Abstracts
Résumé
À partir des installations muséales de l’artiste contemporain Jimmie Durham et en tenant compte de ses réflexions, cet article propose une analyse des mécanismes mis en oeuvre afin d’exposer la « normalité », ou le regard courant porté sur les objets, que l’artiste a observé chez son public, celui des musées occidentaux. Durham présente des objets banals ou stéréotypés dans des vitrines avec cartels, composant des installations produites spécifiquement pour leur public, lequel est invité à s’engager dans les oeuvres. Il met en évidence la « normalité », en opérant notamment par des décalages humoristiques, et la fait entrer dans les musées en exposant des artéfacts qui ne s’y trouvent pas habituellement. Durham dévoile des implications occultées mais oppressantes de ce regard, en particulier en contexte colonial, et tente, par diverses investigations, de provoquer une réflexivité chez le spectateur dans le but de l’ouvrir à d’autres regards sur soi et sur les autres.
Mots-clés :
- Moiroux,
- Jimmie Durham,
- expositions muséales,
- objets,
- art contemporain
Abstract
This article studies contemporary artist Jimmie Durham’s museum-style installations and, examining his reflections, offers an analysis of the mechanisms devised in order to exhibit the « normality », or the common point of view in understanding objects, which the artist has noticed among his public, that of Western museums. Durham presents ordinary objects or stereotypied artefacts in glass cases with labels. These installations are produced specifically for their public, who is invited to engage with the works. He reveals the « normality », in particular through humorous shifts, and makes it enter into the museum by exhibiting artefacts which are not usually found in it. Durham unveils this hidden point of view’s, which has oppressive implications, in colonial contexts in particular, and tries, through investigations, to provoke the beholder’s reflexivity with the aim to open new possibilities to include other points of view on selves and others.
Keywords:
- Moiroux,
- Jimmie Durham,
- Museum Exhibitions,
- Objects,
- Contemporary Art
Resumen
A partir de las instalaciones museísticas del artista contemporáneo Jimmie Durham y tomando en consideración sus reflexiones, el autor propone en este artículo un análisis de los mecanismos empleados con el fin de exponer la « normalidad », o percepción ordinaria de los objetos que el artista ha observado en su público, el de los museos occidentales. Durham presenta objetos banales o estereotipados en las vitrinas con carteles, componiendo las instalaciones realizadas específicamente para su público el cual se le convida a comprometerse con las obras. Evidencia la « normalidad » especialmente gracias a las distancias humorísticas y al hecho de entrar en los museos exponiendo artéfactos que habitualmente no se encuentran en ellos. Durham revela las implicaciones ocultas pero omnipresentes en dicha percepción, en particular en un contexto colonial, y trata, al indagar, provocar una reflexividad en el espectador con el fin de abrir las posibilidades de comprender otras maneras de verse a sí mismo y a los otros.
Palabras clave:
- Moiroux,
- Jimmie Durham,
- exposiciones museísticas,
- objetos,
- arte contemporáneo
Appendices
Références
- Appleford R., 2010, « Jimmie Durham and the Carpentry of Ambivalence », Social Text, 105 : 91-111.
- Bergson H., 1991 [1900], Le Rire. Paris, Presses universitaires de France.
- Brett G., 2012, « The Questioner : Material and Verbal Wit » : 137-145, in A. Kreuger (dir.), A Matter of Life and Death and Singing. Londres, Anvers, JRP-Ringier, MuHKA.
- De L’Estoile B., 2007, Le goût des Autres : de l’exposition coloniale aux arts premiers. Paris, Éditions Flammarion.
- Descola P. (dir.), 2010, La fabrique des images. Visions du monde et formes de la représentation. Paris, Somogy Éditions d’art, Musée du quai Branly.
- Dufrene T. et A.-C. Taylor (dir.), 2009, Cannibalismes disciplinaires. Quand l’histoire de l’art et l’anthropologie se rencontrent. Paris, INHA, Musée du quai Branly.
- Durham J., 1973, God’s Own Drunk. A Socio-Political Study of the Art of Mask-Making in Switzerland. Dissertation de diplôme, École des beaux-arts de Genève.
- Durham J., 1986, « Ni’go tlunh a doh ka » : 1-6, inNi’Go Tlunh A Doh Ka (We are Always Turning around on Purpose). Long Island, Amelie A. Wallace Gallery ; repris dans J. Durham, 1993a, A Certain Lack of Coherence : Writings on Art and Cultural Politics. Londres, Kala Press.
- Durham J., 1988, « The Ground Has Been Covered », Artforum International, 26, 10 : 99-105.
- Durham J., 1990, « Cowboys and… », Third Text, 12 : 5-20.
- Durham J., 1993a, A Certain Lack of Coherence : Writings on Art and Cultural Politics. Londres, Kala Press.
- Durham J., 1993b, « Covert Operations, a Discussion between Jimmie Durham, Michael Taussig, with Miwon Kwon and Helen Molesworth », Documents, 3 : 110-121.
- Durham J., 2004, « Stones Rejected by the Builder » : 117-130, in G. Di Pietrantonio et al., Jimmie Durham. Milan, Charta.
- Durham J., 2013a, « Against Internationalism », Third Text, 27, 1 : 29-32.
- Durham J., 2013b, « Vandalismo » : 288-292, in Catalogue Forumdoc.bh.2013, Belo Horizonte, disponible sur Internet (http://www.forumdoc.org.br/catalogo-forumdoc-bh-2013/), le 19 novembre 2014.
- Edwards E., C. Gosden et R.B. Phillips (dir.), 2003, SensibleObjects : Colonialism, Museums and Material Culture. Oxford, New York, Berg.
- Fabian J., 2004, « On Recognizing Things. The Ethnic Artefact and the Ethnographic Object », L’Homme, 170 : 47-60.
- Fisher J., 1988, « Jimmie Durham », inMatoaka ale Attakulakula guledisgo nhini [Matoaka and the Little Carpenter in London]. Londres, Matt’s Gallery.
- Fisher J., 1995, « Jimmie Durham. Attending to Words and Bones. An Interview with Jean Fisher », Art and Design, 10, 7-8 : 47-55.
- Foster H., 1996, « The Artist as Ethnographer » : 171-204, in H. Foster (dir.) The Return of the Real. Cambridge, MIT Press.
- Gell A., 1998, Art and Agency : An Anthropological Theory. Oxford, New York, Oxford University Press.
- Lenclud G., 2007, « Être un artéfact » : 59-90, in O. Debary et L. Turgeon, Objets et Mémoire. Paris, Québec, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, Les Presses de l’Université Laval.
- MacDonald S. (dir.), 1998, The Politics of Display : Museums, Science, Culture. Londres, New York, Routledge.
- McKenna K., 1993, « Money Can’t Buy this Guy’s Love », Los Angeles Times, 22 août : 84-85.
- Moiroux S., 2011, L’Objet-Frontière. Art contemporain, conflits culturels et jeux d’ontologies dans l’oeuvre de Jimmie Durham. Thèse de doctorat en anthropologie sociale et ethnologie, EHESS Paris, France.
- Severi C., 1991, « Art (Anthropologie de l’) » : 81-85, in P. Bonte et M. Izard (dir.), Dictionnaire de l’ethnologie et de l’anthropologie. Paris, Presses universitaires de France.
- Severi C., 2007, Le principe de la chimère. Une anthropologie de la mémoire. Paris, Éditions Rue d’Ulm, Musée du Quai Branly.
- Severi C., 2009, « L’empathie primitiviste » : 165-188, in G. Careri, F. Lissarrague, J.-C. Schmitt et C. Severi (dir.), Traditions et temporalités des images. Paris, Éditions de l’EHESS.
- Shelton A., 1994, « Cabinets of Transgression : Renaissance Collections and the Incorporation of the New World » : 177-203, in J. Elsner et R. Cardinal (dir.), The Cultures of Collecting. Londres, Reaktion Book.
- Snauwaert D., 1995, « Interview : In Conversation with Jimmie Durham » : 6-31, in L. Mulvey et al., Jimmie Durham. Londres, Phaidon Press.
- Uzel J.-P., 2009, « Les objets trickster dans l’art contemporain autochtone au Canada » : 279-293, in T. Dufrêne et A.-C. Taylor (dir.), Cannibalismes disciplinaires. Quand l’histoire de l’art et l’anthropologie se rencontrent. Paris, Institut national d’histoire de l’art, Musée du quai Branly.