Les ateliers de l'éthique
The Ethics Forum
Volume 9, numéro 1, hiver 2014
Sommaire (11 articles)
Dossier : Corruption de la démocratie ? / Corruption and Democracy
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Sous la direction de Marc-Antoine Dilhac et Pierre-Yves Néron
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Corruption de la démocratie ? Introduction
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Le Prince et le problème de la corruption : réflexions sur une aporie machiavélienne
Robert Sparling
p. 8–27
RésuméFR :
Dans les études sur la corruption politique, on trouve fréquemment des retours au lieu commun que les problèmes d’abus de charge publique en vue d’un intérêt privé ne peuvent être réglés sans la magie du leadership (l’anglicisme malheureux s’impose ici), cette qualité énigmatique de commandement qui saurait mettre en place les dispositifs d’incitatifs, de surveillance et de contrôle nécessaires pour contrer les abus. Mais un tel argument mène à une aporie, car les études qui placent ainsi leur confiance dans cet énigmatique leadership sont également traversées par l’idée, aussi un lieu commun, que toute autorité qui n’est pas sujette à la surveillance et au contrôle aura tendance à être corrompue. Dans cet essai, je propose de lire Le Prince de Machiavel comme une méditation sur le paradoxe suivant : l’autorité du principe est à la fois la source de la purification politique et la cause principale de la corruption. Le Prince, souvent considéré comme un texte fondateur des « leadership ethics », sera mal compris s’il n’est pas lu à la lumière de la préoccupation centrale de Machiavel républicain : la corruption.
EN :
In studies on political corruption one sees frequent appeals to the cliché that the abuse of public office for private gain cannot be fought without the magic of ‘leadership’, that enigmatic quality that enables rulers to put in place the incentive structures and the institutions of surveillance and control that ensure integrity. But this argument leads to a catch-22, for these very studies that place their confidence in the power of leaders are equally committed to the view (also a commonplace) that all authority that is not subject to surveillance and control is liable to corruption. In this paper, I propose to read Machiavelli’s Prince as a meditation on the following paradox: the authority of the prince is both the source of political purification and the principal cause of corruption. The Prince, often considered a foundational text for ‘leadership ethics,’ will be misunderstood if its counsels are not read in light of the central preoccupation of the republican Machiavelli: corruption.
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Political Corruption as Deformities of Truth
Yann Allard-Tremblay
p. 28–49
RésuméEN :
This paper presents a conception of corruption informed by epistemic democratic theory. I first explain the view of corruption as a disease of the political body. Following this view, we have to consider the type of actions that debase a political entity of its constitutive principal in order to assess corruption. Accordingly, we need to consider what the constitutive principle of democracy is. This is the task I undertake in the second section where I explicate democratic legitimacy. I present democracy as a procedure of social inquiry about what ought to be done that includes epistemic and practical considerations. In the third section, I argue that the problem of corruption for a procedural conception of democracy is that the epistemic value of the procedure is diminished by corrupted agents’ lack of concern for truth. Corruption, according to this view, consists in two deformities of truth: lying and bullshit. These deformities corrupt since they conceal private interests under the guise of a concern for truth. In the fourth section, I discuss the difficulties a procedural account may face in formulating solutions to the problem of corruption.
FR :
Cet article offre une approche du concept de corruption en fonction d’une théorie épistémique de la démocratie. J’explique d’abord l’idée de la corruption en tant que maladie du corps politique. Suivant cette approche, concevoir la corruption politique requiert de déterminer quel type d’action détourne une entité politique de son principe constitutif. Ainsi, il convient d’établir quel est le principe constitutif de la démocratie. C’est ce que je fais dans la seconde section où j’explique la légitimité démocratique. Je présente la démocratie comme une entreprise commune d’enquête, qui inclut à la fois des considérations épistémiques et pratiques, sur ce qui devrait être fait. Dans la troisième section, j’argumente que le problème de la corruption pour une justification procédurale de la démocratie est que la valeur épistémique de la procédure est amoindrie par le manque de considération d’agents corrompus pour la vérité. La corruption, selon ce cadre d’analyse, consiste en deux difformités de la vérité : le mensonge et la bullshit. Ces difformités cor-rompent du fait qu’elles dissimulent une recherche d’intérêts particuliers sous le couvert d’un intérêt pour une décision correcte. Dans la quatrième section, je discute des difficultés de l’approche procédurale à formuler des solutions au problème de la corruption.
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The Civic Duty to Report Crime and Corruption
Candice Delmas
p. 50–64
RésuméEN :
Is the civic duty to report crime and corruption a genuine moral duty? After clarifying the nature of the duty, I consider a couple of negative answers to the question, and turn to an attractive and commonly held view, according to which this civic duty is a genuine moral duty. On this view, crime and corruption threaten political stability, and citizens have a moral duty to report crime and corruption to the government in order to help the government’s law enforcement efforts. The resulting duty is triply general in that it applies to everyone, everywhere, and covers all criminal and corrupt activity. In this paper, I challenge the general scope of this argument. I argue that that the civic duty to report crime and corruption to the authorities is much narrower than the government claims and people might think, for it only arises when the state (i) condemns genuine wrongdoing and serious ethical offenses as “crime” and “corruption,” and (ii) constitutes a dependable “disclosure recipient,” showing the will and power to hold wrongdoers accountable. I further defend a robust duty to directly report to the public—one that is weightier and wider than people usually assume. When condition (ii) fails to obtain, I submit, citizens are released of the duty to report crime and corruption to the authorities, but are bound to report to the public, even when the denunciation targets the government and is risky or illegal.
FR :
Le devoir civique de dénoncer les délits de crime et corruption auprès de l’autorité publique est-il un devoir moral ? Après une clarification de la nature de ce devoir et un examen de deux réponses négatives à la question, j’envisage une position attrayante et répandue, selon laquelle le devoir civique est bien un devoir moral. L’argument est le suivant : le crime et la corruption menacent la stabilité politique et les citoyens ont un devoir de renseigner les autorités sur les délits criminels et de corruption afin de contribuer aux efforts de maintien de l’ordre. Ce devoir est triplement général, puisqu’il concerne tout délit criminel et affaire de corruption et s’applique à chacun et partout. Dans cet article, je conteste la portée générale de cet argument. Je montre que le devoir civique de dénoncer les délits criminels et affaires de corruption auprès des autorités est bien plus limité que les gens pensent, dans la mesure où il n’existe que lorsque l’État (i) condamne comme « crime » et « corruption » de réels méfaits et (ii) constitue un destinataire d’information fiable, démontrant la capacité et la volonté de tenir les coupables pour responsables. Je soutiens aussi l’existence d’un devoir d’informer le public directement – devoir qui est plus important qu’on le suppose d’ordinaire. Lorsque la condition (ii) n’est pas satisfaite, les citoyens ne sont pas moralement obligés d’informer le gouvernement, mais ils ont un devoir d’informer le public, et cela, même lorsque la cible est le gouvernement et la dénonciation est dangereuse et illégale.
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Transparency, Corruption, and Democratic Institutions
Graham Hubbs
p. 65–83
RésuméEN :
This essay examines some of the institutional arrangements that underlie corruption in democracy. It begins with a discussion of institutions as such, elaborating and extending some of John Searle’s remarks on the topic. It then turns to an examination of specifically democratic institutions; it draws here on Joshua Cohen’s recent Rousseau: A Free Community of Equals. One of the central concerns of Cohen’s Rousseau is how to arrange civic institutions so that they are able to perform their public functions without being easily abused by their members for individual gain. The view that Cohen sketches on behalf of Rousseau offers a clear framework for articulating institutional corruption in democracy. With this account of democratic institutions in place, the essay turns the discussion to the role of transparency in deterring institutional corruption. The basic thought here is perhaps unsurprising: to ensure that a democratic institution is serving its public function and not being manipulated for self-interested gain, its activities must be subject to public scrutiny, and so these activities must be transparent to the public. Saying this makes the role of transparency in a well-functioning democracy clear, but it does not settle how transparency is to be realized. The essay argues that transparency can be realized in a democracy only by an extra-governmental institution that has several of the familiar features of the press. If this is correct, it follows that in its design and in many, though not all, of its activities, WikiLeaks provides a contemporary example of such an institution.
FR :
Cet article examine certains des arrangements institutionnels qui sont à la base du problème de la corruption en démocratie. Il débute par une analyse des institutions en tant que telles, en développant et élargissant certaines des remarques de John Searle sur le sujet. Cet article se consacre ensuite à l’étude des institutions spécifiquement démocratiques ; il s’inspire ici du récent ouvrage de Joshua Cohen intitulé Rousseau : A Free Community of Equals. L’une des préoccupations centrales du Rousseau de Cohen concerne la manière d’organiser les institutions civiques pour qu’elles soient en mesure de remplir leurs fonctions publiques sans être facilement abusées par leurs membres en vue de gains individuels. Le point de vue esquissé par Cohen au nom de Rousseau offre un cadre clair permettant d’articuler la corruption institutionnelle dans une démocratie. Une fois établi ce compte rendu des institutions démocratiques, l’article se penche sur le rôle pouvant être joué par la transparence pour décourager la corruption institutionnelle. L’idée de fond que l’on retrouve ici ne nous surprend pas vraiment : pour s’assurer qu’une institution démocratique s’acquitte bien de sa fonction publique et n’est pas manipulée à des fins d’intérêts personnels, il est nécessaire que ses activités soient soumises à l’examen du public; ces activités doivent donc être transparentes pour celui-ci. Cette affirmation clarifie le rôle de la transparence dans une démocratie qui fonctionne bien, mais ne définit pas la manière de réaliser cette transparence. L’article soutient que la transparence ne peut être réalisée, dans une démocratie, que par une institution extragouvernementale qui possède plusieurs des caractéristiques de la presse qui nous sont familières. Si cela est vrai, il s’en suit que WikiLeaks, dans sa conception et dans beaucoup de ses activités, mais pas toutes, fournit un exemple contemporain d’une telle institution.
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Institutional Corruption and the Rule of Law
Paul Gowder
p. 84–102
RésuméEN :
The literature contains two concepts of corruption which are often confused with one another: corruption as twisted character (pollution), and corruption as disloyalty. It also contains two sites for corruption: the corruption of individuals, and the corruption of entire institutions such as a state or a legislature.
This paper first draws a clear distinction between the pollution and disloyalty concepts of corruption in the individual context, and then defends a conception of disloyalty corruption according to which the distinguishing feature is an agent who uses powers delegated to her from her principal as her own. Then, the paper shifts gears to the institutional context, arguing that the best account of institutional corruption in the extant literature is of the pollution kind. It then fills the remaining logical space by laying out a conception of institutional corruption as disloyalty and explaining its moral significance for the political legitimacy of a democracy.
FR :
La littérature présente deux concepts de la corruption qui sont souvent confondus l’un avec l’autre : d’abord la corruption en tant que phénomène de distorsion d’un caractère (pollution) et, ensuite, la corruption en tant que déloyauté. La littérature répertorie également deux lieux dans lesquels se déploie la corruption : la corruption des individus et la corruption d’institutions entières, telles qu’un État ou une législature.
Cet article établit, dans un premier temps, une distinction claire entre les concepts de corruption liés à la pollution et la déloyauté dans un contexte individuel. Il défend ensuite une conception de la corruption par déloyauté selon laquelle la caractéristique distinctive est un agent qui utilise les pouvoirs qui lui sont délégués par son principal comme étant les siens. L’article se tourne ensuite vers le contexte institutionnel, en faisant valoir que le meilleur compte rendu de la corruption institutionnelle dans la littérature existante concerne la corruption de type pollution. Il comble ensuite l’espace logique restant en énonçant une conception de la corruption institutionnelle en tant que déloyauté et en expliquant sa signification morale pour la légitimité politique d’une démocratie.
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À quoi sert la conception institutionnelle de la corruption ?
Pierre-Yves Néron
p. 103–125
RésuméFR :
Mon objectif dans cet article est de mieux cerner les contours d’une conception institutionnelle de la corruption. Je tenterai de contribuer à ce programme de recherches sur la corruption institutionnelle d’une double façon. Premièrement, j’essaierai de clarifier le concept de « corruption institutionnelle » en mettant en lumière quatre de ses principales caractéristiques et certains de ses avantages. Deuxièmement, je tenterai d’exposer trois problèmes auxquels sont confrontés ses partisans : les problèmes de la portée, du faux-diagnostic et de l’essentialisme. Malgré la sympathie que j’ai pour cette approche, j’espère montrer qu’elle recèle certains points problématiques. Je tenterai essentiellement de montrer que les « institutionnalistes » risquent de faire de la corruption un concept normativement surchargé.
EN :
This paper investigates the meaning of an institutional understanding of corruption and aims to provide a better conceptual map of it. I will attempt to achieve two main tasks. First, I will try to shed some light on four features of the concept of institutional corruption and some of its advantages. Second, I argue that such institutional conception of corruption faces three main problems, which I label as the scope, false-diagnosis and essentialist problems. While being sympathetic to the institutional approach, I will try to show how the proponents of it risk using the concept of corruption in a normatively over-inclusive way.
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Liberal Democratic Institutions and the Damages of Political Corruption
Emanuela Ceva et Maria Paola Ferretti
p. 126–145
RésuméEN :
This article contributes to the debate concerning the identification of politically relevant cases of corruption in a democracy by sketching the basic traits of an original liberal theory of institutional corruption. We define this form of corruption as a deviation with respect to the role entrusted to people occupying certain institutional positions, which are crucial for the implementation of public rules, for private gain. In order to illustrate the damages that corrupt behaviour makes to liberal democratic institutions, we discuss the case of health care professionals’ abuse of their right to conscientious objection to abortion services. We show that the conscience clause can be instrumentally abused to sabotage democratically established public rules and thus exert undue private influence on their implementation. In this sense, from a liberal democratic perspective, institutional corruption is problematic because it is disruptive of such fundamental liberal ideals as the impartiality of public institutions and citizens’ political equality.
FR :
Cet article contribue au débat portant sur l’identification des cas de corruption politique en esquissant une théorie libérale originale de la corruption institutionnelle. Il définit la corruption institutionnelle comme le fait, pour les personnes occupant certaines positions institutionnelles qui sont cruciales pour la mise en oeuvre des règles publiques, de dévier du rôle qui leur a été confié pour leur profit personnel. Afin d’illustrer le tort que les comportements corrompus causent aux institutions démocratiques libérales, l’article étudie le cas des professionnels de la santé qui abusent de leur droit de faire valoir l’objection de conscience pour ne pas pratiquer d’actes associés à l’interruption de grossesse. Il montre que les invocations de la clause de conscience peuvent être utilisées de façon instrumentale pour saper des règles établies démocratiquement et exercent ainsi une influence privée excessive sur la mise en oeuvre de ces règles. En ce sens, d’un point de vue démocratique libéral, la corruption institutionnelle est problématique parce qu’elle malmène des idéaux libéraux fondamentaux tels que l’impartialité des institutions publiques et l’égalité politique des citoyens.
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La démocratie sans limites : corruption et publicités dans les campagnes électorales américaines
Juliette Roussin
p. 146–166
RésuméFR :
Cet article analyse le risque de corruption que les arrêts Citizens United de 2010 et l’apparition des Super-PACs font peser sur le système électoral états-unien. Lors de la dernière campagne présidentielle, plus de 730 millions de dollars ont été investis dans des publicités électorales par de riches contributeurs et des entreprises privées regroupés en Super-PACs. Nous montrons que cet afflux d’argent consacré à des publicités politiques expose la démocratie américaine à trois formes de « corruption grise », en favorisant la banalisation de pratiques contestables et en troublant la frontière entre ce qui est licite et ce qui ne l’est pas. (1) Déplafonné, le soutien financier aux candidats risque de s’apparenter à de la subornation; (2) certaines des techniques publicitaires employées semblent réduire l’exercice de conviction démocratique à une tentative de corruption de l’électeur; (3) enfin les immenses inégalités d’influence politique que ce système de financement induit participent de la corruption des affaires démocratiques en favorisant leur captation par un petit nombre d’individus fortunés. Nous mettons en évidence que le refus systématique de la Cour Suprême d’envisager ces phénomènes comme des vecteurs de corruption se fonde sur une conception discutable de la démocratie comme système de libre concurrence pour le pouvoir politique. Comprendre la démocratie à partir de son impératif d’égalité permet à l’inverse de rendre visible la corruption à laquelle son système de financement électoral expose la démocratie américaine.
EN :
This paper examines how the 2010 Citizens United cases and the rise of Super-PACs threaten to corrupt the U.S. electoral system. During the last presidential election, rich contributors and private companies spent more than 730 million dollars on electoral ads through Super-PACs. I show that this influx of money into political advertisement threatens American democracy with “grey corruption” by making questionable practices banal and blurring the boundaries between what is lawful and what is not. It does this in three ways. (1) When financial support to a candidate is unlimited, it may be thought of as bribery; (2) many of the advertising techniques employed by Super-PACs do not aim at convincing voters but at corrupting their political judgment; (3) lastly, this financing system creates major inequalities in political influence, which contribute to corrupting democratic affairs by fostering their privatization by a wealthy few. I show that the Supreme Court’s refusal to consider any of these as sources of corruption relies on a mistaken view of democracy as a system of free competition for political power. Instead, once we ground democracy in an equality requirement, the corrosive effects that this campaign finance system has on U.S. democracy become clear.
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Corruption de la démocratie et enjeu environnemental : la « crise des ordures » napolitaine
Claire Larroque
p. 167–189
RésuméFR :
Cet article se propose d’étudier la question de la corruption démocratique à partir d’un cas précis, celui de la crise du traitement des déchets à Naples, communément nommée « crise des ordures ». En analysant trois formes ou niveaux de corruption démocratique lors de cette crise, l’article souhaite souligner que le terme de corruption démocratique, loin de désigner un mécanisme précis, qualifie, au contraire, des actes, des pratiques et des phénomènes très divers.
La crise napolitaine est marquée, d’une part, par l’implication du réseau mafieux local – la Camorra – et, d’autre part, par de graves problèmes environnementaux. L’article analyse donc, dans un premier temps, le phénomène de corruption démocratique lié à la présence d’un réseau mafieux et s’attache ensuite à montrer que ce phénomène n’est pas uniquement lié à la présence de la Camorra. En montrant que la mise en place des commissariats extraordinaires est une réponse gouvernementale technocratique à la crise napolitaine, l’article met ensuite en exergue le lien peu évident existant entre corruption démocratique et environnement. Il démontre la difficulté pour nos démocraties libérales et représentatives de répondre démocratiquement à l’enjeu environnemental contemporain et soutient que cette difficulté relève d’une forme de corruption démocratique.
EN :
This article analyzes the corruption of democracy by investigating the “garbage crisis” that occurred in Naples when the city had to deal with the failure of its waste management. By pointing out three forms or levels of democratic corruption in this crisis, this article argues that rather than referring to a specific occurrence or experience, the concept of the corruption of democracy encompasses very different actions, practices and circumstances.
There were two main causes for the crisis in Naples: the Camorra —the local Mafia—and serious environmental problems. The first part of this article examines the specificity of the corruption of democracy triggered by the presence of the Mafia to show that democracy was indeed corrupted during the crisis. However, it concludes that the presence of the Camorra is not the only factor involved in the corruption of democracy. Subsequently, as surprising as it may seem, it argues that there is a link between the corruption of democracy and the environment. It shows that the commissions set up by the government to find a solution in Naples constitute, on the whole, a technocratic and non-democratic response to the crisis. It establishes that our liberal democracies fail to provide a democratic response to contemporary environmental issues and are thus prone to another form of corruption.