TTR
Traduction, terminologie, rédaction
Volume 21, Number 2, 2e semestre 2008 La formation en traduction : pédagogie, docimologie et technologie II Translator Training: Pedagogy, Evaluation, and Technologies II Guest-edited by Marco A. Fiola and Georges L. Bastin
Table of contents (11 articles)
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Présentation
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Official Language Minority Communities, Machine Translation, and Translator Education: Reflections on the Status Quo and Considerations for the Future
Lynne Bowker
pp. 15–61
AbstractEN:
Owing largely to budgetary pressures, official language minority communities in Canada have a great number of unmet translation needs. The use of machine translation presents the possibility of a cost-effective solution, but only if members of this community are willing to accept this form of translation. This paper reports on an experiment whereby members of one official language minority community in Canada—the Fransaskois—were surveyed to determine their level of acceptance of machine translation. Results show that while many Fransaskois are quite favourable to the possibility of using post-edited machine translation, those who are also language professionals are extremely opposed to the use of any form of machine translation. This finding prompts a reflection on whether the way in which translators are trained in the use of technology could be an underlying factor in their reaction to machine translation use, which in turn leads to a proposal for a new approach to integrating technology more fully into translator training programs.
FR:
En raison principalement de pressions budgétaires, un grand nombre des besoins de traduction des communautés de langue officielle en situation minoritaire au Canada reste à combler. L’utilisation de la traduction automatique pourrait représenter une solution rentable, mais seulement si les membres de cette communauté acceptent cette forme de traduction. Le présent article fait état d’une expérience au cours de laquelle des membres d’une des communautés de langue officielle en situation minoritaire – en l’occurrence les Fransaskois – ont répondu à un sondage visant à mesurer leur opinion de la traduction automatique. Les résultats montrent que, bien que beaucoup de Fransaskois soient réceptifs à l’utilisation de traductions automatiques révisées, les professionnels de la langue s’opposent fermement à l’utilisation de traductions automatiques, sous quelque forme que ce soit. Ce constat porte à se demander si la formation des traducteurs à l’utilisation des outils informatiques pourrait être un facteur sous-jacent à cette réaction à l’utilisation de la traduction automatique, ce qui, en revanche, nous porte à proposer une nouvelle approche visant à mieux intégrer la technologie aux programmes de formation de traducteurs.
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Les défis de la pédagogie de la traduction spécialisée : mise en oeuvre d’un site de référence en biomédecine
Sylvie Vandaele, Mariana Raffo and Sylvie Boudreau
pp. 63–94
AbstractFR:
L’expansion du secteur des sciences biomédicales dans le marché de la traduction ainsi que les spécificités du domaine sont propres à susciter une réflexion sur la formation à donner aux futurs traducteurs. L’opération traduisante étant considérée comme une activité de résolution de problèmes, l’enseignement doit amener les apprenants à prendre conscience de leurs propres mécanismes cognitifs et à les examiner, voire à les modifier, et à se construire une architecture de connaissances sur laquelle fonder leurs décisions traductionnelles. Par ailleurs, la complexité des notions spécialisées et le grand nombre de ressources accessibles peuvent se révéler déroutants. Il devient ainsi nécessaire de construire des outils ad hoc visant des objectifs pédagogiques spécifiques. Le site BiomeTTico est offert en ligne pour consultation et interrogation, principalement à des fins pédagogiques, et vise à favoriser la reconnaissance, la formulation et la catégorisation des problèmes et des pistes de solution en réponse au questionnement soulevé par le mandat de traduction. Envisagé comme un centre de documentation, mais aussi comme moyen de valoriser différents produits issus de la recherche, il ne cherche pas l’exhaustivité, mais plutôt la pertinence. Dans ce contexte, le rôle du professeur en tant qu’expert activement engagé dans la construction de telles ressources est envisagé comme pivot, c’est-à-dire comme un point d’appui grâce auquel les étudiants peuvent (ré-)organiser et intégrer connaissances et compétences.
EN:
The increase of the volume of biomedical translation and the particularities of biomedicine trigger much thought regarding the training of specialized translators. Since we consider the translation process as a problem-solving operation, teaching should help students to examine and possibly to change their own cognitive mechanisms, as well as to build a knowledge apparatus that will lay the groundwork for their translation decisions. The complexity of medical knowledge as well as the number of resources available may be difficult to manage. It is therefore necessary to craft ad hoc tools that target specific pedagogical goals. BiomeTTico is a website oriented mainly to the teaching of biomedical translation and is meant to help to identify, formulate and categorize problems and possible solutions raised by the text to be translated. It is a documentation portal and a means to promote the value of the products of the research. The role of the teacher, as an expert in the field actively engaged in the building of such resources, is envisioned as a fulcrum, i.e. a touchstone helping students to reorganize and integrate their knowledge and skills.
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Neither Born nor Made, but Socially Constructed: Promoting Interactive Learning in an Online Environment
Bryan J. Robinson, Clara I. López Rodríguez and Maribel Tercedor
pp. 95–129
AbstractEN:
The social constructivist approach to translator training represents a clear statement on the importance of directing university teachers towards a student-centered, learning centered mode. By acknowledging the fundamental role of Vygotsky in determining his approach, Kiraly brought translator training in line with the established, broad-based humanistic approach to Foreign Language Learning; by drawing on Stevick and Schön, among others, he made this debt explicit.
In this article, we apply the social constructivist approach through blended e-learning environments in courses offered to final year undergraduate students of translation. Our objective is to determine the success of combining technology and social constructivist pedagogy in promoting effective learner-centered learning. In Kiraly’s terms, we have “scaffolded” our instruction by applying instruments such as rating scales of criterion-referenced descriptors; textual and visual aids; and learner generated corpora. Our qualitative data is drawn from a variety of interactive formats: whole group online discussions, team-based online discussions, e-mail exchanges and specific “reflective” activities. We conclude that the quality of the “scaffolding” is essential to success in stimulating learning and that the e-learning environment is an excellent medium for the social constructivist approach.
FR:
L’approche socio-constructiviste dans la formation de traducteurs permet de mettre en évidence l’importance d’orienter la formation universitaire vers un modèle axé sur l’étudiant et l’apprentissage. Tout en reconnaissant le rôle fondamental de Vygotsky comme point de départ de sa démarche, Kiraly attribue à la formation du traducteur une dimension humaniste caractéristique de l’enseignement des langues étrangères et c’est, entre autres, sur la base des travaux de Stevick et Schön qu’il rend explicite son approche.
Dans cet article, nous appliquons la démarche socio-constructiviste au domaine de l’enseignement semi-présentiel (blended e-learning) dans les matières de dernière année de la licence de traduction. Notre objectif est de déterminer le succès dans la conjonction de la technologie et la pédagogie socio-constructiviste afin de favoriser l’enseignement axé sur l’apprenant. À l’instar de Kiraly, nous avons développé un « échafaudage » pour la formation à l’aide d’instruments tels qu’un barème de descripteurs, d’aides visuelles et textuelles, ainsi que de corpus constitués par les apprenants. Les données qualitatives sont extraites de différents moyens interactifs : forums, débats en ligne par groupes, échanges de messages de courrier électronique et activités spécifiques de réflexion. Nous concluons que la qualité de « l’échafaudage » est une condition essentielle visant à stimuler l’apprentissage et que le domaine de l’enseignement semi-présentiel constitue une excellente voie pour développer la démarche socio-constructiviste dans la formation des traducteurs.
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Formation des traducteurs : les critères du Bureau canadien de la traduction sont-ils judicieux?
Annie Brisset
pp. 131–162
AbstractFR:
La réflexion proposée s’articule autour d’une décision du Bureau canadien de la traduction : les titulaires d’une maîtrise en traduction non précédée d’un baccalauréat dans la même discipline sont désormais écartés des concours de recrutement. À titre d’exemple, un diplômé en études littéraires, en linguistique ou en communication, maîtrisant les deux langues officielles, et qui obtient ensuite une maîtrise en traduction est jugé inapte à exercer le métier de traducteur par l’État canadien. Sur quels motifs le Bureau fédéral de la traduction s’appuie-t-il pour invalider sans condition le diplôme de maîtrise? Reconstruit à partir des échanges avec les principaux intéressés (écoles de traduction et associations professionnelles), l’historique de la décision permet de cerner les raisons invoquées par le Bureau. Venant de l’employeur le plus important du secteur canadien de la traduction, la décision a de profonds effets. Le plus visible est que les étudiants soucieux de ne pas compromettre leurs chances d’obtenir un emploi renoncent aux études de maîtrise. Le bassin des candidats canadiens au doctorat s’en trouve aussitôt rétréci. Dans un contexte où la communication entre les langues et les cultures s’accélère et se complexifie, la décision du Bureau enferme les tâches de la traduction dans une conception étroitement technicienne et tayloriste à l’encontre des politiques favorisant l’économie de la connaissance. En discréditant les formations et les savoirs de plus haut niveau, elle maintient les traducteurs dans un statut d’infériorité professionnelle et sociale, non sans effets plus larges sur la société.
EN:
A recent decision made by the Translation Bureau states that it will no longer recruit graduates with an MA in translation unless they have a BA in translation as well. The following paper examines the Bureau’s decision and considers some of the implications. A brief analysis of the correspondence between the Bureau, the Canadian Schools of Translation Association (ACET) and professional associations provides insight as to the reasons behind the decision. Hard evidence demonstrates that students with an MA in Translation and a BA in another field translate as well if not better than those with a BA in Translation. Given that the Bureau is Canada’s main employer in the translation sector, the decision has profound repercussions. Perhaps the most obvious consequence is that Canadian students, increasingly unwilling to compromise potential employment opportunities, are deciding against graduate studies in translation. This also halts Canadian enrollment at the Ph.D. level. In a world where interlinguistic and intercultural communication is becoming increasingly complex, does the Bureau’s decision not hinder the field’s expansion and progress, while maintaining translators as “subordinates”?
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Was it Translated: Türkish Diplomatic Correspondence to China in Medieval Times
Rachel Lung
pp. 163–190
AbstractEN:
Ancient diplomatic correspondence to China from East Asian states has been a subject of research interest in Sinology, especially with respect to its relevance to historical politics and ideology in Asia. References to its implications to translation studies, if any, were, however, quite minimal. This article represents an initial attempt to examine China-bound diplomatic correspondence from the perspective of translation history. Diplomatic letters sent in medieval times by Yamato (known as Japan since 700) and the three Korean states (namely, Paekche, Silla, and Koguryǒ) were generally confirmed to be written in Chinese, not translated. However, the case for China-bound diplomatic correspondence from Türk (on Mongolia steppes)—previously a rival state to China, and later on a vassal state—is still controversial. In this article, examples are chosen from two letters presented by the Türkish qaqhans (tribal chieftains) to China during the Sui dynasty (581–618), to find out if these letters might have been translated from the Türkic language into Chinese. Evidence from standard histories of Northern dynasty China (Zhoushu and Beiqishu, among others) suggests the existence and use of a written Türkic language by the mid-sixth century. This written language, borrowing some Sogdian (present-day Uzbek) words, was said to be similar to the other written languages on the steppes, and was found to have been used in diplomatic and religious contexts, as early as the mid-sixth century. This article argues that if there was a written language in Türk at the time, it is reasonable to assume that the Türkish state letters presented to China might have been written in the Türkic language first, before being translated into Chinese.
FR:
La correspondance diplomatique des États de l’Asie de l’Est adressée à la Chine, au Moyen-Âge, a fait l’objet de recherches en sinologie, surtout en ce qui concerne sa pertinence en histoire de la politique et de l’idéologie en Asie. Cependant, les références quant à ses répercussions sur la traductologie, s’il y en a, sont minces. Cet article est une première tentative d’analyse de la correspondance diplomatique adressée à la Chine du point de vue de l’histoire de la traduction. Au Moyen-Âge, les lettres diplomatiques en provenance de Yamato (Japon depuis 700) et des trois états coréens (Paekche, Silla et Koguryǒ) étaient pour la plupart écrites en chinois, et non des traductions. Cependant, la correspondance diplomatique adressée à la Chine en provenance de l’Empire Türk (situé au coeur des steppes de la Mongolie), qui était au départ rival, et par la suite vassal de la Chine, prête encore aujourd’hui à controverse. Dans cet article, nous étudierons deux lettres envoyées par les qaghans türk (chefs tribaux) aux souverains chinois de la dynastie Sui (581-618), afin de découvrir si celles-ci sont des traductions chinoises de la langue türk. Des sources historiques fiables provenant de la dynastie du Nord (dont Zhoushu et Beiqishu) suggèrent l’existence et l’utilisation d’une langue écrite türk au milieu du VIe siècle. Cette langue écrite, qui empruntait des mots sogdiens (Ouzbékistan), et que l’on considérait similaire aux autres langues écrites de la région, était utilisée dans des contextes diplomatiques et religieux. Puisqu’il existait une langue écrite türk, cet article soutient qu’il est raisonnable de supposer que les lettres envoyées à la Chine étaient rédigées en türk d’abord, avant d’êtres traduites en chinois.
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Translating the Divina Commedia for the Chinese Reading Public in the Twenty-First Century
Laurence K. P. Wong
pp. 191–220
AbstractEN:
This article examines five Chinese translations of Dante’s Divina Commedia, the latest version by the author of this article, which was published in 2003. After making some general observations, the article goes on to discuss translation problems relating to medium, rhythm, metre, rhyme, etc. with reference to Chinese and English versions of Dante’s masterpiece. By substantiating its argument with plenty of examples as well as with a comprehensive survey of the prosodic characteristics of the Chinese and European languages, it establishes criteria by which translations of the Divina Commedia should be judged.
FR:
Cet article examine cinq traductions chinoises de la Divina Commedia de Dante, dont la dernière version, publiée en 2003, est de la plume de l’auteur de cet article. Après avoir fait des remarques générales, l’auteur discute des problèmes de traduction relatifs à l’expression, au rythme, au mètre, à la rime, etc., faisant allusion aux traductions en chinois et en anglais du chef-d’oeuvre de Dante. En appuyant le raisonnement sur plusieurs exemples ainsi que sur une étude détaillée des caractéristiques prosodiques de la langue chinoise et des langues européennes, il établit des critères selon lesquels les traductions de la Divina Commedia devraient être jugées.
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The Translation of Sex-Related Language: The Danger(s) of Self-Censorship(s)
José Santaemilia
pp. 221–252
AbstractEN:
While censorship is an external constraint on what we can publish or (re)write, self-censorship is an individual ethical struggle between self and context. In all historical circumstances, translators tend to produce rewritings which are ‘acceptable’ from both social and personal perspectives. The translation of swearwords and sex-related language is a case in point, which very often depends on historical and political circumstances, and is also an area of personal struggle, of ethical/moral dissent, of religious/ideological controversies. In this paper we analyse the translation of the lexeme fuck into Spanish and Catalan. We have chosen two novels by Helen Fielding—Bridget Jones’s Diary (1996) and Bridget Jones: The Edge of Reason (1999)—and the translations into the languages mentioned. Fielding’s acclaimed first novel has given rise to a distinctive genre of popular fiction (chick lit), which is mainly addressed to young cosmopolitan women and deals unconventionally with love and sex(uality). Historically, sex-related language has been a highly sensitive area; if today, in Western countries at least, we cannot defend any form of public censorship, what we cannot prevent (nor probably should we) is a certain degree of self-censorship, along the lines of an individual ethics and attitude towards religion, sex(uality), notions of (im)politeness or (in)decency, etc. Translating is always a struggle to reach a compromise between one’s ethics and society’s multiple constraints—and nowhere can we see this more clearly than in the rewriting(s) of sex-related language.
FR:
La censure est une contrainte externe de ce que nous pouvons publier ou (ré)écrire, et l’auto-censure est une lutte morale individuelle entre soi-même et le contexte. Dans toutes les circonstances historiques, les traducteurs ont tendance à produire des réécritures qui sont « acceptables » non seulement du point de vue social mais aussi personnel. La traduction de jurons et du langage sexuel est un exemple paradigmatique, qui dépend très souvent des circonstances historiques et politiques et qui est aussi un espace de lutte personnelle, de dissension éthique/morale, de controverses religieuses/idéologiques. Dans cet article nous analysons la traduction du lexème « fuck » en espagnol et catalan. Nous avons choisi deux romans de Helen Fielding – Bridget Jones’s Diary (1996) et Bridget Jones: The Edge of Reason (1999) – et leurs traductions dans les langues mentionnées. Le premier roman fait naître un genre spécifique de fiction populaire (la chick lit), qui est principalement adressé aux jeunes femmes cosmopolites et qui traite, d’une façon peu conventionelle, de l’amour et du sexe (ou de la sexualité). Historiquement, le langage sexuel est un espace social très sensible; aujourd’hui, il est évident que dans les pays occidentaux nous ne pouvons pas approuver toute forme de censure publique, cependant, nous ne pouvons pas non plus éviter un certain degré d’auto-censure, en fonction de l’éthique individuelle de l’auteur, de son attitude envers la religion ou la sexualité, ou de ses notions de la politesse ou de la décence. La traduction est toujours une lutte pour atteindre un compromis entre l’éthique individuelle et les contraintes multiples de la société – et c’est dans les réécritures du langage sexuel que nous le distinguons le plus nettement.
Comptes rendus
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Kieran J. Dunne, ed. Perspectives on Localization. John Benjamins, Amsterdam/Philadelphia, 2006, 356 p.
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Jan Walsh Hokenson and Marcella Munson. The Bilingual Text. History and Theory of Literary Self-Translation. Manchester, UK and Kinderhook (NY), St. Jerome, 2007, 236 p.
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Manuela Perteghella and Eugenia Loffredo, eds. Translation and Creativity. Perspectives on Creative Writing and Translation Studies. London, Continuum, 2007, 197 p.