FR:
Cet article porte sur certains rapports tissés entre les familles transnationales et les États‐nation, analysés comme lieux d’engagement et enjeux politiques. La vie quotidienne de ces groupes de parents, qui organisent leurs activités productives et reproductives à travers une ou plusieurs frontières internationales, est marquée par l’incertitude, le sacrifice et la fluidité. Leurs membres agissent à cheval entre les contraintes dictées par les gouvernements et les opportunités créées par les sujets transnationaux eux‐mêmes, qui se voient dotés par les États nation d’un statut ambigu où ils font l’objet de soupçons permanents. À travers notre analyse de quatre événements historiques (lieux d’engagement autour des droits de l’enfant) s’enchaînant depuis la Guerre froide jusqu’à nos jours, nous remettrons en question le stéréotype d’institutions d’État qui surveilleraient constamment les activités et les pratiques de leurs citoyens et résidents, ceux‐ci se retrouvant victimes passives des contrôles de celles‐là. Utilisant la notion d’interface sociale, nous soulignons, au contraire, les actions menées par les membres des familles transnationales qui, en naviguant à travers les interstices légaux entre au moins deux gouvernements, vont jusqu’à défier leur autorité.