fait des textes fondateurs du marxisme-léninisme et des publications communistes publiées en langue anglaise (Daily Worker, Beijing Review, etc.), voit son livre de 1960You Can Trust the Communists (to Do Exactly as They Say) connaître un succès indubitable : « After the book’s first edition sold out, a second edition was released in February 1962, and a third one two months later. In 1964, when Prentice-Hall gave the copyright to the CACC, the book had been through thirteen hardcover printings and had sold about a million copies. By the end of the 1970s, about 2 million copies of You Can Trust had been either sold or distributed for free worldwide and it had been printed in about twenty languages » (p. 142-143). On y découvre en outre que le prédicateur anticommuniste, plutôt avare de commentaires sur le tonitruant sénateur Joseph McCarthy et fervent admirateur de Billy Graham, entretient durant l’ère Eisenhower-Kennedy une relation distanciée, voire tendue et parfois acrimonieuse, avec des personnalités ultraconservatrices telles Robert Welch (le fondateur de l’extrémiste John Birch Society) et l’éminent chroniqueur George Sokolsky. Atterré par la fameuse visite en sol américain du dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev à l’automne 1959, Schwarz, au dire de Villeneuve, fait tôt par ailleurs de redouter une domination communiste à l’échelle internationale pour le commencement des années 1970. Concernant son organisation phare créée au printemps 1953, basée à Long Beach (Californie) et connaissant véritablement son apogée en 1960-61, le lecteur est notamment informé que la CACC, qui ne manque pas …