Volume 33, numéro 1, printemps 2000 La victimologie : quelques enjeux Sous la direction de Arlène Gaudreault et Tony Peters
Sommaire (11 articles)
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Mot du directeur
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Présentation
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Victimology: Past, Present and Future
Ezzat A. Fattah
p. 17–46
RésuméEN :
As popular as victimology has become, it is surprising that no comprehensive history of the discipline has ever been written and there are no systematic assessments of its present state or of likely future developments. The present paper is an attempt to remedy this situation. Victimology is a young, promising discipline and a fascinating subject. And although victimization is as old as humanity itself, it was not until after the Second World War that the scientific study of crime victims emerged as an essential complement to criminology's well-established research on offenders. Because it emerged to fill a serious theoretical void, it did not take long for victimology to become an integral part of criminology. And although victimology has by now affirmed itself as a major research area within criminology, its nature, importance and standing continue to generate a great deal of comments and controversy. Be this as it may, the study of crime victims and of criminal victimization has the potential of reshaping the entire discipline of criminology and may very well be the long awaited paradigm shift that criminology desperately needs. Like criminology, victimology has not followed the same path in every part of the globe. And as with any other discipline, it is more advanced and more developed in certain countries than it is in others. And while there are certain similarities and commonalities in the way victimology developed here and there, there are also significant qualitative and even quantitative differences. Despite this, recent developments in victimology have been both emphatic and dramatic, and the discipline has undergone a radical transformation. The theoretical approaches that characterized early victimology were eclipsed by major achievements in the applied field. This remarkable phase in the evolution of victimology was one of consolidation, data gathering, theory formulation, and above all new victim legislation and sustained efforts to improve the victim's lot and alleviate their plight. In the theoretical field various models were developed in an attempt to explain the enormous variations in victimization risks, the clustering of victimization in certain areas and certain groups, and to unravel the intriguing phenomenon of repeat victimization. On the legislative front there was a flurry of victim bills in a large number of countries. Following the adoption of the UN Declaration of Basic Principles of Justice for Victims of Crime and Abuse of Power by the General Assembly of the United Nations, Victims Bills of Rights were passed by the legislative bodies in several countries. The developments in the applied field were even more spectacular. Among those developments was the creation of state compensation to victims of violent crime, the re-emergence of restitution by offender, and the establishment and proliferation of victim-offender mediation programs. One sector that saw great expansion was that of victim services. Victim therapy became a popular and acceptable way of dealing with the traumatic effects of victimization. Based on this dynamic history and on past and present trends, the paper makes an attempt to identify some likely future developments in victimology. It suggests that a transition from utopian idealism to hard realism will occur, accompanied by growing emphasis on scientific research, particularly qualitative research. It foresees that the need for advocacy and partisanship will decline, and predicts the demise of victim therapy. Future developments in victimology are seen as intimately linked to the acceptance and implementation of the restorative justice paradigm. The conclusion is that victimology will likely develop into a truly scientific discipline and a truly humanistic practice.
FR :
Malgré la popularité acquise par la victimologie, il est surprenant de constater qu'il n'existe pas de compte rendu exhaustif de l'histoire de la discipline, ni d'évaluations systématiques de son état actuel ou de l'orientation probable de ses développements futurs. Le présent article se propose de remédier à ces lacunes. La victimologie est un domaine jeune et prometteur, ainsi qu'un sujet d'étude fascinant. Bien que le fait de victimiser soit aussi vieux que l'humanité elle-même, ce ne fut qu'après la Deuxième Guerre mondiale que l'étude scientifique des victimes du crime apparut comme étant un complément essentiel aux recherches criminologiques sur les auteurs d'actes criminels. Du fait même qu'elle naquit afin de combler une importante lacune théorique, il ne lui fallut pas longtemps avant de devenir une partie intégrante de la criminologie. Mais, en dépit du fait qu'elle constitue désormais un domaine de recherche important en criminologie, sa nature, son importance et son statut continuent à susciter un grand nombre de commentaires et de controverses. L'étude des victimes du crime et du phénomène de la victimisation criminelle possède le potentiel de pouvoir remodeler la criminologie en tant que discipline, et pourrait bien être le changement de paradigme tant attendu. À l'instar de la criminologie, la victimologie n'a pas évolué de la même manière partout dans le monde. Comme toutes les disciplines, elle est plus avancée et plus développée dans certains pays que dans d'autres. Son développement présente certaines similitudes mais aussi d'importantes différences. Malgré tout, les récents développements en victimologie ont transformé radicalement la discipline. Des réalisations majeures dans le domaine de la pratique sont venues éclipser les approches théoriques des débuts de la victimologie. Cette phase remarquable de son évolution fut caractérisée par des activités de consolidation, de cueillette de données, de formulation de théories et surtout, de création de nouvelles lois axées sur les victimes ainsi que de mise au point de mesures visant à améliorer leur situation. Sur le plan théorique, divers modèles furent élaborés afin d'essayer d'expliquer la grande variabilité des risques de victimisation, la concentration des risques de victimisation dans certains secteurs et au sein de certains groupes, ainsi que pour tenter de lever le voile sur le phénomène particulier de la victimisation répétée. Suite à l'adoption par les Nations Unies de la Déclaration de principes fondamentaux de justice relatifs aux victimes de la criminalité et aux victimes d'abus de pouvoir, plusieurs États réagirent en élaborant des lois accordant des droits aux victimes. Les développements dans le domaine de la pratique furent encore plus spectaculaires. On doit souligner notamment la création de systèmes étatiques d'indemnisation des victimes de crimes violents, la reémergence de l'obligation pour le criminel de réparer les dommages causés à la victime, ainsi quel'établissement et la prolifération de programmes de médiation entre victimes et agresseurs. Le secteur des services d'aide aux victimes, en particulier, connut une formidable expansion. La thérapie devint la voie privilégiée pour les victimes de contrer les effets traumatiques de la victimisation. C'est sur la base de cette évolution dynamique, ainsi que sur celle des tendances passées et actuelles, que le présent article essaie d'identifier certaines voies que pourrait emprunter la victimologie dans le futur. Il émet l'hypothèse que l'on verra s'effectuer une transition d'un idéalisme utopique vers un réalisme intransigeant, mettant de plus en plus l'accent sur la recherche scientifique et en particulier sur la recherche qualitative. L'article prévoit également que le besoin de promouvoir et de défendre les droits des victimes ira décroissant, et qu"il en sera de même pour le recours systématique à la thérapie pour les victimes. Les développements futurs en victimologie sont perçus comme étant intimement liés à l'acceptation et à l'implantation du modèle de justice restauratrice. On en conclut que la victimologie se transformera vraisemblablement en une discipline véritablement scientifique et en une pratique véritablement humanitaire.
ES :
No obstante su popularidad, es sorprendente que la victimología carezca en la actualidad de una historia del alcance de la disciplina y que se ignoren evaluaciones sistemáticas sobre su estado actual o sobre sus posibles desarrollos futuros. El presente trabajo constituye un esfuerzo dirigido a cubrir esta laguna. La victimología es una disciplina jóven y promisoria a la vez que representa un campo de estudio fascinante . Aún cuando la victimización es tan antigua como la humanidad, no fue sino después de concluida la Segunda Guerra mundial que el estudio científico de las víctimas del delito emergió como un complemento fundamental de las ya bien establecidas investigaciones sobre los delincuentes en materia criminológica. Dado que la victimología surge con la finalidad de llenar un importante vacío teórico, no pasará mucho tiempo para que este conocimiento llegue a constituir una parte integrante de la criminología. A pesar de que la misma se ha afirmado hasta ahora como un área de importancia para la investigación criminológica, su naturaleza, relevancia y ubicación continúan generando extensos comentarios y debates. Sea lo que fuere, el estudio de las víctimas del delito y de la victimización criminal ha mostrado la potencialidad de replantear la criminología como disciplina. Al igual que ha ocurrido con la criminología, la victimología no ha seguido la misma evolución en todo el mundo y tal como puede observarse en otras disciplinas, la victimología parece más adelantada y más desarrollada en algunos países en comparación con otros. No obstante ciertas similaridades y aspectos en común en cuanto a su desarrollo en diferentes regiones, se pueden indicar también diferencias importantes tanto cualitativas como cuantitativas. A pesar de ello, los recientes desarrollos en su campo han sido dramáticos, de manera que la victimología ha sido objeto de transformaciones radicales. Los enfoques teóricos que caracterizaron los primeros tiempos del conocimiento victimológico habrían de ser eclipsados ante los importantes logros que se alcanzaron posteriormente en el campo aplicado. Esta trascendente fase en la evolución de la victimología habría de caracterizarse por su consolidación, la recolección de información empírica, la formulación teórica y sobre todo por la creación de nuevas leyes y esfuerzos dirigidos a mejorar la condición de la víctima y a solucionar sus carencias. En el campo teórico, se han desarrollado diversos modelos en un intento por hallar explicación a las enormes variaciones en cuanto a los riesgos de victimización, la concentración de la victimización en ciertas áreas y entre ciertos grupos, así como para aclarar el curioso fenómeno de la victimización repetitiva. Por lo que respecta a la dimensión legislativa, se ha podido comprobar una proliferación de leyes en materia de víctimas, en numerosos países. Posteriormente a la Declaración de la Asamblea General de las Naciones Unidas sobre los Principios Básicos de Justicia para las Víctimas del Delito y del Abuso de Poder (1985), fueron promulgadas numerosas leyes sobre derechos de las víctimas por parte de los organismos legislativos de diferentes países. Los logros alcanzados en el campo aplicado han sido aún más impresionantes. Entre ellos pueden citarse la instauración de la compensación estatal en el caso de las víctimas de delitos de violencia, el resurgimiento de la reintegración por lo que respecta a los transgresores, así como la aparición y multiplicación de diferentes programas dirigidos a la mediación entre víctimas y victimarios. Un sector particular en el cual se ha experimentado una enorme expansión ha sido el de los servicios a las víctimas. La terapia ofrecida a la víctima para enfrentar los traumáticos problemas generados por la victimización, se ha convertido en una medida popular y a la moda. Basados en esta dinámica histórica sobre aspectos pasados y actuales de la victimología, el presente ensayo intenta identificar algunos desarrollos probables en este campo. Consideramos que la transición de una forma de idealismo utópico a otra de sólido realismo habrá de ocurrir como consecuencia de un énfasis creciente en la investigación científica, en particular la de carácter cualitativo. Se prevé que tanto la reividicació de los derechos de las victimas así como el partidismo irán gradualmente disminuyendo y se predice la desaparición progresiva de la terapia victimológica. Los futuros avances en el campo de la victimología se proponen como una cuestión íntimamente ligada a la aceptación e implementación del paradigma de la justicia restaurativa. Nuestra conclusión es que la victimología se desarrollará en un futuro como una auténtica disciplina de nivel científico, al mismo tiempo que como una práctica genuinamente humanista.
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Incidence de l abus et la négligence envers les enfants : recension des écrits
Marc Tourigny et Chantal Lavergne
p. 47–72
RésuméEN :
The mistreatment of children has become a major social concern. The suffering of children occurs in a variety of forms: sexual, physical or emotional abuse, and negligence. Studies that examine the incidence of child mistreatment have become an indispensable tool in documenting its extent, as well as its diverse forms, the characteristics of its victims and their abusers, and their environments. Such knowledge is essential to forming social policies, organizing services, and developing interventions and clinical practices adapted to the needs of families affected by this problem.
The purpose of this article is to update current knowledge with regard to the incidence of child mistreatment. Specifically, it intends to determine rates of specific forms of mistreatment, to examine the evolution of such rates in recent years, and to identify important methodological shortcomings of studies in this area in order to identify challenges that must be met to obtain a reliable measurement of the extent of child mistreatment.
Four methods of data collection were used to locate publications presenting rates of incidence: a bibliographical search among major data banks, a review of current literature, research among the web-sites of relevant organizations, and personal contacts with researchers working in this field. Literature was selected according to specific criteria for inclusion; 24 relevant publications were identified, a number of which present incidence rates based on a number of data banks and covering several years.
The results demonstrate a significant variation in incidence rates, not only the rates of reported mistreatment (prior to investigation by child protection services) but also the rates of confirmed mistreatment following assessment. Reporting rates varied from 5 to 72 children per 1000 in the community; the child victim rates varied from 2 to 110 children per 1000. More than half of the situations of mistreatment consisted of negligence, followed by physical abuse (about 20 %), sexual abuse (about 10 %) and emotional abuse (about 6 %).
An examination of regional rates also demonstrated significant differences. In general, the rates of reported as well as confirmed incidents in the United States were two to three times higher than those in Australia or Quebec, but only minimally higher than rates in Ontario. Rates of negligence and sexual or physical abuse followed the same pattern, while rates of emotional abuse were divergent. Differences among rates may to some extent be explained by regional differences, but methodological differences among studies are also important. Studies based on data from child protection agencies report much lower rates than studies based on data collected from professionals working with abused children in the community.
Finally, rates of reported incidents of child mistreatment and rates of confirmed reports have increased significantly during the last twenty years. According to child protection services' data, rates seem to have stabilized since the beginning of the 1990s. According to data provided by community professionals however, the rate of child mistreatment has increased consistently during this period, whatever the form of abuse considered.
The discussion of results examines three aspects: first, factors that may explain significant rate variations; second, the stability of rates reported by child protection services compared with the consistent rate increase reported by community professionals; and finally, current methodological shortcomings and means of improving future research.
FR :
Les mauvais traitements envers les enfants représentent une préoccupation importante dans notre société. Les sévices que subissent les enfants peuvent prendre différentes formes dont celles de l'abus sexuel, l'abus physique, l'abus émotionnel et la négligence. Les études portant sur l'incidence des mauvais traitements envers les enfants s'avèrent un moyen indispensable pour documenter non seulement l'ampleur du phénomène, mais aussi la nature des diverses formes de mauvais traitements, les caractéristiques des victimes, des personnes qui maltraitent et de leur milieu de vie. Ces connaissances sont essentielles au développement des politiques sociales, à l'organisation des services et au développement d'interventions et de pratiques cliniques adaptées aux besoins des familles touchées par ce problème.
Cet article a pour but de faire le point sur les connaissances actuelles concernant l'incidence des mauvais traitements envers les enfants. Plus spécifiquement, il vise : 1) à déterminer les taux d'incidence des diverses formes de mauvais traitements envers les enfants; 2) à examiner l'évolution des taux de mauvais traitements au cours des dernières années; et 3) à cerner les principales limites méthodologiques de ce champ d'études de manière à identifier les défis à relever pour parvenir à une mesure fiable de l'incidence des mauvais traitements envers les enfants.
Quatre méthodes de repérage ont été utilisées pour localiser les publications présentant des taux d'incidence, soit : une recherche bibliographique auprès des principales banques de données informatisées, l'utilisation de recensions d'écrits existantes, une recherche sur le site Web de certains organismes pertinents et finalement, des contacts personnels auprès de chercheurs impliqués dans ce champ d'études. Des critères d'inclusion ont été utilisés afin de sélectionner les publications, ce qui a conduit à l'identification de 24 publications dont un certain nombre présentait des taux d'incidence provenant de banques de données couvrant plusieurs années.
Les résultats montrent une variation importante des taux d'incidence, et ce, tant pour les taux de mauvais traitements signalés (avant évaluation par les services de protection de l'enfance) que pour les taux de mauvais traitements jugés fondés après évaluation. Les taux d'enfants signalés varient de 5 à 72 pour 1000 enfants de la communauté alors que les taux d'enfants victimes varient de 0,2 à 110 pour 1000. La négligence représente plus de la moitié des cas de mauvais traitements, suivie des abus physiques (environ 20 % des situations), des abus sexuels (environ 10 %) et des abus émotionnels (environ 6 %).
L'examen des taux par région montre des différences importantes. De façon générale, les taux d'incidence d'enfants signalés et les taux de signalements fondés aux États-Unis sont de deux à trois fois plus élevés qu'en Australie ou au Québec, mais seulement légèrement plus élevés qu'en Ontario. Les taux de négligence, d'abus sexuel et d'abus physique suivent la même tendance, mais non les taux d'abus émotionnel. Ces variations s'expliquent d'une part par des différences régionales, mais d'autre part par les caractéristiques méthodologiques des études. Les études réalisées à partir des données des agences de protection rapportent des taux beaucoup moins élevés que les études réalisées à partir de données colligées auprès des professionnels de la communauté.
Finalement, les taux d'incidence d'enfants signalés pour mauvais traitements et de signalements jugés fondés ont augmenté de façon importante dans les vingt dernières années. Depuis le début des années 1990, les taux semblent se stabiliser lorsqu'on examine les données provenant des services de protection. Par contre, les taux de mauvais traitements provenant des professionnels de la communauté augmentent durant cette période, et ce, quelle que soit la forme de mauvais traitements considérée.
La discussion des résultats porte sur trois aspects : 1) les facteurs susceptibles d'expliquer la variation importante des taux ; 2) la stabilité des taux d'incidence provenant des études réalisées à partir des données des services de protection comparée à l'augmentation constante des taux d'incidence d'enfants maltraités établis à partir des données recueillies auprès des professionnels de la communauté ; et 3) les limites méthodologiques actuelles et les améliorations à apporter dans les recherches futures.
ES :
El maltrato infantil constituye una preocupación de primer orden en nuestra sociedad. Las sevicias sufridas por los menores pueden presentar diversas formas, entre ellas el abuso sexual, el abuso físico, el abuso emocional y la negligencia. Los estudios sobre la incidencia de este problema en los niños pasa a ser un recurso indispensable para documentar no sólo la amplitud del fenómeno, sino también la naturaleza de sus diversas modalidades, las características de las víctimas, las de las personas que maltratan y el entorno de sus vidas. Estos conocimientos resultan esenciales cuando se piensa en el desarrollo de las políticas sociales, en la organización de los servicios y en el desarrollo de las intervenciones y las prácticas clínicas acordes con las necesidades de las familias afectadas por el problema.
El presente artículo tiene por finalidad precisar el estado actual de los conocimientos en lo que respecta a la incidencia del maltrato infantil. Más claramente, el intenta : 1) determinar las tasas de incidencia de las diversas formas de maltrato infantil; 2) examinar la evolución de las tasas de este tipo de maltrato en el curso de los últimos años; 3) identificar las principales limitaciones metodológicas presentes en este campo, para hacer frente a los desafíos futuros, de manera que pueda lograrse una medición confiable de la incidencia de este tipo de maltrato en la sociedad.
El autor utiliza cuatro métodos de búsqueda para localizar las publicaciones que contienen datos sobre tasas de incidencia, es decir: una investigación bibliográfica entre los principales bancos de datos informatizados, el uso de recensiones de escritos existentes, la búsqueda en los sitios web de algunos organismos pertinentes, y, finalmente, el contacto personal con diversos investigadores que trabajan este tema. Algunos criterios de inclusión han sido aplicados a fin de seleccionar las publicaciones, lo que le ha permitido identificar 24 publicaciones, algunas de las cuales contienen tasas de incidencia provenientes de bancos de datos a lo largo de varios años.
Los resultados muestran una variación importante de las tasas de incidencia, y ello, tanto en lo que se refiere a las tasas de maltratos denunciados (con anterioridad a la evaluación hecha por los servicios de protección de la infancia) como a las tasas de maltratos considerados como fundados, luego de esta evaluación. Las tasas del primer tipo oscilan entre 5 y 72 por 1000 niños en la comunidad, mientras que las tasas del segundo tipo varían entre .2 y 110 por 1000. La negligencia en particular representa más de la mitad de las situaciones de maltrato, seguida por los abusos físicos (cerca del 20% de las situaciones), de los abusos sexuales (alrededor del 10 %) y de los abusos de orden emocional (aproximadamente 6 %).
El examen de las tasas por región muestra asimismo diferencias importantes. De manera general, las tasas de incidencia por denuncia y las tasas de denuncias fundadas son en Estados Unidos de dos a tres veces más altas que en Australia o en Québec, pero ligeramente superiores a las de Ontario. Las tasas de negligencia, de abuso sexual y de abuso físico parecen seguir la misma tendencia, mientras que las tasas en cuanto al abuso emocional constituyen una excepción. Tales variaciones se explicarían, por una parte, en razón de las diferencias regionales, y por otra, debido a las características metodológicas de los distintos estudios. Los estudios llevados a cabo a partir de datos suministrados por las agencias de protección de la infancia reportan generalmente tasas mucho más bajas que los estudios realizados a partir de los datos obtenidos por profesionales en la comunidad.
Por último, las tasas de incidencia de casos denunciados por razón de maltrato y las que corresponden a denuncias de este tipo consideradas con fundamento, han regis- trado un importante aumento en el curso de los últimos 20 años. Desde comienzos de la década de los '90', las tasas parecen estabilizarse cuando se analizan los datos provenientes de las agencias de protección. En cambio, las tasas de maltrato suministradas por los profesionales que trabajan en la comunidad han aumentado durante el mismo periodo, independientemente de la forma o del tipo de maltrato.
La discusión de los resultados engloba tres aspectos : 1) los factores susceptibles de explicar las variaciones de las diversas tasas; 2) la estabilidad de las tasas de incidencia en estudios hechos a partir de datos suministrados por los servicios de protección infantil, comparada al aumento constante de las tasas de incidencia del maltrato, tal como se observa a partir de los datos recolectados por los profesionales de la comunidad; 3) las limitaciones metodológicas actuales y los perfeccionamientos posibles en este orden, con vistas a futuras investigaciones en el campo.
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Analyse du processus d’empowerment dans des trajectoires de femmes victimes de violence conjugale à travers le système judiciaire
Dominique Damant, Jo Bélanger et Judith Paquet
p. 73–95
RésuméFR :
Bien qu'un nombre important de recherches, pourtant diversifiées, aient été réalisées auprès de femmes victimes de violence conjugale, les études portant spécifiquement sur les femmes qui ont recours au système judiciaire se font plutôt rares. Les écrits consultés ont permis d'identifier entre autres des facteurs facilitant le recours au processus judiciaire et des facteurs le freinant. Plus récemment, d'autres études ont porté de façon plus particulière sur les liens pouvant exister entre le fait pour une victime de s'engager dans le système judiciaire et son processus d'empowerment. L'étude qui est l'objet du présent article s'est intéressée de façon particulière au processus d'empowerment de femmes victimes de violence conjugale qui ont eu recours au système judiciaire. Elle porte sur l'analyse de 29 entrevues semi-dirigées avec des femmes victimes de violence conjugale, engagées ou non dans un processus judiciaire. Le paradigme que nous avons retenu pour l'analyse des données est le paradigme structurel. Trois caractéristiques généralement liées à la définition de la violence faite aux femmes ont déterminé ce choix : la violence est située dans un contexte de relations de pouvoir caractérisées par la domination ; le caractère discriminant de ces relations de pouvoir est lié au fait d'appartenir à un sexe plutôt qu'à un autre ; la dimension sociale et publique du problème de la violence est reconnue.
Le modèle de l'empowerment tel que nous l'avions élaboré semble approprié pour l'étude de trajectoires de femmes victimes de violence conjugale et laisse présager que toute démarche d'aide peut aider les femmes à s'engager dans un processus d'empowerment. Nos données nous permettent également d'identifier des éléments qui facilitent ce processus : support émotionnel ou informationnel. Nous n'avons toutefois pas pu cerner des éléments spécifiques au système judiciaire, en tant qu'institution sociale, qui favoriseraient le processus d'empowerment. Toutes les répondantes ont identifié des facteurs aidants et des obstacles. Seul le discours de nature plus sociale des répondantes différencie celles qui ont complété le parcours dans le système judiciaire des autres répondantes. L'hypothèse que nous retenons à ce moment-ci est que le fait de mener à terme des démarches judiciaires est plutôt indicateur d'empowerment. Si ceci s'avérait juste, on devrait en conclure que quelles que soient les décisions prises par les femmes à toutes les étapes du processus judiciaire, celles-ci doivent être respectées. Par ailleurs, l'information donnée, tout particulièrement en maison d'hébergement, qui analyse la violence conjugale comme un problème social et qui cherche à développer un mouvement de solidarité entre les femmes, semble être un facteur important dans le processus d'empowerment identifié dans cette étude.
Nous croyons que l'utilisation du modèle du processus d'empowerment que nous avons élaboré peut être un apport intéressant en ce qui concerne l'intervention auprès des femmes victimes de violence conjugale. Le modèle permet d'identifier l'étape du processus à laquelle la victime se situe et les besoins qu'elle manifeste (émotifs, cognitifs, comportementaux). On pourra alors lui proposer un type d'aide et d'informations plus pertinent à ses besoins. L'utilisation de ce modèle offre aussi l'avantage de comprendre qu'il n'est peut-être pas le moment de proposer à une femme d'entreprendre une démarche légale et qu'elle n'est peut être pas prête à persévérer en ce sens.
EN :
While a significant number of studies on women victims of domestic violence have been conducted, studies which particularly concentrate on women whose cases came before the criminal justice system are rare. An examination of these cases allows us to identify of a variety of factors, particularly those which favour or inhibit recourse to criminal justice system. The most recent studies focus on the relationship between a woman's recourse to such proceedings and the process of her empowerment.
This article concerns a study specifically concerned with the empowerment process among women victims of domestic violence who had recourse to criminal justice process. Data for the study consisted of 29 semi-directive interviews with women victims, some who were and some who were not engaged in criminal justice process. Structural paradigm was used for data analysis. Three criteria prevailed in this choice, generally linked to definitions of violence toward women: a context of violence that involves a relationship of power characterized by dominance; attribution of the discriminative quality of the power relationship to gender membership; and recognition of the social and public dimensions of problems linked with this type of violence.
The empowerment model elaborated in this article seems appropriate to study the trajectory of women victims of domestic violence. It supports a hypothesis that every helping activity may potentially assist women victims' engagement in an empowerment process. The data also allows identification of elements which facilitate the process: emotional support and access to information. We were not able to identify elements specific to the criminal justice system, as a social institution, which would favour an empowerment process.
Each of the respondents identified both facilitating factors and obstacles to empowerment. Only the more social nature of their discourse distinguished respondents who completed the criminal justice process from those who did not. This article puts forward the hypothesis that completion of the criminal justice process is an indicator of empowerment. If this hypothesis is correct, it should nonetheless be concluded that a woman's decisions must be respected at every stage of the criminal justice process. In addition, access to information analyzing domestic violence as a social problem and aimed at the development of solidarity among women victims, particularly provided by shelter residence, was identified by this study as an important factor in the empowerment process.
The authors consider that the empowerment model elaborated in this article offers a perspective of interest for interventions aiming to assist women victims of domestic violence. The model defines the stages of the empowerment process, as well as the emotional, cognitive, and behavioural needs of women victims, making it possible to provide women with the types of assistance and information that are most relevant to them. The model further facilitates an understanding of whether criminal justice proceedings would be appropriate, and whether the woman victim will be able to persevere in this matter.
ES :
Si bien el número de investigaciones realizadas sobre el tema de la mujer víctima de la violencia conyugal es importante a la par que diversificado, los trabajos específicos sobre las mujeres implicadas en el sistema judicial son hasta ahora escasos. Los estudios consultados han permitido - entre otras cosas - identificar los factores que facilitan la vía judicial y los factores que la frenan. Recientemente, otros estudios se han centrado en el análisis de las relaciones entre la posibilidad de una víctima de recurrir al sistema judicial y el mecanismo de obtención de poder legal o empowerment. El presente articulo tiene por objeto el interés particular por el proceso de empowerment en el caso de mujeres víctimas de violencia conyugal que han recurrido al sistema judicial. El mismo se apoya sobre el análisis de 29 entrevistas semi-dirigidas realizadas con mujeres víctimas de violencia conyugal, implicadas o no en un proceso judicial. El paradigma retenido para el análisis de los datos corresponde al paradigma estructural. En la selección de datos, prevalecieron tres criterios generalmente ligados a la definición de la violencia ejercida sobre la mujer, a saber : la violencia se ubica en un contexto de relaciones de poder caracterizado por la dominación ; el carácter discriminante de estas relaciones de poder se atribuye al hecho de pertenecer a un sexo más que al otro ; el reconocimiento de la dimensión social y pública del problema de la violencia.
El modelo de empowerment tal como lo hemos elaborado parece adecuado para el estudio de trayectorias en mujeres víctimas de violencia conyugal y su uso permite indicar que cualquier gestión de ayuda puede efectivamente facilitar la implicación de la mujer en el proceso de obtención de poder legal. Los datos recogidos permiten igualmente identificar los elementos que facilitan este proceso : apoyo emocional o apoyo informativo. No nos ha sido posible hasta ahora identificar los elementos específicos del sistema judicial, en cuanto institución social, que favorecen el proceso de empowerment. Todas las mujeres que respondieron identificaron los factores facilitantes, así como los obstáculos. En las respuestas sólo el discurso de naturaleza social permitió distinguir las mujeres que han completado el recorrido en el sistema judicial del resto de ellas. La hipótesis que retenemos hasta ahora es la de que el hecho de llevar a cabo las diligencias judiciales constituye más bien un indicador de empowerment. De ser ello cierto, podríamos concluir que cualesquiera sean las decisiones tomadas por las mujeres en las distintas etapas del proceso judicial, éstas deben ser respetadas. Por otra parte, la información que les es suministrada, en especial en las residencias para mujeres victimizadas y que analiza la violencia femenina como un problema social, procurando desarrollar así un movimiento de solidaridad entre las personas del sexo femenino, parece constituir un factor importante en el proceso de adquisición de poder legal identificado en el presente estudio.
Estamos convencidos de que la utilización del modelo de análisis del proceso de empowerment puede representar una contribución interesante en lo que se refiere a la intervención en el caso de mujeres víctimas de la violencia conyugal. El modelo permite identificar la etapa del proceso en la cual se sitúa la víctima, así como el tipo de necesidades que ella experimenta (emotivas, cognoscitivas, conductistas). De esta manera, podría proponerse la modalidad de ayuda y de información más pertinente en función de sus necesidades. La utilización de este modelo ofrece igualmente la ventaja de comprender cuando no es el momento oportuno para proponer a la mujer su implicación en un proceso legal, explicando porqué en ese momento no se halla tal vez en condiciones de perseverar en tal sentido.
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Les femmes condamnées pour homicide et l’ Examen de la légitime défense (Rapport Ratushny) : portée juridique et sociale
Sylvie Frigon et Louise Viau
p. 97–119
RésuméFR :
Dans cet article, les auteures font une analyse de l'Examen de la légitime défense (ELD) mené par la juge Ratushny relativement aux dossiers de femmes condamnées pour homicide tant avant qu'après Lavallée. Il sera découpé en deux parties. La première sera consacrée à faire un bilan de la situation de l'homicide conjugal et un portrait des femmes coupables d'homicide au Canada de même qu'à exposer brièvement la décision charnière en matière de légitime défense, l'arrêt Lavallée, sans lequel l'ELD n'aurait jamais eu lieu. Cette première partie sera suivie d'une analyse descriptive de l'ELD. Une attention particulière sera accordée aux résultats de l'examen effectué par la juge Ratushny dans une perspective socio-juridique.
L'arrêt Lavallée a remis en question l'approche juridique en matière de légitime défense, approche qui dans le passé ne reconnaissait pas la réalité des femmes homicidaires, dont certaines avaient fait l'objet d'abus et de violence antérieures. Dans cet arrêt, la Cour reconnaît la pertinence d'une preuve d'expert sur le syndrome de la femme battue. C'est ce contexte juridique nouveau qui a amené la Société Elizabeth Fry à entreprendre des démarches auprès des autorités et à faire des pressions afin d'obtenir la révision des dossiers des femmes justiciables condamnées pour homicide et qui n'auraient pas bénéficié du contexte plus favorable découlant de l'arrêt Lavallée. Tel était le contexte à l'origine du mandat confié à la juge Ratushny.
En octobre 1995, suite à la décision Lavallée (1990) et aux pressions exercées par la Société Elizabeth Fry du Canada afin que l'on réexamine les dossiers de femmes ayant commis un homicide, l'examen des cas des femmes condamnées au Canada pour homicide dans un contexte de violence (L'examen de la légitime défense, ELD) est enclenché. Dans le cadre de son mandat, la juge devait examiner les dispositions législatives concernant la légitime défense, faire des recommandations sur les possibilités de réforme et sur les recours possibles des requérantes.
À partir d'une liste fournie par le Service correctionnel du Canada, deux cent trente-six (236) femmes ont été contactées et quatre-vingt-dix-huit (98) femmes ont fait une demande de révision. L'analyse des cas s'est d'abord faite à partir des dossiers des tribunaux et des services correctionnels (transcriptions de procès, histoire sociale de la femme, renseignements sur son passé de victimisation dans certains cas). Des entrevues ont aussi eu lieu avec les femmes rencontrant les critères de révision tels qu'élaborés par la juge Ratushny, avec les avocats de la défense et les procureurs de la couronne. Des archives d'institutions ont aussi été consultées et les personnes suggérées par les requérantes ont été contactées.
Il se dégage de l'ELD deux types de recommandations, les premières susceptibles d'avoir un impact direct sur la situation des justiciables ayant soumis leur cas à la juge Ratushny, les secondes susceptibles de modifier à l'avenir la donne en matière de légitime défense si le gouvernement devait donner suite à ses propositions de réforme.
L'examen de 98 dossiers n'a amené que sept recommandations. Un nombre aussi restreint de recommandations a-t-il de quoi surprendre? Il est manifeste que l'ELD a suscité des attentes démesurées. Devant un si maigre résultat, devrait-on conclure qu'il fut inutile? L'examen des propositions de réforme contenues dans l'ELD s'impose avant de tenter de répondre à cette question. La juge Ratushny a aussi fait porter ses commentaires et recommandations de réforme non seulement sur la définition de la légi- time défense mais aussi sur les règles de droit et les pratiques de poursuite en matière de meurtre.
Malgré les limites de l'ELD et les critiques dont il peut faire l'objet, nous considérons que l'exercice n'aura pas été vain puisqu'il aura permis de corriger certaines injustices dont des femmes étaient victimes. Ce qui est plus troublant cependant, c'est de constater qu'en dépit des changements juridiques amorcés par l'arrêt Lavallée, l'ELD fait ressortir des problèmes systémiques qui persistent encore aujourd'hui. Ne serait-ce que pour avoir soulevé ce problème d'ordre systémique, l'ELD devrait retenir l'attention.
La richesse des informations contenues dans les 98 dossiers examinés dans le cadre de l'ELD mériterait également que l'on s'y attarde dans une perspective de recherche universitaire socio-juridique plus large sur le maricide, en le comparant aux autres formes d'homicide commis par des femmes.
EN :
The authors analyze L'Examen de la légitime défense (ELD) which was conducted by Judge Ratushny according to records of women convicted of homicide both before and after R. v. Lavallée. The article is divided into two parts, the first of which is an overview of spousal homicides and a profile of women convicted of homicide in Canada. It also includes a brief explanation of the judicial decision with regard to self-defense and the Lavallée case, without which ELD would not have occurred. The article pays particular attention to the results of Judge Ratushny's socio-legal examination.
R. v. Lavallée challenged existing legal definitions of self-defense, which failed to acknowledge the real situations of homicidal women who had previously been victims of spousal abuse and violence. In R.v.Lavallée, the court recognized the relevance of expert testimony concerning the Battered Wife Syndrome. This new legal context inspired the Elizabeth Fry Society to undertake certain steps with regard to legal authorities, and to lobby for the revision of cases in which women convicted of homicide had not benefited from the more favourable context following R. v. Lavallée. This context formed the basis of the mandate assigned to Judge Ratushny.
In October, 1995, following the 1990 decision in R. v. Lavallée and lobbying by the Elizabeth Fry Society of Canada to reopen the cases of women convicted of homicide, cases of women convicted in Canada of homicide in a context of domestic violence were re-examined. The parameters of the mandate required Judge Ratushny to examine legal depositions concerning self-defense, and to make recommendations with regard to possible reforms and the potential for legal recourse by convicted women.
A list of such women was furnished by Correctional Services of Canada, following which 236 women were contacted; 98 of them requested a revision. Case-by-case analysis commenced with the women's court and correctional services records that included trial transcripts, social histories, and in some cases information concerning past histories of victimization. Interviews were conducted with women who met Judge Ratushny's criteria for revision, as well as with their lawyers, and with the crown attorneys involved in their cases. Institutional archives were consulted, as were persons suggested by the women themselves.
Two types of recommendations resulted from the ELD, the first of which would potentially have a direct impact on the situation of defendants who submitted their cases to Judge Ratushny; the second type had a potential impact on future submissions of evidence of self-defense if the government followed up on the recommendations for reform.
Examination of 98 cases resulted in only seven recommendations. Is this small number surprising? Clearly, expectations as a result of the ELD were exaggerated. Given the meagre results, can it be concluded that the study was useless? Before these questions can be answered, the ELD's proposals for reform should be examined. Judge Ratushny's comments and recommendations for reform concern not only the definition of self- defense, but also the rules of law and investigative practices in cases of murder.
In spite of the ELD's shortcomings, and the criticisms to which it has been subjected, the exercise was not in vain. It permitted the correction of a number of injustices of which some of the women had been victims. Nevertheless, of greater concern is the fact that despite the legal changes arising from R.v.Lavallee, the ELD exposes systemic problems that continue to persist. If for no other reason than the highlighting of these systemic problems, the ELD merits attention.
The wealth of information contained in the 98 files studied within the framework of the ELD also merits a second look, within a broader context of socio-legal academic research that compares spousal homicide with other forms of murder committed by women.
ES :
En el presente artículo, las autoras llevan a cabo un análisis de El Examen de la Legítima Defensa (ELD) realizado por la juez Ratushny, relativo a los expedientes de mujeres que han sido condenadas por homicidio, tanto antes como después de Lavallée. El análisis se divide en dos partes : la primera contiene un balance sobre la situación del homicidio conyugal y un bosquejo de las mujeres culpables de homicidio en Canadá, asimismo expone brevemente la decisión histórica en materia de legítima defensa, es decir, la decisión Lavallée, sin la cual el ELD no hubiera ocurrido jamás. A esta primera parte sigue un análisis descriptivo del ELD. Los resultados del examen realizado por la juez Ratushny desde una perspectiva socio-jurídica, son en este caso objeto de una atención particular.
La decisión Lavallée había puesto en duda el enfoque jurídico en materia de legítima defensa, enfoque que en el pasado negaba la realidad de las mujeres homicidas, y entre ellas, las que habían sido objeto de abuso y de violencias anteriores. La Corte reconoce en esta sentencia la pertinencia de un informe de peritos sobre el síndrome de la mujer maltratada. Este nuevo contexto jurídico indujo a la Sociedad Elizabeth Fry a desplegar distintas actividades frente a las autoridades y a efectuar presiones para lograr una revisión de los expedientes de mujeres condenadas por homicidio, quienes no habrían beneficiado del contexto más favorable que se desprende de la decisión Lavallée. Tal seria el contexto que dio lugar al mandato conferido a la juez Ratushny.
En octubre de 1995, luego de la decisión Lavallée (1990) y de las presiones ejercidas por la Sociedad Elizabeth Fry de Canadá a fin de reexaminar los casos de mujeres homicidas, el examen de los casos de mujeres condenadas en Canada en situaciones de violencia (ELD), comenzó a dar resultados. En el marco de su mandato, la juez debía examinar las disposiciones legislativas referentes a la legítima defensa, hacer recomendaciones sobre las posibilidades de su reforma y proponer cambios en cuanto a los recursos posibles a favor de las afectadas.
A partir de una lista suministrada por el Servicio Correccional de Canadá, doscientos treinta y seis (236) mujeres fueron contactadas y noventa y ocho (98) presentaron una solicitud de revisión. El análisis de los casos fue hecho, en primer lugar, a partir de los expedientes de los tribunales y del Servicio Correccional (transcripción de los procesos, historia social de la mujer, así como en algunos casos informaciones sobre su pasado en cuanto a la victimización). Se realizaron igualmente entrevistas con las mujeres que llenaban los criterios de revisión tal como fueron elaborados por la juez Ratushny, con la intervención de los abogados de la defensa y de los representantes legales de la Corona. Se revisaron asimismo los archivos institucionales y fueron entrevistadas las personas indicadas por las demandantes.
A partir del ELD se desprenden dos tipos de recomendaciones : las primeras, aquéllas posibles de producir un impacto directo sobre la situación de las demandantes que habían presentado su solicitud ante la juez Radushny; las segundas, susceptibles de modificar en un futuro « la distribución de las cartas » en materia de legítima defensa, llegado el momento en que el gobierno pudiera acoger las proposiciones de reforma.
El examen de 98 casos no produjo más que 7 recomendaciones. ¿Habría qué sorprenderse por un resultado tan limitado? Todo parece indicar que el ELD dio origen a expectativas extremas. Ante un resultado tan pobre, cabría preguntarse sobre la utilidad del ensayo. Antes de ofrecer una respuesta resulta imprescindible efectuar el examen de las proposiciones de reforma contenidas en el ELD, pues la juez Ratushny había dirigido sus comentarios y recomendaciones de reforma no sólo de la definición de la legítima defensa, sino también en cuanto a las reglas procesales y a las prácticas legales en materia de homicidio.
A pesar de las limitaciones y de las críticas que pueden hacerse al ELD, consideramos que la experiencia no ha sido en vano, ya que habría permitido la corrección de ciertas injusticias de las que habían sido siempre víctimas las mujeres. Por otra parte, lo que parece más inquietante aún es constatar que a pesar de los cambios jurídicos iniciados a raíz del caso Lavallée, el ELD destaca la presencia de problemas sistémicos que persisten en la actualidad. Aunque se haya limitado a llamar la atención sobre el problema del alcance sistémico, el ELD merece continuar despertando nuestro interés.
La riqueza de las informaciones contenidas en los 98 expedientes examinados en el marco del ELD amerita que nos detengamos en una perspectiva de investigación universitaria socio-jurídica, todavía más extensa por lo que respecta al homicidio conyugal, comparándolo así con otras modalidades del homicidio cometido por la mujer.
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Evaluation and Meta-Evaluation of the Effectiveness of Victim-Oriented Legal Reform in Europe
Marion Brienen, Ernestine Hoegen et Marc Groenhuijsen
p. 121–144
RésuméEN :
The 1985 UN Declaration of Basic Principles of Justice for Victims of Crime and Abuse of Power, and the Council of Europe's Recommendation (85) 11 on the Position of the Victim in the Framework of Criminal Law and Procedure are important documents that reflect an international consensus on legal rights for victims.
In many European jurisdictions, such victims' rights have been introduced or improved upon. However, they are often not used as intended or remain virtually dormant. The UN has therefore adopted a Resolution and drafted a manual on ways to facilitate effective implementation. In addition, certain jurisdictions have proved sensitive to implementation problems. The Netherlands, for example, put the new Victim Act into effect on an experimental basis in two legal districts to carefully evaluate the effects of new provisions, and to apply the resulting knowledge when expanding its territorial scope.
However, more sophisticated instruments are needed to set implementation parameters at a supra-national level. To this effect, we conducted a comparative study of both a legal and empirical nature in 22 member states of the Council of Europe. The study revealed, inter alia, critical factors of failure or success. The workings of these critical factors in the implementation of Recommendation (85) 11 are demonstrated by drawing upon illustrations taken from the reality of certain jurisdictions. The examples are subdivided into four major themes: information, compensation, treatment and protection.
As the second guideline of Recommendation (85) 11 expresses, the creation of a formal duty for the police to provide victims with information about the possibilities of obtaining assistance, legal aid and compensation is vital. However, in half of the jurisdictions, no such reform has been implemented. Our study reveals that critical factors of failure are, among other things, a widespread conceptualization of the victim as an alleged victim and the creation of an information duty for the judicial authorities instead of for the police. In jurisdictions where an information duty has been created, failure depends, first of all, on whether the police are content with a symbolic fulfillment of this task. Critical factors needed to improve successful implementation are the creation of organizational incentives, monitoring systems, and systematic referral to victim support, legal aid and social or counseling services. A final step to improve implementation of information duties would be financial compensation earned for victim-related activities carried out by the police and other authorities.
Concerning compensation, research reveals that the compensation order, particularly the English one, is more successful than the partie civile model or the Dutch compensation measure. The most important critical factor of success of the compensation order is that it is a penal sanction, enforcable by the state. This means that civil liability is not a prerequisite and that the court can order an amount of compensation it considers appropriate while taking the financial capacity of the offender into account. Furthermore, the court is obliged to consider making a compensation order and to explain why it was not imposed. A critical factor of failure of the partie civile model is that it includes an easy escape clause: claims can be referred to civil court. A critical factor of failure of the compensation measure is that it is a penal sanction governed by civil law. In practice, it resembles the traditional partie civile model: the two are blended into one.
The way victims are treated by criminal justice authorities can be improved by providing victim-awareness training. A critical factor of failure is to only train recruits. Training is only effective if it is extended to incumbent personnel. Giving refresher courses and measuring the effects of training in performance assessments are factors contributing to success. A critical factor of failure in such training for judicial authorities is the argument that it would compromise their independence.
Critical factors to improve the questioning of victims are the provision of specific training courses and the creation of special facilities, e.g. interviewing studios for children, suites for victims of sexual offences, audio-video recording of pre-trial examinations and video-linked questioning. Such reform measures benefit the quality of the criminal justice process as a whole and therefore prove to be successful.
A common manner of protecting victims is to allow that a trial, or a part thereof, be conducted in camera. A critical factor of failure is the (very) reluctant attitude of the judiciary toward holding a trial behind closed doors. A critical factor of success is the creation of a formal duty for the court to hold all cases involving sexual offences in camera.
We can conclude that successful implementation of victim-oriented reforms depends on, inter alia, the clarity and conciseness of reform measures, the absence of easy escape clauses, the attitude of criminal justice authorities, and whether the reforms also benefit the offender and/or the criminal justice system as a whole.
FR :
La Déclaration de principes fondamentaux de justice relatifs aux victimes de la criminalité et aux victimes d'abus de pouvoir, adoptée par les Nations Unies en 1985, et la Recommandation (85) 11 du Conseil de l'Europe sur le statut des victimes dans le système de justice criminel sont des documents importants qui reflètent un consensus international concernant les droits des victimes.
S'inspirant de cette Déclaration, plusieurs juridictions européennes ont introduit ou amélioré des dispositions relatives aux droits des victimes. Cependant, souvent, ces dispositions ne sont pas actualisées comme prévu, ou restent inopérantes. Pour pallier ce problème, les Nations Unies ont adopté une résolution et rédigé un manuel explicitant les moyens qui en facilitent l'application effective. De plus, certaines juridictions ont compris les difficultés inhérentes à ce type de dispositions. Par exemple, la Hollande a mis la nouvelle Loi sur les victimes en vigueur sur une base expérimentale dans deux juridictions afin d'évaluer les effets des nouvelles dispositions et d'appliquer les connaissances ainsi obtenues au moment de la généralisation de la loi dans le reste du pays.
Des instruments plus sophistiqués sont nécessaires à la définition de paramètres d'application des droits au niveau supranational. Afin de mieux comprendre la situation, nous avons mené une étude comparative de nature empirique et juridique dans 22 pays membres du Conseil de l'Europe. L'étude révéla, inter alia, des facteurs de réussite et d'échec. Les effets de ces facteurs sur l'application de la Recommandation (85) 11 sont mis en évidence par des exemples tirés de la réalité que l'on retrouve dans certaines juridictions. Les exemples sont regroupés en quatre thèmes majeurs : information, dédommagement, traitement et protection des victimes.
Selon la deuxième proposition de la Recommandation (85) 11, il est essentiel d'attribuer à la police la responsabilité formelle d'informer les victimes de la possibilité d'obtenir de l'aide, de l'assistance juridique et une indemnisation. Cependant, la moitié des juridictions n'ont pas introduit cette réforme. Notre étude révèle que parmi les facteurs d'échec on peut compter une conceptualisation généralisée de la victime comme prétendue victime, et l'attribution de la tâche d'information aux instances judiciaires plutôt qu'à la police. Dans les juridictions où la responsabilités d'informer existe en tant que fonction formelle, la possibilité d'échec est surtout liée au fait que la police ne s'acquitte de cette tâche que de façon symbolique. Parmi les facteurs favorisant l'application de ces nouvelles dispositions, il y a la mise en place d'incitatifs au plan organisationnel, l'élaboration de systèmes de contrôle, et la référence systématique des victimes à des services sociaux, d'appui, de conseil et d'assistance juridique. Pour améliorer la transmission des informations, on devrait prévoir des fonds pour financer ce type d'activités, qu'elles soient menées par la police ou par d'autres instances.
En ce qui concerne le dédommagement, la recherche démontre que l'ordonnance de dédommagement, surtout le modèle anglais, est plus efficace que le modèle partie civile ou la mesure de dédommagement hollandaise. Le principal facteur de réussite de l'ordonnance de dédommagement est qu'elle est une mesure pénale imposée par l'État. Cela veut dire que la responsabilité civile n'est pas un prérequis et que la Cour peut ordonner le dédommagement qu'elle considère approprié en tenant compte du statut financier de l'inculpé. De plus, la Cour est obligée de considérer la possibilité d'émettre l'ordonnance de dédommagement, et d'expliquer pourquoi elle n'est pas imposée. Un facteur d'échec dans le cas du modèle partie civile c'est qu'il comporte une « clause d'évasion » : les réclamations peuvent être référées à la Cour civile. Un facteur d'échec de la mesure de dédommagement, c'est qu'elle est une sanction pénale régie par la loi civile. En pratique, elle ressemble au modèle partie civile : les deux se confondent.
La manière dont les instances judiciaires traitent les victimes peut être améliorée en leur fournissant une formation visant à les conscientiser aux besoins des victimes. Donner cette formation aux nouvelles recrues seulement serait un facteur d'échec, car elle ne peut être efficace que si elle est offerte à l'ensemble du personnel. Offrir des cours de recyclage et en mesurer les effets sur la performance sont des facteurs de réussite. Un facteur d'échec est lié au fait que ce type de formation est perçu par les instances judiciaires comme une menace à leur indépendance professionnelle.
Les facteurs de réussite en ce qui concerne l'interrogatoire des victimes reposent sur une formation spécifique et la mise en place d'installations spéciales : par exemple, salles d'entrevue pour les enfants, salles d'attente pour les victimes de crimes sexuels, enregistrement audiovisuel avant le procès, et interrogatoires à distance par moyens vidéo. De telles mesures améliorent la qualité du système pénal dans son ensemble.
Un moyen fréquent de protéger les victimes est de mener le procès, ou du moins une partie du procès, à huis clos. Le fait que les instances judiciaires s'opposent (fortement) à cette façon de faire représente un facteur d'échec. Créer une obligation formelle pour la Cour de mener tous les procès impliquant des crimes de nature sexuelle à huis clos serait un facteur de réussite.
Nous concluons que le succès des réformes axées sur les victimes dépend, inter alia, de la clarté et de la précision de telles réformes, de l'absence de « clauses d'évasion », de l'attitude des décideurs du système pénal, et de la possibilité que ces réformes puis- sent être bénéfiques au contrevenant et (ou) au système pénal dans son ensemble.
ES :
Tanto la Declaración de las Naciones Unidas sobre los Principios Básicos de Justicia para las Víctimas del Delito y del Abuso de Poder (UN Declaration of Basic Principles of Justice for Victims of Crime and Abuse of Power, 1985), como las Recomendaciones del Consejo de Europa (85) 11 sobre la Situación de la Víctima en el Marco de la Ley Penal y Procedimental (Council of Europe's Recommendations (85,11) on the Position of the Victim in the Framework of Criminal Law and Procedure), constituyen documentos importantes que demuestran el consenso internacional en cuanto a los derechos vigentes que protegen legalmente a las víctimas.
En un gran número de naciones europeas, estos derechos de la víctima han sido hasta ahora incorporados a sus legislaciones, o perfeccionados. No obstante, ocurre que estos derechos no suelen ser ejercidos en la forma en que fueron concebidos, o permanecen inactivos. Como consecuencia de ello, la Organización de Naciones Unidas ha adoptado una resolución y elaborado un manual sobre formas y medios que facilitan la implementación de estos derechos. Aparte de ello, algunos países se han ido sensibilizando frente a los problemas relacionados con esta implementación. En este sentido, en los Países Bajos se puso en vigencia experimental una Ley sobre las Víctimas dentro de dos distritos jurídicos, con la finalidad de evaluar cuidadosamente las nuevas previsiones y de esta manera aplicar los conocimientos adquiridos, una vez que se extendiera su alcance territorial.
Sin embargo, se necesitan actualmente instrumentos refinados que permitan examinar a fondo los parámetros de implementación en el nivel supra-nacional. Hasta el momento, hemos llevado a cabo un análisis comparativo de los aspectos legales y empíricos en 22 Estados miembros del Consejo de Europa.. El trabajo revela, entre otras cosas, la presencia de factores críticos en lo que respecta a los éxitos y fracasos. La influencia de estos factores al momento de ser implementadas las Recomendaciones del Consejo (85) 11, se pone de manifiesto al seleccionarse los ejemplos tomados de la realidad en algunas jurisdicciones. En tal sentido, subdividimos los ejemplos en cuatro temas centrales: información, compensación, tratamiento y protección.
Tal como lo indica la segunda pauta de las Recomendaciones (85) 11, la adopción de una obligación formal por parte de los cuerpos policiales, en cuanto a suministrar información a las víctimas sobre las posibilidades de asistencia, asesoría legal y compensaciones, es, en todo caso, fundamental. Sin embargo, en la mitad de las jurisdicciones dicha reforma no ha sido implementada hasta este momento. Nuestro estudio pone de manifiesto que entre los factores criticos vinculados al fracaso se encuentran, entre otros, la conceptualización ampliamente difundida de la víctima como simple supuesta víctima, así como el establecimiento de la obligación legal en cuanto a las autoridades judiciales en lugar de vincularse a los cuerpos de policía. En aquellas jurisdicciones en las cuales quedó establecida la obligación de suministrar esta información, el fracaso depende, en gran medida, de si la policía se considera satisfecha o no con el cumplimiento simbólico de esta tarea. Los factores críticos que ayudan a mejorar la implementación exitosa están representados en la creación de incentivos organizacionales, de sistemas de comprobación y la referencia sistemática a la asistencia a la víctima, así como a la asistencia legal y a la presencia efectiva de los servicios sociales o de orientación. Un elemento final que puede contribuir a la implementación de este deber estatal de suministrar información, vendría a ser la asignación de fondos destinados a las actividades de la víctima en todo lo que respecta a sus relaciones con la policía y otras autoridades.
Por lo que se refiere a la compensación, la investigación revela que la sentencia que la ordena, especialmente la de origen inglesa, tiene más éxito que la decisión de acerdo al modelo de la partie civile, o que la llamada compensación holandesa. El factor crítico de mayor importancia para el éxito en la sentencia de compensación radica en que la misma constituye una sanción penal, aplicada por el Estado. Ello significa que la responsabilidad civil no constituye un pre-requisito de la misma y que la corte puede fijar el monto por compensación que considere ajustado, tomando en consideración la capacidad económica del transgresor. Aún más, la corte está obligada a considerar la imposición de una orden de compensación y a explicar por qué razón la misma no fue ejecutada. Un factor crítico ligado al fracaso del modelo partie civile que este suele incluir una cláusula de fácil evasión : las reclamaciones pueden ser referibles a una corte en lo civil. Asimismo, un factor crítico ligado al fracaso de la medida de compensación es que la misma representa una sanción penal regulada por la ley civil. En la práctica, esta modalidad se asemeja bastante al modelo tradicional de la partie civil, y al final, ambas suelen terminar confundidas.
La forma en que la víctima es tratada por las autoridades del sistema penal puede mejorarse a través de un entrenamiento dirigido a despertar la toma de consciencia de la víctima misma. Igualmente, un factor crítico ligado al fracaso consiste en entrenar sólo a voluntarios. El entrenamiento sólo resulta provechoso si se hace extensivo al personal que corresponde. Suministrar cursos de actualización y medir los efectos del aprendizaje en las evaluaciones de resultado son factores favorables al éxito. Un factor importante vinculado al fracaso, por lo que respecta a este entrenamiento en el caso de las autoridades judiciales, suele ser el argumento de que el mismo puede poner en peligro su independencia.
Por otra parte, algunos factores importantes que contribuyen a mejorar el interrogatorio de las víctimas consiste en proveer cursos específicos de entrenamiento, así como crear instalaciones especialmente dotadas para ciertas actividades, como por ejemplo, locales para realizar entrevistas infantiles, o habitaciones acondicionadas para el caso de víctimas de delitos sexuales, la filmación en audio-video de interrogatorios previos al proceso, al igual que los interrogatorios simultáneos o múltiples mediante los sistemas de video. El conjunto de estas medidas resulta provechoso con respecto a la calidad del proceso penal visto como un todo, y en consecuencia, suele demostrar su utilidad.
Una manera usual de proteger a las víctimas consiste en permitir que el proceso, o al menos una parte de él, se desarrolle en privado (in camera). Un factor importante de fracaso se suele hallar en la actitud (generalmente) reacia del poder judicial, frente a la necesidad de llevar a cabo algunos procesos a puertas cerradas. Un factor crítico de éxito, en cambio, radica en establecer la obligación legal a las cortes a fin de que los procesos penales que se relacionen con infracciones de naturaleza sexual sean llevados regularmente a cabo in camera.
Podemos concluir señalando que una implementación exitosa de las reformas orientadas hacia la protección de la víctima depende, entre otras cosas, de la claridad y concisión de las medidas establecidas en la reforma, de la ausencia de cláusulas y condiciones de fácil evasión, así como de las actitudes por parte de las autoridades de orden penal, y de si, de un modo u otro, las reformas benefician igualmente al transgresor y/o al sistema de justicia penal vistos como un todo.
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Mobilizing Victimization: The Construction of a Victim-Centred Approach in the South African Truth and Reconciliation Commission
Stéphane Leman-Langlois
p. 145–165
RésuméEN :
The "Truth and Reconciliation" commission (TRC) was implemented following the first democratic elections in South Africa in order to bring to light the brutality of the apartheid regime, to offer individual amnesty to persons responsible, and to compensate victims. From the outset, an important aspect of its emergent legitimizing discourse concerned the role and the needs of victims of brutality - whether victims of the former authoritarian government or of the liberation movements - within a rhetoric of "national reconciliation". The TRC's definition was to correspond to a notion of criminal justice that excluded any response of direct punishment or compensation: the proposed amnesty would relieve of responsibility all those to whom it applied.This context gave rise to a highly specific discourse concerning victims of "past conflicts", a discourse created within a precise range of nuances that were designed to make the TRC conceptually compatible with its public image, and vice versa. In evidence was the gradual construction of a language that allowed the Commission to be described in positive terms of satisfying needs, of respect for a greater, more honest and more universal ethical basis than that of retribution, of successful national reconciliation, etc. The propagation and effectiveness of this language were indispensable considering the concurrent dominant discourse about criminal justice in general, which maintained a hard line with regard to crime and which resulted in practice in an uncontrolled inflation of the penal population (two blocks away from the Commission's headquarters, parliament considered such solutions as corporal punishment, the establishment of prisons in abandoned mines, etc.) According to the Commission's discourse, victims identified two common fundamental outcomes of their victimization: their need for financial assistance, and their desire to know the truth. This desire for truth was manifested in two forms: first, the need to know the truth concerning the matter itself, for example, the disappearance of loved ones, and secondly, the restoration of individual dignity through an official and public acknowledgment of their victimization. Whether these outcomes in fact corresponded to the reality experienced by victims themselves tends to be a question of secondary importance, since the organization of the Commission's discourse allowed perfect integration of their testimonies, their attitude, and even their actual participation. This integrative power is to a great extent the result of the characteristic form both of testimonies made to the Commission and of statements concerning the participation by and satisfaction of its members: that is, the narrative form. Because of the great capacity of personal biographies to communicate the experience of injustice and of reparation compatible with the daily experiences of the general public, from these narratives may be drawn a normative language almost beyond reproach. Furthermore, each of the narratives, without exception extremely emotionally moving, included the Commission's role in the implicit or explicit denouement of victimization. The Commission's logic is further reinforced thereby, as it appears to be extracted from the actual experience of the persons who participated. In relating their narratives, victims provided the Commission with the necessary material to persuade other victims to participate in the process, to justify itself to the population of South Africa, and to meet its mandate of restoring dignity to victims. Such circularity is a natural element of all discourse, since it contains in its terms of reference the construction of its context, its subjects, its problems and its solutions. The Commission thus met its mission, primarily through a readjustment of its concepts and language but also by a concrete modification of social reality - if such a modification were possible, and possible to observe outside of the language used in its description. From the outset, "dignity" was very apparent not as an objective personal condition but as the outcome of a specific symbolic reality. Whether or not victims felt better following their visit to the Commission, or after the publication of its report, would have no effect on the general availability of a discourse of restored dignity to describe South African reality. On the contrary, the success of this enormous and costly institution, with its mission of rewriting the history of apartheid, could not fail to transform the social representation of its victims.
FR :
La Commission « vérité et réconciliation » (CVR), instituée à la suite des premières élections démocratiques en Afrique du Sud, avait pour but de faire la lumière sur la brutalité qui avait accompagné le régime de l'apartheid, d'accorder une amnistie individuelle aux responsables et d'offrir compensation aux victimes. Dès le départ, une importante facette du discours émergeant pour appuyer la Commission concerna le rôle et les besoins des victimes de brutalité - qu'il s'agisse des victimes du gouvernement autoritaire d'alors ou de celles des mouvements de libération - à l'intérieur d'une rhétorique de « réconciliation nationale ». Le tout devait donc s'articuler autour d'une notion de justice criminelle excluant tout réflexe de punition ou même de compensation directe : l'amnistie en question devait libérer de toute responsabilité ceux qui l'obtiendraient.Ce contexte donna lieu à un discours bien spécifique sur les victimes des « conflits du passé », discours fait d'un ensemble précis de nuances visant à rendre la CVR conceptuellement compatible avec son « public cible » et vice-versa. On peut y voir la lente construction d'un langage permettant de décrire la Commission en termes positifs de satisfaction de besoins, de respect d'une éthique plus importante, plus vraie ou plus universelle que celle de la rétribution, de succès dans la réconciliation nationale, etc. La propagation et l'efficacité de ce langage étaient d'autant plus indispensables que, au même moment, le discours dominant sur la justice criminelle en général maintenait la ligne dure face au crime et donnait lieu à une inflation pénale pratiquement hors de contrôle (à deux rues du siège de la CVR on discutait au Parlement de châtiment corporel, de prisons dans des mines abandonnées, etc.). Dans le discours de la CVR les victimes se reconnaissent à deux caractéristiques fondamentales causées par leur victimisation : leur besoin d'aide financière et leur désir de vérité. Ce désir prend deux formes : d'un côté le besoin de connaître la vérité au sujet, par exemple, de la disparition de proches et, de l'autre, le besoin qu'une reconnaissance officielle et publique du fait qu'une victimisation a bien eu lieu vienne restaurer la dignité des individus. La question de la conformité ou non de ces caractéristiques avec la réalité des victimes elles-mêmes tend à être secondaire parce que l'organisation du discours permet une parfaite intégration de leur témoignage, de leur attitude et du fait même de leur participation. Ce pouvoir d'intégration provient en large partie de caractéristiques propres à la forme que prennent à la fois les témoignages à la CVR et les constats de participation et de satisfaction faits par ses membres, c'est-à-dire la forme narrative. Grâce à la grande capacité des histoires de vie à communiquer une expérience d'injustice et de redressement compatible avec l'expérience quotidienne du public en général, l'institution qui parvient à les récupérer peut en tirer un langage normatif pratiquement indiscutable. Ici, de plus, il s'agit invariablement d'histoires extrêmement émouvantes qui incluent toutes la CVR comme dénouement implicite ou explicite. La logique de la CVR en est d'autant plus renforcée, puisqu'elle semble ainsi extraite de l'expérience même des gens. En racontant leurs histoires, les victimes offrent à l'institution le matériel qui sert à la fois à convaincre d'autres victimes de participer au projet, à se justifier auprès de la population et enfin à remplir sa mission de restauration de la dignité des victimes. Cette circularité est propre à tout discours puisqu'il contient dans ses termes de référence des constructions à la fois de contexte, de sujets, de problèmes et de solutions. La Commission remplit donc sa mission davantage par un réajustement de concepts et de langage que par une modification concrète de la réalité sociale - pour autant qu'une telle modification soit même possible, et qu'il soit possible de l'observer à l'extérieur du langage utilisé pour la désigner : par exemple, « dignité » était bien évidemment non pas un état objectif de la personne mais le fruit d'une réalité symbolique particulière. Que les victimes se soient, ou non, senties mieux après leur visite à la CVR ou à la publication de son rapport n'allait avoir aucun effet sur la disponibilité générale d'un discours de dignité restaurée pour décrire la réalité sud-africaine. Par contre, le succès d'une énorme et coûteuse institution qui eut pour mission de réécrire l'histoire de l'apartheid ne peut que transformer la représentation sociale des victimes.
ES :
La Comisión « Verdad y Reconciliación » (CVR), creada luego de las primeras elecciones democráticas en Sudáfrica, tenía entre sus objetivos sacar a la luz pública la brutalidad que había caracterizado al régimen del apartheid, acordar una amnistía individual a los responsables y ofrecer compensaciones a las víctimas. Desde sus inicios, un aspecto importante del discurso surgido en apoyo a la Comisión, se refería al papel jugado por las víctimas de la brutalidad y a sus necesidades - ya se tratase de las víctimas del gobierno autoritario de entonces o de aquellas de los movimientos de liberación - dentro de una retórica de « reconciliación nacional ». Todo tenia que articularse en torno a una noción de justicia penal que excluyera cualquier reflejo de castigo e incluso de compensación directa: la amnistía en cuestión tenia que descargar de toda responsabilidad a aquéllos que la obtuvieren.Este contexto dio lugar a un discurso muy concreto sobre las víctimas de « los conflictos del pasado », discurso elaborado sobre una serie de matices dirigidos a reflejar la compatibilidad conceptual de la CVR con su público ya « puesto en la mira » y vice-versa. Puede verse allí la lenta elaboración de un lenguaje que permite describir a la Comisión en términos positivos en cuanto a la satisfacción de necesidades, de respeto hacia una ética más sustancial, más genuina o más universal que la de una simple retribución, o del éxito en la reconciliación nacional, etc. La propagación y la eficacia de este lenguaje eran indispensables, sobre todo cuando al mismo tiempo el discurso general sobre la justicia penal mantenía una linea dura frente al crimen, dando lugar a una inflación penal que prácticamente escapaba a todo control ( a escasas dos cuadras de la sede de la CVR se discutía en el Parlamento sobre el castigo corporal, sobre las prisiones en las minas abandonadas, etc.). En el discurso de la CVR se podía reconocer a las víctimas en atención a dos características fundamentales producidas por su victimización: su necesidad de ayuda económica y su anhelo por la verdad. Este anhelo habrá de asumir dos formas: por una parte, la necesidad en el indivíduo por conocer la verdad, por ejemplo, sobre la desaparición de sus seres queridos; y, por otra, el hecho de que el reconocimiento oficial y público de que ocurrió realmente una victimización permitiera restablecer la dignidad personal. La cuestión de la conformidad o inconformidad de estas características con la realidad de las propias víctimas pasa a ser secundario desde el momento en que la organización del discurso posibilita una integración perfecta de su testimonio, de su actitud y del hecho mismo de su participación. Este poder de integración surge en gran parte de las propias formas que asumen al unísono los testimonios aportados a la CVR, así como las actas de participación y de satisfacción elaboradas por sus miembros, es decir a través de la forma narrativa. La institución que logra recuperar las historias vividas puede llegar a construir, a partir de ellas, un lenguaje correctivo practicamente indiscutible, gracias a la capacidad de comunicacíon de las experiencias vividas en cuanto a la injusticia, junto con su corrección posterior y su compatibiliad con la experiencia diaria del público en general. Además, nos hallamos aquí en presencia de historias extremadamente impactantes para que puedan ser obviadas dentro de las conclusiones explícitas o implícitas de cualquier CVR. La lógica de la CVR se verá reforzada aún más, puesto que ella parece fundarse en la experiencia misma de las gentes.Al contar sus respectivas historias, las víctimas suministrarán a la institución el material que servirá a la vez para convencer a otras víctimas a que participen en el proyecto, a justificarse frente a la población y finalmente a cumplir su misión de devolverle la dignidad a quienes fueron victimizados. Tal circularidad es propia de este género de discurso, ya que él contiene en sus términos de referencia diversas construcciones al mismo tiempo: de contextos, sujetos, problemas y soluciones. De este modo, la Comisión cumple su finalidad mucho más a través de un reajuste de conceptos y de lenguaje que mediante una modificación completa de la realidad social - suponiendo de que tal modificación haya sido posible, y además posible de observar al exterior del lenguaje utilizado para designarla -, ya que desde un comienzo « dignidad » significaba, por supuesto, no un estado objetivo de la persona, sino el producto de una realidad simbólica particular. El que las víctimas se hayan o no sentido mejor luego de su visita a la CVR o después de la publicación del informe de ésta, no habría de producir efecto alguno sobre la disponibilidad general de un discurso de la dignidad restaurada para describir la realidad sudafricana. En cambio, el éxito de una enorme y costosa institución que tuvo por misión la reescritura del apartheid, no pudo sino transformar la representación social de sus víctimas.
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Du culte des héros à la concurrence des victimes
Jean-Michel Chaumont
p. 167–183
RésuméFR :
Dans un premier temps, l'auteur résume l'histoire d'une attente de reconnaissance frustrée dans l'immédiat après-guerre : celle des survivants de la Shoah. Ceux-ci subirent en effet un processus de victimisation secondaire analogue à ceux que l'on observe auprès d'autres catégories de victimes, telles les victimes de viol. Non seulement leur expérience spécifique, en tant que Juifs, fut occultée mais ils furent en outre doublement stigmatisés pour leurs réactions face à l'entreprise criminelle des nazis : d'une part, les Juifs assassinés se seraient laissé conduire à la mort « comme des moutons à l'abattoir »; d'autre part, les survivants auraient adopté des comportements indignes pour survivre. Alors que les déportés résistants recueillaient tous les lauriers de la gloire, les survivants juifs furent confinés dans la honte. Leurs légitimes attentes de reconnaissance restèrent ainsi longtemps insatisfaites. Ils n'eurent pas droit aux statuts honorifiques et, bien souvent, ne furent même pas mentionnés explicitement sur les monuments commémoratifs aux victimes du Troisième Reich. Il en résulta des traumatismes durables dont les conséquences se sont manifestées ultérieurement.
Pendant près de vingt ans en effet, cette situation perdura sans susciter beaucoup de protestations. Au milieu des années 1960 cependant, une réaction s'amorça et une entreprise de réhabilitation, voire de glorification, des victimes fut menée avec succès. Le stigmate fut effacé, souvent même inversé : être un survivant de la Shoah est devenu un titre prestigieux. Le moyen détourné de cette revalorisation spectaculaire a été la revendication polémique de la singularité absolue de la Shoah : son unique uniqueness.
Cette manière indirecte de mener une authentique lutte pour la reconnaissance a néanmoins engendré des effets pervers notables à de multiples points de vue. L'auteur évoque plus particulièrement celui de « la concurrence des victimes ». À partir du moment où un groupe prétend que sa victimisation est sans aucune commune mesure avec d'autres persécutions, il est prévisible que d'autres victimes du nazisme ou d'autres tragédies historiques s'insurgent et soutiennent le contraire. D'où, depuis un quart de siècle, l'émergence de débats sordides et interminables sur la comparabilité des crimes et des souffrances. Les oppositions se déplacent et les victimes luttent entre elles plutôt que de faire front commun. La réhabilitation morale des morts et des survivants se dégrade alors en une lutte pour la distinction sociale attisée par un contexte général où le statut de victime est devenu un passe-droit enviable.
En conclusion, l'auteur s'interroge précisément sur les raisons et les causes qui ont conduit à cette valorisation remarquable du statut de victime au cours des dernières décennies. Tant les victimes de faits divers que les victimes de tragédies historiques en profitent. Un changement socioculturel majeur s'est ainsi produit dont il reste à élucider la dynamique. L'émergence de la victimologie comme discipline autonome en constitue probablement une des manifestations et c'est pourquoi la question ne saurait laisser les victimologues indifférents. Jusqu'il y a peu, les héros méritaient d'être rétribués, tant matériellement que symboliquement, pour ce qu'ils avaient accompli. Il semble qu'à présent ce soient avant tout les victimes qui méritent d'être compensées pour ce qu'elles ont subi. Comment expliquer cette évolution remarquable des sensibilités collectives ? La revalorisation concomitante du statut des victimes de l'Histoire et des victimes de faits divers incite à chercher des réponses qui transcendent les différences de ces catégories tellement hétérogènes. L'auteur suggère à titre hypothétique de lier la promotion du statut de victime au redéploiement de la question sociale dans les sociétés occidentales : si, comme certains l'affirment, le conflit central n'est plus celui de l'intégration mais celui de l'insertion, la posture de la victime pourrait bien représenter la posture revendicatrice privilégiée. Il resterait alors à en tracer les potentialités et les limites.
EN :
In this article, the author first summarizes the frustrated expectations of survivors of the shoah immediately following World War II. Survivors, expecting recognition of their experience, in fact experienced a process of secondary victimization comparable to that of another category of victims, survivors of sexual assault. Not only were their individual experiences as Jews obscured, they were doubly stigmatized for their reaction to the criminal enterprise of the Nazis. On the one hand, murdered Jews had allowed themselves to be killed "like lambs to the slaughter"; on the other, survivors had adopted undignified means in order to survive. Thus, while deported resisters gathered laurels, Jewish survivors were covered with shame.
Their legitimate expectations of recognition went unmet for many years. Not meriting an honourable status, they were often denied explicit mention in monuments commemorating victims of the Third Reich. This treatment resulted in an enduring trauma, the consequences of which were not manifested until many years later.
This state of affairs in fact continued for almost twenty years without raising significant objections. During the 1960s, however, a reaction set in and a rehabilitative effort - to wit, a glorification of the victims - was successfully conducted. Stigmata were erased and even reversed : to be a survivor of the Shoah became a mark of prestige. The convoluted means by which this spectacular about-face occurred was a polemic vindication of an absolute incomparability, the "unique uniqueness", of the Shoah.
The indirect means of conducting a legitimate struggle for recognition nevertheless generated some negative effects, most notable of which is the "competition of victims". From the moment that one group claims a victimization not comparable to the persecution of another, it may be expected that other victims of Nazism and other historical tragedies will arise and maintain the contrary. Thus, for a quarter of a century, there has been a sordid and interminable debate with regard to the comparability of crimes and suffering. The results is opposition, with victims struggling with each other instead of creating a common front. The moral rehabilitation of the dead and of survivors is reduced to a struggle for social distinction, within a general context where victim status has the enviable status of a claim for rights.
By way of conclusion, the author questions the precise reasons and causes that have resulted in the remarkable enhancement of victim status in recent decades. This change has benefited victims of various other types of acts as much as victims of historical tragedies. A major socio-cultural shift has resulted, the dynamics of which remain to be elucidated. The emergence of victimology as a separate discipline is probably one of its manifestations, and victimologists cannot be indifferent to this issue.
Until recently, heroes deserved compensation, material as well as symbolic, for their accomplishments. It appears at present that victims, more than any other group, deserve to be compensated for their sufferings. How can this remarkable shift in the collective consciousness be explained? The resulting revalidation of historical and incidental victim status inspires a search for answers that transcend such heterogenic categories. The author hypothesizes a connection between the promotion of the victim status and the reformulation of a question common to western societies: if, as affirmed by some, the central conflict is not that of integration but that of insertion, the privileged position of the victim may well be justified. Its potential and limits have yet to be examined.
ES :
El autor resume la historia de una aspiración al reconocimiento que se verá frustrada en el periodo inmediato a la Segunda Guerra Mundial : la de los sobrevivientes de la Shoah, quienes serán efectivamente objeto de un proceso de victimización secundaria análogo al que puede observarse en otras categorías de víctimas, como es el caso de las víctimas de violación. Así, no sólo terminó ocultándose su experiencia específica como judíos, sino que fueron doblemente estigmatizados debido a sus reacciones frente a la empresa criminal de los nazis : por una parte, los judíos asesinados se habrían dejado conducir a la muerte « como reses al matadero », y, por otra, los sobrevivientes habrían adoptado comportamientos considerados como indignos, a fin de sobrevivir. Mientras que los deportados que resistieron recibirían los laureles de la gloria, los sobrevivientes judíos habrían de ser confinados a la vergüenza. Su legítima aspiración al reconocimiento quedaría insatisfecha durante largo tiempo. El derecho a alcanzar rangos honoríficos les sería negado e incluso, no pocas veces, se dejaría de mencionar expresamente sus nombres en los monumentos conmemorativos erigidos a las víctimas del Tercer Reich. De todo ello resultaron traumas profundos, cuyas consecuencias se manifestaron con posterioridad.
En efecto, durante casi veinte años esta situación perduraría sin levantar mayores protestas. No obstante, a mediados de los años 1960 se observa una reacción, a la que seguiría una verdadera tarea de rehabilitación e incluso de glorificación de las víctimas que habría de concluir con éxito. De esta manera, les fue borrado el estigma, el cual a menudo resultó invertido : ser un sobreviviente de la Shoah llegó a convertirse en un título de prestigio. El medio para lograr esta revalorización espectacular lo constituyó la reivindicación polémica del carácter singular absoluto que envuelve la Shoah, es decir : su singularidad única.
Esta manera especial de llevar a cabo una lucha auténtica por el reconocimiento habría de producir sin embargo efectos indeseables de importancia, y ello desde distintos puntos de vista. El autor evoca particularmente el de la « competición entre las víctimas ». A partir del momento en que un grupo pretende que su victimización resulta incomparable a la de otras persecuciones, era perfectamente previsible que otras víctimas del nazismo o de otras tragedias históricas protestaran y sostuvieran lo contrario. De allí y desde hace un cuarto de siglo, han aparecido interminables y sórdidos debates sobre la comparabilidad de los crímenes y del sufrimiento. De esta manera, las oposiciones se desplazan y las víctimas luchan entre sí, en lugar de formar un frente común. La rehabilitación moral de los muertos, así como la de los sobrevivientes se deteriora, transformándose en una lucha por la distinción social estimulada por un contexto general en el que la condición de víctima se convierte en un favor envidiable.
Como conclusión, el autor se interroga claramente sobre las razones y las causas que han conducido a esta valorización particular de la condición de víctima en el transcurso de las últimas décadas, y de la cual se han beneficiado tanto las víctimas de hechos diversos como las víctimas de tragedias históricas. Se ha producido entones un cambio estructural mayor cuya dinámica no ha sido hasta ahora totalmente aclarada. La emergencia de la victimología como disciplina autónoma constituye probablemente una de sus manifestaciones, por lo que puede suponerse que tales cuestiones no han de dejar indiferentes a los victimólogos. Hasta hace poco, los héroes merecían ser retribuidos tanto en lo material como simbólicamente, en razón de lo que habian cumplido. En la actualidad, serían particularmente las víctimas las que merecen ser compensadas por sus sufrimientos. ¿Cómo explicar esta importantísima evolución en la sensibilidad colectiva? La revalorización concomitante de la condición de víctimas de la Historia y de víctimas de hechos diversos incita a la búsqueda de respuestas que trasciendan las diferencias entre categorias tan disímiles. El autor propone a título de hipótesis vincular la promoción de la condición de víctima al replanteamiento de la cuestión social en las sociedades occidentales : si, como lo afirman algunos, el conflicto central no es ahora el de la integración sino el de la inserción, la situación de la víctima bien podría constituir la posición reivindicatoria privilegiada. Quedarían por delinear sus potencialidades y sus limitaciones.
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Les réfugiés à notre porte : violence organisée et souffrance sociale
Cécile Rousseau
p. 185–201
RésuméFR :
Beaucoup de réfugiés qui s'établissent dans les pays occidentaux ont vécu des expériences traumatiques en lien avec la situation de violence organisée qui prévaut dans leur pays d'origine. La souffrance qui résulte de ces expériences est souvent interprétée dans le pays d'asile à partir d'un modèle médical qui se centre sur les manifestations psychopathologiques chez les individus et en particulier sur la présence du syndrome de stress post-traumatique. Une telle approche peut avoir pour effet de normaliser la pathologie sociale en en faisant porter le poids à l'individu et de pathologiser les réponses psychologiques et physiologiques normales à la terreur.Cet article propose de repenser le traumatisme en tant que processus de métamorphose qui génère à la fois des forces et des difficultés sur le plan personnel et collectif. Au travers de dynamiques très diverses la violence organisée vise la rupture du lien social. En provoquant un sentiment d'absurdité elle désorganise le sentiment de cohérence des personnes, des familles et des communautés. La dissociation entre les aspects individuels et collectifs de la violence organisée qui prévaut chez les professionnels et institutions du pays hôte peut aggraver la fragmentation des liens sociaux. Un processus de reconstruction se bâtit dans le va-et-vient entre l'élaboration d'un réseau de significations et le rétablissement du lien social. Le travail de construction du sens se fait d'abord et avant tout dans les familles et au sein du groupe auquel le réfugié s'identifie. Il importe alors surtout de savoir ne pas intervenir afin de ne pas interférer avec les stratégies mises de l'avant par la communauté. Parfois cependant, devant les limites ou l'échec des stratégies disponibles, une intervention extérieure impliquant les instances de la société hôte se justifie. Dans un contexte d'exil les équipes cliniques peuvent jouer un rôle de médiation important en permettant d'une part aux familles réfugiées de se réapproprier et de valider les stratégies traditionnelles ou politiques qui leur sont disponibles dans le pays d'origine et, d'autre part, en facilitant la co-construction de solutions métisses qui reflètent la multiplicité des univers dans lesquels naviguent les réfugiés.
EN :
Many refugees who become residents of western countries have lived through traumatic experiences linked to the situation of organized violence that prevails in their countries of origin. The suffering that results from these experiences is often interpreted, in the country of asylum, based on a medical model which focuses on the psychopathological symptoms of the individual and particularly on Post Traumatic Stress Disorder (PTSD). Such an approach may have the effect of normalising social pathology by making the individual carry the weight of it and by pathologizing a normal psychological and physiological response to terror.This article proposes to rethink trauma, seeing it as a process of metamorphosis which generates both strengths and difficulties on an individual and a collective basis. Disassociating the individual and collective aspects of organized violence, a practice which prevails among professions and institutions of the host countries, may aggravate the fragmentation of social connections. A reconstruction process takes place in the coming and going between the elaboration of a network of significances and the reestablishment of social connections. The work of construction of sense takes place first and foremost within families and in the group with which the refugee identifies. It matters then especially not to intervene so as not to interfere with the strategies employed by the community. At times, however, faced with limitations or the failure of available strategies, external intervention by the host society is justified. In a context of exile, clinical teams may play an important mediation role by allowing refugee families to reappropriate and validate their traditional strategies or those political strategies that are available to them in their countries of origin, and by facilitating the joint construction of solutions that reflect the multiple universes in which the refugees navigate.
DE :
Numerosos refugiados establecidos en países occidentales han vivido experiencias traumáticas a causa de la violencia organizada que prevalece en el país de origen. El sufrimiento que resulta de estas experiencias suele interpretarse en los paises de asilo a partir de un modelo médico centrado en las diversas manifestaciones psicopatológicas encontradas en estos indivíduos, en particular la presencia del síndrome de stress post-traumático. La aplicación de este enfoque puede tener por efecto la normalización de la patología social al descargar el peso de la misma sobre el indivíduo, a la vez que convierte en patológicas las respuestas de orden psicológico y fisiológico completamente normales ante el terror.El presente artículo propone replantear la experiencia traumática en tanto que proceso de metamorfosis capaz de producir simultáneamente fortalezas y dificultades, tanto en el plano personal como colectivo. Mediante diversas dinámicas, la violencia organizada se propone lograr la ruptura del vínculo social. De esta manera, al provocar un sentimiento de absurdidad se desorganiza el sentimiento de coherencia tanto en las personas, como en las familias y en las propias comunidades. La separación entre los aspectos individuales y colectivos que integran la violencia organizada y que prevalece entre los profesionales y las instituciones del país receptor, puede àgravar la fragmentación de los lazos sociales. Un proceso de reconstucciòn se basa en el intercambio entre la elaboración de significaciones y el restablecimiento del nexo social. El trabajo de construcción del sentido es llevado a cabo primero y sobre todo dentro de las familias y en el seno del grupo con el cual se identifica el refugiado. Es importante, en consecuencia, saber no intervenir si se quiere evitar la interferencia en las estrategias iniciadas por la comunidad. No obstante, algunas veces ante las limitaciones o el fracaso de las estrategias disponibles, pareciera justificarse una intervención exterior por parte de las instancias de la sociedad receptora. En el contexto del exilio, los equipos clínicos pueden desempeñar un papel de mediación importante, permitiendo por una parte a las familias refugiadas apropiarse de nuevo y validar las estrategias tradicionales o políticas disponibles en su país de origen, y por otra, facilitando la co-construcción de soluciones mestizas que reflejen la multiplicidad de universos en los cuales suelen navegar los refugiados.
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News that Counts: Newspaper Images of Crime and Victimization Statistics
Vincent F. Sacco
p. 203–223
RésuméEN :
The study of media images of crime and victimization has tended to focus on the reporting of criminal events. However, the reporting of crime and victimization statistics is an important, if unaddressed theme in crime news coverage. Such statistics, as Joel Best and other social constructionists have argued, perform as important rhetorical devices in the social processes by which crime and (other social) problems are constructed and maintained. Such statistics are used to press claims about the pervasiveness and scope of new problems and therefore about the need for urgent social action.
At the earliest stages, these claims may be issued by those who have no official status but who may be the only ones interested in the emergent issue. The legitimacy which statistics lend to social problems is relevant not only at the initial phases of construction, however. To remain on the public agenda, social problems require maintenance. And the regular diffusion of statistical information which purports to document shifts in the scope or size of the problem is essential to such maintenance. Most often, the role of collecting and disseminating statistical information regarding established problems is assumed by state agencies. In general, statistical claims about crime and other social problems reach the general public via the mass media - most importantly the news media.
This paper examines news reporting about crime statistics which appeared in Canadian English language print media during the calendar years 1993 and 1994. A search of a computerized data base and a more detailed search of news items appearing during more intensive periods of statistical claim-making yielded a final sample of 244 news articles from major newspapers and newsmagazines.
Two broad questions form the focus of the analysis. The first concerns the means by which statistical claims about crime and victimization enter the news flow. Put simply, to whose statistical claims about crime do journalists pay attention and what are the "news hooks" on which media discussions of rates, statistical trends and percentages are hung? The analysis finds that there are principally three routes by which crime statistics become news. The first and most common is the "data release" in the form of press conferences, the release of a new study or the regular release of data by state agencies. Not all of those who seek to make statistical claims of this type are equally likely to attract the attention of the media, and those agencies and individuals who occupy superordinate positions within a hierarchy of credibility are most likely to prove successful in this regard. Such credibility is most typically conveyed via the official status of the source. A second major form of news hook involves efforts at "debunking" or charges of statistical error. In these cases, "new" statistical findings call into question what earlier statistics encouraged audiences to believe. A third route by which crime and victimization statistics enter the news flow relates to the use of statistics as "background" information with respect to some more substantive theme.
The second major question on which the paper is focused involves a consideration of the ways in which statistical news is packaged so as to ensure conformity with dominant news values. The analysis suggests that journalists employ a number of strategies to meet these objectives. Most important, there is considerable journalistic effort to dress stories involving statistics in ways that emphasize humour, drama and public interest. As well, an attempt is routinely made to emphasize the importance of reported statistics and the objective character of the reporting itself.
A persistent criticism of media reporting of crime is that there is a clear journalistic preference for bad news. This analysis reveals, however, that journalists might be more interested in easy news than in bad news. The availability of official statistics (which in this sample, at least, often described stable or declining trends) and the reliance on liberal social scientists as a counterpoint to the more conservative voices of policing agencies and victims' organizations implies that the statistical images in the media are often more complex than they are assumed to be.
FR :
L'étude des images médiatiques du crime et de la victimisation tend à ne tenir compte que des comptes rendus d'actes criminels. L'utilisation des statistiques criminelles et de victimisation, cependant, constitue un thème important quoique rarement abordé dans le cadre de la couverture médiatique d'évènements à caractère criminel. Certains sociologues constructivistes, comme Joel Best, ont affirmé que ces statistiques interviennent de facon déterminante, en tant qu'instruments de rhétorique non négligeables, dans les processus sociaux de construction et de maintien de problématiques criminelles et sociales. De telles statistiques servent à appuyer (justifier/légitimer) les affirmations concernant l'étendue (l'importance) et la portée de nouveaux problèmes, et, par là-même, la nécessité d'une action sociale sans délai.
Lors de la phase initiale du processus, ces affirmations peuvent être émises par ceux qui, tout en étant dépourvus de statut officiel, sont sans doute les seuls à s'intéresser au problème naissant. L'utilité de la légitimité conférée aux problèmes sociaux par les statistiques n'est cependant pas exclusivement pertinente aux premiers stades du processus de construction. Pour demeurer à l'ordre du jour, les problèmes sociaux nécessitent qu'on les entretienne, et la diffusion régulière d'informations statistiques censées documenter les changements de portée ou d'étendue d'un problème est essentielle à cet entretien. Le plus souvent, ce sont les organismes gouvernementaux qui se chargent de rassembler et de disséminer les informations relatives à des problèmes déjà identifiés. En général, les affirmations fondées sur les statistiques concernant des problématiques criminelles ou sociales parviennent à l'attention du grand public par le truchement des mass media, tout particulièrement les médias d'information.
Le présent article analyse les nouvelles portant sur des statistiques criminelles qui sont parues dans la presse canadienne anglophone au cours des années 1993 et 1994. L'examen d'une banque de données informatisée, ainsi que celui plus attentif d'articles parus lors de périodes intensives d'affirmations fondées sur les statistiques, ont tous deux abouti à la constitution d'un échantillon final de 244 articles, issus des principaux journaux et revues dans le domaine de l'actualité.
L'analyse est centrée autour de deux questions principales. La première a trait aux moyens par lesquels les affirmations fondées sur les statistiques et relatives au crime et à la victimisation s'introduisent dans le circuit médiatique. Pour dire les choses autrement, quelles sont les « affirmations statistiques » relatives au crime qui attirent l'attention des journalistes, et quels sont les thèmes accrocheurs autour desquels gravitent les discussions médiatiques sur les « taux », « tendances statistiques » et « pourcentages » ? L'analyse conclut à l'existence de trois voies principales par lesquelles les statistiques criminelles sont converties en nouvelles. La première et la plus courante consiste en la présentation de données à l'occasion de conférences de presse, de la publication de nouvelles recherches ou de la diffusion régulière de données par les organismes gouvernentaux. Parmi ceux qui tentent d'utiliser cette voie, seul un certain nombre s'avère susceptible d'attirer l'attention des médias; les organismes et les individus qui occupent des positions haut placées dans une « hiérarchie de crédibilité » ont les chances de réussite les plus élevées. Une telle crédibilité est typiquement attribuée aux sources jouissant d'un statut officiel. Une deuxième façon de s'accrocher au train médiatique se caractérise par des tentatives de discrédit ou des accusations d'erreurs statistiques. Dans ces cas, de « nouvelles » statistiques remettent en question ce que les précédentes avaient encouragé les audiences à croire. Une troisième voie par laquelle les statistiques criminelles et de victimisation entrent dans le circuit médiatique se rapporte à l'usage qui en est fait comme moyen d'information complémentaire à un sujet plus substantiel.
La deuxième grande question autour de laquelle est centré cet article traite de la façon par laquelle l'information statistique est présentée de manière à ce qu'elles soient en conformité avec les valeurs véhiculées par les médias. L'analyse donne à croire que les journalistes emploient un certain nombre de stratégies afin d'atteindre cet objectif. Qui plus est, un effort journalistique considérable est fourni dans le but « de colorer » les histoires comportant des statistiques, en ayant recours à l'humour ou au drame et en faisant jouer l'intérêt public. De même, l'accent est-il régulièrement mis sur l'importance des statistiques présentées, ainsi que sur le caractère objectif de leur compte rendu.
La couverture médiatique des évènements criminels se voit souvent adresser le reproche que les journalistes préfèrent clairement les mauvaises nouvelles. Notre analyse révèle cependant que les journalistes pourraient bien être davantage intéressés par les nouvelles faciles que les mauvaises nouvelles. La disponibilité des statistiques officielles (qui, dans cet échantillon du moins, décrivaient souvent des tendances stables ou en déclin) ainsi que l'apport des sociologues des écoles de pensée libérales, faisant office de contrepoids aux voix plus conservatrices des organismes de réglementation et des associations de victimes, indiquent que les images statistiques véhiculées par les médias sont bien souvent plus complexes qu'on ne le suppose.
ES :
El estudio periodístico de las imágenes sobre el delito y la victimización se ha centrado tradicionalmente en el reportaje de los eventos delictivos. No obstante, la incorporación de estadísticas sobre delitos y victimización representa un importante a la vez que descuidado aspecto en la cobertura de las noticias sobre el tema. Estas estadísticas, tal como lo han indicado Joel Best y otros constructivistas, cumplen un importante papel retórico en los procesos sociales mediante los cuales se elaboran y mantienen en la escena pública el delito y otros problemas sociales. Dichas estadísticas suelen utilizarse para apoyar las peticiones del público en cuanto a la proliferación y el alcance de nuevos problemas, y por lo tanto sobre la necesidad de una intervención social urgente.
En sus primera etapas, las peticiones pueden provenir de personas que carecen de una condición oficial, pero que parecieran ser los únicos interesados en el nuevo problema. Sin embargo la legitimidad por la cual los datos estadísticos conducen al análisis de los asuntos sociales no es relevante sólo en los inicios del proceso constructivo. Para permanecer como tema de la agenda pública la discusión de los problemas sociales exige el mantenimiento, y la difusión constante de la información estadística. Esto implica documentar las variaciones en cuanto al alcance o a la dimensión del problema. Muy a menudo, la función de recoger y diseminar información de tipo estadìstico en materia de problemas sociales es tarea de agencias oficiales. Regularmente, las peticiones sobre estadísticas en lo que se refiere al delito y otros problemas sociales llegan al público por la vía de los medios de información en especial el medio de las noticias. El presente trabajo examina el reportaje noticioso sobre las estadísticas delictivas aparecidas en medios canadienses impresos en lengua inglesa, durante los años calendarios 1993 y 1994. Una búsqueda en la base de datos computarizada y una búsqueda más detallada de nuevos elementos informativos aparecidos en períodos especialmente críticos de demanda, permitieron obtener una muestra final de 244 artículos de prensa, extraídos de los principales diarios y revistas de noticiosas.
Dos preguntas generales resumen el centro del estudio. La primera se refiere a la manera como se incorporan al flujo de noticias las solicitudes sobre estadísticas del delito y la victimización. Dicho en términos más simples, ¿a cuáles peticiones estadísticas sobre el delito prestan realmente atención los periodistas y cuáles serían los « nuevos ganchos » de los que « cuelgan » las discusiones en los medios de información cuando se trata de porcentajes, tasas y tendencias en este campo?
El estudio indica la existencia de tres vías principales a través de las cuales las estadísticas delictivas llegan a convertirse en noticias. La primera y más frecuente es la « divulgación de datos » mediante conferencias de prensa, la publicación de un nuevo estudio o la publicación corriente de cifras por las agencias oficiales. No todos los que plantean solicitudes estadísticas de este tipo están igualmente interesados en atraer la atención de los medios y de aquellas agencias. Los que ocupan posiciones importantes en una jerarquía de credibilidad resultan posiblemente los más exitosos en este sentido y esta credibilidad suele transmitirse por intermedio del status oficial de la fuente.
Una segunda vía importante de « gancho noticioso » comprende la desmistificación o el señalamiento de errores estadísticos. En estos casos, los « nuevos » hallazgos numéricos ponen en duda lo que los datos iniciales permitían creer a la audiencia. Una tercera ruta por la cual las estadísticas sobre el delito y la victimización entran al flujo de noticias tiene que ver con el uso de las estadísticas en términos de información contextual dentro de un tema más sustancial. La segunda cuestión de importancia sobre la que se centra este artículo involucra la consideración de las formas en que se organizan las noticias sobre estadísticas, de manera que la conformidad con los valores contenidos en las noticias dominantes del momento no resulte afectada. El análisis sugiere que los periodistas utilizan diversas estrategias para alcanzar este objetivo. Lo más relevante : existe un esfuerzo considerable por parte de éstos a fin de elaborar historias que contengan estadísticas que puedan enfatizar tanto el humor como el drama y el interés colectivo. Al mismo tiempo, se trata de destacar de manera constante la importancia de las estadísticas, junto al carácter objetivo del reportaje mismo.
Una crítica permanente de los reportajes noticiosos sobre el delito tiene que ver con la clara preferencia de los reporteros hacia las malas noticias. Este análisis indica, sin embargo, que los periodistas podrían estar más interesados en las noticias de carácter fácil que en las malas noticias. La posibilidad de obtener estadísticas oficiales (las cuales, en el caso de la muestra utilizada describen tendencias estables o decrecientes) unida a la confianza en los científicos sociales liberales como contrapeso frente a las voces más conservadoras de las instituciones policiales y a la asistencia oficial a las víctimas, señala que las imágenes estadísticas en los medios informativos son a menudo más complejas de lo que parecieran ser.