FR :
La SAARC (Association de l'Asie du Sud pour la coopération régionale) fut fondée en 1985, afin de promouvoir un modèle de régionalisme plutôt unique. D'une part, la SAARC cherchait à favoriser un dialogue entre des pays aux prises avec de sérieux différends politiques résultant de 200 années de colonialisme. D'autre part, les membres souhaitaient exclure de la juridiction de l'Association ces mêmes questions politiques. L'objectif des pays membres fut plutôt de développer des liens dans les domaines de la culture, de l'éducation et de l'économie afin de réduire ces différences politiques, mais sans leur faire face directement. Malheureusement, cette approche n'a pas permis de resserrer les liens politiques ou économiques entre les États membres, d'où un certain pessimisme quant à l'avenir de l'organisation. Les années 1990 ont cependant radicalement changé la trajectoire de la SAARC. La fin de la guerre froide et la redéfinition des relations entre État et société au sein de chaque État membre semblent avoir engendré un besoin structurel de posséder une association telle que la SAARC. De plus, en accord avec la tendance globale contemporaine à attribuer une plus grande primauté à l'économie qu'à la politique, les différences politiques entre les membres de l'Association semblent avoir graduellement fait place à une SAARC plus active et plus efficace. Cependant, ce nouvel optimisme pour la SAARC, basé uniquement sur l'enthousiasme des acteurs économiques, est également prématuré. En d'autres termes, la question de la capacité des intérêts économiques à fournir les éléments nécessaires pour rassembler ces pays et créer une force régionale en Asie du Sud demeure ouverte.
EN :
The South Asian Association for Regional Co-operation (SAARC) was founded in 1985 for promoting a somewhat unique model of regionalisation. On the one hand, SAARC sought to foster dialogue between countries which seemed enmeshed in serious political strife, the roots of which lay in two hundred years of colonialism. On the other hand, the members consciously wished to exclude from SAARC'S jurisdiction these political issues. Rather, their aim was to develop linkages in the realm of culture, education and economies which could moderate these political differences without directly confronting them. Unfortunately, this approach did not succeed in fortifying either economic or political linkages between the member states, and resulted increasingly in a "sAARC-pessimism". The nineties however, have dramatically changed the course of SAARC. The end of the Cold War and the redefinition of state-society relations within each of the member states seem to have engendered a structural necessity for SAARC; moreover, in keeping with the contemporary global tendency to ascribe a greater primacy to economies over politics, the political differences between SAARC members seem to be gradually giving way to a more active and effective SAARC. However, this new SAARC-optimism-premised solely on the enthusiasm of economic actors, is also premature. In other words, whether economic interests can provide the necessary cementing factor to actually pull together a regional force in South Asia remains an open question.