Compte rendu

BOUYÉ, É. (2017). L’archiviste dans la cité. Un ver luisant. Dijon, Éditions universitaires de Dijon, 105 pages[Record]

  • Julien Bréard

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  • Julien Bréard
    Spécialiste en procédés administratifs – Gestion documentaire, Centre hospitalier de l’Université de Montréal, CHUM

Depuis quelques années, Édouard Bouyé, archiviste et responsable des Archives départementales de la Côte-d’Or en France, se questionne sur le métier d’archiviste. À l’heure du numérique, est-il encore utile à la société ? Quelle est son utilité en 2017-2018 ? Comment est-il perçu dans la société ? Tel un ver luisant, l’archiviste est-il toujours celui qui travaille dans l’obscurité afin d’éclairer une partie du présent et du passé ? Dans ce petit livre d’une centaine de pages, l’auteur présente ses réflexions sur le métier d’archiviste, mais aussi sur l’apport du numérique à la profession ainsi que sur les relations entre l’archiviste et le public. La première partie du livre traite du métier d’archiviste dans un centre d’archives publiques. Quelle est son utilité alors que les usagers peuvent pratiquement tout trouver sur Internet ? Édouard Bouyé juge cette utilité toujours aussi pertinente qu’avant puisque l’archiviste reste d’une aide précieuse pour les chercheurs désireux d’en savoir plus sur un sujet historique en particulier. Il guide les chercheurs et traite les fonds d’archives qui seront éventuellement consultés. Il est également d’une grande aide pour tous les citoyens qui désirent faire valoir leurs droits (ex. : trouver un jugement de divorce ou une vieille servitude) ou encore se rassurer sur le passé d’un ancêtre (ex. : sur le rôle d’un lointain parent durant la Seconde Guerre mondiale). Pour plusieurs, les archives sont souvent ce qui reste lorsque tout a sombré. L’archiviste a la capacité de lire, d’analyser et de trier l’information qu’il a devant lui sous forme d’une grosse pile de papiers qu’il devra éventuellement transformer en fonds d’archives structuré et bien classé. Comme l’écrit Édouard Bouyé, l’archiviste devra « transformer le capharnaüm de Gaston Lagaffe en palais des archives ». Toutefois, au-delà du classement et de la conservation de la mémoire de la société, l’archiviste doit anticiper son travail. Il doit sans cesse travailler à préparer la mémoire de cette société. L’archiviste doit prendre les devants avec les producteurs d’archives ; il doit identifier, convaincre les propriétaires et collecter les documents nécessaires qui serviront à constituer les futurs fonds d’archives. La seconde partie de l’ouvrage est une réflexion sur le lien entre le numérique et l’archiviste. Ici, Édouard Bouyé explique, chiffres à l’appui, que la diffusion de documents sur les sites Internet des centres d’archives attire un nombre grandissant de visiteurs. Il donne en exemple le cas des généalogistes qui effectuent de plus en plus leurs travaux de recherche à la maison, devant leur écran d’ordinateur plutôt qu’en salle d’archives. L’utilisation d’Internet est donc un outil important à utiliser mais qui n’enlève rien aux fonctions de l’archiviste et à son utilité. Concernant l’acquisition et l’utilisation d’un système de gestion intégrée des documents (GID) performant (un SAE en France), Bouyé reste très prudent. Selon lui, le système magique n’existe toujours pas, et il craint que les archivistes ne tombent dans le piège de l’illusion d’un système parfait. À cet effet, il cite l’exemple d’un conte du danois Hans-Christian Andersen, Les habits de l’empereur, pour expliquer à quel point les gestionnaires et les archivistes se laissent parfois berner par les différents fournisseurs qui leur promettent la lune avec leur système de GID dernier cri. Et les archivistes, ne comprenant pas toujours le produit qu’on leur propose, acceptent néanmoins ce qu’on leur présente afin de ne pas passer pour des ignorants dans leur propre domaine. La troisième partie du livre est une réflexion sur la relation entre l’archiviste et le public. Dans le cadre de son travail, Édouard Bouyé est amené fréquemment à rencontrer des gens. Il écoute leurs demandes et parfois leurs doléances. L’archiviste …