Comptes rendus

FILLIEUX, V., FRANÇOIS, A., MATHIEU, G. et VAN EECKENRODE, M. (dir.). (2022). Un dossier pour se (re)construire ? Archives et enjeux d’identités. Louvain, Belgique : Presses universitaires de Louvain, 272 pages[Record]

  • Virginie Wenglenski

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  • Virginie Wenglenski
    Candidate au doctorat en sciences de l’information, Université de Montréal

Le 24 mai 2022 a eu lieu à Louvain-la-Neuve (Belgique) la 18e Journée des archives organisée par les Archives de l’université catholique de Louvain (UCLouvain), en collaboration avec le Laboratoire de recherches historiques de l’UCLouvain et le Centre de recherche « Vulnérabilités et Sociétés » de l’université de Namur (V&S). Les différentes interventions se sont regroupées autour d’une thématique d’actualité (Un dossier pour se (re)construire ? Archives et enjeux d’identités) et ont donné lieu à l’édition d’un livre du même titre. Cette journée d’étude s’est divisée en quatre actes qui guideront ce compte rendu. Les organisatrices Aurore François, Véronique Fillieux, Géraldine Mathieu et Marie Van Eeckenrode à l’origine du colloque et de la publication nous rappellent, avant de présenter les sujets abordés par les intervenants, que les dossiers personnels d’archives possèdent une « dimension identitaire forte » (p. 9) pour les chercheurs des familles, dimension accrue par des événements traumatiques vécus. Une importante demande sociale ressentie par de nombreux pays a permis la mise en place de commissions d’enquête afin d’« éclairer les pans sombres de certaines histoires nationales » (p. 9). Mécanismes de reconnaissance, réparations et excuses des autorités concernées ont engendré de nouvelles archives et favorisé l’instauration d’« outils ou procédures visant à faciliter l’accès aux dossiers d’archives » ainsi que de nouvelles dispositions légales et administratives par les gouvernements. Les archives et les archivistes se confrontent à de nouveaux usagers, à de nouvelles utilisations, à de nouvelles visions, non sans conséquence pour les producteurs. Témoignant de façon personnelle, Delphine Lauwers nous entretient d’un projet émanant de la « résolution relative à la ségrégation subie par les métis issus de la colonisation belge en Afrique » adoptée en 2018 et désignée Résolution-Métis (p. 31). L’archiviste retrace les nombreuses barrières archivistiques et psychologiques rencontrées par ses collègues tout au long des étapes de l’entreprise et offre un éventail de recommandations, dont la nécessité d’user « d’adaptabilité, d’empathie et d’humanité » (p. 32) face aux demandes de victimes pour accéder aux dossiers ainsi constitués. L’auteur souligne les aspects positifs d’un tel programme, autant pour les usagers que pour les archivistes. De son côté, David Niget fait état de la situation sur le manque de recherche en France au sujet de « ces abus commis par des institutions religieuses tout autant que par l’État, à travers des politiques extensives de protection de la jeunesse après-guerre » (p. 59). Retraçant l’historique politique et judiciaire de la protection de la jeunesse après 1945, l’enseignant-chercheur relate les obstacles qu’ont dû surmonter les victimes, oscillant entre éveil d’une mémoire meurtrie et déni, face aux retranchements des institutions concernées malgré des exemples de réussite à l’étranger. Des exemples de projets viennent enrichir le contexte et le discours, mais le tout se heurte à l’inaction malgré des rapports de commissions d’enquête accablants. Adélaïde Choisnet et Aline Angoustures ont choisi d’utiliser les « archives des étrangers ayant connu des migrations forcées » (p. 75) détenues par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides, dont elles retracent la création et la mission pour illustrer leurs propos. Au travers de multiples exemples, cas vécus et recommandations, les autrices rendent compte des difficultés d’accès virtuels ou physiques. Les ruptures plurielles et les disséminations territoriales surmontées par les familles rendent plus impérieuses les possibles découvertes dans ces archives par les descendants, les institutions et les généalogistes professionnels. La participation des archivistes s’étend à la recherche des origines pour récupérer un nom de famille ou un bien. Ils acquièrent ainsi le titre « d’archiviste-chercheur-transmetteur » (p. 93). Dorien Styven trace l’histoire des enfants juifs cachés pendant l’Holocauste en Belgique …

Appendices