Géographie physique et Quaternaire
Volume 61, numéro 2-3, 2007
Sommaire (16 articles)
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La fin de l’aventure
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The Saint-Narcisse morainic complex and early Younger Dryas events on the southeastern margin of the Laurentide Ice Sheet
Serge Occhietti
p. 89–117
RésuméEN :
The Saint-Narcisse morainic complex extends over 750 km along the southern margin of the Laurentian Highlands in Québec, north of the St. Lawrence Valley, between the Ottawa and Saguenay Rivers. To the east, the Laurentide Ice Sheet margin was located in the present St. Lawrence Estuary. To the west, the morainic complex is extended 235 km west of the Ottawa River to the Algonquin Highlands, in Ontario. The general outline of the morainic complex comprises large lobes and reentrants, related to major topographic features. In the lower Saint-Maurice River area, the moraine is composed of reworked clay and till and proximal glaciomarine deposits (Yamachiche Diamicton) and melt-out till and ice-marginal outwash (Charette Drift). The Saint-Narcisse Event can be subdivided in several phases: local readvance in low areas, main phase at the origin of the Saint-Narcisse Moraine s.s., melting-out of the marginal ice with compressive structures and large proglacial outwash features, and slow retreat with secondary ridges. The accuracy of the chronological data is limited by several factors: and a floating chronology is proposed. Two landmarks constrain the age and range of duration of the main Saint-Narcisse phase. The main ridge deposition occured after the onset, ca. 12.9 cal ka, of Champlain Sea in the St. Lawrence Valley, and a rapid ice retreat on the southern edge of the Laurentians. It ended before the drawdowm, in the Lake Huron basin, of Glacial Lake Algonquin ca. 12.5 cal ka. The Saint-Narcisse Event is related to the early cold phase of Younger Dryas, as evidenced by other YD ice readvances in Maine, Nova Scotia, and ice cover on the Gaspé Peninsula. It corresponds to a positive change of the budget of the Laurentide Ice Sheet as a result of climate forcing. After a slow ice front retreat during about 900-700 yr, the final phase of YD is marked by the Mars-Batiscan Moraine, located 17 to 70 km north of the Saint-Narcisse Moraine.
FR :
Le complexe morainique de Saint-Narcisse s’étend sur 750 km le long de la marge méridionale des Laurentides, au Québec, au nord de la vallée du Saint-Laurent, entre l’Outaouais et le Saguenay. Vers l’est, la marge glaciaire était située dans l’estuaire actuel du Saint-Laurent. Vers l’ouest, en Ontario, les formes associées sont suivies dans le massif Algonquin, jusqu’à 235 km de l’Outaouais. Le tracé général du complexe inclut de grands lobes et rentrants liés à la topographie. Dans la basse vallée du Saint-Maurice, la Moraine de Saint-Narcisse est composée de dépôts glaciomarins proximaux, de till et d’argile marine remaniée (Diamicton de Yamachiche) et de till de fusion sur place et de dépôts fluvioglaciaires et juxtaglaciaires (Dépôts de Charette). L’Épisode de Saint-Narcisse est subdivisé en plusieurs phases non nécessairement synchrones sur toute la marge glaciaire: réavancée locale dans les dépressions importantes, phase majeure de stabilisation à l’origine de la Moraine de Saint-Narcisse, fonte sur place indiquée par des structures imbriquées et épandages proglaciaires, puis retrait lent marqué par des bourrelets morainiques concentriques. Compte tenu des limites de précision des éléments de datation disponibles, la chronologie proposée est flottante. Deux repères marquent les limites d’âge et de durée de la phase majeure de l’Épisode de Saint-Narcisse. Celle-ci ne peut débuter qu’après l’invasion de la vallée du Saint-Laurent par la Mer de Champlain, vers 12,9 ka cal, et un retrait glaciaire rapide. Elle doit être terminée vers 12,5 ka cal pour permettre le début du déversement du Lac glaciaire Algonquin du bassin du lac Huron vers la vallée de l’Outaouais. L’épisode est attribué à la première partie du Dryas récent représentée également dans le Maine, en Gaspésie et en Nouvelle-Écosse. Il indique une augmentation du bilan glaciaire de l’Inlandsis laurentidien en réponse à un forçage climatique. Il est suivi d’une phase de retrait lent qui aurait duré entre 700 et 900 ans. La fin du Dryas récent est marquée par la Moraine Mars-Batiscan, située entre 17 et 70 km au nord du complexe morainique.
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Façonnement du modelé drumlinoïde par deux écoulements glaciaires successifs au sud-ouest de Montréal
Marc Delage et Pierre Gangloff
p. 119–143
RésuméFR :
La morphologie et les dépôts de la plaine au sud-ouest de Montréal révèlent une dynamique glaciaire complexe. Des formes allongées (drumlinoïdes) subparallèles à l’axe du Saint-Laurent sont constituées d’un corps de till d’accrétion fissile et compact parfois recouvert d’un till de fusion ou d’un matériel grossier d’origine littorale, probablement glacielle. Ce modelé sous-glaciaire a d’abord été façonné par un important écoulement glaciaire du nord-est qui remontait les basses terres du Saint-Laurent en direction sud-ouest. Ceci est démontré par la présence de traceurs pétrographiques d’origine appalachienne, ainsi que par les trames de till et les microformes orientées dans ce même axe NE-SO. La genèse initiale de ce modelé s’apparente donc plus à celle des drumlins qu’à celle des formes transverses à l’écoulement, telles les moraines de Rogen ou côtelées. Ce sont avant tout des formes d’accumulation, mais la forte correspondance entre la plus grande partie des constituants du till et la lithologie locale, et l’excellent état de conservation des morceaux de lit glaciaire polis et striés montrent que la source de ces matériaux était proche. Ces drumlinoïdes fraîchement forgés ont été chevauchés par un second écoulement glaciaire, du nord-ouest ou du nord celui-là, sans qu’il y ait eu déglaciation. Bien qu’il ait laissé ses traces un peu partout sur le territoire, ce second flux glaciaire a peu transformé le modelé initial du nord-est. Toute la partie glaciaire des drumlinoïdes appartient à un seul et même épisode glaciaire du Wisconsinien supérieur. Les tills d’accrétion formant leur noyau sont corrélables entre eux, mais aussi à la presque totalité des tills les plus récents trouvés dans la région.
EN :
Landforms and deposits of Huntingdon plain, southwest of Montréal, reveal a complex glacial history. Of that glacial heritage, we have considered elongated landforms nearly parallel to the St. Lawrence River axis. The core of these drumklin-like (drumlinoids) forms is a fissile and compact lodgement till, occasionally covered by a melt-out till or by coarse littoral material of probable drift ice (ice-rafted) origin. These subglacial landforms were first moulded by an important ice flow from the northeast moving up St. Lawrence Lowlands south-westwards. This is shown by indicator stones of appalachian origin, but also by till fabrics and microforms of glacial erosion both oriented northeast-southwest. Thus, the initial part of their genesis makes the drumlinoids more similar to drumlins than to subglacial transverse landforms like Rogen or ribbed moraines. Characteristics of the lodgement till indicate than the drumlinoids were constructed by accumulation processes, but that erosion processes responsible for an important fraction of the till were in action near by. The first ice flow from the northeast was followed by a second one from the northwest or the north without deglaciation. Even if this second ice flow let its traces all over the studied area, the initial glacial morphology was only slightly modified. The entire glacial portion of the drumlinoids belongs to the same Late Wisconsinan glacial Stage. The last important phase in the genesis of the drumlinoids was accumulation of drift ice sediments in the end of Champlain Sea episode which altered their crest but mainly their southeastern side.
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Incision fluviatile et tectonique dans la Montagne Noire (sud du Massif central français)
Jean-Pierre Larue
p. 145–163
RésuméFR :
Les profils longitudinaux des cours d’eau et les dépôts corrélatifs de l’érosion sont utilisés pour montrer les étapes de la surrection de la Montagne Noire, chaînon ouest-est du sud du Massif central français. L’analyse de 27 cours d’eau accidentés de 117 ruptures de pente permet de les classer en trois ensembles aux caractéristiques différentes : (1) les cours d’eau à faible gradient et faible incision coulent essentiellement dans la couverture sédimentaire, (2) les cours d’eau du versant sud-ouest ont des pentes fortes et sont fortement encaissés dans le socle, et (3) les cours très fortement encaissés sont les plus longs, comme l’Orb, ou ceux qui ont les plus fortes pentes, comme l’Héric. En partant des sources, la première rupture de pente à pente anormalement forte a une localisation qui dépend de la pente amont et de la surface drainée. Elle correspond en fait à la remontée maximale de l’incision régressive stimulée par le soulèvement de la Montagne Noire. Les ruptures de pente à pente anormalement forte et sans origine lithologique témoignent d’un soulèvement récent de la partie centrale et occidentale de la Montagne Noire. Les étapes de la surrection apparaissent ainsi différentes de part et d’autre de la Cesse. À l’est, le soulèvement, essentiellement pliocène, a permis le développement de plusieurs niveaux de glacis d’érosion sur le piémont languedocien et le soulèvement pléistocène, plus limité, a provoqué une incision des cours d’eau d’environ 80 m. À l’ouest, le soulèvement principal pléistocène a déclenché une vague d’érosion régressive qui n’est pas encore parvenue jusqu’aux sources, et l’encaissement des cours d’eau dépasse souvent 500 m.
EN :
River longitudinal profiles and erosion products are used to reconstruct the uplift stages of the Black Mountain, a west-east-trending ridge of the southern French Central Massif. The analysis of 27 rivers and 117 knickzones allows us to distinguish three different sets : (1) the rivers with low gradient and low incision mainly flow on the sedimentary cover, (2) the rivers on the south-west slope have high gradient and are deeply incised in the basement, and (3) the most incised rivers include long rivers, like the Orb, and short rivers with very high gradient, like the Heric. The first knickzone from the source, with abnormally high gradient resulting from headward incision in response to the Black Mountain uplift, has a location controlled by gradient and upstream drainage area. The location of knickzones with abnormally high gradient and without lithological origin indicates a recent uplift of the central and western part of this range. The uplift stages appear different on both sides of the Cesse River. To the east, the Pliocene main uplift induced the formation of stepped erosion glacis on the Languedocian piedmont, while the moderate Pleistocene uplift caused an 80 m-deep river incision. To the west, the main Pleistocene uplift led to still ongoing regressive erosion, with incision often exceeding 500 m.
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Les conditions météorologiques propices au déclenchement des avalanches de neige dans les corridors routiers du nord de la Gaspésie, Québec, Canada
Bernard Hétu
p. 165–180
RésuméFR :
Le nord de la Gaspésie constitue l’une des principales régions à risque d’avalanche au Québec. Le risque ne concerne pas uniquement les adeptes de la montagne, mais également les véhicules qui circulent sur les routes nationales 132 et 198 entre Sainte-Anne-des-Monts et Grande-Vallée. Chaque hiver, des masses de neige recouvrent partiellement ou complètement la chaussée, interrompant la circulation et causant parfois des accidents. Cet article a pour objectifs de faire connaître les principales zones à risque d’avalanche dans les corridors routiers du nord de la Gaspésie et d’identifier les conditions météorologiques propices au déclenchement des avalanches dans le contexte climatique du nord de la Gaspésie. Trois séries de données ont été analysées, soit les résultats d’un inventaire de l’activité avalancheuse effectué par le Ministère des Transports du Québec entre 1987 et 1993, une série d’événements avalancheux ponctuels ayant causé des accidents routiers, dont trois mortels (1935, 1956 et 1971), pour un total de 21 journées avalancheuses. Les dates d’avalanche ont été confrontées aux données météorologiques fournies par les stations d’Environnement Canada. Il semble, à la lumière des données disponibles, que les versants côtiers du nord de la Gaspésie connaissent deux principaux régimes avalancheux : un régime printanier associé à la fonte, à la pluie et au démantèlement des carapaces de glace qui se forment sur les parois rocheuses durant l’hiver et un régime hivernal modulé par les tempêtes de neige.
EN :
Northern Gaspésie is one the principal areas of snow avalanche risk in Québec. Snow avalanche hazard represents a treat to back-country recreational activities, but also to the vehicles circulating on national roads 132 and 198 between Sainte-Anne-des-Monts and Grande-Vallée. Each winter, masses of snow cover partially or completely the roadway, stopping circulation and causing accidents sometimes. This paper aims to localize the main avalanche risk zones into Northern Gaspésie transportation corridors and the analysis of the weather situations leading to avalanche activity along transportation roads under the specific climate of Northern Gaspésie. Three sets of data were gathered together, an inventory of avalanche activity realized by the Ministère des Transports du Québec between 1987 and 1993, a series of specific avalanche events having caused road accidents, including three mortals (1935, 1956 and 1971), for a total of 21 avalanche days, and the dates of avalanches were confronted with weather data provided by the stations of Environment Canada. Preliminary results indicate that the coastal slopes of Northern Gaspésie have two major avalanche regimes : a spring regime associated with snowmelt, rain and ice-block fall from rock walls, and a winter regime associated with snowstorms.
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Réchauffement climatique et dynamique forestière au 20e siècle : la pinède de reboisement sur éboulis de la Courbe (Massif des Grandes Rousses, Alpes du Nord, France)
Christophe Corona et Georges Rovéra
p. 181–194
RésuméFR :
Cette étude porte sur la dynamique, depuis le début du 20e siècle, d’une forêt de reboisement à pin noir d’Autriche (Pinus nigra ssp. nigricans) sur un talus d’éboulis, localisé dans le sud du massif des Grandes Rousses (Alpes du nord, France). Les différentes étapes de la dynamique forestière ainsi que la croissance des arbres étudiée par dendrologie révèlent les fluctuations climatiques du siècle écoulé (1896-2003). Une cartographie diachronique à grande échelle (1/5 000) au pas de temps bi-décennal, combinée à des prélèvements dendrologiques (157 arbres échantillonnés sur 12 placettes), font ressortir l’expansion rapide de la pinède entre 1950 et 1970, puis un ralentissement dans les décennies 1980, 1990 et le début des années 2000. Cette évolution concorde avec les variations des basses fréquences contenues dans les séries dendrochronologiques et météorologiques. La croissance du peuplement dans les décennies 1950-1970 coïncide avec une augmentation de 40 % de la croissance radiale et une succession d’étés frais et arrosés, d’après les séries climatiques de la station Besse en Oisans située à proximité du site. Inversement, depuis le milieu des années 1970, le peuplement connaît un déficit de croissance radiale de 20 % lié à une série d’étés chauds et secs, contribuant à une expansion ralentie. Cette sensibilité très forte des pins à la sécheresse pré-estivale (mai, juin et juillet) est confirmée, au pas de temps mensuel, par l’analyse dendroclimatologique. Dans un contexte d’épisodes de sécheresse intra-alpine de plus en plus prononcé, un phénomène récent encore peu abordé par les scénarios macroclimatiques, ces résultats conduisent à une série d’interrogations sur le devenir de ces peuplements et sur la fonction de sentinelle de ces forêts reboisées sur un substrat à faible capacité hydrique, capables d’enregistrer fortement les modifications des régimes pluviométriques et thermiques, encore mal modélisées en régions de montagnes.
EN :
Forest dynamics were studied on a scree slope located at southern end of the Grandes Rousses Mountains (Northern Alps, France), which had been reforested with Austrian black pine (Pinus nigra ssp. nigricans) at the beginning of the 19th century. Dendrological study of the stages of forest dynamics and tree growth revealed climate fluctuations over the last century. Large scale (1 :5 000) bidecennial diachronic cartography combined with dendrologic samples (157 trees sampled on 12 plots) showed rapid expansion of Pinus nigra between 1950 and 1970, followed by a slow-down since the beginning of the 1980s. This tendency matches low-frequency variations in both dendrochronological and meteorological series. A rise in tree numbers between the 1950s and 1970s thus parallels an increase of 40 % in radial growth and a sequence of cool, wet summers recorded at the nearby meteorological station of Besse en Oisans. In the same way, radial growth has decreased by 20 % since the middle of the 1970s, in relation with a succession of hot, dry summers, resulting in a slow-down in colonization. The high sensitivity of pines to early summer drought (in May, June and July) was corroborated by monthly dendroclimatologic analysis. These results raise questions about the future survival of such pine populations in the context of increasingly-severe intra-alpine drought, a phenomenon as yet insufficiently predicted by macroclimatic scenarios. Further research is also needed into the suitability of protection forests on scree slopes to detect modifications in the pluviometric patterns of mountain regions, currently poorly predicted by climatic models.
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La batture de l’anse au Sable à Rimouski : un estran typique de la rive sud de l’estuaire maritime du Saint-Laurent, Québec
Jean-Claude Dionne
p. 195–210
RésuméFR :
Parmi les rivages des régions froides, ceux de la rive sud de l’estuaire maritime offrent des particularités qui méritent d’être mieux connues. Celui de l’anse au Sable, près de Rimouski, appartient à cette catégorie. Situé le long d’une crête rocheuse appalachienne orientée SO-NE, il comprend dans la partie supérieure un étroit cordon littoral composé de sable et gravier, une ancienne plate-forme rocheuse qui occupe la moitié supérieure du bas estran et, dans la moitié inférieure, un substrat argileux en très grande partie recouvert de cailloux dont plus de 65 % sont des erratiques précambriens provenant du Bouclier laurentidien, situé sur la rive nord de l’estuaire à plus de 30 km. Les erratiques d’origine lointaine, précambriens et appalachiens, ont d’abord été déplacés par les glaciers wisconsiniens vers la vallée du Saint-Laurent ; la majorité ont ensuite été transportés et relâchés par des icebergs sur le fond de la Mer de Goldthwait au cours de la déglaciation entre 13 et 10 ka environ. Les erratiques sédimentaires d’âge ordovicien et silurien provenant de l’intérieur des terres en zone appalachienne comptent pour un faible pourcentage des cailloux de la batture de l’anse au Sable. La majorité des autres erratiques sédimentaires sont issus des crêtes rocheuses appalachiennes en bordure du rivage. Un nombre indéterminé d’erratiques précambriens, d’abord déplacés par l’Inlandsis laurentidien et abandonnés dans la zone côtière appalachienne, ont pu être remobilisés vers l’estuaire après le maximum glaciaire, lors de l’inversion de l’écoulement des glaces du secteur appalachien vers le nord et le nord-est. Les cailloux formant des dallages et des cordons simples proviennent en grande partie du résidu grossier laissé derrière par l’érosion par les vagues et les courants des dépôts marins et littoraux. Dégagés de leur gangue, les cailloux ont alors été repris par des radeaux de glace et concentrés sur la batture argileuse.
EN :
Among the various cold region shorelines, those of the Lower St. Lawrence estuary have particular characteristics that need to be better known. The shore at Anse au Sable (Sandy Cove), near Rimouski, is of special interest. Located at the foot of an Appalachian rock ridge oriented SW-NE, the shoreline includes a narrow sandy gravel beach at the high tide level, a relatively wide rock platform in the upper half of the strand, and, in the lower half, a clayey substrate which is covered by boulders, 65 % being Precambrian erratics from the Laurentidian Shield located 30 km north of the St. Lawrence valley. Precambrian and Appalachian far-travelled erratics were first moved toward the estuary by Wisconsinian glaciers. Most erratics were then transported and dropped on the sea floor of the Goldthwait Sea by icebergs during deglaciation between 13 and 10 ka. An unknown percentage of Precambrian erratics, first displaced by the Laurentide Ice Sheet and dropped in the Appalachian region, were removed and displaced northward and northeastward at the Late Glacial maximum. The sedimentary errratics at Anse au Sable have two origins. Most are from local bedrock outcrops near the present shoreline, whereas a low percentage are from the Ordovician and Silurian formations of the Appalachians south of the coastal area submerged by the postglacial sea. Erosion by waves and currents during the Holocene of shore and marine clay deposits containing ice rafted coarse debris resulted in a boulder lag from which boulders were removed by shore ice and concentrated on the lower clayey tidal flat.
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First recognition of a Laurentide Ice Stream : Robert Bell on Hudson Strait
Ian A. Brookes
p. 211–215
RésuméEN :
In papers published in 1895 and 1901, and in undated notes for a 1907 paper he did not deliver or publish, Robert Bell of the Geological Survey of Canada interpreted the pattern of glacial striae, stossing of rock knobs, and surficial sediment composition along the margins of Hudson Strait, between Labrador, Ungava Bay and Baffin Island, as evidence of what he called an ice-stream, a long river-like glacier, fed from Hudson Bay and Foxe Basin, that had moved eastward along the Strait during the Late Glacial period. This was the earliest mention of such a glaciological feature within the Laurentide Ice Sheet (LIS). It was not until ice-streams were recognized in the West Antarctic Ice Sheet in the 1970’s that Bell’s concept was revived in the next decade and subsequently, in recognition of several ice-streams within the Late Wisconsinan LIS.
FR :
Dans des articles publiés en 1895 et 1901, et des notes inédites pour lesquelles il n’a pas donné suite ou publié, Robert Bell de la Commission géologique du Canada a interprété le patron des stries glaciaires, le profilage des collines rocheuses et la composition des dépôts superficiels le long des marges du détroit d’Hudson, entre la péninsule du Labrador, la baie d’Ungava et l’île de Baffin, comme étant les indices d’un fleuve de glace, un glacier s’apparentant à une rivière, comme il l’a nommé, alimenté par la baie d’Hudson et le bassin de Foxe, et s’est écoulé vers l’est à travers le détroit pendant la période glaciaire. Il s’agit alors de la première mention d’un tel phénomène pour l’inlandsis laurentidien. Il faudra attendre que les courants de glace de la calotte antarctique-ouest soient reconnus dans les années soixante-dix pour que le concept de Bell soit repris dans les années quatre-vingt et par la suite, par l’identification des nombreux courants de glace de la calotte laurentidienne au Wisconsinien supérieur.
Essai
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Geological evidence of a palynologically defined cooling in southeastern Canada at 10 000-8000 14C yr BP
Ian A. Brookes et Douglas R. Grant
p. 217–224
RésuméEN :
Post-glacial pollen spectra over a wide area of southeastern Canada have been interpreted as showing that the general warmth-adapted trend of regional vegetation change was interrupted between 10 000 and 8000 14C yr BP, reverting to conditions associated with a markedly cooler climate. This biotic reversal has been attributed to a climatic cooling caused by discharge of frigid water from glacial Lake Agassiz, through the Great Lakes to the Goldthwait Sea in the Gulf of St. Lawrence basin. Here, we assemble geological evidence from widely scattered localities in and around the Gulf of St. Lawrence, all previously reported, a majority unexplained, and ascribe it collectively to the same climatic cooling. We interpret the marine diamicts and other faunal reversals as the products of cooling, which intensified sea-ice conditions during the interval 10 000-8000 14C yr BP, specifically at 9300 14C yr (9170 yr, reservoir corrected), conditions resulting from that meltwater influx. This age was several centuries too young to be correlated with the Preboreal Oscillation, but several easterly overflows of Lake Agassiz occurred before and after this date, and may have increased sea-ice in the Goldthwait Sea, singly or by hysteresis. Other truly glacial features in southeastern Canada, such as moraine systems and diamictons, are also referred to this cooling.
FR :
Les spectres polliniques post-glaciaires d’une vaste région du sud-est du Canada montrent que la tendance générale au réchauffement qu’impliquent les changements de végétation régionaux a été interrompue entre 10 000 et 8000 ans 14C BP, revenant à des conditions typiques d’un climat plus froid. Cette inversion biotique a été attribuée à un refroidissement climatique causé par la décharge des eaux froides du lac glaciaire Agassiz, via les Grands Lacs jusqu’à la mer de Goldthwait en passant dans le Golfe du Saint-Laurent. Nous examinons ici plusieurs indices géologiques aux alentours du Golfe du Saint-Laurent, tous déjà publiés, la plupart inexpliqués, et les attribuons collectivement au même refroidissement. Nous interprétons les diamictons marins et les inversions biotiques comme étant le produit d’un refroidissement qui a intensifié les conditions de glace de mers entre 10 000 et 8000 ans BP, plus particulièrement il y a 9300 ans BP (9170 ans, avec correction du réservoir marin), ces conditions résultant des apports d’eau de fonte. Cet âge est trop jeune de plusieurs siècles pour être corrélé à l’oscillation du Préboréal, mais plusieurs épisodes de décharge du lac Agassiz se sont produites avant et après cette date, et peuvent avoir favorisé un plus grand couvert de glace dans la mer de Goldthwait, chacun ou par hystérésis. D’autres traits typiquement glaciaires, tels les systèmes morainiques, sont également associés à ce refroidissement dans le sud-est du Canada.
Note
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Vertebra of a Bowhead whale (Balaena mysticetus) in Late Wisconsinan deglacial marine sediments, Trout River, Newfoundland, and local late-glacial sea-level change
Ian A. Brookes
p. 225–227
RésuméEN :
This note reports the geological contexts and radiocarbon and calibrated ages of whalebone and bivalve recovered from emerged deglacial marine sediments at Trout River, Newfoundland (49°28.6’ N, 58°07’ W). The rate of sea-level fall is calculated for the first deglacial millennium, and discrepancies are noted between calibrated ages of bone and shell.
FR :
Cette note fait état du contexte géologique et des âges radiocarbone et calibrés d’une vertèbre de baleine et d’un coquillage issus de dépôts marins tardiglaciaires à Trout River, Terre-Neuve (49°28.6’ N, 58°07’ W). Le taux de diminution du niveau de la mer est calculé pour le premier millénaire, et la divergence des âges entre l’os et le coquillage est discutée.
Comptes rendus
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Jaccard, Mark, 2006. Sustainable Fossil Fuels. The Unusual Suspect in the Quest for Clean and Enduring Energy. Cambridge University Press, New York, 381 p., 23,0 x 15,5 cm, 24,99 $ US, ISBN 0-521-67979-6 (couverture souple)
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André, Marie-Françoise, Étienne, Samuel, Lageat, Yannick, Le Coeur, Charles et Mercier, Denis, sous la direction, 2007. Du continent au bassin versant. Théories et pratiques en géographie physique. Hommage au professeur Alain Godard. Presses Universitaires Blaise Pascal, Clermont-Ferrand, 592 p., 201 fig., 30 tabl., 25,0 x 19,0 cm, 40 €, ISBN 978-2845160-335-5
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Ancey, Christophe, édit., 2006. Dynamique des avalanches. Presses Polytechniques et Universitaires Romandes, Lausanne, 352 p., 110 illustrations, 19,0 x 24,0 cm, 55 €, ISBN 2-88074-648-5 (couverture souple)
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Soutter, Marc, Mermoud, André et Musy, André, 2007. Ingénierie des eaux et du sol. Processus et aménagements. Presses Polytechniques et Universitaires Romandes, Lausanne, 312 p., illustré, 19,0 x 24,0 cm, 37,45 €, ISBN 978-2-88074-724-4 (couverture souple)
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Ingebritsen, Steve, Sanford, Ward et Neuzil, Chris, 2006. Groundwater in Geologic Processes. Cambridge University Press, New York, 562 p., 154 fig., 13 tabl., 24,7 x 17,4 cm, 75 $ US, ISBN 0-521-60321-8 (couverture souple)