Abstracts
Résumé
Le présent article examine la façon dont Charles Taylor a entrepris de poser le problème politique de la sécularisation. Plus spécifiquement, nous voudrions montrer que, si son effort pour articuler une théorie de l’aménagement de la diversité morale et religieuse a certes contribué à critiquer les régimes rigides de la laïcité, Taylor accorde une prééminence incontestable à la liberté de conscience. Or, notre analyse entend démontrer que, selon cette vue, il n’y a pas de place pour l’autonomie religieuse. Notre hypothèse est qu’en présentant les conflits moraux et religieux comme des enjeux de justice, Taylor néglige l’important clivage existant entre, d’une part, les questions de reconnaissance reliées à la différence culturelle et, d’autre part, les revendications d’autorité exprimées par des groupes — et pas simplement des membres individuels — au sein de la sphère publique.
Abstract
This paper aims to challenge the assumption that Charles Taylor’s conception of political secularism is pluralist. The article argues that, although Taylor’s work provides the basis for an important critique of the most rigid forms of secularism, his theory places a strong focus on individual conscience. Yet Taylor’s almost exclusive concern for individual conscience excludes the pluralist claim to religious institutional autonomy. In addition, this article argues that Taylor presents moral and religious conflicts as questions of justice, which can be resolved with a correct interpretation of freedom of conscience. Against Taylor’s conception of “laïcité,” the article attempts to show that these problems are best grasped as conflicts between the authority of different groups—not just individuals—and that of the state.