Dossier : La métaéthique et ses implications normatives. En hommage à Ruwen Ogien. (Circa 1949-2017)

LA MÉTAÉTHIQUE ET SES IMPLICATIONS NORMATIVES. EN HOMMAGE À RUWEN OGIEN. (CIRCA 1949-2017)INTRODUCTION[Record]

  • Marc-Kevin Daoust,
  • Stéphane Lemaire,
  • Christine Tappolet and
  • Patrick Turmel

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  • Marc-Kevin Daoust
    chercheur postdoctoral en philosophie à l’Université Harvard

  • Stéphane Lemaire
    UniversiTÉ DE RENNES 1

  • Christine Tappolet
    UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL

  • Patrick Turmel
    UNIVERSITÉ LAVAL

Ruwen Ogien et Dalida n’ont pas grand-chose en commun, mis à part le fait d’avoir tous deux vécu à Montmartre et de partager leur dernière demeure, le célèbre cimetière du même nom. C’est sans aucun doute la tombe de Dalida qui va continuer à figurer sur les guides touristiques et à recevoir le plus grand nombre de visites. Mais c’est sur la tombe de Ruwen Ogien que beaucoup de philosophes et surtout d’éthiciens contemporains préféreront se recueillir. D’un dénuement radical, aux antipodes du monument érigé à la mémoire de Dalida, cette tombe conviendra bien comme repaire pour les minimalistes moraux, mais aussi pour ceux qui rêvent d’une société meilleure, moins cruelle et moins injuste. Ils pourront y réfléchir aux nombreuses questions qui ont préoccupées Ruwen Ogien au fil de ses écrits. Fil qui l’a conduit de la psychologie morale, avec son livre sur la faiblesse de la volonté et ses travaux sur les émotions et plus généralement sur la motivation morale, à la métaéthique, avec notamment ses travaux sur le réalisme moral, à l’éthique normative et finalement à la philosophie politique, sans oublier les importants jalons que sont ses ouvrages sur la pornographie, l’éducation, l’amour, pour ne nommer que ceux-ci. Comme cette liste l’indique, Ruwen Ogien était à la fois prolifique et curieux. Ses intérêts recouvraient tout ce qui touche à l’éthique et à la normativité. S’il y a un auteur contemporain qui incarne bien l’idée que les questions de métaéthique les plus abstraites sont intimement liées aux questions normatives les plus concrètes, c’est bien lui! C’est ainsi en hommage à la mémoire de notre ami de longue date, Ruwen Ogien, que nous publions ce dossier thématique. La métaéthique a longtemps été considérée comme une discipline se pratiquant en vase clos et n’ayant aucune incidence sur la vie ordinaire, que ce soit au niveau des théories normatives, qui cherchent à préciser ce que nous devrions faire, ou encore de la philosophie politique. Plus récemment, cette façon de voir a été remise en question. Ainsi, certains arguments métaéthiques contemporains prennent comme prémisses des thèses normatives, alors que la psychologie morale regarde de plus en plus du côté de la psychologie sociale. Les textes assemblés ici, qui ont été présentés lors des 6èmes Journées de Métaéthique (Montréal, 2018), sont l’occasion d’examiner les allers-retours entre les questions plus abstraites de la métaéthique et les questions normatives d’éthique et de philosophie politique. En avant-propos du dossier, Stéphane Lemaire rend un bref hommage à Ruwen Ogien. Au coeur du dossier, six articles portant sur différentes questions à l’intersection de la métaéthique et de l’éthique normative. Ils sont suivis, pour clore ce numéro, d’un dialogue philosophique, imaginé par Ronald de Sousa, entre minimalisme et amoralisme moral. Dans « Le concept de bien », Charles Larmore cherche à montrer que les approches naturalistes de la morale, qui s’inscrivent dans un certain courant de la culture moderne, peuvent et doivent être rejetées. Ainsi, en premier lieu, il discute et rejette la thèse expressiviste selon laquelle les jugements moraux ne font qu’exprimer des désirs ou des émotions. Tenant du réalisme moral, Larmore soutient que les énoncés moraux sont descriptifs. Puis, en second lieu, il rejette une position naturaliste qui voudrait réduire les raisons à des désirs. En effet, suivant Anscombe, il insiste sur le fait que nous désirons toujours quelque chose en vertu d’une certaine raison. Ceci le conduit, au même titre que Scanlon et Parfit, à défendre une métaéthique non-naturaliste qui repose sur la notion fondamentale et première de raison. Bref, selon Larmore, il faut défendre la cohérence et la plausibilité d’un réalisme non-naturaliste, tout en soulignant que …

Appendices