FR:
Figure aux multiples facettes (directeur d’institution, metteur en scène, auteur, cinéaste), Roger Planchon, né en 1931 et mort en 2009, fondateur du Théâtre de la Comédie à Lyon en 1952, directeur du Théâtre de la Cité en 1957 et du Théâtre National Populaire de Villeurbanne entre 1972 et 2002, incarne les tensions propres à l’histoire du théâtre public français, entre ambition artistique et volonté de popularisation. L’artiste a revendiqué trois filiations : avec le mouvement de la décentralisation dramatique qui naît après la Seconde Guerre mondiale, avec Jean Vilar, directeur du Théâtre National Populaire de 1951 à 1963, et avec Bertolt Brecht, qui fait figure d’homme de théâtre complet. Cet article se propose d’analyser ces filiations, pour tenter d’en déterminer le caractère opératoire. Il apparaît alors que le fil conducteur qui sous-tend le parcours de Roger Planchon tient dans l’obsession de l’artiste de forger une « écriture scénique » personnelle et autonome, qui le conduit en 1968 à revendiquer « le pouvoir aux créateurs » ; Roger Planchon contribuerait, en cela, à forger une nouvelle dimension du théâtre public, centrée autour de la figure du metteur en scène-créateur.
EN:
A multi-faceted personality (director of institutions, theatre director, author, filmmaker), Roger Planchon (1931-2009), founder of the Théâtre de la Comédie in Lyon in 1952, director of the Théâtre de la Cité in 1957 and of the Théâtre National Populaire de Villeurbanne between 1972 and 2002, personifies the tension, characteristic of the history of the French public theatre, between artistic ambition and a desire for popularisation. The artist claimed three filiations, firstly with the movement for the decentralization of the theatre which emerged after the Second World War ; secondly with Jean Vilar, director of the Théâtre National Populaire from 1951 to 1963 ; and thirdly with Bertolt Brecht, considered to be a complete man of the theatre. The objective of this article is to analyse these filiations with a view to determining their influence on Planchon’s modus operandi. It emerges that the common thread underlying Roger Planchon’s career is to be found in the artist’s obsession with forging a personal and autonomous style of “ stage writing ”, an obsession which led him, in 1968, to lay claim to “ power for the creators ” ; Roger Planchon thereby contributed to forging a new dimension in the public theatre focusing on the figure of the director–creator.