Abstracts
Résumé
Les enjeux de la Révolution tunisienne de janvier 2011 se sont d’emblée situés au niveau de la gestion de la vie dont dépendra finalement le futur modèle de la société. Plus encore que les « modernistes », les « islamistes » ne s’y sont pas trompés, investissant non seulement la scène politique, mais aussi le gouvernement des corps. Une certaine conception de l’islam fonctionne aujourd’hui comme une puissante machine biopolitique qui a affaire à la population comme « problème de pouvoir ». Les préceptes, conduites et comportements avancés au nom du respect de l’islam pénètrent littéralement toute la société et s’introduisent dans ses articulations les plus fines. Les femmes traversent pour une bonne part ce dispositif. Elles en constituent même l’un des enjeux centraux. Pour saisir les nouvelles formes de subjectivation et d’individuation, cet article prendra pour fil conducteur la biopolitique islamiste en tant que projet de société s’inscrivant contre le modèle hérité de la période de Bourguiba et de la dictature de Ben Ali, dont le pivot est le Code du statut personnel, à l’origine d’un changement profond du statut des femmes dans le pays. Promulgué en Tunisie en 1956, celui-ci est considéré par ses opposants comme un élément inspiré de l’étranger, voire comme une hérésie s’attaquant à l’identité religieuse musulmane du pays. De telles contestations donneront lieu à leur tour à des manifestations et des résistances de la part de plusieurs acteurs/actrices de la société, notamment féministes, engagés pour la défense et l’extension des droits des femmes, en conformité avec l’héritage de Habib Bourguiba et en invoquant le credo de la révolution pour l’égalité, la liberté et la dignité. L’argument de l’article se base sur des observations effectuées principalement pendant les quatre premières années de la Révolution et sur un retour réflexif sur les périodes qui l’ont précédée.
Mots-clés :
- Kilani,
- féminisme,
- biopolitique,
- Révolution,
- Code du statut personnel,
- Tunisie
Abstract
What was at stake from the very beginning of the January 2011 Tunisian Revolution involved the management of life on which the future model of society ultimately depends. The « Islamists » realized more than the « Modernists » what they were about when they got involved not only in the political scene but in the control of the body as well. A certain conception of Islam now operates like a biopolitical mechanism that deals with the population as a « problem of power ». The rules and regulations promoted in the name of th respect for Islam are literally penetrating the entire society, infiltrating its most delicate anatomy. Woman runs through most of this mechanism. Indeed, she is one of the central stakes. In order to understand these new modes of subjectivation and individuation, this paper focuses on the islamist biopolitics as a project fighting against the model inherited from Bourguiba’s time and Ben Ali’s dictatorship, whose pivot was the Code du statut personnel (Code on Personal Status), at the origin of the profound change in the Tunisian women’s status. This new Code, which was enacted in 1956, is considered by its opponents as a piece imported from abroad and regarded as a heresy violating the Islamic religious identity of the country. As a result of these attacks, vigorous and intense social protests broke out, led by many actor/actress, especially feminists, who struggled to defend and promote women’s rights in accordance with the legacy of Bourguiba and the Revolution credo : equality, liberty, justice. The claim of this paper is based on empirical observations carried out mainly through the first four years of the Revolution and on an historical reflection on prior periods.
Keywords:
- Kilani,
- Feminism,
- Biopolitics,
- Revolution,
- Code on Personal Status,
- Tunisia
Resumen
Los desafíos de la Revolución tunecina de enero 2011, se situaron sobre todo al nivel de la gestión de la vida de la cual dependerá finalmente el futuro modelo de la sociedad. Aún más que los « modernistas », los « islamistas » no se equivocaron e invadieron no solamente la escena política sino también la regencia del cuerpo. Cierta concepción del islam funciona actualmente como una potente maquina biopolítica que está tratando a la población como un « problema de poder ». Los preceptos y comportamientos enunciados en nombre del respecto al islam, penetran literalmente toda la sociedad y se introducen en sus articulaciones más finas. Las mujeres atraviesan por una parte substancial de dicho dispositivo. De hecho ellas constituyen una de las cuestiones centrales. Con el fin de aprehender las nuevas formas de subjetivación y de individuación, este artículo tendrá como hilo conductor la biopolítica islamista en tanto que proyecto de sociedad, refutando el modelo heredado del periodo de Bourguiba y de la dictadura de Ben Ali, cuyo pivote es el Código del estatus personal, a la base de un cambio profundo del estatus de las mujeres en el país. Promulgado en Túnez en 1956, el Código es considerado por sus oponentes como un elemento inspirado en el extranjero, véase incluso como herejía que agrede a la identidad religiosa musulmana del país. Dichas protestas generaran manifestaciones y resistencias de la parte de varios actores/actrices de la sociedad, en particular feministas, comprometidas con la defensa y la extensión de los derechos de las mujeres, conformes con la herencia de Habib Bourguiba e invocando el credo de la revolución por la igualdad, la libertad y la dignidad. El argumento del presente artículo se basa en las observaciones realizadas principalmente durante los cuatro primeros años de la Revolución y sobre un retorno reflexivo sobre los periodos que les precedieron.
Palabras clave:
- Kilani,
- feminismo,
- biopolítica,
- Revolución,
- Código del status personal,
- Túnez
Appendices
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