Abstracts
Résumé
La courbe de Phillips keynésienne stipule qu’en l’absence de perturbations inflationnistes défavorables la croissance des salaires nominaux ralentit lorsque le taux de chômage excède son niveau naturel. Pourtant, depuis 1984, bien que le taux de chômage moyen ait été très élevé, les augmentations de salaire n’ont pas ralenti au Canada. Trois explications possibles de ce paradoxe sont envisagées : une augmentation sensible du taux de chômage naturel, la non-linéarité de la courbe de Phillips, et un effet d’hystérésis sur le chômage.
Le niveau moyen élevé du chômage depuis 1982 permet difficilement de trancher entre l’hypothèse de non-linéarité de la courbe de Phillips et celle d’une augmentation du taux de chômage naturel. Néanmoins, l’analyse des données canadiennes antérieures à 1982, ainsi que de l’expérience américaine, permettent de favoriser plutôt l’hypothèse de non-linéarité. Dans cette optique, et la courbe de Phillips, et le taux de chômage naturel (des hommes de 25 ans et plus) sont demeurés stables au Canada. Enfin, l’hypothèse d’hystérésis ne reçoit aucune confirmation.
L’analyse indique également qu’au Canada la courbe de Phillips possède une pente beaucoup plus prononcée et qu’elle est beaucoup moins inertielle "backward-looking" qu’aux États-Unis. L’ampleur plus grande du chômage au Canada qu’aux États-Unis depuis 1982 trouve donc son explication dans le fait que des chocs inflationnistes plus défavorables chez nous ont complètement noyé notre avantage d’une courbe de Phillips plus escarpée et moins inertielle.
Abstract
In the absence of adverse price shocks, the neo-Keynesian Phillips curve states that wage settlements will be falling whenever unemployment exceeds its natural level. Yet Canadian wage settlements have been stable since 1984 despite very high levels of unemployment. Three possible explanations are investigated: a large increase in the natural unemployment rate, a non-linear Phillips curve, and "hysteresis".
Given the unprecedented increase in unemployment since 1982, it is not easy to distinguish between a non-linear Phillips curve and a rise in the natural unemployment rate. However, both pre-1982 evidence and U.S. experience point to a non-linear specification. Moreover, given this specification, the results indicate that both the Canadian Phillips curve and Canada's natural unemployment rate (for adult males) have remained stable over time. There is no support for hysteresis.
The results also indicate that the Canadian Phillips curve is much steeper and much less inertial (or "backward-looking") than that of the United States. The fact that Canada has nevertheless had higher unemployment than the United States since 1982 is explained by the finding that the unfavourable effects of worse shocks outweighed the favourable effects of a steeper and less inertial Phillips curve.