Abstracts
Résumé
Cet article donne la parole à des immigrants reçus sous le statut de travailleurs qualifiés pour témoigner de leur parcours d’intégration socioprofessionnelle à Québec. À travers l’étude du parcours de vie et la méthodologie du récit de vie, sept immigrants ont été rencontrés à cinq reprises durant une année. Les choix méthodologiques et analytiques amènent à des résultats qui renouvellent la réflexion et qui s’éloignent du constat habituel d’une intégration mauvaise ou à tout le moins insatisfaisante au Québec, comme cela a été souligné par certains écrits sur le sujet. C’est dire que malgré les difficultés d’intégration professionnelle rencontrées, les immigrants témoignent d’une satisfaction face à leur processus migratoire, parce que ce dernier repose d’abord et avant tout sur un projet de vie, au-delà du seul aspect professionnel. En effet, ils sont aussi en quête d’un meilleur avenir pour leurs enfants, d’une vie paisible, d’une société laïque et égalitaire. Leur projet de vie se caractérise aussi par une évolution progressive, où les attentes sont réajustées et réinventées en fonction des opportunités et des contraintes de la société d’accueil. C’est dire que durant tout le parcours, ils font preuve de réflexivité et mettent en place des stratégies pour arriver à des situations de vie positives.
Mots-clés :
- immigrants,
- travailleurs qualifiés,
- intégration socioprofessionnelle,
- récits de vie,
- parcours de vie,
- ville de Québec
Article body
Introduction
Les raisons de migrer sont multiples, et reposent le plus souvent sur un projet de vie, du moins pour les non-réfugiés. Ces raisons conditionnent le parcours, le pouvoir d’agir et le sentiment de satisfaction des immigrants. Le Canada est une terre d’accueil pour des candidats en quête de nouvelles réalisations, d’un meilleur avenir ou d’une vie plus paisible. Les auteurs qui se sont penchés sur l’intégration socioprofessionnelle des immigrants au Canada, et plus particulièrement dans la province québécoise, ont souligné avec justesse une intégration souvent difficile, et ce, malgré la bonne volonté des politiques publiques pour bien les intégrer. Pourtant, malgré les difficultés évidentes et souvent incontournables, plusieurs immigrants développent progressivement des stratégies pour les transcender et trouver satisfaction dans leur projet migratoire. La reconnaissance des aspects positifs de leur parcours, voire parfois l’exemplarité de certains parcours de vie, sont susceptibles d’inspirer de nouvelles pistes de services et de soutien à l’intégration. L’objectif de cet article est de mettre en relief ces stratégies positives afin de mieux comprendre l’intégration, au-delà du seul aspect professionnel. Dans un premier temps, nous mettons en contexte l’immigration au Québec, en faisant état des études sur l’intégration socioprofessionnelle des candidats. À la lumière des écrits, nous énonçons ensuite le cadre analytique du parcours de vie et la méthodologie du récit de vie utilisée, en soulignant leur pertinence pour notre question de recherche. Suit une présentation des résultats. Nous finissons avec la discussion qui en découle et une conclusion, en faisant référence aux études sur le même sujet.
Recension des écrits : l’intégration socioprofessionnelle des immigrants reçus au Québec
Le Québec reçoit annuellement des dizaines de milliers d’immigrants. Selon les dernières données du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI, 2020), 51 118 personnes ont été admises de façon permanente en 2018 et 57,1 % d’entre elles ont été sélectionnées dans la catégorie de l’immigration économique. Le Québec a toujours reçu plus d’immigrants dans cette catégorie. Cette population reçue par effet de sélection est mixte, jeune, et son niveau de scolarité est élevé.
Beaucoup de travaux ont porté sur l’intégration socioprofessionnelle des immigrants dans la province québécoise. Les résultats de recherche soulignent des obstacles mettant un frein à leur intégration. En effet, le niveau de scolarité et l’expérience de travail pré-migratoires de ces immigrants ont peu d’effet sur leur parcours professionnel au Québec (Girard, Smith et Renaud, 2008). De plus, les études qui ont dressé leur portrait socioéconomique ont montré que le taux d’immigrants occupant des emplois à faible scolarité a augmenté (Galarneau et Morissette, 2008) et qu’ils occupent des emplois de faible qualité (Malambwe, 2017). Leur taux d’emploi et leurs salaires sont plus bas et leur taux de chômage plus élevé que la moyenne provinciale, et ce, depuis plusieurs années (Cousineau et Boudarbat, 2009 ; Malambwe, 2017 ; MIDI, 2015). Des études ont aussi montré qu’ils vivent une déqualification professionnelle (Zietsma, 2010 ; pour la région de Montréal, Chicha, 2009) et qu’ils subissent toujours de la discrimination, en lien avec leur origine nationale, leur genre ou leur couleur de peau (Namululi, Bagaoui et Hemedzo, 2018 ; Piché et Renaud, 2018). Des auteurs soulignent également des barrières institutionnelles (Lenoir-Achdjan, Arcand, Helly, Drainville et Vatz-Laaroussi, 2009 ; Zietsma, 2010), tels la non-reconnaissance des diplômes étrangers ou l’accès restreint à des emplois régis par des ordres professionnels. Quand on s’intéresse à l’influence des politiques d’immigration sur leur processus d’intégration (Boulet et Boudarbat, 2010), les recherches mettent en évidence que les critères de sélection, censés faciliter l’intégration, auraient peu d’incidence sur un meilleur accès à l’emploi (Lacroix, 2013), ou encore qu’il y aurait un manque d’engagement réel de la part des gouvernements et des employeurs face aux politiques en vigueur (Chicha et Charest, 2013). Enfin, les réseaux pré ou post-migratoires des immigrants sont peu aidants dans le processus (Arcand, Lenoir-Achdjian et Helly, 2009). Hors des grands centres, et notamment dans la région de Québec, les immigrants sont de plus en plus nombreux et, depuis 2007, la région regroupe le plus grand nombre d’immigrants hors métropole montréalaise (St-Amour et Ledent, 2010). Le taux de chômage bas et le dynamisme de la région attirent cette main-d’oeuvre, notamment dans le secteur de l’informatique (Racine et Hanin, 2012). Les études (Dioh et Racine, 2017 ; Guilbert ; 2008 et 2010) font également les mêmes constats de précarité et de déqualification. Par ailleurs, les recherches sur l’immigration en région, particulièrement celles effectuées en équipes interdisciplinaires et en partenariat, montrent que les dynamiques régionales ne doivent pas être confondues avec celles observées dans la métropole et nécessitent d’être interprétées avec nuance selon les particularités des régions et des localités (Guilbert et collab., 2016 ; Vatz Laaroussi, Bernier et Guilbert, 2013). D’autres recherches ont porté sur la subjectivité et les points de vue des immigrants sur le processus d’intégration (Arcand et collab. ; 2009 ; Chicha, 2009 ; Chicha et Charest, 2013 ; Dioh, 2017 ; Guilbert, 2010 ; Lenoir-Achdjan et collab., 2009 ; Namululi et collab., 2018). Elles évoquent une intégration qui n’est pas optimale, mais certaines autres études commencent à faire émerger des avis plutôt nuancés quant à une intégration non réussie (Giroux, 2011). Enfin, quelques travaux ont porté sur le processus d’intégration selon une démarche longitudinale (Bégin et Renaud, 2012 ; Renaud, Piché et Godin, 2003) et ont permis de jeter un regard différent, montrant que la situation des immigrants s’améliore après dix ans de résidence au Québec.
Cet article rejoint la tendance qui donne la parole aux immigrants eux-mêmes pour apprécier leur processus d’intégration socioprofessionnelle. Son objectif est de mettre en évidence comment l’étude de leur parcours de vie sur une année, selon le récit qu’ils en font, apporte des résultats nuancés en regard de la perception courante d’une intégration insatisfaisante. Elle permet de comprendre l’intégration au-delà du seul aspect professionnel, en soulignant les aspects positifs du parcours à travers les stratégies déployées par les immigrants. Nous concevons l’intégration comme un processus durable, dont la responsabilité est bidirectionnelle entre les immigrants et la société d’accueil. L’intégration revêt aussi un caractère multidimensionnel et dynamique, menant à une participation à part entière des immigrants à la société d’accueil.
Le parcours de vie comme cadre d’analyse du processus d’intégration socioprofessionnelle des immigrants qualifiés à Québec
Le parcours de vie s’intéresse aux trajectoires des individus (Spini et Widmer, 2009). Ces dernières sont sociales (familiales, professionnelles et de sociabilité), mais aussi identitaires et cognitives. Dans l’étude du parcours de vie, les analyses se basent d’abord sur les individus (Sapin, Spini et Widmer, 2007), puisque ce sont eux qui empruntent des trajectoires selon les contraintes et les possibilités qui s’offrent à eux. Dans cette perspective, les individus ne vivent plus leur existence au jour le jour, mais comme un projet. Ils construisent leur identité de manière continue et ils développent une capacité réflexive sur leur expérience (Lalive d’Épinay, Bickel, Cavalli et Spini, 2005). Les analyses du parcours de vie se basent sur le temps, parce que le déroulement de la vie des individus s’inscrit dans des contextes qui évoluent dans le temps (De Montigny-Gauthier et De Montigny, 2014 ; Gaudet, 2013 ; Lalive d’Épinay et collab., 2005). L’analyse du parcours de vie repose aussi sur l’étude d’un processus. En effet, comme les parcours des individus changent au fil des générations, des contextes et des évolutions dans la société (McDaniel et Bernard, 2011), il est pertinent de les analyser sous l’angle d’un processus, c’est-à-dire d’un phénomène dynamique, qui « prend du temps » (Mendez, 2010) et évolue au fur et à mesure (Mendez, 2010 ; Gaudet, 2013). Les processus sont des successions de situations (Bertaux, 2010) auxquelles l’individu va donner un sens, et qui sont animées par des rapports sociaux dans un lieu et un moment précis (Bidart, 2006), éléments tout aussi importants à analyser. Dans le volet empirique de cette recherche, l’étude du processus d’intégration socioprofessionnelle des immigrants a justifié la rencontre des participants à cinq reprises au cours d’une année. Le parcours de vie permet de comprendre les trajectoires, les régularités, les imprévus, les tournants de vie (Bidart, 2006 ; Gaudet, 2013), tout en mettant en évidence les stratégies déployées progressivement pour contourner les contraintes environnementales (sociales, économiques, culturelles, institutionnelles, etc.).
Dans cet article, le cadre d’analyse du parcours de vie est structuré autour de trois dimensions, correspondant à autant de phases pour comprendre le processus d’intégration socioprofessionnelle des immigrants rencontrés. La première dimension est en lien avec la situation pré-migratoire, analysée avec l’élaboration du projet et selon des indicateurs comme les caractéristiques personnelles des participants, les raisons de migrer et les démarches de préparation. La deuxième dimension est en lien avec la situation migratoire et la volonté de poursuivre dans une direction, posant ainsi un regard sur les choix de trajectoires, la mobilisation des opportunités dans la société d’accueil et les stratégies face aux contraintes de l’environnement. Enfin, la dernière dimension porte sur la situation post-migratoire et l’atteinte d’une finalité anticipée ou réinterprétée. Elle regroupe les projets futurs et le jugement des immigrants. Tous les éléments mobilisés dans ce cadre d’analyse permettent de mettre en évidence la poursuite d’un projet au-delà du seul aspect professionnel, de souligner les aspects positifs du parcours à travers les stratégies des immigrants et de témoigner de leur degré de satisfaction quant au processus d’intégration. Le tableau 1 illustre ce cadre d’analyse.
L’intégration socioprofessionnelle, selon les récits qu’en font les immigrants
Les études qui donnent la parole aux immigrants eux-mêmes utilisent l’entrevue semi-dirigée et ciblent une période précise, celle de l’intégration socioprofessionnelle dans le pays d’accueil. Les questions, même ouvertes, peuvent orienter les réponses des participants sur les difficultés, et moins sur les manières dont elles ont été résolues. Le récit de vie axé sur le parcours de vie, donc sur une période plus longue, permet un travail de réflexivité (Gaudet, 2013) sur les opportunités, les choix et les stratégies déployées à chacune des étapes, en s’appuyant, consciemment ou pas, sur les expériences antérieures. Par la narration (Demazière et Dubar, 2004), le parcours de vie met en relief le pouvoir d’agir des personnes concernées lors des transitions, des bifurcations et de la transformation du projet dans la réalité complexe des situations vécues. Il met aussi en lumière les tensions et les moyens utilisés pour s’en sortir (Bertaux, 2010).
L’ensemble des récits utilisés pour cette analyse a été réalisé à Québec, entre 2009 et 2015. Les participants ont été rejoints dans les institutions d’enseignement de la ville, grâce au concours des responsables de programmes. Ces derniers les ont informés de la tenue d’une recherche et ils se sont inscrits sur une base volontaire. Tous les immigrants rencontrés sont spécialisés dans le secteur de l’informatique (depuis leur pays d’origine ou suivant une réorientation de carrière amorcée au Québec). Ce secteur est un choix des chercheurs, du fait de la forte demande de main-d’oeuvre dans la région et de l’arrivée massive d’immigrants à travers les procédures de recrutement à l’international. Nous voulions alors savoir si leur intégration socioprofessionnelle à Québec serait plus aisée. Hormis une personne, la cohorte qui a servi à notre recherche est arrivée dans la région avec le statut de résident permanent. Ces répondants, n’ayant pas réussi à insérer le marché de l’emploi québécois avec leurs compétences acquises à l’étranger, ont fait le choix stratégique de suivre une formation continue de niveau collégial. Ils vont trouver un premier emploi qualifié à la suite de cette dernière. L’échantillon était composé de 28 immigrants rencontrés avant une première insertion professionnelle à Québec. Par la suite, 7 d’entre eux ont été rencontrés à quatre reprises au cours d’une année et suivant l’obtention d’un premier emploi en informatique. Leurs caractéristiques sociodémographiques sont présentées dans le tableau 2. Des pseudonymes ont été utilisés.
Les récits ont porté sur 1) la situation pré-migratoire en lien avec les raisons d’immigrer et la préparation du projet, 2) la situation migratoire en termes de démarches, de difficultés, de mobilisation des ressources disponibles et de stratégies face aux contraintes et 3) la situation post-migratoire en termes de jugements et de projets d’avenir. Lors des diverses rencontres, les propos revenaient toujours sur les situations migratoires et post-migratoires.
Tous les récits ont été retranscrits. Par la suite, la transcription qui a semblé la plus riche, autrement dit, celle où l’immigrant a livré le plus d’informations à travers sa narration, a servi de canevas. Une grille d’analyse a été construite en fonction de la lecture du texte. Puis, récit par récit, les textes ont été découpés en des unités de sens, chapeautées par des thèmes génériques et spécifiques. Des catégories ont été créées pour fédérer les thèmes, inspirées du cadre d’analyse proposé dans cet article. Des méta-catégories ont ensuite été définies, basées sur les principales composantes théoriques sur le sujet.
Afin de mettre en relief la cohérence et la singularité de chaque parcours de vie, ainsi que l’influence particulière du contexte et des interactions sociales, nous présentons l’un après l’autre les sept participants rencontrés à plusieurs reprises. Nous avons choisi les extraits les plus pertinents pour illustrer les objectifs de vie au-delà du seul aspect professionnel et les stratégies déployées en ce sens. Pour autant, nous n’avons pas occulté les obstacles rencontrés, car ce sont le plus souvent à partir des difficultés vécues que sont développées les stratégies d’autonomie et de pouvoir d’agir. Pour respecter la temporalité des récits, l’élaboration du projet réfère à la première rencontre avant l’obtention d’un premier emploi qualifié à Québec. La volonté de poursuivre dans une direction réfère aux récits à un mois, à trois mois et six mois en emploi. Enfin, la finalité anticipée ou réinterprétée réfère au dernier récit à l’an un.
Présentation des résultats : l’intégration socioprofessionnelle repose sur un projet global au-delà du seul aspect professionnel et des stratégies déployées, d’où la satisfaction des immigrants rencontrés
Aicha
Aicha est une femme de 30 ans, originaire d’Afrique du Nord. Dans l’élaboration du projet migratoire, Aicha recherche de nouvelles aventures professionnelles. Une mûre réflexion l’amène à lancer le projet dès que l’occasion s’est présentée : « J’ai beaucoup réfléchi mais c’était l’occasion ou jamais, aller à l’étranger, voir comment d’autres vivent ». En effet, Aicha est une personne réfléchie, qui a vite saisi qu’au Québec, la condition générale était favorable pour le secteur de l’informatique : « J’avais vu, dans l’entreprise où j’ai travaillé [dans mon pays], une entreprise canadienne venir y recruter un salarié. Si on va ailleurs pour chercher des gens, c’est que dans le pays, il devait bien y avoir des possibilités ». Une fois à Québec, du fait des difficultés d’insertion professionnelle avec son diplôme universitaire en informatique obtenu son pays d’origine, Aicha consent une nouvelle formation, s’octroyant ainsi un atout supplémentaire. À l’issue de cette dernière, elle trouve un emploi. Cependant, sa volonté est d’occuper un poste plus élevé et elle mettra en place plusieurs stratégies, dont une déqualification consentie pour contourner les contraintes organisationnelles. Elle se fixe des perspectives temporelles : « J’ai un plan, je veux évoluer le plus vite possible. Je vais commencer comme analyste-programmeur pour le premier mandat. Mais 2e mandat, je veux un poste d’analyste. Si on me l’offre ici, je resterai ». Ayant toujours gardé en tête cet objectif, Aicha atteint son but grâce à son audace et sa proactivité. Elle confie à six mois : « Mes tâches ont énormément changé. Je suis dans un nouveau mandat. Je ne fais plus de programmation, juste de l’analyse. J’ai eu l’audace de vouloir intégrer un mandat de plus grande envergure. Mon profil ne rentrait pas dans les exigences, mais c’est l’expérience que j’ai accumulée dans le premier mandat qui m’a beaucoup aidée ». Dès lors, à l’an un, Aicha témoigne d’une satisfaction quant à l’atteinte d’une finalité, celle de gravir les échelons au plus vite. Le contexte favorable du secteur de l’informatique y a contribué : « Pour l’instant, ça va bien. Je ne pense pas que j’aurais pu faire mieux. Pour l’instant je suis satisfaite ».
Francesca
Francesca est une femme de 30 ans, originaire d’Amérique du Sud. Dans l’élaboration de son projet, Francesca vise une meilleure qualité de vie : « On a pensé à ce pays pour les enfants, pour la qualité de vie aussi ». Le projet migratoire est bien mûri et elle dispose de ressources humaines pour le concrétiser : « Mon beau-frère habitait déjà à Québec. Il y avait beaucoup de personnes qui nous disaient, [à Québec] c’est comme ça. On est arrivés en sachant déjà ce serait quoi la réalité. Mon chum est ingénieur. On savait qu’il allait devoir étudier pour entrer dans l’ordre [son emploi est régi par un ordre professionnel] ». À Québec, face à des difficultés linguistiques (elle est non francophone) et d’insertion professionnelle, Francesca consent une réorientation. La nouvelle formation québécoise lui permet de trouver un emploi de niveau technique, mais elle a des aspirations plus ambitieuses. Et de manière prospective, elle prévoit de nouvelles actions : « Je projette de poursuivre ma formation au niveau universitaire. Ça donne plus de valeur, plus de prestige. Un baccalauréat en informatique me permettra d’être plus spécialisée. Avec un niveau collégial c’est plus difficile, on est toujours au bas de la pyramide ». Francesca s’adapte graduellement à son environnement en fonction des opportunités et des contraintes et elle se projette facilement dans le futur. De fait, à l’an un, elle décrit une situation professionnelle stable et satisfaisante : « Je vois l’avenir de manière prometteuse. Je suis satisfaite de ce que j’ai obtenu en un an. Je suis exactement où je m’attendais être ». Elle rajoutera que son intégration sociale est tout aussi satisfaisante. Elle a développé un réseau social, ce qui peut créer des opportunités : « Nous avons acheté une maison, on a beaucoup de connaissances qui sont québécoises ».
Jackie
Jackie est une femme de 35 ans, originaire d’Amérique du Sud. Son projet migratoire tend vers un bien-être familial, bien qu’elle soit consciente de l’éventuel recommencement que cela engendrerait : « C’est pour mon enfant que nous avons décidé d’immigrer, pour lui donner plus de possibilités pour ses projets d’avenir. On était conscients de recommencer à zéro ». L’insertion professionnelle n’est pas facile, mais Jackie persévère. La formation collégiale dans un secteur qu’elle sait en demande lui ouvre les portes de l’emploi, bien qu’elle soit surqualifiée pour ce poste. Elle accepte de bon gré cette situation, car elle a la volonté de contourner les obstacles linguistiques (elle est non francophone) et d’évoluer en emploi, attendant la bonne opportunité : « Au sein de cette entreprise, je vais continuer comme technicienne et s’il y a la possibilité de participer à une évaluation pour devenir analyste, je vais le faire ». Jackie est stratégique dans ses choix et pose des actions concrètes pour atteindre ses objectifs : « J’ai posé la question à mon supérieur sur les possibilités d’être analyste : il y a des postes qui vont s’ouvrir. Il m’a dit que mon baccalauréat [diplôme étranger] ne suffit pas, il faut également une spécialité québécoise en informatique. Je me suis donc inscrite pour une maîtrise à temps partiel à l’université ». À l’an un, bien qu’elle n’occupe pas le poste d’analyste qui sied à ses qualifications étrangères et qu’il lui faille réévaluer ses attentes, Jackie fait preuve de résilience. Elle trouve satisfaction dans son intégration sociale, tout en reconnaissant que la société d’accueil y a contribué : « Je n’occupe pas le poste d’analyste que je vise, mais cet emploi me permet de me valoriser et de me sentir plus intégrée dans cette société et j’en suis contente. J’aimerais rendre à cette culture qui nous a accueillis ».
Mamad
Mamad est un homme de 43 ans, originaire d’Afrique subsaharienne. Dans l’élaboration de son projet, Mamad recherche une sécurité physique pour lui et sa famille : « Nous avons connu une crise séparatiste. Je me suis dit que c’était mieux d’aller vivre ailleurs parce que les conditions [devenaient difficiles] ». Les démarches d’immigration sont entamées depuis son pays d’origine et Mamad consent beaucoup de sacrifices pour réaliser le projet familial : « On s’est donné le temps de faire des économies. Quand j’étais en stage [il avait obtenu une bourse pour une formation professionnelle à Paris], j’obtenais une bourse de 1500 euros par mois. Et j’ai économisé presque les 2/3 de ce montant jusqu’à ce je puisse réaliser mon rêve [d’immigrer au Québec] ». Une fois dans le pays d’accueil, Mamad rencontre plusieurs obstacles, dont la non-reconnaissance de ses compétences : « Quand je suis arrivé, j’ai fait X [service d’aide à l’emploi]. Je m’y suis rendu avec mon diplôme de Génie électrique sans expérience de travail, puisque j’ai travaillé comme enseignant. Et avec cette expérience en enseignement, on n’a pas voulu non plus me donner la chance de travailler à Québec dans ce domaine-là, parce que je n’ai pas le baccalauréat en enseignement. C’était en quelque sorte un tourbillon sans issue ». Il mobilise alors sa capacité d’action, à travers une réorientation de carrière et une nouvelle formation québécoise : « Ma réorientation, j’ai commencé à l’envisager. Je me suis dit que je devais me chercher une formation très courte et très en demande sur le marché, comme l’informatique ». Les opportunités contextuelles lui permettent de trouver un emploi dans l’administration publique, un environnement souhaité. Mais les difficultés persistent, son statut contractuel l’amène à réajuster ses attentes et à faire preuve de patience : « J’ai trouvé un travail. Travailler dans le gouvernement, ç’a toujours été mon rêve. Mais le système d’entrée reste le même : il faut passer par les concours [il a obtenu un poste contractuel via une agence de placement et à court terme, il ne peut pas aspirer à mieux]. Présentement, ils sont à la recherche d’une personne et même si je réponds au profil, malheureusement, ils ne peuvent pas m’engager ». Aussi, à l’an un, la finalité n’est pas anticipée, mais réinterprétée. La résilience est de mise pour contourner la désillusion et l’incertitude, et pouvoir poursuivre le projet. En effet, Mamad doit faire le deuil de son statut professionnel avant migration : « La réalité est qu’on débarque dans un pays où on espérait que tout allait être rose. C’est sûr qu’il y a un temps où on doit faire son deuil. Parce qu’avant tout, c’est aux enfants qu’on a voulu donner cette chance- là. Je suis sûr qu’à l’heure actuelle, mon pays d’origine a toujours besoin de moi, mais je ne regrette pas ».
Firmin
Firmin est un homme de 37 ans, originaire d’Afrique subsaharienne. Dans l’élaboration de son projet, il tend vers de nouveaux défis professionnels : « En venant au Québec, j’avais encore de la place dans mon pays, mais on quitte pour la mal-gouvernance, le manque de dynamisme et de possibilités ». À Québec, Firmin poursuit avec ténacité la direction qu’il s’est donnée : « On m’a mis en contact avec un organisme d’aide à l’emploi et à l’intégration, [on a fait] des séminaires de recherche d’emploi, des entrevues. J’étais avec cet organisme d’aide et en même temps j’étais inscrit à différents sites de recherche d’emploi ». Mais, malgré ses efforts et les ressources mobilisées, les difficultés d’insertion professionnelle persistent. Firmin décide de suivre une nouvelle formation en deçà de ses compétences. Ce choix éclairé et stratégique lui permet de trouver un emploi dans une entreprise convoitée. Suite à cela, Firmin a la volonté de mobiliser les opportunités offertes par le milieu pour retrouver son niveau de compétences, bien qu’il ait une certaine amertume face à la déqualification : « [L’entreprise pour laquelle je travaille répond à mes attentes.] X est le pilier dans le domaine. Je pense que c’est une opportunité de travailler dans pareille entreprise. Mais quand je reçois mon CSQ [certificat de sélection du Québec], où l’agent d’immigration avait évalué mes compétences en me positionnant comme Analyste, quand j’arrive ici, j’occupe un poste comme un Technicien intermédiaire et je dois confronter des tâches que je n’avais plus faites depuis pas mal d’années ». À l’an un, le sentiment de satisfaction de Firmin est mitigé. Toutes ses finalités ne sont pas atteintes, mais il a confiance en ses capacités de réussite et il persévère : « Je ne peux pas dire que j’ai un sentiment élevé de satisfaction, mais je rebondis toujours. Si on me donnait le temps d’adapter mon profil, je ne vois pas pourquoi je ne m’intégrerais pas. Le destin est entre mes mains ».
Sofian
Sofian est un homme de 31 ans, originaire d’Afrique du Nord. À travers son projet migratoire, il souhaite vivre dans une société égalitaire et laïque : « [Dans mon pays], j’avais un statut de travailleur permanent, très bien payé. Ce qui m’a amené ici, c’est beaucoup plus les valeurs de la société, la laïcité, la démocratie, la liberté, l’expression ». Sofian dirige ses efforts vers une stabilité professionnelle et sociale et fait preuve de détermination. Il doit déjouer des obstacles structurels, car les occasions d’emploi sont rares dans son champ initial de compétences. Au fil des mois, il fait le choix d’une réorientation de carrière : « J’ai eu beaucoup d’expériences de travail depuis que je suis au Canada, juste des petits jobs [c’est la raison pour laquelle j’ai décidé de suivre une formation complémentaire en informatique] ». Sofian trouve un emploi, mais les incertitudes persistent quant à sa durée. Mais il est proactif : « [En emploi avec un contrat à durée déterminée] je ne vais pas attendre jusqu’au 30 juin [date prévue de la fin du contrat]. Un mois et demi avant, je vais faire une analyse de la situation. S’il y a des indices qui disent qu’il y a des chances que le contrat s’arrête là, je commencerai à bâtir des plans B, des plans C ». Ainsi, à l’an un, Sofian exprime une satisfaction quant à son ascension sociale et professionnelle, même si son emploi n’est pas garanti. Il a aussi développé un sentiment d’appartenance : « Quand je pense à mon projet d’immigration, c’est plutôt un sentiment de satisfaction. J’ai réalisé plus que ce que je pensais être capable de faire dans cette période. [Trois ans à peine après notre arrivée], on a réussi à avoir des postes bien payés, des enfants, une maison. On se sent chez nous ».
Nadiia
Nadiia est une femme de 42 ans, originaire d’Europe de l’est. Dans l’élaboration de son projet migratoire, Nadiia souhaite un meilleur avenir pour ses enfants et son projet est mûri : « Je savais qu’il y avait plus de possibilités que dans mon pays. J’ai aussi plusieurs enfants. Je voulais un bon futur pour eux ». À Québec, son choix est de se reconvertir professionnellement pour contourner les obstacles institutionnels et linguistiques (elle n’est pas francophone) et atteindre au plus vite une stabilité. Là encore son choix est éclairé et pesé, Nadiia privilégie sa famille et réajuste ses objectifs de carrière : « J’ai travaillé comme médecin pendant 13 ans, jusqu’au moment d’immigrer à Québec. Ici, je savais que ç’allait être un peu difficile d’intégrer mon domaine. J’ai quatre enfants, cinq. Je n’avais pas l’argent et le temps. Donc quand je suis arrivée, j’ai décidé de changer pour l’informatique ». En emploi, Nadiia doit faire preuve de ténacité pour gérer les imprévus, et sa détermination paye, ajoutée au fait qu’elle oeuvre dans un secteur d’activités qui se porte bien : « L’entreprise [1re entreprise où elle a trouvé un emploi] a perdu un client et elle connaissait des difficultés économiques. C’était un contrat de six mois. J’ai travaillé quatre mois, puis ça s’est arrêté. Le jour suivant, j’ai réécrit mon CV et j’ai postulé pour quelques entreprises. Le même jour, j’ai reçu une nouvelle offre ». À l’an un, Nadiia est satisfaite, mais elle a de plus grandes aspirations : « Pour le moment, je suis satisfaite de ce qui m’arrive en emploi. Mais je veux améliorer mes connaissances. Je pense que je vais faire un certificat en Développement Java. Ce certificat m’ouvre plus de possibilités pour travailler pour une plus grande entreprise ».
Discussion des résultats
La discussion suivante suit les trois temps de trajectoire présentés précédemment. À cet effet, l’analyse du parcours de vie des sept immigrants a fait ressortir trois dimensions. En premier lieu, l’élaboration du projet migratoire montre des situations professionnelles stables dans le pays d’origine. Les caractéristiques personnelles décrites dans le tableau 2 soulignent des capitaux (Gaudet, 2013 ; Piché et Renaud, 2018) humains et économiques, qui leur offrent une assise pour amorcer un projet migratoire et leur permettent vraisemblablement de déployer des ambitions sociales et professionnelles élevées. L’immigration à Québec est un projet de vie global. Les raisons peuvent être familiales, en lien avec l’éducation des enfants, et professionnelles, c’est-à-dire le souhait d’expérimenter de nouveaux défis. Le projet repose aussi sur la recherche d’une sécurité physique et matérielle. Par ailleurs, le projet migratoire est longuement préparé. Les répondants ont documenté les perspectives d’emploi, les valeurs de la société d’accueil, la région d’installation. Ils ont su profiter des expériences d’autres personnes et ont fait des économies. Depuis le pays d’origine, certains ont aussi établi des plans, telles des réorientations de carrière ou des formations d’appoint. D’autres y ont consenti sur place. Certains répondants avaient conscience des difficultés inhérentes à tout parcours migratoire et ils faisaient déjà preuve de résilience.
En deuxième lieu, l’analyse de la situation migratoire met en évidence la volonté des répondants de poursuivre dans une direction et de se donner les moyens de réussir. À l’arrivée, ils ont rencontré des difficultés d’insertion sur le marché de l’emploi québécois avec leurs compétences et qualifications étrangères (Chicha, 2009 ; Zietsma, 2010). Cette situation contextuelle va influencer la suite du parcours de vie (Spini et Widmer, 2009) et amener des bifurcations (Bidart, 2006). Les sept immigrants vont d’abord faire le choix d’un retour aux études et d’une réorientation (Boulet et Boudarbat, 2010 ; Dioh, 2017), que d’autres auteurs ont nommé des stratégies de contournement (Piché et Renaud, 2018). Ils font aussi le choix d’une formation collégiale courte et en demande sur le marché de l’emploi. Les actions mises en place sont donc réfléchies et documentées. À l’issue de la formation, ils ont tous trouvé un premier emploi qualifié. Nous pouvons donc soutenir que leurs stratégies ont « payé ». Malgré le fait qu’ils rencontrent encore des difficultés pour s’intégrer durablement en emploi (emplois en deçà de leurs compétences, contrats à durée déterminée), ils continuent à faire preuve de proactivité et d’initiative. Une partie des immigrants rencontrés poursuit aussi de nouveaux objectifs de formation, cette fois-ci au niveau universitaire. Ils saisissent les opportunités du milieu, telles celles qu’offrent les organismes d’aide à l’intégration (Lenoir-Achdjian et coll., 2009) et les utilisent à leur avantage pour progresser.
En dernier lieu, les propos des immigrants soulignent l’atteinte d’une finalité en lien avec les objectifs qu’ils s’étaient fixés, même si ces derniers sont dans certains cas réinterprétés et réorientés : s’installer à Québec, trouver un emploi stable, s’intégrer à la société d’accueil. Ils ont acquis des biens et un confort de vie et ils visent de nouvelles évolutions. Quand ils jugent leur parcours de vie, les répondants sont satisfaits aussi bien sur le plan social que professionnel. Certains ont même développé un sentiment d’appartenance (Guilbert, 2010) à la société d’accueil.
Conclusion
Eu égard à ces résultats, la contribution de notre article est la suivante : en ayant comme cadre d’analyse le parcours de vie, et à travers des récits de vie étalés sur une longue durée, nous évitons cette tendance observée dans les recherches sur le même sujet qui est d’analyser l’intégration socioprofessionnelle de manière asynchrone, selon une perspective uniquement socio-économique ou d’évaluation des politiques publiques. Ces approches amènent souvent à conclure que les immigrants ne sont pas bien intégrés ou satisfaits au Québec. Notre étude amène à comprendre l’intégration au-delà du seul aspect professionnel en soulignant les aspects positifs du parcours à travers les stratégies des immigrants. De plus, plusieurs études se sont intéressées à l’analyse des trajectoires d’intégration socioprofessionnelle des immigrants, mais le nôtre pose explicitement leur satisfaction face au projet migratoire. Dès lors, les angles d’analyse sont à discuter. L’intégration socioprofessionnelle se vérifie en partie par le taux d’emploi et de revenus, une profession en adéquation avec la formation initiale ou une fine adéquation des politiques et programmes. Mais pas seulement. C’est aussi une reconstruction identitaire, l’aspiration à une vie paisible et sécuritaire, l’achat d’une maison, le développement d’un sentiment d’appartenance. C’est aussi le jugement que les immigrants eux-mêmes en font et le degré de satisfaction qui en ressort. Les résultats de recherche ont montré comment ils sont à la poursuite d’un projet global et pas seulement professionnel. À travers leurs caractéristiques et les raisons de migrer, ce sont des êtres intentionnels en quête d’un sens à leur vie (Boutinet, 2004 ; Delourme, 2006). Leurs trajectoires traduisent des capacités réflexives et une proactivité qui mènent à une finalité, en accord avec leurs attentes réinterprétées. Tout au long du processus, on observe un point de départ, des actions déterminant les transitions suivantes, et d’autres actions réajustées pour arriver à un état présent. Il s’agit là d’un parcours de vie et de l’agencement séquentiel d’événements (Bidart, 2006), à travers le temps (De Montigny-Gauthier et de Montigny, 2014 ; Gaudet, 2013 ; Lalive d’Épinay et collab., 2005). En axant sur ces caractéristiques, l’article met entre autres en évidence des stratégies de contournement (Piché et Renaud, 2018), faisant ainsi ressortir « l’agentivité » (Dioh, 2020) des individus. Les projets de ces immigrants se sont concrétisés en interaction avec d’autres personnes (Bidart, 2006) tels employeurs, amis, membres de la famille, personnes-ressources de différents services. Ils ont eux-mêmes jugé de la portée significative de ces interactions. Les résultats de cet article apportent dès lors une contribution supplémentaire à travers une compréhension fine et nuancée de ce que représente le projet migratoire pour les personnes rencontrées et la perspective du parcours de vie en révèle toute la richesse.
Cette étude ne peut être généralisée à l’ensemble de la population immigrante mais, par l’exemplarité de parcours singuliers, elle peut servir à comprendre autrement le processus d’intégration au Québec, même si la particularité du secteur de l’informatique peut créer des biais du fait qu’il s’agit d’un secteur en forte demande de main-d’oeuvre dans la région de Québec. Cette étude permettra aux intervenants sociaux de mieux personnaliser le soutien aux immigrants en fonction de leurs attentes respectives. C’est d’ailleurs la perspective que visent les nouveaux programmes gouvernementaux québécois. À l’avenir, d’autres recherches sont envisageables. Une étude sur un échantillon plus large permettra d’alimenter une réflexion plus générale et de consolider ou d’infirmer ces résultats. D’autres régions ou d’autres secteurs d’activité peuvent aussi être documentés. Des études longitudinales permettront de voir comment l’intégration se passe au fil du temps, et si la satisfaction des immigrants se maintient.
Appendices
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