Volume 8, numéro 1, printemps 2000 La superstition
Sommaire (8 articles)
Liminaire
Thème
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Comprendre la superstition
Jean-Claude Breton
p. 9–17
RésuméFR :
La superstition a acquis une nouvelle signification dans le mondeinterreligieux dans lequel nous vivons, un monde qui est passablementdifférent de celui de l’ère chrétienne homogène. Elle est aussi étudiée demanière différente. Plutôt que d’être représentée seulement comme une voiereligieuse déviante, elle est comprise de plus en plus comme un monde desens que la science, pas plus que la religion, ne peut atteindre par elle-même.Cette approche positive de la superstition n’est pas sans poser de nouvellesquestions, l’une étant la difficulté de faire cohabiter sympathie, ouverture etapproche critique. Ce bref article essaie de présenter un survol de lasituation présente.
EN :
Superstition has gained a new signification in the interreligious world welive in, which is quite different from the one it had during the homogeneouschristian era. It is also studied differently. Rather than being sketchedmainly as a devious religious way, it is understood more and more as aworld of meaning which science, as well as religion, is not always able toreach by itself. This positive approach to superstition is however notwithout opening new questions, one being the difficulty to mix sympathyand openness with a critical appraisal. This paper tries to offer an overviewof the present situation.
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Religion populaire et superstition au Moyen Âge
Micheline Laliberté
p. 19–36
RésuméFR :
La superstition, toujours difficile à cerner, est une forme de religionpopulaire plus ou moins reçue ou tolérée. Durant la longue période duMoyen Âge, elle prend différentes figures dont on ne peut rendre comptefacilement. Le propos de cet article est de faire ressortir, à partir de travauxrécents, quelques traits fondamentaux de superstitions au Moyen Âge entenant compte, entre autres, de la perception de certains auteurs de cettepériode. À la suite de cela, nous pourrons mieux saisir quelques unes desvaleurs accolées à ce terme de superstition, valeurs qui ont traversé lessiècles et qui se sont répercutées jusque dans les travaux de chercheurs de ladeuxième moitié du XXe siècle.
EN :
Superstition as a form of popular religion more or less accepted or toleratedis difficult to figure out. During the Middle Ages it undertook different facesnot easy to explain. With recent researches and the help of the perceptionfrom some Middle Ages authors, this article will put forward traits of thatparticular period about superstition. Following that we will be able to graspvalues that close related to the terms of superstition and have been carry onthrough centuries, even in researchers’work of the second half of thetwentieh century.
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L'Église et la divination au Moyen Âge, ou les avatars d'une pastorale ambiguë
Pierre Boglioni
p. 37–66
RésuméFR :
Le christianisme condamna dès les premiers siècles, surtout après Saint-Augustin, toute forme de divination : l’oniromancie, la bibliomancie ettoutes autres techniques traditionnelles, qui semblaient trop entachées depaganisme. Dans la pratique, toutefois, l’Église fut beaucoup plus tolérante,lorsque ces mêmes pratiques étaient utilisées dans un contexte qu’elleconsidérait sans danger théologique ou pastoral. Le recours à la divinationdevenait ainsi un outil discrétionnaire de contrôle, notamment par rapportà la divination populaire. Par un choix très différent, l’Islam considéra lestechniques divinatoires comme une branche des sciences profanes, qui nemenaçaient en rien la religion et que ses fidèles pouvaient pratiquerlibrement.
EN :
From the earliest period, and especially after St. Augustine, Christianitycondemned all forms of divination: oniromancy, bibliomancy and the othertraditional techniques which seemed tainted with paganism. Nevertheless,the Church was considerably more tolerant in practice when the sametechniques were used in a context without evident theological risk or dangerto the pastorate. Thus, divination became an instrument of control, to beused at Church’s discretion, especially in relation to popular customs. Islamfollowed a completely different course. It considered divinatory techniquesas a branch of secular science, which did not threaten religion and which thefaithful could freely practice.
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Magie, superstition et tradition chrétienne : Pistes d'interprétation théologique
Sophie Tremblay
p. 67–84
RésuméFR :
La popularité croissante de pratiques et de croyances irrationnelles, endedans comme en dehors des grandes Églises, lance un défi important à lathéologie, celui d’examiner à nouveaux frais les phénomènes habituellementqualifiés de magie et de superstition. Les balises posées par lathéologie scolastique dans le domaine du merveilleux ont été remises enquestion radicalement par le choc de la modernité. Quelles pistes seraientalors susceptibles de renouveler l’interprétation théologique chrétienne dela magie et des phénomènes extraordinaires? L’article en explore deux : lerapport aux médiations dans le christianisme et l’espérance commerésistance à la fatalité.
EN :
The continous evolvement of practices and irrational beliefs happeninginside and outside traditional churches challenged theology when it came tophenomena qualified as magical and supersitious. The boundaries fixed byscholastic theology, regarding the sensational domain, are questioned bymodernity. What are the new ways that can be used to renew christiantheological interpretation of magical and extraordinary phenomena? Thearticle propose two ways: the relation to mediations in christianity and hopeto resist fatality.
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La question des augures à Rome : L'éthique du devenir incertain
Christian St-Germain
p. 85–104
RésuméFR :
Dans ce bref essai, nous cherchons à surprendre la poésie d’une folieclassificatoire qui se révèle à travers les subdivisions spécialisées des« métiers d’avenir » d’obédiences jupitériennes, des collèges de devins del’ancienne Rome : Augures, Haruspices, Flamines, toutes espèces detechniciens des foudres et des viscères d’oiseaux affichant une inégalablecomponction dans l’exercice de leur art.L’acte divinatoire vise à donner du sens et surtout à en trouver dansl’univers, partie liée avec le phénomène religieux. Toute une herméneutiquesavante de l’inopiné, de l’aléatoire ou de l’impondérable vient réduirel’inconnu à la certitude de signes qui ne sauraient mentir. Il en va tout autantdans la religion que dans la divination du maniement d’un transfert, de laproposition à un sujet angoissé d’un savoir supposé certain, quant à l’avenir.
EN :
In this brief essay we try to catch the poetic movement from a classifiedmadness that is revealed through the specialized subdivisions of « métiersd’avenir » from Jupiter obediences, college of fortune tellers from ancientRome: Augurs, Haruspices, Flamines, all sorts of technicians of lightning andbirds viscera showing an incomparable compunction in their exercise of art.The purpose of divine act is to give a signification and specially to find itinside the universe which is link to the religious phenomenon. An entirelypart of unexpected, unpredictable, or imponderable scholarly hermeneuticreduces the unknown to the certainty of signs that could not have died. It isthe same in religion as in the divine handling of transfering, in theproposition to an anxious subject of a supposely knowledge regarding thefuture.
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La lettre d'amour comme genre théologique
François Nault
p. 105–124
RésuméFR :
Rapporter le geste théologique à la lettre d’amour, c’est s’inscrire d’entrée dejeu dans un espace assez inconfortable. C’est s’engager à s’exprimer en exilédans l’interstice formé par un double écart : d’une part, l’écart qui séparel’écriture théologique de l’écriture amoureuse et, d’autre part, l’écart quiéloigne chacune de ces écritures de son lieu de circulation habituel. Loin devouloir résorber ces écarts, je voudrais m’y enfoncer comme il faut, enétendre les ressorts afin de mesurer le jeu qu’ils permettent. Pour ce faire, jepropose de prendre comme fil conducteur La carte postale de JacquesDerrida et l’horizon de questionnement que ce livre étrange délimite.
EN :
From the outset, the work of transposing the theological movement to alove letter is an uncomfortable one. It engages us to express ourselves in exil,in a space formed by a double gap ; on one side a gap that separatestheological writing from loving writing, and on the other side a gap thatpushes away both writings from their usual surroundings. Far from wantingto absorb these gaps, I would like to drive right into it, to spread theirelasticity in order to measure the extension of their movement. To do so, Ipropose to use La carte postale from Jacques Derrida as a conductor threadand for the horizon of questioning raised by it.