Abstracts
Résumé
La Maison de la Négritude et des Droits de l’Homme de Champagney, petite ville de Haute-Saône dans l’Est de la France, est née dans les années 1970 à la suite de la découverte dans les archives d’un extrait des cahiers de doléances de 1789 rédigé par des habitants de cette commune et demandant l’abolition de l’esclavage. Le qualificatif Négritude provient du parrainage que Léopold Sédar Senghor a voulu accorder à ce lieu, où la mise en valeur de ce « voeu de Champagney » s’articule à une muséographie obsolète consacrée à l’histoire de l’esclavage des Noirs à laquelle est juxtaposée une collection d’« art africain ». Sur le fond de ce patrimoine commun, un ensemble de pratiques et de points de vue différenciés se détachent nettement. Comment s’articulent ces expériences diverses? Peut-on parler de patrimoine interculturel? Ou plutôt d’une situation d’interculturalité en ce qu’elle tient de l’approche d’une altérité subsumée sous le thème de la Négritude. Cette altérité s’y trouve à la fois redoublée par la question de l’esclavage et en même temps incluse dans une commune humanité, sur le registre moral des Droits de l’Homme et au nom de l’héritage du Voeu de Champagney. Cette appréhension patrimoniale de l’altérité coexiste avec une volonté de traduire l’histoire de l’esclavage des Noirs pour en faire une ressource pour lutter contre les dominations et discriminations à l’oeuvre dans le monde contemporain, qui rentre elle-même en tension avec une mise en balance de ses propres souffrances sociales lorsque l’on est habitant ordinaire de Champagney au regard de la distance sociale qui peut être ressentie vis-à-vis des promoteurs de la Maison de la Négritude et des Droits de l’Homme.
Mots-clés :
- Négritude,
- patrimoine,
- Droits de l’Homme,
- altérité,
- esclavage
Appendices
Bibliographie
- Adotevi, S.-S. (1972). Négritude et Négrologies. Paris : UGE.
- d’Arboussier, G. (1949). Une dangereuse mystification : la théorie de la Négritude. La Nouvelle Critique, juin, 34-47.
- Barbe, N. et Chauliac, M. (dir.). (2014). L’immigration aux frontières du patrimoine. Paris : Maison des Sciences de l’Homme.
- Ben-Messahel, S. (2009). Médiation interculturelle et interdisciplinarit. Dans S. Ben-Messahel (dir.), Étude pluridisciplinaire de la représentation culturelle : Identité et Altérité. Villeneuve d’Ascq : Presses Universitaires du Septentrion.
- Benot, Y. (2005). Les Lumières, l’esclavage, la colonisation. Paris : La Découverte.
- Boltanski, L. et Thévenot, L. (1991). De la justification. Les économies de la grandeur. Paris : Gallimard.
- Brossat, A. (2010). Droit à la vie. Paris : Seuil.
- Citton, Y. (2012). Gestes d’Humanités. Anthropologie sauvage de nos expériences esthétiques. Paris : Armand Colin.
- Colliot-Thélène, C. (2009). L’interprétation des droits de l’homme : enjeux politiques et théoriques au prisme du débat français. Trivium, 3. http://trivium.revues.org/3290
- Confavreux, J. et Turchi, M. (2015). Aux sources de la nouvelle pensée unique. Du chevènementisme au FN : l’ascension d’une république conservatrice et nationaliste. Revue du Crieur, 2, 4-21.
- Derrida, J. (1993). Spectres de Marx. Paris : Galilée.
- Diagne, P. (1995). Hommage à Césaire. Présence africaine, 151-152, 51-60.
- Diagne, P. (2006). Léopold Senghor ou la négritude servante de la francophonie au festival panafricain d’Alger. Trente ans après. Paris : L’Harmattan.
- Diagne, S.-R. (2014a). Négritude. Dans E. N. Zalta (dir.), The Stanford Encyclopedia of Philosophy. http://plato.stanford.edu/archives/spr2014/entries/negritude/.
- Diagne, S.-R. (2014b). La Négritude comme mouvement et comme devenir. Rue Descartes, 83, 50-61.
- Durand, J. (2006, 9 mai). Anti-esclavagistes depuis 1789. Libération.
- Fonkoua, R. (2010). Aimé Césaire. Paris : Perrin.
- Foucault, M. (2001). Dits et écrits II, 1976-1988. Paris : Gallimard.
- Franklin, A. (1953). La négritude, réalité ou mystification? Réflexions sur « Orphée noir ». Présence africaine, 14, 287-303.
- Guéni-Souilamas, N. (dir.). (2006). La république mise à nu par son immigration. Paris : La Fabrique, 2006.
- Honneth, A. (2004). La théorie de la reconnaissance : une esquisse. Revue du MAUSS, 14, 133-136.
- Kesteloot, L. (2001). Histoire de la littérature négro-africaine. Paris : Karthala.
- Laïreche R. (2015, 15 mai). Youssoupha : « Je voulais raconter la négritude à ma manière ». Libération.
- Lochak, D. (2009). Les droits de l’homme. Paris : La Découverte.
- Ménil, R. (1963, 1er août). La Négritude, une doctrine réactionnaire. Action. Revue théorique et politique du Parti communiste réunionnais, 35-42.
- Palheta, U. (2016). École et immigration : déjouer le piège culturaliste. Métropolitiques, 4. http://www.metropolitiques.eu/Ecole-et-immigration-dejouer-le.html
- Rancière, J. (1995). La Mésentente. Paris : Galilée.
- Simonin, R. (1975). Requiem pour quatre mineurs. Célébration dramatique en l’honneur des victimes de la mine de Ronchamp suivie de Négritudes, méditation poétique. Lure : REPP.
- Simonin, R. (n.d.). Plan de campagne sommaire d’une action publicitaire concertée pour le développement touristique de Champagney. Dactyl.
- Somé, R. (2013). Expertise de la collection des objets africains de la Maison de la Négritude et des Droits de l’homme de Champagney. Strasbourg : Université de Strasbourg.
- Testart A. (1991). Des mythes et des croyances. Esquisse d’une théorie générale. Paris : Maison des Sciences de l’Homme, 1991.
- Textes et documents sur l’histoire de la Franche-Comté. 4, Révolution, Ier Empire, Restauration, Monarchie de Juillet. (1966). Besançon : CRDP.