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Odina Sturzenegger-Benoist. L’Argentine. Paris, Éditions Karthala, 2006, 365 p., illustr., bibliog.[Record]

  • Catherine Vézina

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  • Catherine Vézina
    Département d’Histoire
    Université Laval, Québec, Canada

Évoquer richesses, passions et histoire argentines, voilà ce qu’offre au lecteur Odina Sturzenegger-Benoist, anthropologue et membre du Centre de recherches sur l’Amérique latine et les Caraïbes de l’IEP d’Aix-en-Provence. À mi-chemin entre synthèse historique, essai anthropologique et guide de voyage, L’Argentine est une version revisitée, mais très partielle, de l’histoire de ce pays. Il s’avère ardu de trouver une idée maîtresse dans cet ouvrage. L’auteure n’apporte pas d’élément original ni de caractère novateur à l’examen historique. On perçoit une nette coupure entre les huit premiers chapitres qui forment une synthèse historique, et les huit derniers qui traitent des éléments constituant la mosaïque culturelle argentine. Dans sa synthèse historique, Sturzenegger-Benoist fait voyager le lecteur à travers quatre-cents ans sans le perdre dans les dédales de cette histoire mouvementée. Mais l’historien reste sur sa faim : pas de débats entre les auteurs et les interprétations. En fait, à peine 25 auteurs soutiennent ces deux cents pages de synthèse. Quelques problèmes de sens et de conceptualisation peuvent être relevés : l’utilisation par exemple d’une carte représentant les vices-royautés au XVIIIe pour illustrer des propos sur le XVIe. L’emploi du terme populisme pour caractériser le gouvernement de Rosas (1829, gouverneur de la province de Buenos Aires) est aussi contestable. Aucune explication quant à l’emploi du terme n’est avancée : l’auteure ne voit de problème à caractériser de populiste un gouvernement du XIXe siècle. Les raisons pour lesquelles l’auteure rejette la notion de caudillo (qui s’applique pourtant à de nombreux généraux et présidents du XIXe siècle latino-américain) ne semblent pas plus évidentes. Paradoxalement, dans la présentation du péronisme, l’auteure ne discute pas des populismes, se contentant de dire que cette époque ne laisse aucun Argentin indifférent ; pas plus qu’elle ne traite du concept de régimes autoritaires bureaucratiques, tel que présenté par Fernando Cardoso, à propos du gouvernement militaire qui suit la chute du péronisme. En voulant raconter l’histoire argentine dans sa globalité, l’auteure bascule dans la superficialité. Écrire 400 ans d’histoire en 200 pages relève certes du défi. Mais on a vu des auteurs produire des synthèses qui ne sombraient pas dans les généralités historiques : l’excellent ouvrage, par exemple, de Sébastien Velut dans lequel l’histoire argentine est interprétée à travers le prisme fort pertinent de la relation entre les provinces dans le processus de construction de la nation. Ce type de synthèse offre une interprétation originale de l’histoire alors que Sturzenegger-Benoist passe en revue l’histoire argentine sans s’investir dans la réflexion historique pour en débattre. Alors que la première partie introduisait à une histoire de l’Argentine qui mettait de l’avant les personnages marquants de la vie politique, la deuxième partie du livre tente de ramener à une dimension plus culturelle. Mais le lien entre ces deux blocs s’avère ténu. Les éléments d’analyse pourtant intéressants ne sont jamais complètement approfondis et constituent plutôt des pistes de réflexion sur l’identité culturelle argentine. L’auteure tente de redonner la place que les peuples autochtones (« ceux qui ont tout perdu », pour reprendre le titre du chapitre) méritent dans l’histoire argentine et de montrer ainsi la diversité de cette nation, mais ne fait qu’énumérer les différents groupes en les situant géographiquement et en y plaquant quelques informations. La discussion consécutive sur la créolité en Argentine, sur la base de l’ouvrage du cubain Alejo Carpentier qui traite de la créolité au Venezuela, pose certains problèmes, la réalité vénézuélienne étant autre que celle des Argentins. Plus loin, elle reproche aux historiens et écrivains d’avoir trop mis en évidence l’immigration française en Argentine, négligeant ainsi les autres immigrants (p. 259). Mais Sturzenegger-Benoist pèche par l’exemple …

Appendices