Hors-dossierChronique de cinéma politique

Pauline Julien, intime et politique (2018)[Record]

  • Jean-Philippe Carlos

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  • Jean-Philippe Carlos
    Doctorant en histoire, Université de Sherbrooke

Chers lecteurs et lectrices du Bulletin d’histoire politique, voici donc la première Chronique de cinéma politique ! Cette nouvelle chronique sera publiée sur une base trimestrielle dans les prochains numéros du Bulletin et promet de mettre en valeur la production cinématographique québécoise et canadienne (et internationale) portant sur le sujet du politique, entendu ici dans son sens large. Prenant la forme de notes critiques, les chroniques de cinéma politique permettront à l’auteur de ces lignes de présenter à la fois une critique synthétique des oeuvres choisies, mais aussi une analyse de la perspective historique et politique mise de l’avant par les cinéastes ainsi que la méthodologie ou l’approche artistique prédominante dans les différents films portés à l’étude. Nous évaluerons ainsi la pertinence globale de chacune des oeuvres sélectionnées, de manière à rendre compte de leur originalité et de leur intérêt du point de vue historique. Le milieu du cinéma québécois ayant produit de nombreux films à saveur politique de grande qualité dans les dernières années – tant du point de vue du documentaire que de la fiction –, il nous semblait nécessaire de mettre en valeur ces oeuvres dans une revue dédiée à la science historique et à l’histoire politique afin, notamment, de les faire connaître à un public plus large. Il est à noter que les oeuvres choisies seront, pour la plupart, accessibles gratuitement sur internet. Bonne lecture à toutes et à tous et longue vie à la Chronique de cinéma politique ! Pauline Julien fut sans contredit l’une des personnalités artistiques les plus marquantes de la seconde moitié du XXe siècle au Québec. Née à Trois-Rivières en 1928 et fille cadette d’une famille de onze enfants, elle s’est d’abord fait connaître en tant que comédienne dans des troupes de théâtre itinérantes de Québec et de Montréal à la fin des années 1940. Bénéficiant d’une bourse d’études allouée par le gouvernement Duplessis, Julien a par la suite effectué un séjour de six ans à Paris entre 1951 et 1957, où elle développa son jeu en suivant des cours en art dramatique et en jouant dans les nombreux théâtres de la capitale française. Malgré son talent de comédienne, elle se passionne également pour le chant, à tel point qu’elle finit par se consacrer à sa carrière de chanteuse dès le milieu de la décennie 1950. Fréquentant les cabarets parisiens, Julien devient rapidement une figure médiatique de la chanson québécoise. Elle est d’ailleurs l’une des premières artistes à interpréter des chansons de Gilles Vigneault en sol français, même si à l’époque son répertoire est essentiellement constitué de reprises de Léo Ferré, de Boris Vian et de Bertolt Brecht. Faisant la navette entre Montréal et Paris à la fin des années 1950, elle attire l’attention des médias montréalais, tant pour ses talents de chanteuse et de comédienne que pour sa personnalité haute en couleur, qui en font l’une des étoiles montantes de la scène artistique québécoise à l’aube de la Révolution tranquille. C’est d’ailleurs durant la décennie 1960 que Julien deviendra une véritable icône de la chanson québécoise, notamment en enregistrant ses premiers albums originaux, dont Enfin… Pauline Julien (1962) et Pauline Julien (1963). Entre 1962 et 1984, sa période la plus active en termes de production artistique, elle enregistrera plus de vingt albums, dont la plupart seront acclamés par la critique tant québécoise que française. C’est néanmoins durant la décennie 1960 que la chanteuse fera sa marque dans la mémoire collective québécoise, en s’affichant comme une militante enthousiaste de la cause de l’indépendance du Québec. À la même époque, elle …

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