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Journal des traducteurs
Translators' Journal
Volume 52, numéro 1, mars 2007 Traductologie : une science cognitive Sous la direction de Michel Politis
Sommaire (17 articles)
Une approche cognitive de la traductologie
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Cognition et déverbalisation
Christian Balliu
p. 3–12
RésuméFR :
Le développement actuel des recherches en sciences cognitives permettra d’éclairer nombre de processus à l’oeuvre dans le travail du traducteur et de l’interprète. Cet article étudiera l’attention et la mémoire sous un angle psychologique, dans leur rapport à la déverbalisation. S’interroger sur leur mode de fonctionnement devrait améliorer à terme la pédagogie de la traduction et de l’interprétation.
EN :
The current development of research in cognitive science is sure to shed light on a number of processes involved in the work of the translator and the interpreter. The present paper will study attention and memory from a psychological point of view in their relation to “deverbalization.” Probing into their way of working should in the long run improve the teaching of translating and interpreting.
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The Process of Comprehension from a Psycholinguistic Approach – Implications for Translation
Anna Hatzidaki
p. 13–21
RésuméEN :
The present paper provides a psycholinguistic approach to the process of comprehension. Namely, how people represent and make use of the literal and figurative meaning of words and sentences, how they decode the communicative purpose of linguistic elements, and how memory is involved in this decoding. By explaining the findings of psycholinguistic studies on the mental processes that underlie the comprehension of language, we show (i) how closely related translatology and psycholinguistics can be, and (ii) suggest ways in which knowledge of the latter may be used to both enrich theories and practices of the former, and in the instruction of future translators.
FR :
Cet article présente l’approche psycholinguistique du processus de compréhension du langage c’est-à-dire la façon dont on représente et utilise le sens littéral et le sens figuré des mots et des phrases, la façon dont on décode l’intention communicative des éléments linguistiques, ainsi que la participation de la mémoire dans ce décodage. L’analyse des recherches psycholinguistiques sur les processus mentaux à la base de la compréhension du langage met en avant le lien étroit entre la traductologie et la psycholinguistique. En effet, les connaissances acquises grâce à la psycholinguistique permettent de développer les théories ainsi que les pratiques utilisées pour la formation des futurs traducteurs.
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Le fonctionnement spécifique de la mémoire de travail en traduction
Alexandra Kosma
p. 22–28
RésuméFR :
Nous avons réalisé une étude sur le fonctionnement cognitif des traducteurs et plus précisément sur le fonctionnement spécifique de la mémoire de travail lors de l’opération traduisante. Nous avons utilisé comme référence de base le modèle de la mémoire de travail proposé par Baddeley (2000), qui est un des modèles les plus pertinents à l’heure actuelle. Le protocole expérimental proposé aux six sujets traducteurs mettait en comparaison les trois sous-composantes du modèle de Baddeley et a pu montrer une petite différenciation du buffer épisodique par rapport aux composantes de la boucle phonologique et du calepin visuo-spatial. À savoir, lors de la traduction, les sujets ont du mal à retenir des informations « épisodiques », et ceci perturbe la réalisation de cette double tâche. Éventuellement, cette difficulté révélerait l’existence des processus complexes mis en place par le buffer épisodique, qui nécessiteraient beaucoup de ressources attentionnelles, et qui joueraient un rôle essentiel dans le bon déroulement de la traduction. Nous pensons ainsi que cette composante est celle qui s’avère la plus précieuse pour la mise en oeuvre de l’activité de la traduction.
EN :
Our study was based on the cognitive functions of translators and, in particular, on the specific function of working memory in translation. We used as a reference Baddeley’s model of working memory (2000), which is currently one of the most influential models on the subject. A comparison between the three components of Baddeley’s model of working memory reveals that the episodic buffer is slightly diversified from the phonological loop and the visuospatial sketchpad. That is, the translators find it difficult to keep in memory “episodic” information and therefore they cannot bring to an end the double task. This difficulty could possibly be an indication of the episodic’s buffer complex processes, which demand great attentional resources and play a key role during the task of translation. Thus, we find that this component is probably the most essential for the act of translating.
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Traductologie et sciences cognitives : une dialectique prometteuse
Périclès Papavassiliou
p. 29–36
RésuméFR :
La traductologie est actuellement de plus en plus conçue comme un domaine interdisciplinaire de recherche fondamentale et appliquée. La traduction, dans le cadre de la théorie interprétative, est considérée comme un processus complexe de communication.
Les mécanismes neurophysiologiques impliqués dans l’activité traduisante sont peu connus à l’heure actuelle. Une approche d’investigation de ces processus est de tenter d’obtenir des résultats expérimentaux convergents par des techniques psycholinguistiques et d’imagerie fonctionnelle de l’activité cérébrale. Dans cet ordre d’idées, des travaux réalisés récemment (dans le cadre de la collaboration entre l’Université de Caen-Basse Normandie – MRSH et l’Université Ionienne – DLETI) sur le fonctionnement de l’attention et de la mémoire de lecture au cours de l’activité traduisante par oculométrie tendent à attribuer un rôle important du buffer épisodique dans le processus de traduction. D’autre part, des futurs travaux de recherche sur les mécanismes neuropsychologiques mis en jeu par ce processus en utilisant des techniques d’imagerie fonctionnelle cérébrale (TEP, IRMf), sur la base de travaux déjà réalisés pour l’étude du bilinguisme et de la traduction de mots ou de phrases élémentaires, pourraient contribuer à éclaircir nos connaissances des mécanismes cognitifs intervenant dans cette activité mentale hautement complexe.
EN :
Translatology, conceived as a complex communicative process, has to be addressed as an interdisciplinary field of scientific research. Such research activities should comprise, apart from stylistics and contrastive linguistics, a cognitive science-based approach. Research tools and methodology developed by cognitive psychology, psycholinguistics and neurophysiology – especially during the last decade – gave promising results for further development.
IT :
Η µεταφρασιολογία, δεδοµένου ότι αποτελεί µια πολύπλοκη επικοινωνιακή διαδικασία, πρέπει να προσεγγίζεται ως ένας διεπιστηµονικός τοµέας έρευνας. Οι γνωσιακές επιστήµες αποτελούν ένα σηµαντικό τρόπο προσέγγισης των θεµελιωδών ζητηµάτων που αντιµετωπίζει η µεταφρασιολογία. Αντίστοιχα, η προβληµατική της µελέτης των µεταφραστικών διεργασιών, αν και αφορά ένα επίπεδο πολυπλοκότητας πολύ ανώτερο από τα µέχρι στιγµής πειραµατικά σχήµατα της γνωσιακής νευροψυχολογίας, παρέχει ένα ερευνητικό υπόδειγµα που µπορεί να δώσει νέα ώθηση στον υπό εξέλιξη αυτό κλάδο των γνωσιακών επιστηµών.
Traductologie : l’expression des émotions
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Interaction of Emotion and Cognition in the Processing of Textual Material
Bettina Davou
p. 37–47
RésuméEN :
Cognitive psychology and cognitive science have only recently come to acknowledge that human beings are not “pure” cognitive systems, and that emotions may be more than simply another form of cognition. This paper presents recent theoretical issues on the interaction of cognition with emotion, drawing on findings from evolutionary, neurobiological and cognitive research. These findings indicate that emotions have a fundamental and, often, universal importance for human cognitive functioning. Advanced cognitive processing, such as the processing required for text comprehension and translation, most of the time follows after a first, primary appraisal of the emotional impact of the information on the reader. This type of appraisal is momentary, non-conscious and non-cognitive, and is carried out by some system in the organism that functions with its own distinctive rules, different from those of the cognitive system. Emotional appraisal of the information sets the mode in which the organism (including its cognitive processes) will operate. Evidence suggests that negative emotions can instantly and non-consciously increase processing effort and time and decrease cognitive capacity, while on the other hand, positive emotions generally increase cognitive resources and expand attention and creativity. This implies that both cognitive processing of textual information, as well as its outcome, are influenced not only by the interpreters cognitive skill or by the emotional features of the text per se (the emotional impact that the writer has attempted to generate), but also (and perhaps most importantly) by the subjective emotional significance that the information has for each individual interpreter.
FR :
Ce n’est que récemment que la psychologie et la science cognitives se sont rendu compte que les êtres humains ne sont pas des systèmes cognitifs « purs » et que les émotions sont peut-être plus qu’une autre forme de cognition. Dans cet article nous discutons de l’interaction entre la cognition et l’émotion, sur la base de résultats d’études récentes dans les domaines de la psychologie évolutive, de la neurobiologie et de la cognition. Ces résultats montrent que les émotions ont une importance primordiale, souvent universelle, dans le fonctionnement cognitif humain. Le traitement cognitif avancé, tel que celui mis en oeuvre dans les cas de la compréhension de texte et de la traduction, a le plus souvent lieu après une première évaluation de l’impact émotionnel du texte sur le lecteur. Ce type d’évaluation est momentané, non conscient et non cognitif. Il est accompli par un système dans l’organisme ayant ses propres règles, différents de ceux du système cognitif. L’évaluation cognitive de l’information établit le mode dans lequel l’organisme (y compris ses processus cognitifs) va opérer. Il existe des données empiriques qui permettent de supposer que les émotions négatives peuvent – instantanément et non consciemment – augmenter l’effort et le temps nécessaires au traitement et diminuer la capacité cognitive. À l’opposé, les émotions positives augmentent généralement les ressources cognitives et élargissent l’attention et la créativité. Cela implique qu’aussi bien le traitement cognitif de l’information textuelle que son résultat sont influencés non seulement par les capacités cognitives de l’interprète ou par les configurations émotionnelles du texte en soi (l’impact émotionnel voulu par l’auteur) mais aussi (et peut-être même plus) par la signification émotionnelle subjective que l’information a pour chaque interprète pris individuellement.
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L’opération traduisante entre raison et émotion
Christine Durieux
p. 48–55
RésuméFR :
Jusqu’à présent, la réflexion traductologique s’est inscrite dans le paradigme d’une théorie formaliste. De fait, les théories linguistiques de la traduction, dans le prolongement du structuralisme, prétendent à une grande objectivité. Face à cet hyperpositivisme, les théories interprétatives s’ouvrent largement au constructivisme. Toutefois, si l’opération traduisante peut être définie comme une succession de prises de décisions, celles-ci ne sont pas le résultat d’un raisonnement purement rationnel fondé sur des règles d’inférence rigoureuses, mais sont l’aboutissement d’un mécanisme caractérisé par la rationalité limitée. Le processus de prise de décision est piloté par l’attention sélective et régi par les émotions, positionnant ainsi l’opération traduisante entre raison et émotion.
EN :
Until now, research on translation was within the framework of a formal theory paradigm. An extension of structuralism, linguistic theories of translation claim complete objectivity. In opposition to that hyperpositivism, interpretive theories open widely to constructivism. However, if the translating process may be defined as a sequence of decisions, decision-making is not the result of a purely rational reasoning relying on strict inference rules but the outcome of a mechanism ruled by bounded rationality. The decision-making process is governed by selective attention and controlled by emotions, hence situating the translating process between reason and emotion.
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Traduire autrui, construction et projection d’une image intériorisée
Hoda Moucannas
p. 56–70
RésuméFR :
Cet article est une analyse des traductions de deux discours politiques, prononcés le même jour, l’un de George W. Bush et l’autre d’Oussama Ben Laden. Il s’efforce de discerner, dans les deux textes cibles, l’image de l’Autre, telle qu’elle a été construite, intériorisée et projetée par le traducteur. Partant du postulat qui dit que plus un texte est chargé d’intérêts, plus les affects du traducteur seront mis en jeu dans sa traduction, nous nous efforçons de mettre en lumière la matérialisation de ces affects, non dans les interférences proprement linguistiques mais dans le interférences émotionnelles, conceptuelles, référentielles et idéologiques que subissent les textes cibles.
EN :
This article analyzes the translation of two speeches, given on the same day; the first by George W. Bush, the second by Oussama Ben Laden. In the two target texts, the image constructed of the Other is interiorized and projected by the translator. The translator engages in translating, not only the original text, but his/her emotions evoked by it and which are accordingly fused into the translated text. This article tries to shed light on the materialization of this affective attribute as presented in the two target texts, which will not be presented in the terms of linguistics interferences but in terms of emotional, conceptual, referential, ideological and emotional ones.
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La traduction des textes émotifs : un défi paradoxal
Jean Vivier
p. 71–84
RésuméFR :
Dans cette communication l’accent est mis sur les problèmes que posent en général les rapports entre langage et émotions et plus particulièrement ceux que rencontrent un traducteur ou un interprète. L’expression des émotions constitue un défi au langage mais les huamins ne renoncent pas. Le rapport implicitation/explicitation, l’usage des métaphores et l’articulation intermodale des types de signes, constituent la panoplie de moyens d’expression particulièrement utiles pour relever un tel défi. Mais lorsque l’interprète ou/et le traducteur tentent de traduire un discours ou un texte émotif, leur tâche risque d’être difficile. Toutefois malgré les limites inévitables de l’entreprise quand il s’agit de traduire des textes émotifs, la situation n’est pas désespérée pourvu que l’on adopte une perspective pragmatique. Un traducteur (interprète) qui pratique son art dans une perspective pragmatique, peut déjà contribuer beaucoup au partage des émotions. En ce cas, son art ressemble à une paraphrase dans une autre langue, paraphrase qui sait s’adapter aux implicites et aux contextes des publics et lecteurs réels ou potentiels. Certes il faut prendre en compte les différences de conditions de référenciation pour la traduction et pour l’interprétation.
Il est ainsi pertinent de partir d’une réflexion sur les problèmes que pose la traduction et de l’interprétation des discours et textes émotifs, pour renouveler l’étude psycholinguistique de la complexité du langage. Il importe d’élaborer en effet, une problématique pluridisciplinaire (traductologie et psycholinguistique) afin de définir ces « universaux psychologiques » qui en deçà des variétés de langues et de cultures fondent le passage d’une langue à l’autre.
EN :
In this paper, the accent is on the problems posed by the relations between language and emotions, especially those encountered by a translator or an interpreter. Expressing emotions presents a challenge to language, but human beings keep trying. The relation between the implicit and the explicit, the use of metaphors, and the intermodal articulation of types of signs constitute the set of expressive tools best adapted to this challenge.
When, however, the interpreter and/or translator tries to translate an emotional discourse or text, their task is likely to be difficult. Nevertheless, despite the inevitable limitations on possible success, the situation is not hopeless, provided one adopts a pragmatic perspective. A translator or interpreter who applies such a perspective can contribute considerably to the sharing of emotions. In this case, his art resembles paraphrasing in another language, but these are paraphrases adapted to the implicit knowledge and contexts of their real or potential audiences. In addition, of course, one must take into account the differences in referential conditions between translation and interpretation.
Thus we see the relevance of taking this set of problems as a starting point for a renewed interest in the psycholinguistic study of the complexity of language. One must in fact establish a multidisciplinary framework, combining translation studies with psycholinguistics, in order to define the “psychological universals” which, at a deeper level than the variation among languages and cultures, form the basis of expressing one language in another.
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Le master européen de traduction : un projet de la direction générale de la traduction de la Commission européenne
Angeliki Petrits
p. 85–92
RésuméFR :
De nombreux pays européens possèdent une longue tradition de formation au métier de traducteur. Dans d’autres en revanche, ces formations n’existent pas encore ou n’ont été que récemment mises sur pied. La Commission européenne, qui emploie un nombre considérable de traducteurs dans 20 langues officielles, est un acteur majeur du marché européen de la traduction. Elle a entrepris plusieurs actions en vue de créer un rapprochement avec le monde universitaire. Le projet d’un master européen de traduction présenté ici vise, parallèlement à d’autres actions, à harmoniser les programmes universitaires de traduction et ainsi, à garantir une formation de qualité pour les traducteurs à travers l’Union européenne.
EN :
While many European countries have a long tradition of translation training, some others still lack such programmes or have begun to develop them only recently. The European Commission, which is a major employer of translators in 20 official languages, is an important player on the European translation market. It has taken several actions in order to establish closer links with universities. The project of a European Masters in Translation that we present in this paper aims, together with the other actions, at harmonising translation programmes in order to guarantee quality training for translators within the EU.
Traductologie et sciences cognitives
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La traduction du non-traduit dans les publicités à Chypre : Quels enjeux culturels ? Quels procédés cognitifs ?
Fabienne Baider et Efi Lamprou
p. 93–107
RésuméFR :
À partir d’un corpus de publicités affichées à Chypre durant le printemps 2006, cet article se propose de répondre aux questions suivantes : quels sont les procédés cognitifs en jeu lorsque le texte laisse ou emploie sciemment une langue dite étrangère ? En particulier, quels sont les jugements et étapes effectués par les lecteurs, devenus traducteurs malgré eux, des publicités à Chypre pratiquant l’alternance de code anglais-grec, les deux langues se trouvant présentes dans le même texte ? Quel sens transmet-on sans traduire la langue ? Afin de répondre à ces questions nous prenons en compte les différents contextes linguistiques particuliers à Chypre auxquels sont confrontés les différents publics à qui s’adressent de telles publicités (bilingues ou diglossiques), les connaissances socio-culturelles indispensables pour déchiffrer la fonction ludique du slogan publicitaire ainsi que la dimension pragmatique dont l’effet perlocutoire dépendra justement du niveau de bilinguisme des différentes communautés impliquées dans le processus.
EN :
Working with a corpus of advertisements collected during the spring 2006 in Cyprus, this study answers the following questions: which cognitive processes can we identify when a segment of a text is purposely left in another language? In particular, what judgments and steps are used by readers who, willing or not, must translate such publicity, thereby doing Greek-English code-switching when both languages are found in the same text? Which meaning is transferred when the linguistic code is not translated? In order to answer these questions, this study takes into account the diverse linguistic contexts particular to Cyprus, the audience being bilingual or diglossic; the socio-cultural knowledge necessary to decipher puns and limericks found in advertising texts; and the pragmatic dimension whose perlocutory effect will depend as well on the level of bilingualism of the different communities involved.
IT :
Το άρθρο αυτό στηρίζεται σε ένα σώµα κειµένων αποτελούµενο από διαφηµήσεις οι οποίες δηµοσιεύθηκαν στην Κύπρο την άνοιξη του 2004 και µελετά τα εξής θέµατα : ποιες είναι οι επικείµενες γνωσιακές λειτουργίες του αναγνώστη όταν το κείµενο αφήνει αµετάφραστη ή χρησιµοποιεί ξεκάθαρα µια γλώσσα η οποία θεωρείται ξένη ; Ειδικότερα, ποια είναι η στάση των αναγνωστών οι οποίοι γίνονται µεταφραστές χωρίς να το θέλουν και ποια τα στάδια από τα οποία περνάµε όταν διαβάζουµε διαφηµιστικά κείµενα στην Κύπρο στα οποία παρατηρείται εναλλαγή των γλωσσικών κωδίκων, αγγλικής-ελληνικής, και ενώ οι δύο γλώσσες εµφανίζονται ταυτόχρονα στο ίδιο κείµενο ; Τι είδους µήνυµα µεταφέρουµε όταν δε µεταφράζουµε τη γλώσσα ; Προσπαθώντας να απαντήσουµε σε αυτές τις ερωτήσεις εξετάζουµε : α) διαφορετικά γλωσσολογικά περικείµενα που δηµοσιεύθηκαν στην Κύπρο και µε τα οποία έρχεται σε επαφή διαφορετικό κοινό (δίγλωσσο ή διγλωσσικό), β) τις απαραίτητες κοινωνιο-πολιτισµικές γνώσεις τις οποίες αυτό διαθέτει για να αποκωδικοποιήσει τη χιουµοριστική λειτουργία του διαφηµιστικού σλόγκαν, ένα από τα χαρακτηριστικά του και γ) την πραγµατιστική διάσταση της διαφήµησης και του αποτελέσµατος της (να πείσει το κοινό). Παρατηρήσαµε ότι η επίτευξη του στόχου της διαφήµησης, δηλαδή το να πείσει τελικά το κοινό, εξαρτάται ολοκληρωτικά από το βαθµό της διγλωσσίας που χαρακτηρίζει τις εν λόγω κοινότητες οι οποίες συµµετέχουν στη διαδικασία µετάφρασης του µη-µεταφρασµένου.
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Axes et critères de la créativité en traduction
Jeanne Dancette, Louise Audet et Laurence Jay-Rayon
p. 108–122
RésuméFR :
L’on voudrait que la traduction soit considérée comme une création ; or toutes les traductions ne sont pas créatives. Dans quelle mesure et en quoi y a-t-il création en traduction ? Les approches cognitives permettent de faire la lumière sur l’élaboration du sens et de la forme en traduction, et de préciser la notion de créativité. Des modèles sont issus des théories et des études empiriques sur la question. Nous chercherons à les discuter à la lumière des résultats de nos propres observations. Nous proposons un modèle de la créativité qui intègre la compréhension et la réécriture : une double hélice traversée par cinq axes (formel, sémantique, référentiel, narratif et traductologique) pour rendre compte des différents niveaux sur lesquels s’exerce la créativité. Le cas particulier de la traduction littéraire sera aussi discuté. Finalement, nous dégagerons quelques critères de la créativité.
EN :
Translators and translators’ associations all proclaim that translations are creations; though, not all translations are creative and no translation can be said to be creative from start to finish. What is the real extent of creativity in translation? That’s what this paper wants to address. Cognitive approaches in translation studies have shown how meaning and form are processed and how creative solutions emerge during the translation task. Theoretical and empirical studies on creativity have provided useful models that we want to discuss. We suggest that translational creativity is two-pronged as it works on comprehension and rewriting, and is multidimensional as it encompasses various operations at different levels. A double helix model crossed by five axes (formal, semantic, referential, narrative, translational) will be presented and illustrated without omitting the special situation of literary translation. Creativity criteria will be proposed.
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La traduction des métaphores au regard de la psychologie cognitive
Christian Papas
p. 123–128
RésuméFR :
La psychologie cognitive, telle qu’elle a évolué depuis ses origines dans les années 1960 considère aujourd’hui les « figures de style » non pas comme une forme de maniérisme mais comme un mode de pensée. Chargé d’enseigner la traduction technique du grec moderne vers le français au Département de langues étrangères, de traduction et d’interprétation de l’Université ionienne de Corfou (Grèce) à des étudiants de langue maternelle grecque, je me suis souvent heurté à des problèmes de traduction de métaphores. J’aimerais essayer de démontrer à partir d’exemples iconographiques que la métaphore n’est pas une affaire de style mais une forme de pensée destinée à accrocher le lecteur et à ajouter un peu de piquant dans le discours. Malheureusement, en traduction les métaphores posent de sérieux problèmes car elles n’ont pas la même acuité d’une culture à une autre et d’une langue à une autre et la consultation d’un dictionnaire bilingue n’est pas de grande utilité quand les métaphores vives dans la langue source deviennent obtuses une fois traduites au point que le traducteur doit avoir recours à des clichés. Quel travail ingrat !
EN :
Cognitive psychology which has thoroughly evolved since its origin in the 60’s considers metaphors as “figures of style” no longer as a mannered emphatic style less as a mode of thinking. As a teaching assistant in translation from Greek into French to students of Greek origin, I have often been confronted with problems of translating metaphors. Through this paper, I have tried to determine from an analysis of iconographic ads that metaphors exist without the medium of words: they are a way of thinking intended to impress the reader and to add some wit to an expression. Unfortunately their translation into French poses problems because they do not possess the same vividness from one culture to another and the use of a bilingual dictionary is of little help when metaphors which are brilliant in one language become enigmatic or flat in the target language. A very unrewarding job!
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Quelques repères épistémologiques pour une approche cognitive de la traduction. Application à la traduction spécialisée en biomédecine
Sylvie Vandaele
p. 129–145
RésuméFR :
Le présent article fait état de chercheurs et de courants de pensée clés qui pavent le chemin de nouvelles recherches en traductologie dans une perspective cognitive : Spinoza au plan philosophique, Damasio et Edelman en neurosciences, la Gestalt et les travaux de Lakoff, de Talmy et de Fauconnier en sémantique cognitive. Nous en situerons les principaux concepts au sein des sciences cognitives et nous expliquerons pourquoi ils nous paraissent essentiels pour la pratique de la traduction et la traductologie. Quelques résultats tirés de nos travaux sur les modes de conceptualisation en biomédecine illustreront l’approche proposée.
EN :
This paper presents some key researchers and theories that open the way for new types of research in translatology using a cognitive approach: Spinoza in philosophy, Damasio and Edelman in neurosciences, the Gestalt and the work of Lakoff, Talmy and Fauconnier in cognitive semantics. The main concepts will be placed within the cognitive science framework and we will explain why they are important for the practice of translation as well as in research. A few results taken from our work on conceptualisation modes in biomedicine will illustrate the proposed approach.
Didactique de la traduction
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The Role of Coherence in Text Approaching and Comprehension: Applications in Translation Didactics
Georgia Kostopoulou
p. 146–155
RésuméEN :
The communicative text-linguistic approach to the study of texts and their theoretical and methodological problems plays an important role in Translation Studies and in Translation Didactics. The need to use and utilise the textual factors in the translation process and teaching is apparent in various linguistic and translational theories given that Translation, an act of speech and communication, is not performed at the level of language, but at the level of the text and discourse, utilising both linguistic and extralinguistic devices.
This paper examines one of the seven textual factors, according to the basic theory of de Beaugrande and Dressler, i.e., the factor of coherence. Given that coherence expresses the logical consistency of utterances in terms of content – and therefore the construction of meaning – concepts such as knowledge, patterns and types of knowledge, frames and scripts, memory, are crucial for describing and examining this factor when approaching and understanding a text. Moreover, the interconnection of text linguistics, translation and cognition is evident, considering de Beaugrande’s argument (1999) that “text linguistics has always had a resolutely cognitive orientation because the text must be described as both product and process.”
Furthermore, we shall examine how teachers of translation courses may take into account these concepts and elements when choosing texts for translation purposes, and utilise the theory of high-coherence and low-coherence texts (D. McNamara) in order to assist translator trainees in enhancing their extralinguistic knowledge and in using their prior knowledge during the comprehension/decoding phase of the translation act.
FR :
L’approche de la linguistique communicative du texte des études de textes et de leurs problèmes théoriques et méthologiques jouent un rôle important dans la traductologie et dans la didactique de la traduction. Le besoin d’utiliser des facteurs textuels dans le processus de la translation et de l’enseignement est visible dans les diverses théories linguistiques et translationnelles, étant entendu que la translation, acte de parole et de communication, ne se déroule pas au niveau de la langue, mais à celui du texte et du discours en utilisant à la fois le linguistique et l’extralinguistique.
Cet article étudie l’un des sept facteurs textuels selon la théorie de base de Beaugrande et Dressler, c’est-à-dire le facteur de cohérence. Étant donné que la cohérence exprime la constante logique des énoncés en terme de contenu – et par conséquent la construction du sens – les concepts de connaissance, de modes et de types de savoir, des cadres et scénarios, mémoire, sont importants pour décrire et examiner ce facteur dans l’approche de la compréhension du texte. De plus, l’interconnexion de la linguistique du texte de la translation et de la cognition est évidente en prenant en compte l’argument de Beaugrande (1999) que « la linguistique du texte a toujours eu une orientation résolument cognitive parce que le texte doit être décrit à la fois comme produit et processus ». Par ailleurs, nous examinons comment les enseignants de la translation intègrent ces concepts et ces éléments dans leurs choix de textes à traduire, et comment ils utilisent la théorie de la haute et la faible cohérences textuelles (D. McNamara) pour servir aux apprentis translateurs à mettre en valeur leurs connaissances extralinguistiques et à utiliser leurs connaissances préalables lors de la phase de compréhension, décodage de l’acte de translation.
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L’apport de la psychologie cognitive à la didactique de la traduction
Michel Politis
p. 156–163
RésuméFR :
L’étude des processus cognitifs durant l’accomplissement de l’acte traductionnel constitue un défi important pour les spécialistes en didactique de la traduction. Selon toutes les indications, la connaissance de ces processus peut constituer le fondement pour esquisser des nouvelles méthodes d’enseignement qui viseront au développement des aptitudes cognitives des traducteurs en vue d’améliorer leurs performances qualitatives et quantitatives. Les recherches en la matière doivent porter sur deux axes principaux : celui de la lecture, en tant qu’activité cognitive qui permet au traducteur d’aborder le contenu du texte qu’il a à traduire et de vérifier par la suite le résultat de son travail, ainsi que celui du fonctionnement du système mnésique lors de l’acte traductionnel. À titre indicatif les recherches peuvent viser à la formation de la représentation mentale du texte à traduire et son traitement lors de la traduction, l’étude des stratégies en vue d’accomplir l’acte traductionnel, l’étude des stratégies de gestion des ressources cognitives du traducteur, etc.
FR :
Η µελέτη των νοητικών διεργασιών κατά την επιτέλεση του µεταφραστικού έργου αποτελεί σηµαντική πρόκληση για τους ειδικούς στη διδακτική της µετάφρασης. Σύµφωνα µε όλες τις ενδείξεις, η γνώση αυτών των διεργασιών µπορούν να αποτελέσουν τη βάση για το σχεδιασµό νέων µεθόδων διδασκαλίας που θα αποσκοπούν στην ανάπτυξη των δεξιοτήτων των µεταφραστών µε σκοπό τη βελτίωση των ποιοτικών και ποσοτικών επιδόσεών τους. Η έρευνα σ’ αυτό το πεδίο πρέπει να κινηθεί γύρω από δύο κυρίως άξονες : την ανάγνωση, ως γνωσιακή δραστηριότητα µέσω της οποίας ο µεταφραστής έχει πρόσβαση στο περιεχόµενο του προς µετάφραση κειµένου και µέσω της οποίας ελέγχει στη συνέχεια το αποτέλεσµα του έργου του, καθώς και τη λειτουργία του µνηµονικού συστήµατος κατά την µεταφραστική πράξη. Ενδεικτικά µπορεί να αποτελέσει αντικείµενο έρευνας ο τρόπος σχηµατισµού της νοητικής αναπαράστασης του προς µετάφραση κειµένου και η επεξεργασία της κατά τη µετάφραση, η µελέτη των στρατηγικών για την επιτέλεση του µεταφραστικού έργου, η µελέτη των στρατηγικών διαχείρισης των γνωσιακών πόρων του µεταφραστή, κ.ά.
EN :
The study of the mental processes taking place when translating is an important challenge for specialists of translation didactics. Based on all indications, knowing all these processes may be the basis for designing new teaching methods that aim to develop the translators’ skills and to improve their quantitative and qualitative performance. Research in this field should focus mainly on two axes: i. the reading phase as a cognitive activity through which the translator gains access to the content of the text to be translated and thus controls the outcome of his/her effort; and ii. the function of the mnemonic system during the translation act. Indicative topics for research could be the way the text for translation is mentally represented, as well as the way this representation is processed when translating. It would also be useful to study the strategies employed for translation performance, the translator’s strategies for managing his/her cognitive resources, etc.
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Pédagogie du traduire : les tâches cognitives de l’acte traductif
Claude Tatilon
p. 164–171
RésuméFR :
Comment comprend-on un énoncé écrit, comment construit-on une représentation mentale de ce qu’il dit, comment passe-t-on d’un énoncé donné d’une langue à un énoncé équivalent dans une autre langue – ces questions sont d’un intérêt brûlant pour la pédagogie de la traduction. J’ai tenté de leur trouver des réponses auprès des spécialistes des sciences cognitives, convaincu qu’en approfondissant la connaissance qu’on a de sa propre activité cognitive, on se prépare à mieux accomplir l’acte de traduction : savoir plus pour mieux traduire. C’est pourquoi il m’a semblé approprié d’élaborer un modèle qui donne une image nécessairement simplifiée mais néanmoins réaliste de l’activité mentale déployée lors du traduire, et ainsi de transformer l’acte traductif en objet sur lequel il soit possible d’avoir prise – en un outil de réflexion.
EN :
How do we understand a written statement? How do we construct a mental representation of what it states? How do we switch from a statement in one language to another equivalent statement in another language? These questions are of paramount importance to the pedagogy of translation. I attempted to obtain answers to these questions from cognitive scientists, convinced that knowing more about our own cortical processes can improve the act of translation. The more we know, the better we can translate. I also thought it appropriate to develop a model that would provide us with a simplified, but nonetheless realistic, image of the mental activity that is involved during translation. This will therefore transform the translation process into an object we can grasp – a tool for reflection.