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« L’interculturel par temps de crises à l’aune des bouleversements contemporains »
L’année 2021 est une année très particulière pour ce 18e congrès de l’ARIC, « L’interculturel par temps de crises à l’aune des bouleversements contemporains », prévu à l’Université Côte d’Azur du 26 au 29 octobre. Le contexte sanitaire continue de faire peser de fortes incertitudes sur la possibilité d’une rencontre en présentiel à Nice. Le thème de ce congrès pensé bien avant l’épidémie du Covid a été en un certain sens prémonitoire du défi que nous devons relever toutes et tous face à un virus qui nous échappe et bouleverse notre programmation scientifique en l’inscrivant dans une mondialisation de la peur.
L’ambition de ce congrès est de réunir à l’Université Côte d’Azur des chercheurs et professionnels francophones du Nord et du Sud en sciences humaines et sociales et d’impulser un dialogue interculturel au Nord comme au Sud. La crise du Covid nous place dans un paradoxe, celui de la « présence/absence », où toute rencontre est suspendue aux conditions de possibilité de l’usage des nouvelles technologies inégalement situées. Elle nous contraint finalement à penser autrement l’interculturel au sens propre comme au sens figuré. La richesse d’un congrès de l’ARIC est justement de se poursuivre bien souvent aux marges de l’événement. Ces marges sont autant d’occasions de promouvoir des connivences et des collaborations scientifiques avec des chercheurs de plus d’une quinzaine de pays des Nords et Suds. Dans le contexte actuel, comment rendre possible cette dynamique et tisser des liens entre chercheurs venant de différents horizons ?
Ce questionnement est porteur d’une réflexion plus profonde sur ce qui fonde notre rapport aux savoirs, aux conditions de leur production et à leur diffusion dans une mondialisation interconnectée. Il invite à réfléchir sur notre manière « d’habiter » le monde (Boni, 2018), en déconstruisant notre rapport à l’Autre qui nous conduit du même coup à sortir d’un « champ de forces » (Foucault, 1976) où se fabriquent des logiques d’inclusion et d’exclusion. Notre approche de l’interculturel veut s’inscrire dans une réflexion critique de la production épistémique des savoirs pour penser autrement notre rapport au monde. Le philosophe Dussel nous invite à reconsidérer ce rapport au prisme du pluriversel dans la veine de ses premiers travaux (1965). Cette perspective théorique présuppose de dépasser la grille de lecture ethnocentriste pour élaborer, par une approche pluridisciplinaire, un langage commun qui se conjugue au pluriel.
Si la relation aux autres devient un véritable défi dans le contexte sanitaire de la crise du Covid, elle ne l’est pas moins dans une mondialisation qui s’exerce indépendamment des individus. La peur domine, face à un avenir incertain, à l’épreuve d’une inflation des crises qui agissent dans des espaces-frontières d’interdépendance. Le thème général de ce congrès porte sur les processus d’analyse et les pratiques de l’interculturel en lien avec des enjeux théoriques plus larges comprenant de multiples dimensions, notamment en éducation (inégalités, genre, discriminations…), santé (traumatismes, pandémies…), environnement (dérèglement climatique et migrations…), politique (crise des États-nations, mondialisation, études de la paix, autochtonie…), économie (répartition des richesses, pauvreté…), arts (culture, performance…), religion (religieux en modernité…) et migration (persécutions, crises migratoires…).
Un autre défi de ce congrès sera de décloisonner les lieux de production des savoirs dans un espace contraint et de favoriser une diffusion au-delà du seul champ universitaire. S’interroger sur notre manière d’habiter un monde « plurivers » peut permettre aux chercheurs et aux professionnels travaillant dans le champ de l’interculturel de définir différemment leurs objets, leurs méthodes ou plus généralement les phénomènes tels qu’ils émergent ou se manifestent à des échelles multisituées.
Prix de thèse « jeune chercheur-e » et prix « meilleur poster »
Le congrès ARIC représente depuis 2013 un temps fort de valorisation des travaux des jeunes chercheures et chercheurs, notamment en décernant tous les deux ans le prix de la meilleure thèse en sciences sociales. La participation du réseau des jeunes chercheurs est une opportunité de mobiliser les étudiants et d’encourager leur participation. Il constitue une opportunité pour le lauréat ou la lauréate de présenter ses travaux de thèse en conférence plénière. L’ARIC attend des candidatures nombreuses et diversifiées à ce concours et remettra en 2021 ce prix à un nouveau chercheur ou à une nouvelle chercheure participant au développement, à la reconnaissance et à la l’approfondissement de la recherche interculturelle.
Un prix du meilleur poster sera également décerné pour encourager la participation des étudiantes et étudiants.
Ces deux prix contribuent à inscrire le congrès de l’ARIC dans une dynamique de renouvellement des générations en recherche dans le champ scientifique de l’interculturel, mais aussi d’assurer une visibilité des travaux, des pratiques et une éthique de la recherche.
Correspondance : congresaric2021@sciencesconf.org
Information : https://congresaric2021.sciencesconf.org/
L’appel à communications pour le congrès est ouvert jusqu’au 15 mars 2021 (susceptible d’être prolongé).
La candidature pour le prix doit être présentée avec le dossier complet au plus tard le 15 mars 2021.
Appendices
Bibliographie
- Boni, T. (2018). Habiter. Museo Éditions.
- Dussel, E. (1965). Chrétientés latino-américaines. Esprit, juillet-août, 2-20.
- Foucault, M. (1974). Histoire de la sexualité (vol. 1 : La volonté de savoir). Gallimard.