Volume 37, Number 2, 2013 Glocalisation alimentaire Glocalizing Foodways Glocalización alimentaria Guest-edited by Christine Jourdan and Kathleen C. Riley
Table of contents (24 articles)
-
Présentation : la glocalisation alimentaire
-
Alimentation et vivre-ensemble : le cas de la créolisation
Laurence Tibère
pp. 27–43
AbstractFR:
La créolisation est le fruit des situations d’acculturation qui caractérisent certaines sociétés formées avec la colonisation, donnant naissance à des configurations socioanthropologiques singulières, tant sur le plan des productions matérielles et immatérielles que sur celui des formes de vivre-ensemble. Dans ces processus, l’alimentation joue un rôle majeur en tant que support de construction et d’expression identitaires. Sur le plan sociohistorique, la créolisation de l’alimentation correspond aux formes d’entrecroisements culturels intervenus dans ces sociétés, donnant ce que l’on appelle localement les cuisines créoles ; ces hybridations se poursuivent aujourd’hui encore avec la globalisation et les migrations plus récentes. Plus largement, elle désigne les processus identitaires qui entourent l’alimentation et par lesquels les populations en situation de diversité culturelle marquent l’en-commun et la différence. La réflexion s’appuie sur l’étude du système alimentaire à La Réunion, où la cuisine créole et le manger créole symbolisent l’appartenance commune, alors que les autres cuisines soutiennent les dynamiques de différenciation et de construction de la mémoire des origines.
EN:
Creolization is the result of the situations of acculturation found in a number of societies formed by colonization and has given rise to some unusual socio-anthropological patterns, both in terms of tangible and intangible forms of production and in ways of living together. In these processes, food plays a major role in the construction and expression of identity. Food creolization refers to the ways in which cultural intersections have occurred in these societies and produced what is known locally as Creole cuisine ; these hybridizations continue even today with the most recent forms of globalization. More broadly, it refers to the identity processes crystallized in food, and how human beings in multicultural societies mark both their commonalities and their differences. In this contribution, we explore these issues in the context of Reunion Island, where creole food and cuisine symbolize the construction of a shared culture while the other cuisines sustain a dynamic of cultural differentiation and links to cultural origins.
ES:
La criollización es el resultado de situaciones de aculturación que caracterizan a ciertas sociedades formadas con la colonizacion, dando lugar a configuraciones socio-antropológico y culturales singulares, tanto materiales como inmateriales, pero tambien en las formas de cohabitacion. En estos procesos, la comida, las culturas alimentarias, juegan un papel importante para la expresión de la identidad. Por sociohistórico, la criollización corresponde a formas de hybridaciones culturales ocurridos en estas sociedades, dándole lo que se conoce localmente cocinas criollas. De manera más general, se refiere a los procesos que rodean la identidad y el proceso por el cual las personas en situación de diversidad cultural expresan lo commun y lo differente. La reflexión se basa en el estudio del sistema alimentario en la isla de La Reunión, donde la cocina criolla y la comida criolla simbolizan la pertenencia común, mientras que otras cocinas apoyan la diferenciación y la construcción de la memoria de los orígenes.
-
Cuisiner en bordure de la piste : préparation des repas par les hommes à la chasse, relations entre genres et transformation sociale chez les Chipewyans (Dene)
Robert Jarvenpa
pp. 45–65
AbstractFR:
Dans le sillage des récents changements politico-économiques dans le nord du Canada, des équipes mobiles de chasseurs-trappeurs et pêcheurs chipewyans (Dene) subissent de nos jours de longues périodes d’isolement, loin des villages où vivent et travaillent les autres membres de leurs familles. Dans ce contexte, les hommes chipewyans sont confrontés à un dilemme structurel. Ils doivent choisir entre reproduire, abandonner ou modifier les savoir-faire hautement spécialisés du traitement et de la transformation de la nourriture qui étaient habituellement réalisés par les femmes, dans les campements familiaux saisonniers et nomades des années précédentes. L’analyse se concentre sur la préparation des repas et les pratiques de dîner dans les camps forestiers exclusivement masculins des dernières années, et sur la manière dont ces comportements reflètent de pénibles changements dans les relations entre genres. Paradoxalement, tandis que les hommes ont gardé de nombreux ingrédients historiques et familiers dans leur régime alimentaire, l’absence des savoir-faire des femmes dans la préparation de ces aliments confère à la cuisine contemporaine des hommes une place potentiellement ambiguë : une nourriture de la forêt, ou de la piste, qui n’est plus pleinement chipewyane.
EN:
In the wake of recent political-economic changes in northern Canada, mobile teams of Chipewyan (Dene) hunter-trappers and fishermen now endure long periods of isolation away from the centralized settlements where other family members largely live and work. In this context, Chipewyan men are confronted with a structural dilemma. They must choose among replicating, abandoning or modifying the highly specialized food processing and preparation skills which were routinely performed by women in seasonally nomadic family camps of former years. Analysis will focus upon meal preparations and dining practices in the all-male bush camps of recent years and how these behaviors reflect vexing shifts in gender relations. Paradoxically, while men retain many historically familiar ingredients in their diet, the absence of women’s expertise in processing these items places contemporary men’s cuisine in a potentially ambiguous status : wild food or bush food that is not fully Chipewyan.
ES:
En la traza de los recientes cambios político-económicos en el norte de Canadá, los grupos móviles de cazadores-tramperos y pescadores chippewas (Dene) viven hoy en día largos periodos de aislamiento, lejos de los pueblos en donde viven y trabajan los otros miembros de sus familias. En dicho contexto, los hombres chippewas confrontan un dilema estructural. Deben escoger entre replicar, abandonar o modificar las habilidades altamente especializadas del tratamiento y la transformación de la comida que eran normalmente realizadas por las mujeres, en los campamentos familiares de temporada y nómadas de los años anteriores. El análisis se concentrará en la preparación de la comida y en las formas de cenar en los campamentos forestales exclusivamente masculinos de los últimos años y sobre la forma en que esos comportamientos reflejan los difíciles cambios en las relaciones entre géneros. Paradójicamente, mientras que los hombres conservaron muchos ingredientes históricos y familiares en su régimen alimenticio, la ausencia de habilidad entre las mujeres en la preparación de dichos alimentos confiere a la cocina contemporánea de los hombres un lugar potencialmente ambiguo : una alimentación del bosque o de la vereda, que no es totalmente chippewa.
-
Intersections translocales : le cas de la gastronomie yucatèque
Steffan Igor Ayora-Diaz
pp. 67–89
AbstractFR:
La gastronomie yucatèque a fait son apparition durant la seconde moitié du XXe siècle en tant qu’aboutissement de longs processus historiques se jouant aux niveaux local, global et translocal. Une forte opposition culturelle à la cuisine nationale mexicaine renforce la spécificité culturelle de cette gastronomie, et les ingrédients, les recettes et les techniques culinaires employés au Yucatán la relient à d’autres formes culinaires du monde caraïbe. Cet article soutient que l’apparition d’une gastronomie yucatèque distincte est née de l’inclination au cosmopolitisme d’une population locale désireuse de s’approprier et d’adapter les contributions culinaires des immigrants venus d’Europe, du Moyen-Orient, de l’Amérique du Nord et d’autres pays de la région caraïbe. Cette situation a stimulé les connexions latérales, mineures et translocales qui ont contribué à faire de l’alimentation yucatèque un métissage culturel qui a fait fusionner les pratiques et les ingrédients locaux, translocaux et globaux. J’avance que l’intégration du local au global reconfigure la part et l’importance de la cuisine yucatèque dans le marché régional, national et international des nourritures culturelles.
EN:
Yucatecan gastronomy emerged during the second half of the twentieth century as an outcome of long historical local-global and translocal processes. A strong cultural opposition to Mexican national cuisine supports this culturally specific gastronomy, and the ingredients, recipes and culinary techniques used in Yucatán connect it to other Caribbean culinary forms. This paper argues that the emergence of a distinguishable Yucatecan gastronomy is dependent on the cosmopolitan disposition of local people who were willing to appropriate and adapt the culinary contributions of immigrants from Europe, the Middle East, North America, and from countries in the Caribbean region. This situation stimulated lateral, minor, translocal connections that contributed to produce Yucatecan food as a culinary hybrid that merged local, translocal and global practices and ingredients. I argue that contemporary global-local integrations reshape the part and importance of Yucatecan cuisine at the regional, national and international market of cultural foods.
ES:
La gastronomía yucateca surgió durante la segunda mitad del siglo veinte como resultado de largos procesos históricos de tipo local-global y translocal. Esta gastronomía culturalmente específica se fundamenta en una fuerte oposición cultural a la cocina nacional mexicana, y los ingredientes, recetas y técnicas culinarias empleadas en Yucatán la conectan con otras formas culinarias caribeñas. Este ensayo argumenta que la emergencia de una distinguible gastronomía yucateca ha surgido de la disposición cosmopolita de la población local que ha estado dispuesta a apropiar y adaptar las contribuciones culinarias de inmigrantes provenientes de Europa, el Medio Oriente, Norte América, y de cocinas de la región caribeña. Esta condición ha estimulado conexiones laterales, menores, y translocales que, por su parte, han contribuido a la creación de la comida yucateca como un híbrido culinario que armoniza prácticas e ingredientes locales, translocales y globales. Se argumenta que estas integraciones global-locales contemporáneas dan nueva forma a la parte e importancia de la cocina yucateca en el mercado regional, nacional e internacional de cocinas culturales.
-
Fêtes traditionnelles et festivals glocalisés aux Marquises : utilisation des systèmes alimentaires syncrétiques pour forger des identités hybrides
Kathleen C. Riley
pp. 91–111
AbstractFR:
Cet article commence par un bref survol des sources ethnohistoriques couvrant la production, la distribution, la préparation, et la consommation de la nourriture aux îles Marquises depuis l’époque des contacts réguliers avec les européens au XVIIIe siècle jusqu’aux différentes vagues d’expériences de la globalisation (exploration, commerce, colonisation, christianisation, éducation, tourisme et médias internationaux). Il montre comment les réactions locales à ces forces globales ont produit une série de formes alimentaires syncrétiques – ordinaires et rituelles – dont l’intérêt analytique dépasse la simple dimension ethnographique, puisqu’elle permet de comprendre de façon théorique la manière dont ces communautés utilisent la dimension sémiotique et sensible de la nourriture pour forger des identités hybrides. L’analyse met au point premièrement comment les formes alimentaires « traditionnelles » ont été maintenues et réinventées et deuxièmement comment elles ont été déployées lors des fêtes et festivals glocalisés – domestiques et internationaux – et plus particulièrement ceux associés depuis environ 35 ans avec un mouvement de renouveau culturel aux îles Marquises.
EN:
This chapter begins with a brief survey of ethnohistorical sources regarding the production, distribution, preparation, and consumption of food in the Marquesas from the time of sustained European contact in the late 18th century and on through several waves of globalizing entanglements (exploration, trade, colonization, missionization, education, tourism, and international media). It shows how local reactions to these global forces have produced a range of syncretic foodways – both everyday and ritualized – that deserve analysis not only for their intrinsic interest concerning these specific people, but also for the contribution this analysis makes to theoretical debates over how communities use the semiotically rich and sensitive substance of food to forge and perform hybrid identities. The analysis focuses first on how these « traditional » foodways have been maintained and reinvented, and secondly on how they are deployed in a range of glocalized feasts and festivals – from the domestic to the international – especially those associated with the cultural revival movement in the Marquesas, now almost 35 years in the making.
ES:
Este artículo se inicia con una breve revisión de las fuentes etnohistóricas que cubren la producción, la distribución, la preparación y el consumo de la alimentación en las Islas Marquesas desde la época de los contactos regulares con los europeos en el siglo XVIII hasta las diferentes olas de experiencias de la globalización (exploración, comercio, colonización, cristianización, educación, turismo, medias internacionales). Se muestra cómo las reacciones locales a esas fuerzas globales produjeron una serie de formas alimentarias sincréticas – ordinarias y rituales – cuyo interés analítico rebaza la simple dimensión etnográfica, ya que permite comprender de manera teórica la forma en que dichas comunidades utilizan la dimensión semiótica y sensible de la alimentación para forjar identidades híbridas. El análisis revela por principio cómo las formas alimentarias « tradicionales » se han mantenido y reinventado y en segundo lugar cómo se han desplegado durante las fiestas y festivales glocalizados – domésticos e internacionales – sobro todo los asociados al movimiento de renovación cultural de las Islas Marquesas desde hace unos 35 años.
-
De l’amour de la vodka pure et du progrès postsocialiste en Lituanie
Gediminas Lankauskas
pp. 113–135
AbstractFR:
En mettant l’accent sur le mariage urbain comme terrain ethnographique, cet article examine la relation « d’affection » (lovemarking) que les consommateurs lituaniens entretiennent avec les marques de vodka (degtinė) domestiques. La disposition affective des buveurs envers la degtinė est analysée par rapport à la « redomestication » de cette boisson populaire maintenant distillée grâce à de nouvelles technologies perçues comme modernes et progressistes. En invoquant la tradition et l’histoire « importante », et en manipulant les métaphores de « pureté » et de « naturel », les marques « attachantes » de vodka domestique font écho aux désirs d’unité nationale et de particularisme. En même temps, et de façon paradoxale, ces marques donnent l’occasion aux consommateurs de construire des imaginaires et des identités plus globales et plus modernes. Dans la Lituanie d’aujourd’hui, le fait de boire de la degtinė révèle comment la modernité globale envahissante crée la similitude mais également, comment elle est impliquée dans la création de traits distinctifs locaux définis en termes nationalistes. Cet article montre aussi que les marques de vodka « attachantes » constituent des moyens efficaces pour identifier et mettre en place le changement post socialiste perçu positivement.
EN:
Focusing on the urban wedding as its main ethnographic setting, this essay examines Lithuanian consumers’ « loving » relationship with domestic brands of vodka or degtinė. Drinkers’ affective disposition toward degtinė is discussed in relation to the ongoing « re-domestication » of this popular national beverage produced with new technologies identified as Western and progressive. Invoking « ancient » tradition and « eminent » history, as well as manipulating metaphors of purity and naturalness, « loveable » brands of domestic vodka speak to local desires of national oneness and distinction. Simultaneously, and paradoxically, such brands enable consumers to construct imaginaries and identities seen to be more global and modern. In contemporary Lithuania, degtinė drinking reveals how encroaching global modernity creates sameness, and how at once it becomes implicated in the reproduction of local distinctiveness defined in nationalist terms. The essay also argues that « loveable » vodka brands constitute significant means for marking and effecting post socialist change perceived to be positive.
ES:
Enfatizando la boda urbana en tanto que sitio etnográfico, este artículo examina la relación « de afecto » (lovemarking) que los consumidores Lituanos mantienen con las marcas de vodka (degtiné) domesticas. La disposición afectiva de los bebedores hacia la degtiné se analiza con relación a la « re-domesticación » de esta bebida popular actualmente destilada gracia a las nuevas tecnologías percibidas como modernas y progresistas. Al invocar la tradición y la historia « importante » y manipular las metáforas de « pureza » y de « natural », las marcas « seductoras » de vodka domestico interpelan los deseos de unidad nacional y de particularismo. Al mismo tiempo y de manera paradójica, dichas marcas permiten a los consumidores construir imaginarios e identidades más globales y modernas. En Lituania de hoy en día, el hecho de beber degtiné revela cómo la modernidad global avasalladora crea la similitud pero asimismo, cómo está implicada en la creación de los rasgos distintivos locales definidos en términos nacionalistas. Este artículo muestra que las marcas de vodka « seductoras » constituyen los medios eficaces para identificar y organizar el cambio pos-socialista percibido positivamente.
-
Entre local et global : l’alimentation polynésienne : le cas de Tahiti et de Rapa
Christophe Serra Mallol
pp. 137–153
AbstractFR:
Les interactions entre influences globales, mondialisées et de type occidental, et traditions locales différenciées forment le tissu de l’expérience humaine contemporaine. La généralisation de la circulation des capitaux, des biens, des idées et des hommes, ainsi que la prise de conscience de leur interconnexion, sont constitutifs du processus de globalisation, notamment dans le domaine de l’alimentation. Lieu privilégié de rencontre du global et du local, une anthropologie de l’alimentation polynésienne permet la mise en évidence d’un processus d’adaptation du local au global, une forme de « glocalisation alimentaire ». Appliquée aux Îles de la Société et à Rapa (Polynésie française), elle met en évidence la complexité mouvante des interrelations qui lient les hommes entre eux, à leurs traditions et à des influences exogènes. La prise de conscience par les acteurs sociaux de nouvelles formes de modèles normatifs possibles permet de dépasser les modèles alimentaires parfois vécus comme imposés, entre résistance, adaptation et création hybride.
EN:
Interactions between global (especially Western) influences and locally differentiated traditions constitute the fabric of contemporary life. The increasing flow of capital, products, ideas and people, as well as everyone’s consciousness of these interconnections, produces a process of cultural globalization, readable in food studies. The anthropology of Polynesian food presents a privileged vantage point for the analysis of global and local interrelations and adaptations, i.e., « food glocalization ». Applied to the Society and Rapa Islands of French Polynesia, food anthropology sheds light on the ever-changing complexity of interactions among people, their traditions and external influences. Social actors’ awareness of new normative models allows them to surpass those food models sometimes experienced as compulsory in ways that alternate between resistance, adaptation and hybrid creation.
ES:
Las interacciones entre influencias globales, mundializadas y de tipo occidental, y las tradiciones locales y diferenciadas, forman el tejido de la experiencia humana contemporánea. La generalización de la circulación de capitales, de bienes, de ideas y de hombres, así como la toma de consciencia de su interconexión, forman parte integrante del proceso de globalización, particularmente en el campo de la alimentación. Sitio privilegiado del encuentro de lo global y lo local, una antropología de la alimentación polinesia permite evidenciar un proceso de adaptación de lo local a lo global, una forma de « glocalización alimentaria ». Aplicada a las Islas de la Sociedad y a Rapa (Polinesia francesa) evidencia la complejidad movediza de las interrelaciones que ligan a los hombres entre ellos, a sus tradiciones y a las influencias exógenas. La toma de consciencia de los actores sociales de nuevas formas de modelos normativos posibles permite rebasar los modelos alimentarios a veces resentidos como impuestos, entre resistencia, adaptación y creación híbrida.
-
Changements alimentaires autour de la banane plantain au Cameroun : parcours du village de Koumou à la ville de Yaoundé
Tite Ngoumou Mbarga
pp. 155–171
AbstractFR:
Cet article aborde sous un angle anthropologique le sujet des changements alimentaires au Cameroun. Il explore la consommation de la banane plantain, l’un des symboles de la culture des populations autochtones des régions au sud et du centre du Cameroun, à partir du village de Koumou situé à l’arrière-pays de Yaoundé jusqu’à cette même ville. En utilisant des données recueillies en 2004, l’article jette un regard sur les changements dans la consommation de la banane plantain qui sont dus à l’urbanisation. Utilisant une analyse de classe, il présente la question de la différentiation alimentaire qui accompagne le développement des classes sociales urbaines et propose des points théoriques sur le sujet des changements alimentaires en particulier et la consommation en général.
EN:
This article takes an anthropological approach to studying changes in food practices and ideologies in the Cameroons. It explores the consumption of plantain bananas in the village of Koumou and in the capital city of Youndé, bearing in mind that the plantain is a richly symbolic food in the south and central Cameroons. Using ethnographic data gathered in 2003 and 2004, the article focuses on changes in the consumption of plantain bananas resulting from urbanization. Using a class analysis, it presents the development of food differentiations that develop alongside the differentiation of urban social classes, and it proposes some theoretical points about food changes in particular and consumption in general.
ES:
Este artículo aborda el cambio alimentario en Camerún desde un punto de vista antropológico. Explora el consumo del plátano, uno de los símbolos de la cultura de las poblaciones autóctonas de las regiones del sur y del centro de Camerún, a partir del pueblo de Kumu, situado al interior de Yaundé hasta ésta misma ciudad. A partir de datos recogidos en 2004, el artículo examina los cambios en el consumo del plátano provocados por la urbanización. Gracias a un análisis de clase, presenta la cuestión de la diferenciación alimentaria que acompaña el desarrollo de las clases sociales urbanas y propone puntos teóricos sobre el cambio alimentario en particular y el consumo en general.
-
Tensions internationales autour d’un concombre tueur : confiance et glocalisation alimentaire
Christine Jourdan and Stéphanie Hobbis
pp. 173–192
AbstractFR:
Au printemps 2011, des consommateurs de l’Allemagne du nord tombèrent gravement malades, et certains moururent, après avoir, dit-on, consommé des concombres et des tomates provenant d’Espagne infectés par la bactérie ECEH. Dans cet article, nous proposons de faire l’analyse de cette crise alimentaire en nous intéressant à sa représentation dans les courriers des lecteurs de trois journaux européens (Die Welt, El Mundo, Le Monde). Nous montrons comment cette crise alimentaire s’est doublée d’une crise de conscience de la part des consommateurs et de confiance dans le système global alimentaire, les partenaires économiques ainsi que dans les institutions nationales et internationales sensées garantir la sécurité alimentaire.
EN:
In the spring of 2011, German consumers fell gravely ill, and some died, after having supposedly eaten cucumbers and tomatoes originating from Spain and allegedly infected with the ECEH bacteria. Frightened, some European countries put a ban on the importation of all fresh Spanish produce thus severely threatening the agricultural economy of Spain, and that of Germany as well. In this article, we analyse this food crisis by focusing on how the readers of 3 European newspapers (the German Die Welt, the Spanish El Mundo, and the French Le Monde) reacted to it. We show how the ECEH episode is best understood as a crisis of conscience and a crisis of confidence in the global food system, the economic partners and the institutions that are expected to guarantee food safety.
ES:
En la primavera de 2011, consumidores de Alemania del norte se enfermaron gravemente y algunos murieron después de haber consumido pepinos y tomates provenientes de España supuestamente infectados por la bacteria ECEH. En este artículo proponemos un análisis de dicha crisis alimentaria interesándonos a su representación en los mensajes de los lectores de tres periódicos europeos (Die Welt, Le Monde, El Mundo). Mostramos cómo dicha crisis alimentaria repercutió en una crisis de consciencia de la parte de los consumidores y de confianza en el sistema global alimentario, en los socios comerciales así como en las instituciones nacionales e internacionales que supuestamente garantizan la seguridad alimentaria.
-
Il y a kébab et kébab : conflit local et alimentation globale en Italie du nord
Jillian Cavanaugh
pp. 193–212
AbstractFR:
Cet article analyse un cas de racisme gastronomique qui a eu lieu dans la ville de Bergame située dans le nord de l’Italie. Basé sur des recherches ethnographiques de longue durée, il s’intéresse particulièrement à la façon dont les membres d’un groupe Facebook – créé spécifiquement pour protester contre la présence d’un stand à kébab dans la Ville Haute (historique) de Bergame – utilisent des ressources sémiotiques et linguistiques telles que l’alimentation, le site, le langage et l’expérience corporelle pour établir des limites entre les membres de ce groupe et les intrus. Ce faisant, l’article s’inscrit dans une discussion sur la signification de l’alimentation au sein de communautés et de réseaux locaux et globaux. Il considère que la nourriture est un signifiant puissant et très marqué du global et du local et qu’elle fait partie des débats locaux, nationaux et globaux sur la valeur attribuée aux gens, aux choses, aux pratiques et aux valeurs toujours en mouvement.
EN:
This article analyzes a case of « gastronomic racism » in the northern Italian town of Bergamo. Drawing on long-term ongoing ethnographic field work, it looks specifically at how participants in a Facebook group founded to protest the presence of a kebab stand in the historic Upper City used particular semiotic and linguistic resources, such as food, place, language and bodily experience, to draw boundaries between insiders and outsiders. In doing so, the article contributes to discussions about the meaning of food and its place within local and global communities and networks. It treats food as a heavily marked and potent signifier of the local and the global, embedded within ongoing regional, national and global debates about the value of people, things, practices, and values on the move.
ES:
Este artículo analiza un caso de racismo gastronómico que tuvo lugar en la ciudad de Bérgamo situado en el norte de Italia. Basado en investigaciones etnográficas de larga duración, nos interesamos particularmente a la forma en que los miembros de un grupo Facebook creado específicamente para protestar contra la presencia de un puesto de brochetas (kebab) en la Bérgamo Alta (zona histórica) de Bérgamo, a través del empleo de recursos semánticos y lingüísticos tales que alimentación, sitio, lenguaje y experiencia corpórea, para establecer los límites entre los miembros de dicho grupo y los intrusos. Por ello, el artículo se inserta en una discusión sobre el significado de la alimentación en el seno de comunidades y de redes locales y globales. Se considera que la comida es un significante potente y muy marcado de lo global y de lo local y que forma parte de los debates locales, nacionales y globales sobre el valor atribuido a las gentes, a las cosas, a las prácticas y a los valores constantemente cambiantes.
-
Artisans du pays et imaginaires fromagers : la qualification des fromages fins du Québec comme produits de terroir
Manon Boulianne
pp. 213–231
AbstractFR:
Au cours de la dernière décennie, les fromages « fins » du Québec sont devenus des aliments vedettes dans les médias, les livres de recette et sur les tables. Les stratégies de mise en marché dont ils font l’objet les présentent comme des produits issus de savoir-faire constituant un patrimoine immatériel à valoriser et emblématiques des terroirs régionaux. Pourtant, la plupart d’entre eux résultent d’innovations récentes et relèvent davantage d’une tradition inventée que de pratiques ancestrales. De plus, leur authenticité professée en tant que produits artisanaux ne correspond pas toujours aux processus de production dont ils sont issus. À partir, notamment, d’une enquête menée auprès de mangeurs et de mangeuses, l’auteure interroge les processus qui contribuent à la qualification des fromages fins en tant que produits de terroir et à la valorisation de l’authenticité dans le régime de valeur au sein duquel ils sont produits, circulent et sont consommés.
EN:
During the last decade, fine cheese production and consumption has blossomed in Quebec. Marketed as terroir products representative of local savoir-faire, these commodities are, in fact, the result of recent innovations, an invented tradition. Furthermore, their professed authenticity as artisanal products tend to occult the processes of production encountered in their actual manufacture. Using empirical data collected through a commodity chain analysis and, particularly, focus groups consisting of non-expert eaters, the author critically reflects on the process of qualification of fine cheeses as terroir products and the valorization of their authenticity in the regime of value in which they are produced, circulated and consumed.
ES:
Durante la última decena, los quesos « finos » de Quebec se convirtieron en alimentos vedette en los medios de comunicación, en los libros de receta y en las mesas. Las estrategias de comercialización de las cuales fueron objeto los presentan como productos provenientes del savoir-faire integrante de un patrimonio inmaterial por valorizar y emblemáticos de las regiones. Sin embargo, en su gran mayoría son el resultado de innovaciones recientes y provienen más de una tradición inventada que de prácticas ancestrales. Además, la autenticidad profesada en tanto que productos artesanales no siempre corresponde a los procesos de producción de los cuales provienen. A partir sobre todo de una investigación realizada entre consumidores y consumidoras, la autora interroga los procesos que contribuyen a la atribución de los quesos finos en tanto que productos regionales y a la valorización de la autenticidad en el sistema de valorización al interior del cual se producen, circulan y se consumen.
-
Transformations de l’acte alimentaire chez les Innus et rapports identitaires
Bernard Roy, Jenni Labarthe and Judith Petitpas
pp. 233–250
AbstractFR:
La haute prévalence du diabète de type 2 (DT2) chez les Innus est indissociable des transformations de l’acte alimentaire émergées dans leurs communautés depuis le milieu du XXe siècle. Dans cet article, nous proposons que ces transformations s’inscrivent dans une trame identitaire collective, façonnée dans le contexte de la globalisation et de l’exclusion au travers de rapports sociaux prévalant au sein des communautés innues. Ces transformations ont permis l’inclusion dans la trame identitaire de nouveaux aliments originalement associés à la culture dominante mais qui, rapidement, sont devenus des éléments de la culture locale. Dans cet article nous situons d’abord l’émergence des transformations de l’alimentation des Innus dans des rapports politiques et socioéconomiques du milieu du XXe siècle pour mieux saisir certaines règles d’inclusion et d’exclusion qui caractérisent leur acte alimentaire contemporain. L’évolution de leurs codes alimentaires comme marqueurs de l’« identité innue » est ensuite discutée. Pour conclure, nous suggérons que les transformations de l’acte alimentaire des Innus reflètent, au niveau microsociétal, l’évolution plus globale des dynamiques sociopolitiques entre Autochtones et non-Autochtones et le durcissement des discours identitaires en réaction à l’exclusion sociale.
EN:
The high prevalence rate of the type 2 diabetes (T2D) among the Innus is inseparable from the foodways transformations that have emerged in their communities since the middle of the 20th century. In this article, we propose that these transformations are part of their collective identity frame, shaped in the context of globalization and exclusion via the social relations that prevail in their communities. These transformations have allowed the inclusion of some new foods into the identity frame of the Innus. Though initially associated with the dominant culture, these foods have rapidly become elements of the local culture. In this article, we first set the beginning of the transformations of the Innu diet in the political and socioeconomic relations of the mid-20th century to better comprehend certain rules of inclusion and exclusion that characterize their contemporary foodways. We then discuss the development of their food codes as markers of « Innu identity ». To conclude, we suggest that transformations in Innu foodways reflect, at the micro-social level, a more global development of the sociopolitical dynamics between indigenous and non-indigenous peoples as well as a hardening of the identity discourses in response to social exclusion.
ES:
La alta prevalencia de la diabetes de tipo 2 (DST2) entre los Innus es indisociable de las transformaciones del acto alimentario surgido en sus comunidades a mediados del siglo XX. En este artículo, proponemos que dichas transformaciones se inscriben en una trama identitaria colectiva, moldeada en el contexto de la globalización y de la exclusión a través de relaciones sociales prevalentes en el seno de las comunidades Innus. Esas transformaciones permitieron la inclusión en la trama identitaria de nuevos alimentos originalmente asociados a la cultura dominante pero que rápidamente se convirtieron en elementos de la cultura local. En este artículo, situamos por principio el surgimiento de las transformaciones de la alimentación de los Innus en las relaciones políticas y socio-económicas de mediados del siglo XX para así cernir ciertas reglas de inclusión y de exclusión que caracterizan su acto alimentario contemporáneo. La evolución de sus códigos alimentarios en tanto que marcas de la « identidad innue » se aborda posteriormente. En tanto que conclusión, sugerimos que las transformaciones del acto alimentario de los Innus refleja, a nivel micro-social, la evolución más global de las dinámicas socio-políticas entre los Autóctonos y los non-Autóctonos y el endurecimiento de los discursos identitarios en tanto que reacción a la exclusión social.
Essai bibliographique / Bibliographical Essay / Ensayo bibliográfico
Note critique / Critical Note / Nota crítica
Comptes rendus thématiques / Thematical Book Reviews / Reseñas temáticas
-
Ayora-Diaz Steffan Igor, 2012, Foodscapes, Foodfields, and Identities in Yucatán. New York, Oxford, Berghahn Books, CEDLA Latin America Studies 99, 332 p., illustr., carte, bibliogr., index
-
Beaugé Bénédict, 2013, Plats du jour. Sur l’idée de nouveauté en cuisine. Paris, Éditions Métaillé, 344 p., bibliogr.
-
Campanini Antonella, Peter Scholliers et Jean-Pierre Williot (dir.), 2011, Manger en Europe. Patrimoines, échanges, identités. Bruxelles, Bern, Berlin, Frankfurt-am-Main, New York, Oxford, Wien, P.I.E. Peter Lang, coll. L’Europe alimentaire, Vol. 1, 262 p., bibliogr., index
-
Delfosse Claire (dir.), 2011, La mode du terroir et les produits alimentaires. Paris, Les Indes savantes, 358 p.
-
Foster Robert J., 2008, Coca-Globalization. Following Soft Drinks from New York to New Guinea. New York, Palgrave Macmillan, 276 p., bibliogr., index
-
Fumey Gilles, 2010, Manger local, manger global. L’alimentation géographique. Paris, CNRS Éditions, 160 p., photogr., bibliogr.
-
Poulain Jean-Pierre (dir.), 2012, Dictionnaire des cultures alimentaires. Paris, Presses universitaires de France, 1468 p.
-
Reckinger Rachel, 2012, Parler vin. Entre normes et appropriations. Rennes, Tours, Presses universitaires de Rennes, Presses universitaires François-Rabelais, 386 p., annexes, bibliogr.
-
Tucker Catherine M., 2011, Coffee Culture : Local Experiences, Global Connexions. Londres, New York, Routledge, 160 p., bibliogr., index, illustr.