Résumés
Abstract
This article analizes an exploratory survey, conducted in Vancouver, on public attitudes towards industrial democracy.
Résumé
Cet article analyse une étude de recherches, effectuée à Vancouver, sur le comportement du public en général en matière de démocratie industrielle. La démocratie industrielle est une notion fort imprécise. Nous l'utilisons pour englober toute forme d'entente, y compris, mais non uniquement, la négociation collective au moyen de laquelle les travailleurs du rang exercent certaines mesures de contrôle notables à l'intérieur des entreprises. En Grande-Bretagne et en Amérique du Nord, la démocratie industrielle a d'abord pris la forme de la négociation collective. Une autre forme importante de contrôle consiste dans l'évolution des institutions qui permet aux salariés de participer aux fonctions de gestion.
Le résultat des recherches repose sur quatre hypothèses : 1) les salaries veulent participer à la gestion de l'entreprise plus que présentement; 2) l'ampleur de cette revendication, qui n'est pas satisfaite, est aussi prononcée chez les travailleurs syndiques que parmi ceux qui ne le sont pas; 3) on insiste beaucoup sur une innovation particulière, la cogestion; 4) le désir d'un plus grand contrôle en milieu de travail est indépendant des attitudes envers les syndicats et la négociation collective.
Les deux premières hypothèses comportent une série de questions qui comparent les degrés de pouvoir actuel et recherches se rapportant à trois catégories de questions : décisions personnelles (horaire de travail), décisions administratives (engagements et congédiements), décisions politiques importantes (investissements). Pour toutes les catégories, le travailleur type désire beaucoup plus de pouvoir qu'il n'en dispose présentement. Cela est aussi vrai des travailleurs syndiques que de ceux qui ne le sont pas. Comme on peut s'y attendre, les salariés veulent obtenir plus de pouvoir en matière de décisions personnelles que de décisions administratives et plus de pouvoir en matière de décisions administratives que de décisions politiques. Les recherches retiennent cinq caractéristiques des répondants : le statut syndical, l'âge, la scolarité, le sexe et l'option politique au niveau provincial (leur choix aux élections de 1963). Nous utilisons un modèle logistique pour expliquer l'effet de chaque caractéristique individuelle sur la disposition des degrés de pouvoir actuel et désirs relativement à quatre éléments allant de l'inexistence du pouvoir au contrôle absolu. En général, les cinq variables expliquent mieux le pouvoir que l'on détient actuellement que celui que l'on recherche. Plusieurs observations méritent d'être notées. La syndicalisation affaiblit la probabilité d'exercer beaucoup de pouvoir sur les décisions administratives et les décisions politiques majeures, et cela même en tenant compte de l'effet des autres variables. Cependant, les travailleurs syndiques souhaitent tout autant que ceux qui ne le sont pas, exercer certains pouvoirs sur de telles décisions. On peut tirer une conclusion semblable en ce qui a trait à l'âge.
Présentement, on se rend compte que les salariés plus âgés exercent plus de pouvoir que les jeunes sur les décisions administratives et politiques majeures, mais l'âge a généralement un effet peu marque sur le pouvoir que l'on recherche. La scolarité a, en règle générale, un effet significatif tant sur les degrés de pouvoir dans le présent que sur ceux que l'on recherche pour l'avenir. Les plus scolarises possèdent et veulent plus de contrôle que ceux qui le sont moins. Les hommes exercent plus de contrôle que les femmes, particulièrement en ce qui concerne les décisions administratives et les décisions politiques importantes. Les femmes souhaitent avoir un peu moins de contrôle que les hommes sur les décisions, mais l'effet du sexe sur le pouvoir que l'on recherche est moins marque sur le pouvoir que l'on désire que sur celui dont on dispose présentement. La conclusion évidente que l'on peut tirer des préférences politiques c'est que les adhérents du Nouveau parti démocratique exercent moins de contrôle et cela d'une façon significative, sur les décisions administratives et politiques majeures que les adhérents aux autres partis. Les différences dans la répartition du pouvoir entre celui dont on dispose présentement et celui que l'on désirerait obtenir pour l'avenir sont à peu près inexistantes, cependant. Nous avons mis au point un indice de frustration simple pour mesurer la différence qu'on peut percevoir entre le pouvoir ou le contrôle qui s'exercent présentement et ceux qui sont recherches. En résumé, les travailleurs syndiques se sentent plus frustres que les salaries non syndiques, les jeunes plus que les personnes âges, les moins scolarises plus que ceux qui le sont davantage, les femmes plus que les hommes, les partisans du Nouveau parti démocratique plus que les adhérents aux partis conservateur ou libéral qui, de leur cote, le sont plus que les partisans du Crédit social. Ceux qui s'estiment les plus frustres sont les jeunes pour les trois catégories de décisions, les membres du Nouveau parti démocratique en ce qui a trait aux décisions administratives ou politiques importantes, les syndiques, les femmes et les moins scolarises pour ce qui est des décisions politiques majeures. Les plus satisfaits sont les partisans du Crédit social pour les trois catégories de décisions, les adhérents aux partis conservateur et libéral, les plus instruits et les travailleurs non syndiqués pour ce qui concerne les décisions qui les touchent personnellement.
Pour rendre l'idée de la participation des employés à la direction moins abstraite pour les répondants, nous avons posé une série de questions sur la cogestion. En général, presque cinq personnes sur six dans l'échantillon estiment que la présence des travailleurs au sein des bureaux de direction des grandes entreprises serait une bonne chose. C'est un peu plus que le résultat obtenu lors d'une enquête Gallup en 1977 au cours d'un sondage à l'échelle nationale alors qu'on avait exactement pose la même question. Chose surprenante, l'appui à cette notion se répartit uniformément parmi les adhérents des différents partis politiques. Les travailleurs syndiques sont plus réceptifs à cette idée que ceux qui ne le sont pas. Parmi ceux qui estimaient que la cogestion est une bonne chose, un peu plus que le quart d'entre eux préféraient une représentation ouvrière nominale (moins que 10 pour cent des membres du bureau de direction) presque la moitié optaient pour le tiers; un peu moins que le quart d'entre eux voulaient que les travailleurs aient le contrôle ou la majorité dans les bureaux de direction.
La quatrième hypothèse fut examinée au moyen d'une analyse de facteurs : deux facteurs ressortent et expliquent la plus grande partie de la variance. Le deuxième facteur (compte tenu de sa capacité d'expliquer la variance) consiste dans le désir d'avoir plus de contrôle en matière de conditions de travail. Les réponses qu'on a données au contrôle qu'on recherche sont sans connotation avec les autres questions soumises lors de l'enquête. Le premier facteur repartit les questions qui restent selon un « continuum » d'attitudes à l'endroit des syndicats et des négociations collectives pouvant aller d'un ensemble de convictions pro-syndicales (sans syndicat, les travailleurs n'auraient que peu de protection contre le favoritisme de la direction) jusqu'à un ensemble de propos antisyndicaux (les revendications syndicales favorisent souvent le chômage). Ces questions démontrent beaucoup d'ambivalence à l'endroit des négociations collectives telles qu'elles se pratiquent même chez les travailleurs syndiques.
Même si ce sondage n'est qu'exploratoire et qu'il faut en considérer les résultats avec prudence, on peut retenir que la frustration existe à l'endroit du statu quo et de la volonté d'une participation plus forte à la gestion. Les revendications en matière de participation à la gestion sont importantes lorsqu'on veut prévoir l'évolution des relations professionnelles au Canada. Ces revendications en faveur de la participation ne sont pas un substitut aux attitudes prosyndicales ou antisyndicales; il s'agit d'un phénomène indépendant. Il est possible que l'on s'en serve comme source de manœuvres antisyndicales chez les employeurs et les hommes politiques conservateurs. Il est également possible qu'elles soient à l'origine de nouvelles revendications en vue d'étendre le champ d'activité syndicale au-delà des négociations collectives traditionnelles.
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