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St-Gelais Myriam, 2022, Une histoire de la littérature innue. Montréal, Imaginaire Nord et Institut Tshakapesh, coll. « Isberg », 180 p.

  • Marck Pépin

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  • Marck Pépin
    Département d’anthropologie, Université Laval, Québec (Québec), Canada

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Cover of Le genre à l’épreuve du sport, Volume 48, Number 2, 2024, pp. 11-218, Anthropologie et Sociétés

Par la promotion de l’innu-aimun et de la littérature innue, la jeune autrice Myriam St-Gelais relève le défi de réactualiser l’univers littéraire québécois. La préface d’Yvette Mollen, à la fois en innu-aimun et en français, offre un préambule saisissant. Dans son ouvrage, l’autrice propose une analyse historique de l’évolution de la littérature innue, structurant le récit en trois chapitres : la pratique littéraire ancestrale et sa transformation jusque dans les années 1970, la période s’étendant des premières publications en 1970 à nos jours, et l’institutionnalisation de ladite littérature. C’est en naviguant avec des autrices, pour la plupart des Innues, et des anthropologues, qu’est racontée l’histoire de la littérature innue. En ayant recours à des productions littéraires provenant de membres d’autres Premières Nations ainsi que des Inuit, c’est la littérature autochtone qui se pose ici comme fondamentale pour la littérature québécoise. Sa forme initiale étant un mémoire de maîtrise, dirigé par Daniel Chartier, à qui nous devons une présentation succincte de l’essai, la méthodologie narrative de ce premier livre reflète son origine académique. Cependant, l’écriture tient les promesses d’une oeuvre grand public grâce à l’accessibilité des propos permettant une lecture agréable et fluide. Les notes de bas de page sont bien fournies et documentées. Elles invitent le lecteur à aller plus loin tout en précisant des concepts et des récits qui ne sont pas primordiaux à la compréhension de l’analyse. L’essor de la littérature innue dans les années 2000, diversifiant ses expressions littéraires pour aborder des problématiques contemporaines, est consciencieusement détaillé. L’autrice examine la prépondérance de la poésie, mettant en exergue le rôle prééminent de certaines autrices telles que Joséphine Bacon, dont l’utilisation du français sert de « résistance positive » (p. 50). Au moyen de nombreux exemples d’essais, de poésies, d’articles de revue, d’anthologies, de livres pour la jeunesse ou de recueils, qu’elle situe dans leurs maisons d’édition, l’autrice dessine le paysage littéraire régional. De plus, le livre retrace les lieux de publication privilégiés, indiquant ce que ces derniers valorisent, tout en soulignant les efforts d’autoédition. Le lecteur prend conscience que l’histoire de l’institutionnalisation de la littérature innue, intégrée au cadre plus vaste de la littérature québécoise, soulève des enjeux cruciaux tels que l’inégalité d’accès à la langue innue et l’assimilation culturelle au sein du système éducatif occidental. Néanmoins, des initiatives contemporaines se déploient pour tenter de réhabiliter les pratiques traditionnelles, ce qui met en lumière une dynamique en mutation. L’autrice insiste notamment sur l’importance de la valorisation de la littérature autochtone dans le milieu universitaire, affirmant que l’approche méthodologique autochtone pourrait contribuer à un renouveau épistémique favorable à la décolonisation. Enfin, tandis que le pari de retracer l’histoire de la littérature innue est remporté, le livre se présente moins comme un état des lieux quantitatif et chronologique qu’il ne révèle l’impact et la prégnance de la littérature innue dans des contextes historiques, politiques et culturels. L’ouvrage offre un récit rigoureux et érudit de l’histoire de la littérature innue, dévoilant son importance dans le panorama culturel du Québec.

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