Abstracts
Résumé
Le metteur en scène italien Romeo Castellucci fait un usage tout à fait singulier des matériaux scéniques, parmi lesquels l’environnement sonore occupe une fonction centrale et atypique. Le spectacle Inferno marque en ce sens une nouvelle appropriation par la scène des possibilités du sonore. S’affranchissant de sa fonction de bruitage et dépassant le registre musical, le son se mêle aux actions scéniques de manière dynamique. Cette création témoigne d’un processus de « dé-référentialisation » de la dimension sonore. Ne renvoyant plus qu’à elles-mêmes, les présences sonores peuvent entrer en dialogue avec les autres matières en scène. Cette écologie renouvelée de la scène place le spectateur face à lui-même et à son écoute. Cet article explore comment l’oeuvre de Castellucci peut nous éclairer sur la notion d’écoute comprise « non comme un déchiffrage, mais comme un événement » (Antoine Hennion).
Abstract
This article analyzes the inscription of sound in Romeo Castellucci’s staging of Inferno. It aims to describe how the use of sound in this work differs markedly from its traditional use in theatre, and how its integration into the stage action creates a new type of dramaturgy. We examine how, in this performance, sound becomes an element in its own right. Sound is no longer mimetic: its purpose is not to echo the absence of something. When it affirms and expresses its own qualities, sound can “interact” with other scenic elements in an innovative manner. The interactions of both visible and audible components create dramaturgical tensions, leading us to examine the issue of listening and its modalities in a theatrical context.
Appendices
Bibliographie
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