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Réponse à Maxime Dagenais et Julien Mauduit[Record]

  • Olivier Guimond

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  • Olivier Guimond
    Département d’histoire, Université d’Ottawa

Même si l’objectif d’une recension critique n’est pas de se faire l’écho fidèle du point de vue des auteurs de l’ouvrage concerné, il demeure tout de même l’espoir que l’opinion émise sera perçue comme honnête et rigoureuse. Force est de constater que j’ai échoué à ce chapitre, car mes estimés collègues Maxime Dagenais et Julien Mauduit ont jugé en grande partie irrecevable le compte rendu que j’ai fait de Revolutions across Borders, qu’ils ne considèrent pas adéquatement représentatif ni du contenu de l’oeuvre, ni de leur démarche. Ainsi, leur réplique généreusement accordée par Stéphane Savard permet de se faire une meilleure idée de la richesse et de la pertinence de l’ouvrage. Je précise ainsi que j’accueille la réponse des deux auteurs avec la certitude que l’exercice aura été utile pour le lectorat du BHP. Pour ma part, quand je reviendrai dans l’avenir au contenu de ce livre, en plus de ma copie carrément noircie de notes et réflexions qu’a suscité chez moi une première lecture attentive, je ne manquerai pas de mettre à profit ces mises au point. Cela dit, Dagenais et Mauduit ne seront pas les uniques juges ni des qualités et faiblesses de leur oeuvre, ni de la justesse de la lecture que j’en ai faite ; d’autant plus que le recueil me semble voué à une belle postérité. Pour le moment, je me permettrai de tenir mon bout sur certains points tout en intégrant quelques commentaires supplémentaires. D’abord, un bref retour sur le terme stagnation, dont j’ai dénoncé l’utilisation dans le contexte de commentaires portant sur l’évolution récente de l’historiographie canadienne des Rébellions. Le terme était plutôt stalled, qui a effectivement une « connotation moins négative ». Toutefois, l’épithète employée n’est peut-être pas plus enviable (l’Oxford Canadian Dictionary of Current English évoque le retard, l’arrêt du mouvement ou de la progression) et, surtout, elle n’est pas représentative du pan québécois de l’historiographie en particulier, que Dagenais et Mauduit reconnaissent bien être plus dynamique, quoi que trop imprégné, écrivent-ils, de « perceptions nationales ». C’est néanmoins avec satisfaction que j’ai lu les précisions de la réplique qui démontrent l’ouverture dont ceux-ci font preuve dans leur démarche. Dans un autre ordre d’idées, Dagenais et Mauduit n’ont voulu imposer aucun cadre conceptuel rigide aux différentes contributions, une souplesse bienvenue qui a cependant probablement participé à une impression d’ambiguïté méthodologique. Car, en s’y arrêtant trop vite, on pourrait soulever l’argument que l’historiographie des Rébellions était déjà investie d’une propension à voir au-delà de ses frontières, surtout du côté de l’historiographie québécoise. Mes collègues m’objecteront cependant que peu font état d’influences réciproques et d’interconnexions transfrontalières. Comme ils ont voulu le rappeler par divers exemples dans la réplique, c’est là que se trouve « l’apport du livre », et c’est ici notamment que mon compte rendu les a déçus, car c’est la mise en lumière inédite d’une dynamique d’envergure nord-américaine que je passe trop sous silence. Ainsi, afin de faire profiter encore une fois le lectorat de précisions utiles, je ne pourrais que souhaiter la publication de l’intervention de Mauduit au Congrès de l’IHAF 2019 (« Qu’est-ce que l’histoire transnationale ? Apports méthodologiques de l’histoire connectée ») qui prenait en partie appui sur des idées mises de l’avant dans Revolutions across Borders et dans son excellente thèse de doctorat pour expliquer l’intérêt heuristique de l’histoire transnationale pour l’étude de la Rébellion canadienne. Sur le plan du contenu, on me reproche d’en dire trop peu ; ce que j’ai explicitement reconnu dans la recension. Tout de même, arrivé aux deux tiers de l’espace imparti – 1250 mots –, il …

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