Abstracts
Résumé
Les changements en cours en Afrique noire affectent les structures sociales, y compris les plus symboliques, de façon parfois inattendue. Cet article traite de ceux qui adviennent dans les rapports entre cadets et aînés sociaux au sein des familles congolaises. Il montre comment, à l’occasion du décès d’un enfant, les cadets foulent au pied l’organisation traditionnelle de la parenté et exercent des violences physiques sur les aînés, notamment sur l’oncle-chef familial, accusés d’avoir mis en oeuvre les pouvoirs à l’origine du décès. L’analyse de ce phénomène révèle que le décès d’enfant est une occasion pour les jeunes de régler les divers conflits latents qui les opposent aux aînés. Elle permet également de mettre en relief la nature des rapports de pouvoir cadets-aînés sociaux ainsi que les paradoxes qui les entourent. Par ailleurs, elle met en évidence les liens entre ces faits, les caractéristiques sociales des protagonistes et les réalités économiques, politiques et sociales du Congo actuel.
Mots-clefs:
- Dibakana,
- famille,
- sorcellerie,
- cadets (aînés) sociaux,
- rapports sociaux,
- Congo
Abstract
The social changes occurring in Black Africa affect its structures, including the most symbolic ones, sometimes in unexpected manners. This article deals with the changes in relationship between young citizens and social elders within Congolese families. It shows how, upon a child’s death, the younger ones trample the traditional organization of kinship and exercise physical violence on the seniors – in this instance, the uncle, head of the family–accused of having caused the death. The analysis of this phenomenon reveals that the child’s death is an occasion for the younger people to settle the conflicts opposing them to their elders. It also highlights the paradoxal relationship between young and old. Moreover, it illustrates the links between these facts, the social characteristics of the protagonists and the economic, political and social realities of present-day Congo.
Keywords:
- Dibakana,
- family,
- witchcraft,
- social elders,
- youth,
- social relationships,
- Kongo
Resumen
Los cambios actuales en África negra afectan las estructuras sociales, incluso las más simbólicas, de manera a veces inesperada. Este artículo aborda aquellos que sobrevienen en las relaciones entre hijos menores y mayores sociales en el seno de las familias congolesas. Muestra cómo, cuando muere un niño, los hijos menores no respetan la organización tradicional de la familia y ejercen violencias físicas sobre los mayores, particularmente sobre el tío –jefe de familia, acusado de manipular los poderes que originaron el deceso. El análisis de este fenómeno revela que la muerte de un niño se convierte en una oportunidad para que los jóvenes puedan arreglar los conflictos latentes que mantienen con los mayores. También permite resaltar la naturaleza de las relaciones de poder menores-mayores sociales así como las paradojas que las rodean. Por otra parte, evidencia las relaciones entre estos hechos, las características sociales de los protagonistas y las realidades económicas, políticas y sociales del Congo actual.
Palabras clave:
- Dibakana,
- familia,
- brujería,
- hijos menores (mayores) sociales,
- relaciones sociales,
- Congo
Appendices
Références
- Augé M., 1975, Théorie des pouvoirs et idéologies. Étude de cas en Côte d’Ivoire. Paris, Hermann.
- Augé M. et C. Herzlich (dir.), 1984, Le sens du mal. Anthropologie, histoire, sociologie de la maladie. Paris, Archives contemporaines.
- Balandier G., 1955, Sociologie actuelle de l’Afrique noire. Paris, Presses Universitaires de France.
- —, 1974, Anthropo-logiques. Paris, Presses Universitaires de France.
- Bernault F., 1995, « Archaïsme colonial, modernité sorcière et territorialisation du politique à Brazzaville », Politique africaine, 72 : 35-49.
- Bikindou Milandou, 1990, « La social-famille. À propos d’un type de sociation » : 91-107, in collectif, Le Congo aujourd’hui : figures du changement social. Brazzaville, Faculté des lettres et des sciences humaines.
- Bonnafé P., 1978, Nzo lipfu. Le lignage de la mort. Sorcellerie, idéologie de la lutte de pouvoir sur le plateau Kukuya. Nanterre, Labethno.
- Bonnefond R. P. et J. Lombard, 1934, « Notes de folklore lari », Journal de la société des Africanistes, 4, 1 : 41-54.
- Boutet R., 1990, Les trois glorieuses ou la chute de Fulbert Youlou. Dakar, Chaka.
- Desjeux D., 1987, Stratégies paysannes en Afrique. Paris, L’Harmattan.
- Dibakana J. A., 2002, « Usages sociaux du téléphone portable et nouvelles sociabilités au Congo », Politique africaine 85 : 133-150.
- Dorier-Appril E. et A. Kouvouama, 1998, « Pluralisme religieux et société urbaine à Brazzaville », Afrique contemporaine, 186 : 58-76.
- Dorier-Appril E. (dir.), 1998, Vivre à Brazzaville. Modernité et crise au quotidien. Paris, Karthala.
- Dupré G., 1982, Un ordre et sa destruction. Paris, Orstom.
- Evans-Pritchard E., 1972 [1937], Sorcellerie, oracle et magie chez les Azandé. Paris, Gallimard.
- Fassin D., 1988, Thérapeutes et maladies dans la ville africaine. Rapports sociaux, urbanisation et société à Pikine, banlieue de Dakar. Thèse de doctorat, EHESS, Paris.
- —, 1994, « L’espace privé de la santé. Pouvoir, politique et sida au Congo », Annales, Histoire, Sciences sociales, 4 : 745-775.
- Favret-Saada J., 1977, Les mots, la mort, les choses. La sorcellerie dans le bocage. Paris, Gallimard.
- Geschiere P., 1995, Sorcellerie et politique en Afrique. La viande des autres. Paris, Karthala.
- Gruénais M. E. et al., 1995, « Messies, fétiches et lutte de pouvoir au Congo », Cahiers d’études africaines, 35-1 : 137.
- Janin P., 2001, « Une géographie sociale de la rue africaine », Politique africaine, 82, juin : 177-189.
- La Grange A. de, 1996, « Chasse aux démons chez “papa Isaïe” », Le Figaro, 24 juillet : 28.
- Marie A., 1997, « Les avatars de la dette communautaire. Crise de solidarité, sorcellerie et procès d’individualisation (itinéraires abidjanais) » : 249-328, in A. Marie (dir.), L’Afrique des individus. Paris, Karthala.
- Marshall-Fratani R., 2001, « Prospérité miraculeuse : les pasteurs pentecôtistes et l’argent de Dieu au Nigeria », Politique africaine, 82 : 24-44.
- Mauss M., 1968, Essai de sociologie. Paris, Payot.
- Mitchell J. C., 1965, « The Meaning of Misfortune for Urban African Systems of Thought » : 192-203, in M. Fortes et G. Dieterlen (dir.), African System of Thought. Oxford, I.A.I.
- Robineau C., 1971, Évolution économique et sociale en Afrique centrale : l’exemple de Souanké, République populaire du Congo. Paris, Orstom.
- Tonda J., 2000, « Enjeux du deuil et négociation des rapports sociaux de sexe au Congo », Cahiers d’études africaines, 157, 40-41 : 5-24.
- Van Wing J., 1938, Étude Bakongo, II. Religion et magie. Bruxelles, Institut royal colonial belge.
- Weber M., 1971, Économie et société. Paris, Plon.
- Yengo P. et R. Bazenguisa-Nganga, 1999, « La popularisation de la violence au Congo », Politique africaine, 73 : 186-192.