Résumés
Résumé
Cette étude vise à mettre en évidence les bases épistémologiques et linguistiques de la nomenclature chimique de 1787, en partant des Mémoires présentés à l'Académie des Sciences par Lavoisier, Morveau, Fourcroy et Berthollet et du Traité de Chimie de Lavoisier (1789). Ces textes sont l'aboutissement d'une réflexion collective et pluridisciplinaire, dans la ligne de la philosophie de Condillac, qui fait d'une « langue bien faite » la condition d'une science véritable. Il ne s'agit donc pas d'une simple nomenclature nouvelle, mais d'une « méthode de nommer ». Un principe général est que les noms doivent être motivés, laissant transparaître la nature et la composition des corps chimiques (parallélisme entre le plan de l'expression et le plan du contenu). La suffixation, en rassemblant sous tel ou tel suffixe les « corps congénères » permettra d'identifier et de classer les substances découvertes et à découvrir. Accessoirement, on aura recours aux structures lexicales, particulièrement riches et maniables, de l'ancien grec. Enfin, pour maintenir le parallélisme dans les cas difficiles (combinaisons multiples d'éléments), les réformateurs vont réduire des unités lexicales à un court morphème chargé de les représenter, comme pyro pour empyreumatique et hydr(o)- pour hydrogène . C'est ce que l'auteur a appelé la « fonction de représentation », qui est aujourd'hui à l'œuvre dans tout le vocabulaire savant.
Abstract
This study aims at exploring the epistemological and linguistic bases of the 1787 chemical nomenclature, using the Mémoires presented to the Académie des Sciences by Lavoisier, Morveaux, Fourcroy and Berthollet and the Traité de Chimie by Lavoisier (1789). These texts are the outcome of collective and pluridisciplinary thought along the lines laid out in the philosophy of Condillac, who maintained that a "well made language" was the prerequisite for any true science. The aim was thus not simply to create a new nomenclature, but to lay out a method for naming. One general principle was that names must be motivated, so that the nature and composition of chemical substances are made clear ( i.e. a parallel between expression and content). The suffixation system used, grouping "congeneric substances" under the one suffix, make it possible to identify and to classify substances known and yet to be discovered. Ancient Greek lexical structures, particularly rich and flexible, were also put to use. Finally, to maintain motivation in difficult cases (multiple combinations of elements), the reformers decided to reduce lexical units to one short representative morpheme, such as pyro for empyreumatique and hydr(o) for hydrogène . This is what the author called "fonction de représentation", which is at work today in all scientific vocabulary.
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