Rencontre avec Marie-Amélie Le Fur, présidente du Comité paralympique et sportif français (CPSF)Meeting with Marie-Amélie Le Fur, President of the French Paralympic and Sports Committee (CPSF)[Record]

  • Sylvain Ferez

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  • Sylvain Ferez
    Maître de conférences HDR, Directeur adjoint du laboratoire "Santé, éducation, situations de handicap" (Santésih), Université de Montpellier (France)

Marie-Amélie LE FUR a participé à quatre Jeux Paralympiques à Pékin (2008), Londres (2012), Rio (2016) et Tokyo (2021) en sprint (100 m et 200 m) et en saut en longueur, épreuves T44 (amputés des membres inférieurs), durant lesquels elle a remporté trois médailles d’or, quatre médailles d’argent et deux médailles de bronze pour la France. Fin 2015, elle est nommée co-présidente du comité des athlètes qui soutient la candidature de Paris pour les JOP de 2024 au côté du judoka Teddy Riner. Depuis 2018, elle est présidente du Comité paralympique et sportif français (CPSF).

Entretien réalisé en visioconférence le 24 janvier 2024, à quelque six mois de l’ouverture des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.

Donc, je trouve qu’on a un peu un système qui est en deux temps, où on est en train de très bien sécuriser le haut niveau – on en parle, on le médiatise, etc. –mais finalement ce développement de la base, cet accès au sport, le fait de le faire rentrer au coeur de la vie des personnes en situation de handicap, ça nécessite d’avoir une modification beaucoup plus fondamentale et profonde. Et ça, ça prend plus de temps. On est en marche, mais ça prend plus de temps. Et donc là, voilà, on va prendre en compte le fait que, finalement, il y a quand même un accent handicap et technologie dans ma pratique sportive, et que si on ne l’explore pas, on se coupe de certains leviers d’amélioration de la performance. Donc, on va travailler beaucoup plus conjointement avec Ossur, avec Protéor, et avec les ingénieurs, les experts, pour faire en sorte d’être le mieux appareillé possible en termes de choix de lame, en termes de réglage de lame, en termes d’emboiture et des choses comme ça. Donc, la science va commencer à rentrer un petit peu par cette porte suite aux Jeux de Londres. Et puis après moi je vais étoffer mon staff. Je vais faire rentrer un coach de longueur, je vais faire rentrer un préparateur physique, je vais faire rentrer un réparateur mental, pour vraiment avoir une cellule d’accompagnement à 360. Une sécurisation aussi par les partenaires du niveau de vie, du parcours de vie, du financement de ce parcours de haut niveau. Voilà, avec le choix de changer un petit peu de discipline pour… ben, pour assurer la capacité à gagner des médailles. Et après, il va y avoir la dernière paralympiade où là, bon, on n’avait plus beaucoup de levier à activer, hein, parce qu’on était sur une charge maximale, parce que la qualité de vie elle ne tournait qu’autour du sport. Et donc là, je fais rentrer encore un petit peu plus la science, où vraiment… c’est un test à Poitiers qui va permettre de choisir exactement la lame qu’on va utiliser lors des Jeux de Tokyo. Et puis, on va vraiment affiner l’entrainement, faire beaucoup plus de musculation, et adapter aussi l’entrainement au fait que mon corps a vieilli, est beaucoup plus fatigable, qu’entre-temps je suis devenue maman. Donc, il y a vraiment eu des changements, des ajustements, avec des temps de pause qui étaient quand même plus réguliers que quand j’avais 25-30 ans et que je préparais les Jeux. Voilà un petit peu les variations que j’ai pu connaitre. Et en se disant aussi que, à un moment donné, si l’équipe de France est composée de 50-50, ça veut dire aussi que tu as travaillé sur la base, et donc que tu as favorisé l’accès aux sports pour TOUTES (quelle que soit la motivation pour la pratique, qu’elle soit compétitive – haut niveau – ou bien simplement de loisir et de plaisir au quotidien). Donc ça, pour moi c’est un axe de travail majeur, parce qu’on a des idées… c’est assez empirique, il y a eu des recherches faites un peu à l’international, mais on a besoin de travailler un peu sur ce modèle français. Il y a aussi un enjeu de la recherche, mais qui dépasse peut-être le handicap, mais qui est celui des violences sexuelles et sexistes, parce qu’on sait que ça peut être véritablement un frein, notamment au regard de la prévalence qu’on observe chez les personnes en situation de handicap d’être potentiellement victimes de ces violences. Donc ça, c’est des axes de recherche qui sont absolument …

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