Volume 41, Number 1, 2017 Situations contemporaines de servitude et d’esclavage Contemporary Situations of Servitude, Bondage and Slavery Situaciones contemporaneas de servidumbre y esclavitud Guest-edited by Alexis Martig and Francine Saillant
Table of contents (25 articles)
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Présentation : l’esclavage moderne : une question anthropologique ?
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Adaptations et résiliences des pratiques esclavagistes en Thaïlande et en Birmanie
Jacques Ivanoff, Supang Chantavanich and Maxime Boutry
pp. 29–49
AbstractFR:
Parler d’esclavage moderne soulève des questions éthiques, religieuses, politiques et économiques. L’esclavage « traditionnel » est tellement complexe, pouvant même aller jusqu’à un esclavage « volontaire », aujourd’hui tout comme hier, que l’on a parlé de formes extrêmes de dépendance (Condominas 1998) pour définir cette catégorie sociale. L’histoire de l’Asie du Sud-Est a été sujette à la colonisation de territoires, suivant les affrontements d’États nations en formation qui, pour coloniser leurs terres, mettaient en esclavage les populations soumises. D’autres formes existaient, les serfs aux mains de seigneurs ou les esclaves pour dettes. Ces derniers peuvent être encore définis aujourd’hui comme des esclaves. D’une part, les autorités, malgré tous les efforts menés, ne peuvent éradiquer ce problème trop ancré culturellement et, d’autre part, les économies locales ont besoin de ces travailleurs-esclaves pour faire tourner leurs économies de manière compétitive, quitte à aller les chercher dans les pays voisins (la Thaïlande puise dans la main-d’oeuvre cambodgienne et birmane). Un paradoxe est évident. Comment supprimer l’esclavage alors que celui-ci est nécessaire à l’économie ? D’où il découle par exemple des difficultés de dialogue entre les États-Unis et la Thaïlande pour savoir dans quelle catégorie « Tier » mettre le Royaume de Thaïlande, qui malgré ses efforts pour lutter contre le trafic humain, mène une lutte plus déclarée qu’effective et est demeurée dans la catégorie infamante « Tier 3 » jusqu’au mois d’août 2016. Malgré les outils pertinents que représentent les ONG, les recherches, les commissions d’enquêtes et les sanctions (le « carton jaune » de l’Europe par exemple concernant les produits de la pêche venus de Thaïlande), cela ne suffit pas à éradiquer des pratiques tellement anciennes qu’elles sont inscrites dans la culture népotique de l’Asie du Sud-Est elle-même. Seules l’éducation et la pratique des petits pas permettront de remédier à ce problème, avec évidemment une redistribution des richesses, dont la lacune constitue un des piliers de l’archaïsme du Sud-Est asiatique.
EN:
Writing about modern slavery brings ethic, religious, political and economic questions. Traditional slavery is complex because it can be a form of « willing slavery », today as much as yesterday. This is one of the reasons why slavery can be described as an « extreme form of dependence » (Condominas 1998). Southeast Asia had been historically subject to the colonisation of territories as the result of conflicts between Nation-States in formation which, in order to colonize new lands, put the submitted populations into slavery. Other forms of slavery existed : slaves’ obedience to their landlords or to the person they were in debt bondage with, for instance. Debt bondage can be defined today as one of the most important forms of slavery. On the one hand, authorities, even with their best efforts, cannot eradicate this problem, which is culturally anchored ; and in the other hand, the local economies need these slave-workers to be competitive, and even fetch them in neighbouring countries such as Cambodia or Burma. The paradox is obvious. How can slavery be supressed if the economy is so dependent on slavery ? The dialogue is hence difficult between the United States and the Thai Kingdom, for instance, which makes real efforts to control human trafficking, with mixed results only. That is the reason why Thailand is still inscribed in the infamous Tier 3 category of the ASEAN classification of countries. Even though NGOs, researches, investing committees and sanctions (such as the « yellow card » given by Europe concerning Thailand’s sea production because of the unclear status of workers) take relevant actions, they cannot put an end to the ancient practices inscribed in the nepotic culture of Southeast Asia. Only mass education and a step-by-step approach, combined with a massive redistribution of wealth, will hopefully help to eradicate what is considered as one of the pillars of Southeast Asian archaism.
ES:
Hablar de esclavitud moderna plantea cuestiones éticas, religiosas, políticas y económicas. La esclavitud « tradicional » es tan compleja, que incluso puede ir hasta la esclavitud « voluntaria », hoy como ayer, se ha hablado de formas extremas de dependencia (Condominas 1998) para definir esta categoría social. La historia del Sudeste asiático tiene como sujeto la colonización de territorios, que ha seguido las confrontaciones de Estados-naciones en formación quienes, con el fin de colonizar sus tierras, esclavizaban a las poblaciones sometidas. Estas últimas aún pueden ser definidas como esclavas. Por una parte, las autoridades, a pesar de los esfuerzos realizados no han logrado erradicar este problema cuya raigambre cultural es muy fuerte ; por otra parte, las economías locales tienen necesidad de dichos trabajadores-esclavos para poder hacer funcionar sus economías de manera competitiva, incluso yéndolos a buscar en los países vecinos (Tailandia recurre a la mano de obra camboyana y birmana). Una paradoja resulta evidente : ¿ cómo suprimir la esclavitud cuando ésta es necesaria para la economía ? Lo que entraña por ejemplo dificultades de dialogo entre los Estados Unidos y Tailandia para saber en qué categoría « Tier » situar al Reino de Tailandia, quien a pesar de sus esfuerzos por luchar contra el tráfico humano, ha llevado a cabo una lucha más declarativa que efectiva, que la había colocado en la infamante categoría « Tier 3 », al menos hasta el mes de agosto de 2016. A pesar de lo útiles que representan las ONG, las investigaciones, las comisiones de investigación y las sanciones (como la « tarjeta amarilla » que se impone en Europa a los productos pesqueros provenientes de Tailandia), no han sido suficientes para erradicar prácticas ancestrales inscritas en la cultura clientelista del Sudeste asiático. Solo la educación y el efecto incremental de pequeñas transformaciones permitirán encontrar un remedio a este problema, evidentemente acompañados de la redistribución de las riquezas, cuya ausencia constituye uno de los pilares del arcaísmo del Sudeste asiático.
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Formes contemporaines de la servitude pour dette et continuum des formes de travail en Inde du sud : le cas du système Palamur
David Picherit
pp. 51–68
AbstractFR:
L’article explore les manières dont les formes contemporaines de la servitude pour dette en Inde sont façonnées par des articulations concrètes avec d’autres formes de travail et de circulation comme l’emploi journalier et l’auto-emploi. En considérant la servitude non comme une catégorie homogène et hermétique, mais comme inscrite dans un continuum de formes de travail, l’article examine les pratiques et les représentations de l’asservissement pour dette, dans un contexte de relations de patronage remodelées tant par les travailleurs et les maistri que les leaders politiques-industriels. L’auteur s’appuie sur une étude ethnographique du système de servitude pour dette, Palamur, mis en oeuvre dans le district de Mahabubnagar, État du Telangana.
EN:
This article explores how the contemporary forms of debt bondage in India are shaped through complex articulations with forms of labour and circulation such as daily wage employment and self-employment. By considering debt bondage, not as a bounded category but as part of a continuum of forms of labour, the article looks at the practices and representations of debt bondage in Andhra Pradesh (India) in a context of changing relations of patronage manipulated by labourers, maistri and politicians-businessmen. This research is based on in-depth ethnographical study of a debt bondage system, called Palamur, in the district of Mahabubnagar, State of Telangana.
ES:
Este artículo explora las maneras en que las formas contemporáneas de servidumbre por endeudamiento en la India han sido moldeadas por articulaciones concretas con otras formas de trabajo y de circulación como el trabajo a jornal y el trabajo independiente. Al considerar la servidumbre no como una categoría homogénea y hermética, sino como inscrita en un continuum de formas de trabajo, este artículo examina las prácticas y las representaciones de la servidumbre por endeudamiento, en un contexto de relaciones de clientelismo remodeladas tanto por los trabajadores y los maistri como por los líderes político-industriales. El autor se basa en un estudio etnográfico del sistema de servidumbre por endeudamiento, Palamur, que opera en el distrito de Mahabubnagar, Estado de Telangana.
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Domination et servitude dans le Brésil rural contemporain : le « travail esclave » rural migrant
Alexis Martig
pp. 69–90
AbstractFR:
Cet article se propose d’analyser le phénomène du « travail esclave » rural migrant apparu au Brésil depuis les années soixante. Pour ce faire, il part du discours de travailleurs ruraux libérés d’une situation de « travail esclave » pour montrer les différents aspects qui caractérisent la relation de domination du « travail esclave » rural migrant (tromperie, dette économique et dépersonnalisation). Il s’agira de penser, en la mettant en perspective avec d’autres formes traditionnelles de domination en milieu rural, la spécificité et l’historicité du « travail esclave ». On montrera ensuite comment le « travail esclave » constitue un « mode d’exploitation » et une relation de servitude en termes d’excès de domination dépassant la relation de dette économique et impliquant un rapport aux droits et à la citoyenneté symbolique. Enfin, on élargira la réflexion au contexte global de l’économie capitaliste en montrant comment l’analyse du « travail esclave » rural migrant peut contribuer aux réflexions sur l’esclavage contemporain.
EN:
This paper aims to analyse the case of rural migrant « enslaved labour » which appeared in Brazil in the 1960’s. Based on the discourses of rural workers liberated from a situation of « enslaved labour », the article first presents the different aspects which characterize the relations of domination pertinent to rural migrant « enslaved labour » : deceit, economic debt and depersonalization. Then, the case of rural migrant « enslaved labour » is compared with traditional forms of domination in rural Brazil in order to contextualize the specificity and historicity of « enslaved labour ». The second part of this paper argues that « enslaved labour » constitute a « mode of exploitation » and a relationship of servitude, which includes excess of domination extending beyond the relationship of economic debt and implying the questions of rights and of symbolic citizenship. Finally, the reflection is broadened to the global context of the capitalist economy, showing how further analyzing rural migrant « enslaved labour » could contribute to the study on contemporary slavery.
ES:
Este artículo se propone analizar el fenómeno del « trabajo esclavo » rural migrante surgido en Brasil desde los años sesenta. Para lograrlo, se parte del discurso de los trabajadores rurales liberados de una situación de « trabajo esclavo », con el fin de mostrar los diferentes aspectos que caracterizan a la relación de dominación del « trabajo esclavo » rural migrante (engaño, deuda económica y despersonalización). Se trata de pensar la especificidad y la historicidad del « trabajo esclavo » poniéndolo en perspectiva con respecto a otras formas tradicionales de dominación en el medio rural. En seguida se muestra cómo el « trabajo esclavo » constituye un « modo de explotación » y una relación de servidumbre en tanto que exceso de dominación que rebaza la relación de deuda económica y que implica una relación con los derechos y la ciudadanía simbólica. Finalmente, se ampliará la reflexión al contexto global de la economía capitalista mostrando cómo el análisis del « trabajo esclavo » rural migrante puede contribuir a la reflexión sobre la esclavitud contemporánea.
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Travail, morale et dépendance personnelle : les ouvriers agricoles mexicains et guatémaltèques dans les fermes québécoises
Jorge Pantaleón and Lucio Castracani
pp. 91–106
AbstractFR:
La littérature sur les programmes pour la main-d’oeuvre agricole temporaire au Canada a plutôt analysé le cadre juridico-légal et ses répercussions sur le travail, montrant des conditions de vie et de travail comparables dans certains cas à une forme de servitude contemporaine. Dans cet article, à partir de nos terrains de recherche respectifs au Québec, nous approfondissons la dimension personnelle de la relation dans ces contextes caractérisés par plusieurs sources de vulnérabilité. La dimension personnelle de la relation capital-travail s’articule ainsi dans un cadre juridico-légal et demeure fondamentale dans l’organisation et le contrôle de la main-d’oeuvre dans le contexte de production actuel. Explorant le croisement d’évaluations morales et de compétences professionnelles, nous proposons quatre variantes de la relation entre employeur et main-d’oeuvre, fonctionnelles pour l’organisation du travail dans les fermes.
EN:
The literature on temporary agricultural workers’ programs in Canada has focused mainly on the juridical-legal framework and its repercussions on the labor. It has highlighted how work and life conditions in some cases are similar to a contemporary form of servitude. In this article, based on our respective fieldworks in Quebec, we analyze in depth the personal dimension of the relationship in these contexts of more vulnerability sources. The personal dimension of the capital-labor relationship, in its articulation to the juridical-legal framework, remains fundamental in the organization and control of labor in the current context of production. Exploring the intersection of moral assessments and professional skills, we offer four variants of the relationship between employer and workers, functional to the organization of labor in farms.
ES:
La literatura especializada sobre los programas de trabajadores agrícolas temporales en Canadá ha estudiado principalmente los marcos jurídicos y sus efectos sobre las condiciones laborales, evidenciando que en algunos casos éstas son comparables a formas de esclavitud contemporáneas. En este artículo, basado en los resultados de nuestras respectivas investigaciones de campo en Quebec, profundizamos la dimensión personal de las relaciones en estos contextos caracterizados por múltiples modos de vulnerabilidad. La dependencia personal en la relación capital-trabajo, articulada al marco jurídico-legal, continúa jugando un papel fundamental en la organización y el control del trabajo, bajo el régimen de producción actual. Examinando la intersección entre las evaluaciones morales y las competencias laborales, se presentan cuatro variantes de relación entre los empleadores y los trabajadores, variantes funcionales a la organización del trabajo en las granjas.
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Réflexions sur les contours flous des limites entre travail domestique et servitude
Bethany Hastie
pp. 107–127
AbstractFR:
Bien que l’usage du concept de servitude dans la définition légale internationale de la traite des personnes illustre un intérêt renouvelé pour celui-ci, il demeure flou et indéfini. Cet article s’efforce d’apporter un éclairage nouveau sur les significations contemporaines qui peuvent être attribuées à la servitude domestique dans la loi internationale, tout en réfléchissant à la nature floue des frontières entre le travail domestique et la servitude. Cet article s’appuie sur le Programme des aides familiaux du Canada (AF) comme étude de cas pour montrer comment ces frontières floues sont constituées, notamment du fait des dispositions légales qui encadrent l’AF, en faisant valoir que le permis de travail lié à un employeur donné, articulé à la nature privée et isolée du lieu de travail, crée des vulnérabilités qui rendent plus probables l’émergence des conditions de servitude.
EN:
Although the concept of servitude has been given renewed attention through its inclusion within the international legal definition of « human trafficking », within that context, it remains undefined. This article endeavours to shed greater light on the contemporary meanings that can be ascribed to domestic servitude within international law, and to explore the potentially blurring lines between domestic work arrangements and domestic servitude. This article uses the Canada’s Caregiver Program (CP) as a case study to demonstrate the how those blurring lines may arise, in part, as the result of the legal regulations governing the CP, arguing that the employer-specific work permit, coupled with the isolated and private nature of the workplace, create vulnerabilities that enhance the potential for servitude-like conditions to arise.
ES:
Aunque el uso del concepto de servidumbre en la definición legal internacional del tráfico de personas ilustra el renovado interés por ésta, no deja de permanecer vago e indefinido. Este artículo procura arrojar una nueva luz sobre los significados contemporáneos que pueden atribuirse a la servidumbre doméstica en la ley internacional, reflexionando sobre la naturaleza difusa de las fronteras entre el trabajo doméstico y la servidumbre. Este artículo se basa en el Programa de asistentes familiares de Canadá (AF) como estudio de caso para mostrar como dichas fronteras difusas se constituyen, especialmente debido a las disposiciones legales que encuadran el AF, argumentando que el permiso de trabajo ligado a un empleador dado, articulado con el carácter privado y aislado del medio de trabajo, crea vulnerabilidades que pueden favorecer el surgimiento de condiciones de servidumbre.
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Servir en ville (post)coloniale : entre travail non libre et résistances par le bas au Maroc
Nasima Moujoud
pp. 129–145
AbstractFR:
À partir d’une étude de cas, envisagée dans une perspective postcoloniale – l’émergence de la domesticité parmi des montagnard(e)s du Haut-Atlas qui s’attachent en ville au Maroc –, cet article revisite la question de l’esclavage domestique moderne en prenant pour objet ses recompositions pendant la colonisation ainsi que les relations postcoloniales qui engagent le travail et les mobilités. Il montre la profondeur sociohistorique des servitudes dans des contextes répressifs marqués par les inégalités entre territoires et entre femmes. En s’appuyant sur des sources écrites, des observations et des entretiens, l’article propose une analyse des servitudes « par le bas » et à partir du point de vue des (anciennes) employées et de leurs proches. Ces personnes se saisissent des rares opportunités connues localement pour avoir des ressources sur un registre moderne, migratoire et salarié – « comme les citadins », disent-elles. Ce registre leur impose la domesticité qu’elles découvrent pendant la colonisation et ne cessent de redéfinir en tenant compte des violences et de nouvelles échappées.
EN:
Based on case study, in a postcolonial perspective – the emergency of domesticity between mountaineers from the Morocco High Atlas who are attached to the city in Morocco –, this paper investigates the question of modern domestic slavery considering its recomposition during the colonisation as well as the postcolonial relations that frame work and mobility. It shows how deep the influence of the socio-history of bondages in repressive contexts characterized by inequalities between territories and women can be. Based on written sources, observations and interviews, this paper offers an analysis of bondages « from the bottom » and from (former) employees and their relatives’ point of view. These persons use the scarce opportunities locally known to have means into a modern, migratory and salaried record – « as the city-dwellers », as they said. This record imposes them domesticity, which they discover during the colonisation but that they always redefine considering violence and new escapements.
ES:
A partir de un estudio de caso, enfocado desde una perspectiva post-colonial – el surgimiento del servicio doméstico entre los serranos del Alto Atlas que trabajan en la ciudad en Marruecos –, este artículo revisa la cuestión de la esclavitud domestica moderna tomando como objeto sus recomposiciones durante la colonización así como sus relaciones post-coloniales que instan el trabajo y las movilidades. Muestra la profundidad socio-histórica de las servidumbres en contextos represivos marcados por desigualdades entre territorios y entre mujeres. Basado en documentos escritos, observaciones y entrevistas, el artículo propone un análisis de las servidumbres « subrepticias » y a partir del punto de vista de las (antiguas) empleadas y de sus familiares. Esas personas se aprovechan de las raras oportunidades conocidas localmente por tener conocimiento del registro moderno, migratorio y asalariado – « como los citadinos », como ellas dicen. Dicho registro les impone el trabajo domestico que ellas descubrieron durante la colonización y no han cesado de redefinir tomando en cuenta las violencias y las nuevas avenidas.
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« Mi have to work » : la domesticité des « enfants » en Jamaïque, 1920-1970
Michele A. Johnson
pp. 147–177
AbstractFR:
Parmi les dizaines de milliers de travailleurs ayant intégré le secteur de l’emploi domestique au XXe siècle en Jamaïque se trouvaient de jeunes personnes, dont la plupart étaient des jeunes filles, et quelques-unes encore des « enfants ». Tandis que certaines étaient recrutées en tant que servantes rémunérées, d’autres étaient placées (parfois sous la forme « d’adoptions » informelles) dans des maisonnées où elles effectuaient des tâches domestiques en échange du vivre et du couvert et dans l’espoir de recevoir un enseignement. Si généralisées qu’aient été ces conditions, on ne sait pas grand-chose de la façon dont ces « enfants » domestiques vivaient leur travail. Cet article s’efforce de contribuer aux discussions relatives au travail des enfants domestiques, au genre dans le travail domestique, aux adoptions informelles, à la construction de l’enfance, de même qu’au potentiel d’exploitation de ces enfants et même du travail servile. J’avance que la pérennité d’une ancienne culture du travail, des conditions de travail extrêmement diverses, des définitions de l’enfance sexuées, racialisées et de classe, situées à l’intersection des lois internationales et locales, ont créé un sous-secteur complexe de travailleuses dont les conditions de vie ont déstabilisé les catégories du travail domestique, de la servitude, de la famille et de l’enfance.
EN:
The tens of thousands of workers who entered the domestic service sector in twentieth century Jamaica included young persons, most of whom were female and some of whom were « children ». While some were recruited as paid servants, others were placed (sometimes through informal « adoptions ») into households where they performed domestic labour in exchange for the necessities of life and, they hoped, access to an education. As pervasive as these circumstances were, not a great deal is known about the working lives of these « child » servants. This paper seeks to contribute to discussions about child domestic workers, gendered domestic labour, informal adoptions, constructions of childhood as well as potentially exploitative, and possibly servile, « child » labour. It argues that a long-extant culture of work, widely varying conditions of labour, gendered, racialized and classed definitions of childhood and the intersections of international and local laws, created a complex sub-sector of workers whose experiences destabilized the categorisations of domestic service, servitude, family and childhood.
ES:
Entre las decenas de miles de trabajadoras que se integraron al sector del empleo doméstico en el siglo XX en Jamaica se encuentran los jóvenes, quienes era mayoritariamente jóvenes mujeres y algunas aun « niñas ». Algunas eran reclutadas en tanto que sirvientas remuneradas ; otras fueron colocadas (en ocasiones bajo la forma de « adopciones » informales) en los hogares en donde realizaban las tareas domésticas a cambio de alojamiento y alimentación, con la esperanza de recibir una educación. Aunque estas situaciones estaban bastante generalizadas, poco se sabe de la manera en que dichas « niñas » sirvientas vivían su situación. El presente artículo procura contribuir a las discusiones relacionadas con el trabajo de las niñas sirvientas, con el género en el trabajo doméstico, con las adopciones informales, con la construcción de la infancia, así como con el potencial de explotación de dichas niñas y con el trabajo servil. Sostengo que la perennidad de una antigua cultura del trabajo, de condiciones de trabajo extremadamente diversas, de las definiciones sexuadas, raciales y de clase de la infancia, situadas en la intersección de las leyes internacionales y locales, han creado un sub-sector complejo de trabajadoras cuyas condiciones de vida han desestabilizado las categorías del trabajo doméstico, de la servidumbre, de la familia y de la infancia.
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« Nou se pa bèt ! » : repenser l’exploitation infantile à partir des perspectives de jeunes migrants d’origine haïtienne qui grandissent en République dominicaine
Marie-Pier Girard
pp. 179–202
AbstractFR:
Cet article est fondé sur une recherche ethnographique ayant intégré différentes techniques participatives avec des filles et des garçons (9 à 17 ans) d’origine haïtienne qui ont migré clandestinement vers la région touristique de Sosúa (République dominicaine) à la suite du tremblement de terre de 2010. À partir d’une approche d’économie politique et culturelle de l’enfance, j’y propose une réflexion à la fois critique et engagée sur l’exploitation infantile. Plus précisément, je mets en évidence l’écart qui existe entre les expériences et voix localisées des jeunes migrants, et les discours dominants globalisés sur le trafic et la traite des enfants ainsi que sur leur exploitation sexuelle à des fins commerciales. Je montre ainsi l’impérative nécessité de revoir les paramètres actuels de pensée et d’action à l’égard de ces deux formes d’exploitation infantile, de même que je plaide en faveur d’une véritable prise en considération des perspectives des enfants qui en font l’expérience.
EN:
This article is based on an ethnographic research integrating different participatory techniques with boys and girls (aged 9-17 years) of Haitian origin who have migrated illegally to the touristic area of Sosúa (Dominican Republic) in the aftermath of the 2010 earthquake. Using a theoretical approach of political and cultural economy of childhood, I propose a critical but also politically committed understanding of child exploitation. More precisely, I highlight the gap between young migrants’ localized voices and experiences and the globalized and dominant advocacy narratives about child trafficking and commercial sexual exploitation. I then show the need for a comprehensive reassessment of our current ways of thinking and intervening concerning these two forms of child exploitation and I advocate for taking into proper account children’s own perspectives in the process.
ES:
Este artículo se basa en una investigación etnográfica que integró diferentes técnicas participativas con muchachas y muchachos (de 9 a 17 años) de origen haitiano que migraron clandestinamente hacia la región turística de Sosúa (República Dominicana) como consecuencia del temblor de tierra. A partir de un enfoque de economía política y cultural de la infancia, propongo una reflexión al mismo tiempo crítica y comprometida sobre la explotación infantil. Más específicamente, evidencio la distancia que existe entre las experiencias y las voces localizadas de los jóvenes migrantes y los discursos dominantes globalizados sobre el tráfico y la trata de niños así que sobre su explotación sexual con fines comerciales. Muestro también la necesidad imperativa de revisar los parámetros actuales del pensamiento y de la acción respecto a esas dos formas de explotación infantil y abogo a favor de una verdadera toma en consideración de las perspectivas de los niños que viven dichas experiencias.
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Les sous-entendus de l’Arrêt TC/0168/13 du Tribunal constitutionnel dominicain
Ambroise Dorino Gabriel
pp. 203–220
AbstractFR:
La République dominicaine et Haïti, depuis leur naissance, d’abord en tant que colonies de deux puissances coloniales antagoniques (l’Espagne et la France), puis en tant que républiques libérées du colonialisme et de l’esclavagisme brutal au début du XIXe siècle, vivent dans une tension constante. L’histoire de ces deux petits pays partageant la même île et qui ensemble ne mesurent que quelque 77 000 kilomètres carrés, rapporte que cette tension irrésolue et liée principalement à la question de la migration des Haïtiens vers la partie est de l’île fait partie inhérente de la politique économique depuis l’occupation américaine de 1915-1934. Elle est maintenue et nourrie par les élites économiques et politiques des deux pays au service du capital multinational. Elle est utilisée pour camoufler les enjeux économiques, pour contrôler la mobilité des travailleurs esclaves et légitimer les accrocs aux respects des droits humains sur l’île. Le massacre des Haïtiens et des Dominicains noirs en 1937 et l’arrêt du Tribunal constitutionnel dominicain en 2013 enlevant leur nationalité à des milliers de Dominicains d’origine haïtienne doivent être interprétés à partir d’une même logique économique : se débarrasser du surplus de population jugée indésirable sous la couverture de la souveraineté politique et ethnique. Mais cette notion archaïque de souveraineté est démasquée, car la résistance est sortie de sa peur paralysante, et l’exploité se découvre sujet de droits et réclame sa place légitime.
EN:
Haiti and the Dominican Republic live in constant tension with each other : right from the beginning, first as two colonies of the competing colonial powers (Spain and France), and then as two republics freed from colonialism and brutal slavery at the beginning of the 19th century. The history of these two little countries, which share the same island comprising no more than 77 000 square kilometers, results in this unresolved tension. It is linked particularly to the question of the migration of Haitians to the East of the island because of the political economy, which emerged with the American occupation of 1915-1934. It is maintained and nurtured by the political and economic elites of both countries, which are subservient to big multinational capital. This tension is used to mask the economic stakes involved, to control the mobility of slave labor and to ignore, or legitimate the encroachments on human rights on the island. The massacre of Haitians and black Dominicans in 1937 and the decision in 2013 by the Dominican constitutional tribunal to strip the nationality of thousands of Dominicans of Haitian origin are to be interpreted according to the same economic logic. It is a way to get rid of surplus populations considered undesirable under the cover of political and ethnic sovereignty. However, this archaic notion of sovereignty has been unmasked because resistance has broken free of its paralyzing fear and the timid among the exploited discovered that they are subjects of rights and demand their legitimate place.
ES:
La República Dominicana y Haití, desde su creación, primero en tanto que colonias de dos potencias coloniales antagónicas (España y Francia), después en tanto que repúblicas liberadas del colonialismo y de la esclavitud brutal a principios del siglo XIX, viven en una tensión constante. La historia de esos dos pequeños países que comparte la misma isla y que juntos sólo ocupan unos 77 000 kilómetros cuadrados, nos indica que esa tensión no resuelta y principalmente ligada a la cuestión de la migración de haitianos hacia la parte este de la isla forma parte inherente de la política económica desde la ocupación americana de 1915-1934. Tensión mantenida y nutrida por las élites económicas y políticas de los dos países al servicio del capital multinacional. Es utilizada para camuflar los desafíos económicos, para controlar la movilidad de los trabajadores esclavos y para legitimar los desgarrones a los derechos humanos en la isla. La masacre de haitianos y dominicanos negros en 1937 y el fallo del tribunal constitucional en 2013 privan de su nacionalidad a miles de dominicanos de origen haitiano, deben interpretarse a partir de la misma lógica económica : deshacerse del surplus de población juzgada indeseable bajo la cobertura de la soberanía política y étnica. Pero esta noción arcaica de soberanía ha sido desenmascarada, ya que la resistencia ha abandonado su temor paralizante y el miedoso explotado se descubre sujeto de derechos y reclama su lugar legítimo.
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Abdias Nascimento : esclavage, post-abolition et émancipation
Francine Saillant
pp. 221–237
AbstractFR:
L’article propose une lecture de la pensée et des formes d’actualisation politique et culturelle d’un penseur du mouvement noir contemporain au Brésil, Abdias Nascimento. À travers les écrits politiques de cet auteur, il est possible de retracer les interprétations des actions privilégiées dans la lutte contre les discriminations qui ont suivi et suivent toujours l’expérience post-abolitionniste. L’adhésion à la pensée de la décolonisation puis à celle de l’afrocentrisme, et aussi à une version du panafricanisme qu’est le quilombisme (et dont il est l’auteur), n’a pas empêché cet intellectuel de la diaspora de penser l’émancipation depuis le continent latino-américain, et plus particulièrement depuis le Brésil. La perspective selon laquelle la fin de l’esclavage n’aurait pas eu lieu, leitmotiv du mouvement noir contemporain au Brésil et dont Nascimento est une figure fondatrice, permet l’établissement d’un parallèle entre les luttes du mouvement noir et celles du mouvement contre l’esclavage contemporain.
EN:
This article proposes a reading of the reflections and forms of political and cultural actualization of a thinker in the contemporary Black movement of Brazil, namely Abdias Nascimento. The political writings of this author help retrace interpretations of actions carried out in the struggle against the discrimination that followed and is still following the post-abolitionist experience. Adhering to the thought of decolonization, and subsequently Afrocentrism and Quilombism, which is a version of Pan-Africanism he created himself, has not prevented this diaspora intellectual from thinking about emancipation from the standpoint of the Latin American continent and Brazil more specifically. The perspective that slavery never ended, a leitmotiv of the contemporary Black movement in Brazil and of which Nascimento is a founding figure, allows a parallel to be drawn between the struggles of the Black movement and those of the contemporary anti-slavery movement.
ES:
Este artículo propone una lectura del pensamiento y de las formas de actualización política y cultural de un pensador del movimiento negro contemporáneo de Brasil, Abdias do Nascimiento. A través de los escritos políticos de este autor, es posible rastrear las interpretaciones de las acciones privilegiadas en la lucha contra la discriminación que siguió y sigue haciéndolo la experiencia post-abolicionista. La adhesión al pensamiento de la descolonización y después a la del afrocentrismo y a una versión del panafricanismo que es el quilombismo de cual él es autor, no ha impedido a este intelectual de la diáspora de pensar la emancipación desde el continente latinoamericano y más particularmente desde Brasil. La perspectiva según la cual la esclavitud nunca ha desaparecido, leitmotiv del movimiento negro contemporáneo en Brasil y del cual Do Nascimiento es una de las figuras fundadoras, permite establecer un paralelo entre las luchas del movimiento negro y las del movimiento contra la esclavitud contemporánea.
Hors-thème / Off Theme / Al margen
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Le quotidien, des gestes et la vie : de l’efficacité symbolique des gestes domestiques (Noirs d’Équateur)
Armelle Lorcy
pp. 239–261
AbstractFR:
Le quotidien est en général perçu comme une routine, comme une banalité insignifiante. Mais l’étude des gestes, abordés sous l’angle des maladresses et donc de la rupture, en révèle toute la singularité. À partir d’une ethnographie des gestes domestiques des Noirs descendants d’esclaves africains du littoral Pacifique équatorien, cet article a pour objectif de montrer comment la vie quotidienne leur offre une multitude de possibilités d’agir sur la vie et la mort. Les gestes domestiques désignent des gestes ménagers, utilitaires et intimes exécutés de préférence dans l’enceinte de la maison. Leur « efficacité symbolique » tient à leur capacité à maintenir une distance sans cesse renouvelée face à la menace de la mort, signe d’une volonté d’agir et de réagir face à l’incertitude de l’avenir pour mieux faire place à la vie.
EN:
In general, everyday life is represented by the routine, as an insignificant commonness. However, the study of the gestures analysed in terms of the clumsiness and the break in the routine reveals its uniqueness. This article is based on an ethnography of the everyday domestic gestures of Blacks descendants of African slaves on the Pacific Lowlands in Ecuador. The aim is to show how daily life offers many opportunities to act on life and death. The domestic acts being gestures to clean the house, utilitarian and intimate performed inside the house. Their « symbolic efficiency » depends on their ability to maintain a constantly renewed distance from the threat of death. It symbolizes a willingness to act on and to react to uncertainty with regard to the future in order to make room for life.
ES:
Lo cotidiano en general se percibe como una rutina, como una banalidad insignificante. Pero el estudio de los gestos, abordados desde el ángulo de los desaciertos y por ello de la ruptura, muestra toda la singularidad. A partir de una etnografía de los gestos domésticos de los negros descendientes de esclavos africanos del litoral Pacífico ecuatoriano, este artículo tiene como objetivo mostrar como la vida cotidiana ofrece una multitud de posibilidades para incidir sobre la vida y la muerte. Los gestos domésticos designan los gestos en el hogar, utilitarios e íntimos ejecutados sobre todo en el recinto de la casa. Su « eficiencia simbólica » proviene de su capacidad para mantener una distancia constantemente renovada frente a la amenaza de la muerte, signo de una voluntad de actuar y reaccionar frente a la incertidumbre del futuro para darle su lugar a la vida.
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Silences et construction sociale du récit historique chez les Boni de la Guyane française
Jean Moomou
pp. 263–279
AbstractFR:
L’article propose une étude de la pratique du silence dans le processus de transmission et d’acquisition des faits relatifs au passé des Boni du Suriname en Guyane française, entre le début du XVIIIe siècle et la première moitié du XXe. Dans la société boni, des enjeux politiques, sociaux, culturels et religieux, placés au service des rapports de force, peuvent se cacher derrière les silences et les oublis. Paradoxalement, ces mêmes silences peuvent contribuer « objectivement » à l’écriture de l’histoire-science de ce groupe socioculturel. L’étude s’attachera à l’aspect méthodologique mais révélera aussi une ambiguïté entre morale et savoir.
EN:
This article examines the practice of silence in the process of transmission and acquisition of facts related to the past of Surinam Boni people in French Guiana between the early 18th and early 20th centuries. In the Boni society, political, social, cultural and religious issues, placed at the service of the relationship, can hide behind the silences and omissions. Paradoxically, these same silences can contribute « objectively » to the writing of the history-science of this sociocultural group. The study focuses on the methodological aspect but also reveals an ambiguity between morality and knowledge.
ES:
El artículo propone un estudio del uso del silencio en el proceso de transmisión y adquisición de los acontecimientos sobre el pasado de los Boni de Surinam en Guyana francesa, desde los principios del siglo 18 a la primera mitad del siglo 20. Dentro de la sociedad Boni, cuestiones políticas, sociales, culturales y religiosas, cuando entran al servicio de relaciones de fuerza, pueden esconderse detrás de los silencios y los olvidos. Paradójicamente, estos silencios pueden participar con « objetividad » en la escritura de la historia-ciencia de este grupo sociocultural. El trabajo se dedicará al aspecto metodológico, pero también dejará ver una ambigüedad entre moral y saber.
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Les pretos-velhos dans l’umbanda : un culte brésilien aux ancêtres et aux esprits d’esclaves
Marina Rougeon
pp. 281–315
AbstractFR:
Cet article présente le culte rendu aujourd’hui dans la ville de Rio aux esprits d’anciens esclaves dans le cadre de l’umbanda : les pretos-velhos (« vieux Noirs »). Fondé sur des éléments récents de terrain, le portrait complexe de ces entités spirituelles met en évidence des aspects moins visibles des reconstructions mémorielles de l’esclavage dans un contexte actuel de redéfinition de ce passé dans la société brésilienne. Pour ce faire, la démarche ethnographique privilégie les caractéristiques attribuées à ces entités par les adeptes, certains éléments de leurs histoires de vie et les expériences vécues des umbandistes avec les « vieux Noirs ». À la fois ancêtres, esclaves et guérisseurs, les pretos-velhos suscitent une diversité de lectures qui met notamment l’accent sur la polysémie du terme d’ancestralité. En outre, leurs rapports avec un saint catholique noir, saint Benedito, révèlent un syncrétisme afro-catholique à l’oeuvre au sein de la pratique rituelle de l’umbanda. Enfin, le texte aboutit en signalant la possibilité, pour les umbandistes, d’une nouvelle visibilité dans la sphère publique de la portée symbolique de l’image de l’esclave noir brésilien.
EN:
This paper presents the cult to old slave’s spirits in Umbanda, today in Rio city : the cult to pretos-velhos (literally « old Blacks »). Based on fieldwork elements, the complex portrait of such spiritual entities highlights less visible aspects of slavery’s memorial reconstruction in an actual context of redefinition of this past into Brazilian society. The ethnographic approach focuses on the characteristics given by the adepts to theses spirits, on some elements of their life stories and on umbandistas’ lived experiences with « old Blacks ». At the same time ancestors, slaves and healers, pretos-velhos cause several interpretations, which notably point out the polysemy of a term such as ancestrality. Besides, their relationship with a black catholic saint, são Benedito, reveals an afro-catholic syncretism into Umbanda’s ritual practice. At least, the paper ends reporting the possibility, for umbandistas, of a new visibility in public arena for the symbolic scope of brazilian black slave’s image.
ES:
Este artículo presenta el culto que se rinde actualmente en la ciudad de Rio a los espíritus de los antiguos esclavos en el cuadro de la Umbanda : los pretos velhos (« los Negros viejos ») Basado en elementos de una práctica de campo reciente, la compleja imagen de dichas entidades evidencia aspectos menos visibles de las reconstrucciones de la memoria de la esclavitud en el contexto actual de redefinición de dicho pasado en la sociedad brasileña. Para lograrlo, el enfoque etnográfico privilegia las características atribuidas a dichas entidades por sus adeptos, algunos elementos de sus historias de vida y las experiencias vividas por los umbandistas con los « Negros viejos ». Al mismo tiempo ancestros, esclavos y curanderos, los preto-velhos suscitan una diversidad de lecturas que ponen el acento en la polisemia del término de ancestralidad. Además, sus relaciones con un santo católico negro, San Benedito, muestra un sincretismo afro-católico en acción al interior de la práctica ritual de la Umbanda. Finalmente, el texto concluye señalando la posibilidad para los umbandistas de una visibilidad renovada en la esfera pública del alcance simbólico de la imagen del esclavo negro brasileño.
Essai bibliographique / Bibliographical Essay / Ensayo bibliográfico
Comptes rendus thématiques / Thematical Book Reviews / Reseñas temáticas
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Bensa Alban, Kacué Yvon Goromoedo et Adrian Muckle, 2015, Les sanglots de l’aigle pêcheur. Nouvelle-Calédonie : la Guerre kanak de 1917. Toulouse, Éditions Anarchasis, 720 p., CD, illustr.
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Chanson Philippe, 2008, La blessure du nom. Une anthropologie d’une séquelle de l’esclavage aux Antilles-Guyane. Louvain-la-Neuve, Academia Bruylant, 158 p., ann., bibliogr.
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Cousseau Vincent, 2012, Prendre nom aux Antilles. Individu et appartenances (XVIIe-XIXe siècle). Paris, Éditions du CTHS, coll. CTHS Histoire n° 50, 445 p., bibliogr., annexes, chronologie
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Kenny Mary Lorena, 2007, Hidden Heads of Households : Child Labor in Urban Northeast Brazil. Toronto, University of Toronto Press, 144 p., illustr., bibliogr., index
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Liebelt Claudia (dir.), 2011, Caring for the “Holy Land”. Filipina Domestic Workers in Israel. New York, Oxford, Berghahn Books, 228 p., 12 illustr., bibliogr., index
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Martig Alexis, 2014, La reconnaissance sociale et les Mouvement des Sans Terre au Brésil : en quête de dignité. Paris, Éditions Academia-L’Harmattan, 290 p., bibliogr.
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Peters Alicia W., 2015, Responding to Human Trafficking. Sex, Gender, and Culture in the Law. Philadelphia, University of Pennsylvania Press, Pennsylvania Studies in Human Rights Series, 256 p., illustr., bibliogr., index
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Price Richard, 2013, Les Premiers Temps. La conception de l’histoire des Marrons saamaka. La Roque d’Anthéron, Vents d’ailleurs, 303 p., 2e éd. française, bibliogr., illustr., cartes
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Saillant Francine, 2014, Le mouvement noir au Brésil (2000-2010). Réparations, droits et citoyenneté. Louvain-la-Neuve, Québec, Éditions Academia-L’Harmattan, Les Presses de l’Université Laval, coll. Investigations d’anthropologie prospective, no 15, 390 p., bibliogr., annexes, illustr.