FR :
Depuis les années 1990, les RI francophones semblent avoir connu un essor important au point de s’imposer comme l’un des sous-champs les plus populaires pour les étudiants de baccalauréat et des cycles supérieurs au Québec et au Canada francophone. Au-delà de ces développements institutionnels importants et à la lumière des conclusions posées par Cornut et coll. (dans ce numéro) sur les nouveaux politologues francophones, quel bilan peut-on dresser des « RI francophones » ? On a peu questionné l’effet de la pratique la plus évidente des RI, soit l’usage hégémonique de l’anglais, sur les RI dans le Canada et le Québec francophones et notamment sur les nouveaux doctorants qui y sont formés. Il nous apparaissait ainsi important de souligner que le bilan des RI francophones au Canada et au Québec nécessite que l’on questionne non seulement la singularité intellectuelle apportée par l’épithète « francophones » ajoutée à « RI », mais également la soi-disant nature proprement anglophone de la discipline des RI. Les conclusions de la sociologie de la discipline centrées sur le rôle politique de la langue dans la recherche et l’enseignement offertes dans ce texte espéraient rendre plus saillante la réalité des différentes structures de pouvoir en lien avec la production d’un savoir dans une langue plutôt qu’une autre. En soulevant certaines questions difficiles avec lesquelles les étudiants et les professeurs en RI sont aux prises et en proposant certaines mesures concrètes, nous n’espérons pas tant susciter la controverse, inévitable et nécessaire lorsque des questions d’ordre politique sont soulevées, que semer les germes d’un débat crucial à venir quant à l’avenir d’une production intellectuelle francophone en RI et la formation de doctorants francophones en RI au Québec et au Canada.
EN :
Since the 1990s, francophone IR has burgeoned to the point of becoming one of the most popular subfields of political science for undergraduate and graduate programs alike in francophone Quebec and French-speaking Canadian universities. Beyond these institutional developments and in light of the recent findings of Cornut et al. (in this issue) on new francophone political scientists, what assessment can be drawn from the state of “francophone IR”? The likely effect of the most evident practice in IR – the hegemonic use of English – on IR in francophone Canada and Quebec and especially on the new Ph.D. students that are trained there has hardly been questioned. We thought it was important to highlight that assessing francophone IR in Canada and Québec requires to question not only the intellectual peculiarity of the “francophone” label added to “IR,” but also the so-called Anglophone nature of the discipline of IR. The conclusions of our sociology of the discipline centered on the political role of language in research and teaching offered in this article sought to shed light on the reality of different power structures linked to the production of knowledge in a language instead of another. By raising difficult questions with which IR students and faculty are confronted and by proposing certain concrete measures, our intent was not so much to ignite the inevitable and necessary controversy that accompanies sensitive political questions but rather to sow the seeds of a forthcoming crucial debate concerning the future of francophone intellectual production in IR and the training of francophone doctoral students in Québec and Canada.