Volume 79, Number 3, September 2003
Table of contents (6 articles)
Articles
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En quelle année vaut-il mieux être né? Les revenus des hommes et des femmes au Canada pendant un quart de siècle
Gilles Grenier
pp. 245–276
AbstractFR:
Il existe une perception qu’il y a des inégalités économiques entre les générations et plus précisément que la situation économique des jeunes travailleurs d’aujourd’hui est moins bonne que celle de leurs aînés. Dans ce texte, on cherche à tester cette hypothèse pour les hommes et les femmes au Canada. En combinant des microdonnées des recensements canadiens de 1971, 1981, 1986, 1991 et 1996, on estime des régressions de gains qui isolent les effets de l’année de naissance et de l’âge. Les valeurs monétaires sont converties avec l’indice des prix à la consommation (IPC). Dans la spécification de base, il n’y a pas d’autres variables explicatives. Pour les hommes, on obtient le résultat que la génération la plus « chanceuse » est celle née en 1944 et que les moins fortunés sont ceux nés récemment. Pour les femmes, la génération ayant les gains les plus élevés est celle née en 1960 et les générations récentes gagnent beaucoup plus que les plus anciennes. L’inclusion de variables explicatives standards ne change pas la forme de la relation entre les gains et l’année de naissance, mais les écarts entre générations sont plus petits. Les résultats sont sensibles à l’utilisation de l’IPC pour convertir les revenus. Si on suppose, comme certains le pensent, que l’IPC a systématiquement surestimé les augmentations de prix dans le passé, la situation économique des jeunes générations est meilleure que ce qu’on aurait estimé autrement. L’inclusion de variables d’interaction entre l’âge et l’année de naissance montre que les rendements selon l’âge sont plus petits pour les générations récentes que pour les générations anciennes. Les résultats confirment en partie certaines idées courantes sur le bien-être relatif des générations, mais ils montrent aussi la difficulté de comparer les niveaux de vie dans le temps.
EN:
There exists a perception of economic inequalities among generations and more precisely that today’s younger generations are facing worse economic conditions than those who preceded them. In this paper, this hypothesis is tested for men and women in Canada. By pooling micro-data from the Canadian censuses of 1971, 1981, 1986, 1991 and 1996, earnings regressions are estimated to isolate the effects of birth year and age. Monetary values are converted using the Consumer Price Index (CPI). In the base specification, there are no other explanatory variables. For men, it is found that the “luckiest” generation is the one born in 1944 and that the least fortunate are those born recently. For women, the generation with the highest earnings is the one born in 1960 and the recent generations earn a lot more than the earlier ones. The inclusion of standard explanatory variable does not change the shape of the relationship between earnings and birth year, but the differences among generations are smaller. The results are sensitive to the use of the CPI to convert incomes. If it is assumed, as claimed by some, that the CPI systematically overestimated price increases in the past, the economic position of the younger generations is better than estimated otherwise. The inclusion of interaction terms between age and year of birth shows that the returns to age are lower for the recent generations than for the older ones. The results partly confirm some current ideas about the relative well-being of generations, but they also show the difficulty of comparing living standards over time.
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Jusqu’où l’État peut-il s’endetter? Une approche par les modèles à générations imbriquées d’agents
Bertrand Crettez, Philippe Michel and Bertrand Wigniolle
pp. 277–295
AbstractFR:
L’objet de cet article est d’approfondir la question de la définition de la solvabilité de l’État dans les modèles à générations imbriquées d’agents pour une suite de dépenses publiques données. Pour nous, l’endettement public acceptable est celui qui reste compatible avec un fonctionnement effectif de l’économie. Nous considérons d’abord la situation où l’État choisit librement le montant des impôts (forfaitaires). Alors on montre qu’il n’y a aucune restriction sur la trajectoire de dette publique et que le gouvernement n’est soumis à aucune contrainte budgétaire intertemporelle. Lorsqu’il existe des contraintes sur les impôts forfaitaires que l’État peut lever, nous montrons qu’un équilibre intertemporel existe pourvu qu’une contrainte sur la dette soit vérifiée. Nous nous attachons plus particulièrement à l’étude de la contrainte suivante : à chaque date, le volume de la dette ne doit dépasser ni la valeur du PIB courant, ni la valeur actualisée du PIB de la période suivante. Nous analysons alors la condition d’équilibre budgétaire intertemporelle dans une économie ou la contrainte ci-dessus est vérifiée. Lorsque la limite de la valeur actualisée du PIB est nulle, nous montrons que le respect de notre condition implique la réalisation de l’équilibre budgétaire intertemporel. De plus, il est impossible de pratiquer un jeu de Ponzi. Lorsque la limite supérieure du PIB actualisé est positive strictement, le respect de la condition n’implique pas la réalisation de l’équilibre budgétaire intertemporel. De plus, il est possible de pratiquer un jeu de Ponzi.
EN:
The purpose of this paper is to improve our understanding of government solvency in OLG models with a given sequence of government expenditures. In our view, public debt is allowed if its level does not preclude the existence of a competitive equilibrium. We first consider the case where the government can implement whatever amounts of lump-sum taxes. Then we show that there is no restriction on the path of public debt, and that the government is not constrained by any intertemporal budget constraint. When there are some restrictions on lump-sum taxes, then an equilibrium exists providing that a restriction on the level of public debt is satisfied. We pay special attention to the following restriction: at any each date, the amount of public debt is less that the value of the GNP at that date and less than the discounted value of the GNP one period after. Supposing that our restriction holds along a competive equilibrium path, we have investigated whether or not the intertemporal budgetary equilibrium condition holds. When the limit of the discounted value of the GNP is nil indeed, then the intertemporal budgetary equilibrium condition holds. Moreover, a Ponzi game is impossible. When the superior limit of the discouted value of the debt is strictly positive our condition does not imply the intertemporal budgetary equilibrium condition. A Ponzi game is also possible.
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Fonctions de réaction des banques centrales européennes et convergence
Marilyne Huchet-Bourdon
pp. 297–326
AbstractFR:
Depuis le 1er janvier 2001, 12 pays participent à l’UEM. L’instauration de la monnaie unique constitue l’aboutissement d’un long processus de convergence. Le Système monétaire européen créé en 1979 visait déjà à établir une coopération monétaire plus étroite. Ensuite, les trois étapes préliminaires à la création de l’UEM ont accéléré le processus d’ajustement. Néanmoins, la question est de savoir s’il existe une convergence des préférences des banques centrales. Pour répondre à cette interrogation, cet article a pour objet d’estimer les fonctions de réaction des huit principales banques centrales nationales sur la période 1980-1998 mais aussi celle qui aurait représenté au mieux le comportement de la BCE si les pays avaient formé une union monétaire sur cette période. Les résultats nous permettent ainsi de comparer les comportements des banques centrales et mettent en évidence un processus de convergence de leurs préférences.
EN:
Since January 1, 2001, twelve countries are taking part to the EMU. The introduction of the single currency is the result of a long process of convergence. The European Monetary System which was created in 1979 was already conceived in such a way that established a closer monetary cooperation between Member States. This adjustment process has been accelerated with the three preliminary stages to the creation of the EMU. Nevertheless, the question whether there is convergence of the central banks’ preferences or not still needs to be answered. In order to provide an answer to this interrogation, this paper presents the estimations of the functions of reaction of the eight main national central banks over the period 1980-1998. We also estimate the function of reaction which would have represented as best as possible the behaviour of the ECB if the countries had formed a monetary Union over this period. The results thus enable us to compare the behaviours of the central banks and allow us thereby to highlight a process of convergence of their preferences.
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Coûts de l’autoprotection et équilibre d’un marché de l’assurance concurrentiel
Bidénam Kambia-Chopin
pp. 327–347
AbstractFR:
Nous considérons un marché concurrentiel de l’assurance en présence d’aléa moral dans lequel le niveau du coût de l’autoprotection de l’assuré est son information privée. Nous caractérisons alors l’équilibre en contrats du marché en supposant qu’il existe deux types d’agents : un type à faible coût marginal de l’effort et un autre dont le coût marginal est élevé. D’une part, nous montrons que le niveau de l’autoprotection de l’agent à l’équilibre est le même que dans la situation d’aléa moral pur. D’autre part, nous montrons qu’à l’équilibre les agents dont le coût marginal de l’effort est élevé obtiennent le même contrat que dans la situation d’aléa moral pur alors que l’autre type d’agents peut obtenir une couverture d’assurance plus faible. Enfin, l’existence de l’équilibre n’est pas toujours garantie.
EN:
This paper considers a competitive insurance market under moral hazard and adverse selection, in which both the agent’s preventive effort and self protection costs are unobservable by the insurance companies. We show that the agent provides the same level of self-protection than without adverse selection. The agent who has a higher marginal cost is proposed his moral hazard contract whereas adverse selection may make the lower marginal cost agent’s coverage to decrease. Finally, equilibrium may not exist.
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La modélisation du changement organisationnel : déterminants et conséquences sur le marché du travail
Patricia Crifo
pp. 349–365
AbstractFR:
Cet article présente les analyses théoriques des changements organisationnels observés dans l’entreprise depuis ces deux dernières décennies dans la plupart des pays industrialisés. Une première famille de modèles considère le moteur du changement organisationnel comme l’augmentation de la complexité de la production ou les progrès dans le capital affectant les rendements du travail. Une seconde famille de modèles considère que le changement organisationnel dépend de variables dans l’environnement des firmes influençant les coûts du travail : l’augmentation de l’offre relative de travail qualifié, les préférences des travailleurs pour la polyvalence ou le cycle de vie des produits. Ces deux types de modèles mettent en évidence que le changement organisationnel contribue à augmenter les inégalités de salaires, à rendre la structure des qualifications intrafirme plus homogène et à augmenter la ségrégation des travailleurs par qualification.
EN:
This article presents theoretical analyses of organizational changes observed within firms since the past two decades in most industrialized countries. In a first category of models, the engine of organizational change lies in an increase in the complexity of production or in changes affecting the returns to labor. In a second category of models, organizational change depends on variables in the firm’s environment influencing labor costs: increases in the supply of skilled labor, workers’ preferences in favour of multi-tasking or the life cycle of products. Both categories of models highlight that organizational change contributes to increase wage inequality, to make the skill structure within firms more homogenous and to increase segregation by skills.
L’économique en perspective
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Dollarisation officielle : analyse critique et alternative
Laurent Le Maux
pp. 367–391
AbstractFR:
La dollarisation ou l’euroisation officielles ont été récemment préconisées du fait de la persistance d’attaques spéculatives sous le système du currency board. La dollarisation supprime la réserve unique, mais elle demeure dangereuse, car elle conduit à une « inélasticité de l’offre de billets » déstabilisant le système bancaire et le niveau des prix. Ce que nous appelons banking board peut être une alternative à la fois au currency board et à la dollarisation. Sous le banking board, le système bancaire peut émettre des dépôts à vue et des billets à vue convertibles au pair en monnaie de réserve. En plus de la suppression du risque de change et grâce à l’élasticité de l’offre de billets, le système bénéficie de l’atténuation des pressions déflationnistes et d’une stabilisation des réserves des banques. Enfin, une banque supérieure intervenant comme prêteur en dernier ressort peut émerger ou être créée, et sa politique prudentielle est alors à la fois plus lisible et plus efficace.
EN:
The lack of immunity to speculative attacks in currency board arrangements has led some economists to advocate official dollarization or euroization. Dollarization cancels the reserve system, but dollarization is dangerous because it leads to an “inelasticity of the currency” which destabilizes the price level and the system of payment. The banking system we call “banking board” can be suggested as an alternative to currency board and dollarization. Under banking board, banking system could issue demand deposits as banknotes convertible at par into reserve money. Besides the absence of exchange risk and the fall in the interest rate, the banking board by introducing an elasticity of the currency alleviates deflation pressures and stabilizes banks’ reserves. The last but not the least, a banks’ bank acting as lender of last resort can emerge or can be created, and its prudential policy can be more precise.