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Les ateliers de l'éthique
The Ethics Forum
Volume 1, Number 1, Spring 2006
Table of contents (9 articles)
Articles
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La guerre en Irak peut-elle être justifiée comme un cas d’intervention humanitaire ?
Stéphane Courtois
pp. 4–20
AbstractFR:
La plupart des critiques actuelles contre l’intervention armée en Irak s’en prennent aux deux justifications avancées par les membres de la coalition : (1) que les États-Unis devaient neutraliser les dangers posés par l’Irak à leur sécurité et à la stabilité politique au Moyen-Orient et (2) que la guerre en Irak peut être justifiée comme une étape nécessaire de la guerre à mener contre le terrorisme international. L’objection principale élevée à l’encontre de la justification (1) est que celle-ci était, et demeure, non fondée. Contre la justification (2), plusieurs estiment que l’intervention en Irak n’avait pas de rapport, ou au mieux qu’un rapport indirect, avec la lutte contre le terrorisme. Dans un texte récent, Fernando Tesón a tenté de montrer que l’intervention américaine en Irak peut néanmoins être moralement justifiée comme un cas d’intervention humanitaire. Par « intervention humanitaire », il faut entendre une action coercitive menée par un État ou un groupe d’États à l’intérieur de la sphère de juridiction d’une communauté politique indépendante, sans la permission de cette dernière, en vue d’empêcher ou de mettre un terme à une violation massive de droits de la personne perpétrée à l’encontre d’innocents qui ne sont pas des co-nationaux à l’intérieur de cette communauté politique. Je soutiendrai dans cet essai que l’intervention américaine en Irak ne satisfait pas aux conditions d’une intervention humanitaire légitime, contrairement à ce que prétend Fernando Tesón.
EN:
Most current criticisms against the intervention in Iraq have tackled the two justifications articulated by the members of the coalition: (1) that the United States had to neutralize the threats that Iraq generated for their own security and to the political stability in the Middle East and (2) that the war in Iraq can be justified as a necessary stage in the war against international terrorism. The principal objection against justification (1) is that it was, and remains, unfounded. Against justification (2), many have replied that the intervention in Iraq had no connection, or at best had merely an indirect connection, with the fight against terrorism. In a recent text, Fernando Tesón claims that the American intervention in Iraq can nevertheless be morally justified as a case of humanitarian intervention. By “humanitarian intervention”, one must understand a coercive action taken by a state or a group of states inside the sphere of jurisdiction of an independent political community, without the permission of the latter, in order to prevent or to end a massive violation of individual rights perpetrated against innocent persons which are not co-nationals inside this political community. I argue in this article that the American intervention in Iraq does not satisfy the conditions of a legitimate humanitarian intervention, as opposed to what Fernando Tesón claims.
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On the Scope of Egalitarian Justice
Joseph Heath
pp. 21–41
AbstractEN:
It is not clear whether the social contract is supposed to merely supplement the unequal gains that individuals are able to make through the exercise of their natural endowments with a set of equal gains secured through social cooperation, or whether the social contract must also compensate individuals for the effects of these natural inequalities, so that they literally become all equal. The issue concerns, in effect, whether natural inequality falls within the scope of egalitarian justice. I think it is fair to say that the majority of egalitarians assume that the principle of equality imposes an obligation to redress natural inequality. Yet there is no consensus on this issue. David Gauthier has made the rejection of the principle of redress a central component of his project. It has often escaped notice that John Rawls also rejects the principle of redress. Thus it is not just anti-egalitarians who reject the principle of redress. There is a current of egalitarian thought – which we might call, for lack of a better term, narrow-scope egalitarianism – which also rejects this principle. In this paper, I would like to show that there is considerable wisdom in the narrow-scope egalitarian position. Many of the problems that lead theorists to reject egalitarianism in its entirety are a consequence, not of the principle of equality per se, but rather of the commitment to redress natural inequality. The narrow-scope view avoids all of these difficulties.
FR:
Il n’est pas clair si le contrat social est censé simplement suppléer aux gains inégaux que les individus peuvent faire en vertu de l’interaction de leur dotations naturelles avec un ensemble de gains égaux déterminés par la coopération sociale, ou si le contrat social doit également compenser les effets des inégalités naturelles des individus, de sorte que ceux-ci deviennent littéralement tous égaux. Cette hésitation fait surgir la question de savoir si l’inégalité naturelle tombe sous la portée de la justice égalitariste. À mon avis, la majorité des égalitaristes présupposent que le principe d’égalité impose une obligation de redresser les inégalités naturelles. Il n’existe toutefois aucun consensus sur cette question. David Gauthier a fait du rejet du principe de redressement une composante centrale de son projet. Peu ont remarqué que John Rawls rejette également le principe de redressement. Ainsi ce ne sont pas seulement des anti–égalitaristes qui rejettent le principe de redressement. Il existe un courant de pensée égalitariste – que, faute de meilleur terme, nous pourrions dénommer égalitarisme d’étroite–portée – qui rejette également ce principe. Dans cet article, je voudrais démontrer qu’il est considérablement sage d’adopter la position de l’égalitarisme d’étroite–portée. Plusieurs des problèmes qui poussent les théoriciens à rejeter l’égalitarisme dans sa totalité sont une conséquence, non pas du principe de l’égalité en tant que tel, mais plutôt de l’engagement à redresser les inégalités naturelles. L’égalitarisme d’étroite–portée évite ces difficultés.
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Quel avenir pour la gestion des parties prenantes ?
John Boatright
pp. 42–57
AbstractFR:
Au cours des dernières années, le concept de parties prenantes (stakeholders) est, sans aucun doute, l’une des contributions les plus importantes au domaine de l’éthique des affaires. Ce concept exprime un impératif moral en vertu duquel les gestionnaires se doivent de considérer les intérêts de l’ensemble des parties prenantes. Dans sa forme la plus généralement admise, la liste des parties prenantes comprend les employés, les clients, les fournisseurs et la communauté, de même que les actionnaires et les autres investisseurs. Les défenseurs de la gestion des parties prenantes ont raison sur un point : la société à but lucratif moderne doit servir les intérêts de tous les groupes de parties prenantes. Mais là où la gestion des parties prenantes échoue, c’est dans le fait de ne pas reconnaître que des gestionnaires qui agissent dans l’intérêt des actionnaires peuvent aussi, par le fait même, agir dans l’intérêt de tous les groupes de parties prenantes. En effet, dans la mesure où le marché est capable de fournir les bénéfices désirés aux différents groupes de parties prenantes, les gestionnaires n’ont pas explicitement besoin de considérer leurs intérêts lorsqu’ils prennent une décision. Néanmoins, les partisans de la théorie de la gestion des parties prenantes ont raison de rappeler que chacun de ces groupes devraient pouvoir bénéficier des activités de l’entreprise. Ils ont également raison de chercher à rendre les gestionnaires attentifs à leurs responsabilités de créer de la richesse au bénéfice de tous.
EN:
The concept of stakeholders is, without any doubt, one of the most important contributions to the field of business ethics in the recent years. This concept articulates a moral requirement in virtue of which managers must consider the interests of all stakeholders. In its most common form, the list of stakeholders includes the employees, the customers, the suppliers and the community, as well as shareholders and other investors. The defenders of the stakeholders management theory are right on one point: the modern lucrative business must serve the interests of all stake-holding groups. But the stakeholders management theory fails in not recognizing that managers acting in the interest of the shareholders also can, by the same token, act in the interests of all stakeholders. Indeed, insofar as the market is able to provide the benefits wished by the various stakeholders, the managers do not explicitly need to consider their interests when they make a decision. Nevertheless, partisans of the stakeholders management theory are right to prompt that each one of these groups should be able to profit from the activities of the company. They are also right to recall the responsibilities of managers in creating wealth for the benefit of all.
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Broyer du noir. Manifestations et répression policière au Québec
Francis Dupuis-Déri
pp. 58–80
AbstractFR:
Depuis 1999, il y a eu plus de 2500 arrestations à caractère politique au Québec, dont la grande majorité à Montréal. L’enjeu soulevé ici relève de l’éthique sociopolitique, puisqu’il s’agit de déterminer si les policiers agissent de façon juste à l’égard des manifestants qu’ils arrêtent en masse. Ce type d’intervention policière serait injuste et discriminatoire dans la mesure où il est démontré que les policiers pratiquent l’arrestation de masse non pas en fonction des agissements illégaux des manifestants, mais plutôt sur la base de leur identité politique réelle ou imaginée. Si c’est le cas, les policiers contreviennent au principe libéral de neutralité juridique. L’analyse proposée ici entend démontrer qu’il s’agit bel et bien, dans le cas du Québec, d’une situation de discrimination politique qui mine le respect de divers droits fondamentaux associés au libéralisme politique contemporain. Pour mener à bien cette démonstration, je propose d’importer de la psychologie sociale l’approche de l’étiquetage de la déviance, telle que développée par Howard Becker. Il sera alors possible de démontrer que l’attribution d’une identité déviante et marginale d’une classe de manifestants est la variable déterminante qui explique la répression policière dont ils sont la cible de façon régulière.
EN:
Since 1999, more than 2500 political arrests have been filed in Quebec, the great majority of which took place in Montreal. This raises stakes in the domain of sociopolitical ethics, since one must determine if police officers act in a rightful way with regard to demonstrators whom they arrest in mass. This kind of police intervention would be unjust and discriminatory insofar as it could be shown that the police officers are not motivated in their practice of mass arrest by the illegal behaviors of the demonstrators, but rather on the basis of the real or imagined political identity of the demonstrators. If this is the case, then police officers are in breach of the liberal principle of legal neutrality. My analysis demonstrates that it is indeed, in the case of Quebec, a political situation of discrimination which undermines the respect of fundamental rights associated with contemporary political liberalism. To conduct this demonstration, I will bring in social psychology with the approach of deviance labeling, as developed by Howard Becker. I will then show that the ascription of deviating and marginal identities to a class of demonstrators is the most important factor explaining the repression by the police force of which they are regularly the target.
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Deliberative Democracy and Precautionary Public Reasoning: Exploratory Thoughts
Genevieve Fuji Johnson
pp. 81–87
AbstractEN:
Because public policy is legally binding and, perhaps more pointedly, can have pervasive social and environmental consequences for the autonomy of persons, it should be justifiable to those it could so affect. What is much more controversial, and what constitutes the basic intuitive claim of this exploratory paper, is that certain public policies should be morally justifiable to both existing and future persons. My concern is with policies in such areas as energy, climate change control, nuclear waste management, natural resources management, and genomics research and commercialization, which can no doubt improve our lives and our descendant’s lives, but which can also result in tremendous adverse effects for centuries to come. In this short paper, I suggest that the ideal of deliberative democracy provides a way of morally justifying such policies to both existing and future generations. If we take seriously the requirements of this ideal, we may have to modify our public reasoning so that it includes reasons that are generally acceptable among contemporaries as well as reasons that would be acceptable to posterity. The suggestion I make in this paper is that integral to the ideal of deliberative democracy in the transgenerational context is a future-oriented and precautionary public reasoning.
FR:
Comme les politiques publiques ont force légale et, plus pertinemment, peuvent contenir des conséquences sociales et environnementales de première importance sur l’autonomie des personnes, elles devraient être justifiables aux individus qu’elles pourraient affecter. Ce qui est beaucoup plus controversé et qui constitue l’intuition fondamentale de ce texte, est que certaines politiques publiques devraient être moralement justifiables aux individus des générations futures. Le propos de ma réflexion concerne des politiques dans des secteurs tels que l’énergie, le contrôle des changements climatiques, la gestion des déchets nucléaires, la gestion des ressources naturelles et la recherche et la commercialisation en génomique, qui peuvent sans aucun doute améliorer nos vies et celles de nos descendants, mais qui peuvent également produire des effets nuisibles démesurés pour les siècles pour venir. Dans ce court texte, je démontrerai que l’idéal de démocratie délibérative fournit une justification morale de ces politiques, tant pour les générations actuelles que futures. Si nous prenons au sérieux les exigences de cette idéal, nous pourrions avoir à modifier nos argumentations publiques de telle sorte qu’elles incluent tant les raisons qui sont généralement acceptables pour des contemporains que les raisons qui seraient acceptables pour la postérité. Je suggèrerai également qu’une raison publique orientée vers le futur et intégrant la précaution est une pièce intégrale à l’idéal de démocratie délibérative dans un contexte transgénérationnel.
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Financing higher education: the case for a graduate tax
Peter Dietsch
pp. 88–102
AbstractEN:
The debate whether university education should be “free” seems misconstrued. Even in a system without tuition fees, someone will have to foot the bill. This paper argues that from the viewpoint of justice, a strong case can be made in higher education for adopting the beneficiary pays principle, and for institutionalising it in the form of a graduate tax. My evaluation from the perspective of justice will focus on the comparison between a “free” university system funded through the general tax system on the one hand, and one financed through a graduate tax on the other. On the beneficiary pays principle defended here, the regressive nature of the general-tax-funded higher education system renders it unjust. Furthermore, I believe we have three reasons to favour a graduate tax in practice. First, I will suggest that it does a better job at implementing the beneficiary pays principle. Second, I will argue that even though the distributive outcome of a corrected general-tax-funded education may be just, it is unlikely to be perceived to be just. A third point of comparison between the two approaches to fund higher education will be international mobility, which will reinforce the case for a graduate tax from the viewpoint of justice.
FR:
Le débat portant sur la question de savoir si l’éducation universitaire devrait être « gratuite » paraît mal fondé. Même un système sans aucun frais de scolarité doit bien faire acquitter la facture par quelqu’un. Cet article soutient que du point de vue de la justice, un argument solide peut être établi en faveur du principe du bénéficiaire–payeur en éducation supérieure, ainsi que pour l’institutionnaliser sous forme d’impôt gradué. Ma perspective se concentrera sur la comparaison entre, d’une part, un système universitaire « gratuit » financé par le système fiscal général et, d’autre part, un système financé par un impôt gradué. Sur la toile de fond du principe du bénéficiaire–payeur que je soutiens, la nature régressive du financement par impôt général rend cette dernière option injuste. En outre, je crois que nous avons trois raisons de favoriser dans la pratique un impôt gradué. Tout d’abord, je démontrerai qu’un tel impôt met en application le principe du bénéficiaire–payeur de meilleure façon. En second lieu, je soutiendrai que même si les conséquences distributives d’un système d’éducation financé par un impôt général étaient justes, il aurait peu de chances d’être perçu comme étant juste. Un troisième point de comparaison entre les deux approches de financement de l’éducation supérieure sera la mobilité internationale, qui renforce l’argument pour un impôt gradué du point de vue de la justice.
Documents de travail / Working Papers
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An interview with Avigail Eisenberg: “Reasoning about the Identity of Aboriginal People”
Martin Blanchard
pp. 103–111
AbstractEN:
Avigail Eisenberg is an Associate Professor in the Department of Political Science, University of Victoria. She was also a fellow of CRÉUM during the 2004-2005 academic year. She has written important work on the issues of identity, race, gender, minority rights, and in particular, Aboriginal claims. Her writing displays intelligent and acute commentaries in which she demonstrates an ability to tackle difficult questions in a refreshing way.
A list of her publications is available at http://web.uvic.ca/polisci/eisenberg/pubs.htm.
Martin Blanchard of CRÉUM asked Professor Eisenberg if she would be willing to be interviewed via email on the subject of an article she had just finished writing, entitled “Reasoning about the Identity of Aboriginal People”. (This text is forthcoming in Accommodating Cultural Diversity: Contemporary Issues in Theory and Practice, Stephen Tierney ed., London: Ashgate.) She kindly accepted to answer his questions.
FR:
Avigail Eisenberg est professeure au département de sciences politiques de l’Université de Victoria. Elle était également professeure invitée au CRÉUM durant l’année 2004-2005.Elle a écrit nombres d’articles et d’ouvrages majeurs sur les questions d’identité, de race, de genre, de droits des minorités et, en particulier, sur les revendications autochtones. Ses textes sont non seulement agréables à lire,mais ils font preuve d’une intelligence et d’une finesse remarquables, où elle démontre une habileté à affronter des questions difficiles de manière rafraîchissante.
Une liste de ses publications est disponible sur http://web.uvic.ca/polisci/eisenberg/pubs.htm
Martin Blanchard, chercheur au CRÉUM, a demandé au professeure Eisenberg si elle accepterait de faire une entrevue par courriel à propos d’un article qu’elle vient de terminer, dont le titre est “Reasoning about the Identity of Aboriginal People”. (Ce texte sera bientôt publié dans Accommodating Cultural Diversity : Contemporary Issues in Theory and Practice, dirigé par Stephen Tierney,London : Ashgate.).Elle a aimablement accepté de répondre à ses questions.
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À propos de The Practice of Liberal Pluralism de William Galston, un dialogue avec l’auteur, septembre, 2005
Bernardo Bolagnos, Speranta Dumitru, Raul Magni Berton, Roberto Merrill, Bernard Reber, Geneviève Rousselière and Daniel Weinstock
pp. 112–127
AbstractFR:
La publication de The Practice of Liberal Pluralism est apparue comme un événement de première importance dans la réflexion contemporaine sur l’apport du pluralisme au libéralisme. La pensée de William Galston a connu une évolution : dans Liberal Purposes, l’accent est mis sur la critique du neutralisme et la position d’un libéralisme perfectionniste, tandis que Liberal Pluralism s’intéresse au contraire aux limites de l’intervention étatique. Cette évolution fait l’objet de nombreuses questions dans la discussion qui suit. The Practice of Liberal Pluralism opère une synthèse intéressante sur ce point. Galston se définit comme un libéral pluraliste dans la lignée de Berlin. Bien qu’il insiste sur le conflit tragique des valeurs, il minimise cet aspect dans les discussions qui suivent, et pose la possibilité consécutive d’avoir des devoirs prima facie (cf. la discussion sur sa négation du particularisme moral). Un des arguments centraux pour justifier le pluralisme des valeurs est qu’il rend le mieux compte de la complexité de notre univers moral (cf. la discussion sur le pluralisme et le sentiment de regret). Galston endosse également un pluralisme politique, lequel signifie que les sources d’autorité sont multiples. Le libéralisme de Galston est très tolérant à l’égard des pratiques communautaires non libérales. Cette tolérance est cependant assortie de la défense du « droit de sortie », notion qui apparaît donc comme fondamentale. Dans les discussions qui suivent, Galston propose la manière adéquate de comprendre l’exercice de ce droit de sortie (cf. les discussions sur les rapports entre liberté expressive, droit de sortie et autonomie).
EN:
The publication of The Practice of Liberal Pluralism has appeared as an event of first importance regarding contemporary theory about the relation between pluralism and liberalism. William Galston’s theory has had a visible evolution: in Liberal Purposes, the main object is a critique of neutralism and a defence of perfectionist liberalism, whereas Liberal Pluralism main concern was to draw the limits of state intervention. This evolution is the object of numerous questions in the following discussion. The Practice of Liberal Pluralism operates an interesting synthesis on this point. Galston defines himself as a liberal pluralist such as Berlin, but although he acknowledges that conflict between values can be tragic, he minimizes this aspect in the following discussions, and considers the possibility of having prima facie duties (cf. the discussion on his rejection of moral particularism). One of the main arguments for the defence of value pluralism is its capacity to explain the complexity of the moral universe (cf. the discussion on pluralism and regret). Galston endorses a political pluralism, which means that the sources of authority are multiple. Galston’s liberalism is very tolerant regarding non-liberal communitarian practices, although this tolerance is based on the defence of an exit right, which is a fundamental notion in his theory. In the following discussion Galston proposes how to understand this right of exit in an adequate manner (cf. the questions regarding expressive liberty, exit rights and autonomy).