Abstracts
Résumé
Il existe une longue tradition de témoignages faits au nom de populations marginalisées et exposées à une variété de formes de violences sociales. Malgré les bénéfices évidents de ces efforts pour donner à connaître ces violences au champ du pouvoir, et par extension à l’opinion publique, ils ont aussi eu comme effet de limiter notre réflexion sur la possibilité qu’ont les théorisations locales de la violence et de la souffrance de s’inscrire dans un espace de communication entre les sujets souffrants et le champ du pouvoir. Le développement juste de cet espace de communication demande non pas d’imposer aux sujets souffrants la charge supplémentaire de traduire leur situation en une structure narrative admissible au champ du pouvoir, mais bien de développer notre compréhension de la diversité des stratégies discursives locales pour décrire et expliquer la violence. À partir d’exemples ethnographiques tirés du contexte autochtone mésoaméricain, nous explorons ici trois de ces formes locales de mise en récit : la personnification, la métonymie et l’antithèse. Une sensibilité plus grande à cette diversité discursive est présentée comme un moyen de dépasser la fatigue compassionnelle ressentie par le public, l’homogénéisation discursive du « dépendant » de l’aide humanitaire ou du pauvre, et le formatage médiatique qui transforme tôt ou tard la souffrance et la violence en biens de consommation pour leur auditoire.
Mots-clés :
- violence,
- discours,
- souffrance sociale,
- théorisations locales
Download the article in PDF to read it.
Download