FR :
Entre 1937 et 1970, le Patronage Saint-Charles de Trois-Rivières a hébergé des centaines d’adolescents sans soutien, qui y ont continué leur scolarité de base et reçu aussi leur première formation professionnelle. Sans remettre en cause la vision globale développée par l’historiographie, selon laquelle l’État québécois, même après la Loi de l’Assistance publique, a eu tendance à financer l’Église tout en lui abandonnant une large part de la responsabilité du système de régulation sociale dans le champ du bien-être social, l’étude de cet orphelinat permet de mieux documenter la complexité des relations entre l’une et l’autre avant les réformes entreprises à l’époque de la Révolution tranquille. Trois conclusions ressortent clairement. L’État s’est très longtemps désintéressé de la formation professionnelle des adolescents de milieu défavorisé. Néanmoins, comme le démontre le sort de l’enseignement professionnel au Patronage, l’Église a été incapable d’élargir la gamme de ses interventions dans les établissements reconnus d’assistance publique au-delà de celles qu’elle avait déjà sous son contrôle au moment de la Loi de 1921. Enfin, dès les années 1950, à la faveur des nouvelles orientations du service social qui ont encouragé le placement familial, les pouvoirs publics ont commencé à moins financer même les fonctions traditionnelles des orphelinats.
EN :
Between 1937 and 1970, the Patronage Saint-Charles de Trois-Rivières housed hundreds of deprived adolescents, enabling them to continue basic schooling and to obtain their first professional training as well. Without questioning the overall view of the historiography, which holds that the Québec government — even after the voting of the Loi de l’Assistance publique in 1921 — tended to finance the Church while entrusting it with a large share of the responsibility for regulating social welfare, the study of this orphanage makes it possible to better document the complexity of Church-State relations before the reforms of the Quiet Revolution. Three conclusions can be clearly drawn. The State had long taken no interest in the professional training of underprivileged teenagers. Nevertheless, as shown by the fate of professional teaching at the Patronage, the Church was unable to broadening the range of its intervention in official child care institutions beyond what prevailed at the time of the 1921 Act. Finally, after 1950, new trends in social service encouraging foster care at home motivated the public authorities to restrict financing for traditional orphanage functions.