Volume 44, numéro 2, automne 2012 Réciprocités sociales. Lectures de Simmel Social reciprocities. Contemporary Simmel Sous la direction de Gregor Fitzi et Denis Thouard
Sommaire (18 articles)
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Réciprocités sociales. Lectures de Simmel : présentation
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Comment lire Simmel ?
Denis Thouard
p. 19–41
RésuméFR :
La disponibilité de l’ensemble de l’oeuvre de Simmel permet de poser derechef la question des malentendus que le relâchement manifeste de sa forme scientifique n’a pas manqué de causer. Une telle réflexion ne se borne évidemment pas à l’aspect extérieur de ses textes, mais fournit l’occasion de s’interroger sur son style de pensée et, par là, sur l’intention fondamentale de son oeuvre, qui engage un rapport constant de la sociologie à la philosophie. On procédera ici en trois étapes. D’abord, un repérage dans le corpus s’impose pour trouver les aspects incriminés. Puis on posera la question du rapport de la forme à la carrière de Simmel, à sa pratique du séminaire ; à sa conception de la sociologie centrée sur les « formes de socialisation » ; et à la nature de l’essai, notamment en contraste avec les conceptions d’Adorno. Enfin, son rapport au langage sera interrogé, dans sa motivation philosophique, qui montre clairement pourquoi, aux yeux de Simmel, la question de la forme scientifique est secondaire par rapport au sens du problème.
EN :
The availability of Simmel’s entire body of work allows us to once again examine the misunderstandings occasioned by his moderation of strictly scientific forms of inquiry in his later writings. The examination is not bounded by the outward aspects of his works, offering instead an opportunity to examine his style of thought and, thereby, the fundamental intent of his work, which involves a sustained effort to link sociology with philosophy. The analysis proceeds in three stages. First, a survey of the corpus of Simmel’s works will identify the (‘non-scientific’) elements in question. Subsequently, we examine the role of form in Simmel’s work and career, in his seminar practice, in his conception of sociology as centered on “forms of socialization,” and in the nature of the essay, in contrast with Adorno’s conceptions in particular. Finally, an analysis of the philosophical underpinnings of Simmel’s though on language will demonstrate clearly why he considered the question of scientific forms in contrast to the meaning of problems.
ES :
La disponibilidad del conjunto de la obra de Simmel permite hacerse de nuevo la pregunta acerca de los malentendidos que el relajamiento manifiesto de su forma científica no ha faltado de causar. Tal reflexión no se limita evidentemente al aspecto exterior de sus textos, sino que ofrece la ocasión para interrogarse acerca del estilo de su pensamiento y, por ello, acerca de la intención fundamental de su obra, que establece una relación constante entre la sociología y la filosofía. Procederemos en tres etapas : inicialmente se impone la identificación del corpus para encontrar los aspectos incriminados. Luego nos haremos la pregunta acerca de la relación de la forma en la obra de Simmel, con su práctica del seminario ; con su concepción de la sociología centrada en las “formas de socialización” ; y con la naturaleza del ensayo, particularmente en contraste con las concepciones de Adorno. Finalmente, nos interroguemos acerca de su relación con el lenguaje, de su motivación filosófica, que muestra claramente por qué, a los ojos de Simmel, la cuestión de la forma científica secundaria con relación al sentido del problema.
I. Interpréter la société / I. Interpreting Society
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Un problème de chiffres : l’utilisation des connaissances empiriques en statistique dans la théorie sociale classique
Zohreh Bayatrizi et Thomas Kemple
p. 45–73
RésuméFR :
En se référant à des exemples précis de théoriciens reconnus ou non de la sociologie du xixe au début du xxe siècle, et en prenant en compte les écrits de Georg Simmel quant à la détermination quantitative des groupes sociaux comme cadre théorique et point thématique de départ, cet essai considère la diversité des formes de connaissances qui caractérisent certains des textes fondateurs de la sociologie. Nous nous concentrons en particulier sur l’utilisation de tableaux statistiques, d’enquêtes, ou d’autres moyens de générer et de rendre compte d’une connaissance empirique au sein du travail de théoriciens sociaux classiques tels que Durkheim et Tarde, Marx et Engels, Max et Alfred Weber, ainsi que des données numériques sur lesquelles ils se sont appuyés ou qu’ils ont générées, cela incluant Quetelet, Kay-Shuttleworth et Du Bois. Nous conclurons en regardant en quoi un examen des méthodes empiriques et statistiques en sociologie classique nous aide à voir que le conflit entre les approches qualitatives et quantitatives qui divise la sociologie d’aujourd’hui est en grande partie dû à l’évolution ultérieure de la division disciplinaire du travail et d’une spécialisation professionnelle de la connaissance, un problème que les travaux de Simmel nous aident à exposer et à traiter.
EN :
With reference to specific examples from canonical and non-canonical sociological writers from the 19th and early 20th century, and taking Georg Simmel’s insight into the quantitative determination of social groups as our theoretical frame and thematic point of departure, this essay considers the diversity of knowledge formats which characterize some of the founding texts of sociology. In particular, we focus on the use of statistical tables, surveys, and other ways of generating and displaying empirical knowledge in the work of classical social theorists such as Durkheim and Tarde, Marx and Engels, Max and Alfred Weber, along with the figures they drew upon or influenced, including Quetelet, Kay-Shuttleworth, and Du Bois. We conclude by considering how an examination of empirical and statistical methods in classical sociology helps us to see that the conflict between qualitative and quantitative approaches which divides sociology today is largely an effect of the subsequent development of the disciplinary division of labour and the professional specialization of knowledge, a problem which Simmel’s work helps us to expose and address.
ES :
Este ensayo considera la diversidad de las formas del conocimiento que caracteriza a ciertos textos fundadores de la sociología, refiriéndose para ello a algunos ejemplos precisos de teóricos reconocidos, o no, de la sociología del siglo XIX, al inicio del siglo XX, y teniendo en cuenta los escritos de George Simmel en cuanto a la determinación cuantitativa de los grupos sociales como marco teórico y punto temático de partida. Nos concentramos en particular en la utilización de los cuadros estadísticos, las encuesta y otros medios para generar y dar cuenta de un conocimiento empírico en el seno del trabajo de teóricos sociales clásicos como Durkheim y Tarde, Marx y Engels, Max y Alfred Weber, así como de los datos numéricos en los cuales se apoyaron o que generaron, incluyendo Quetelet, Kay-Shuttleworth y Du Bois. Concluiremos observando en qué forma un examen de métodos empíricos y estadísticos en la sociología clásica nos ayuda a conocer que el conflicto entre los enfoques cualitativos y cuantitativos que divide la sociología actual se debe en gran parte a la evolución ulterior de la división disciplinaria del trabajo y una especialización profesional del conocimiento, un problema que los trabajos de Simmel nos ayudan a exponer y a tratar.
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Science historique et sociologie chez Georg Simmel
Florence Hulak
p. 75–94
RésuméFR :
Cet article examine la conception simmelienne du rapport entre histoire et sociologie, afin de déterminer si elle peut nous aider à penser la spécificité épistémologique de l’histoire. Il retrace à cette fin les définitions de la science historique successivement adoptées par Simmel. Elle est d’abord conçue comme premier niveau de la connaissance dans les sciences de l’homme, puis comme science régie par un type spécifique d’a priori, celui de l’individualité. L’histoire apparaît enfin, quoiqu’il ait moins développé ce point, comme science de l’historicité des phénomènes sociaux, en tant que son objet ne se laisse pas ramener aux actions réciproques dont traite la sociologie simmelienne.
EN :
This article examines the Simmelian conception of the relationship between history and sociology in order to determine whether it can further our understanding of the epistemological specificity of history. The article traces the varying definitions of historical science that Simmel successively adopted. He first conceived of the study of history as the first level of knowledge in the humanities and, later, as a science governed by the distinct a priori knowledge of individuality. Ultimately, although he developed this perspective least, history was for Simmel the study of the historicity of social phenomena, insofar as the object of study was not confined to the reciprocal actions with which Simmelian sociology is concerned.
ES :
Este artículo examina la concepción simmeliana de la relación entre historia y sociología, con el fin de determinar si es posible ayudarnos a concebir la especificidad epistemológica de la historia. En este sentido, aquí se analizan las diferentes definiciones de la ciencia histórica, adoptadas sucesivamente por Simmel. Inicialmente es concebida como un primer nivel del conocimiento en las ciencias del hombre, posteriormente como una ciencia regida por un tipo específico de a priori, el de la individualidad. La historia aparece finalmente, aun cuando Simmel haya desarrollado menos este punto, como una ciencia de la historicidad de los fenómenos sociales, en tanto que su objeto no permite ser llevado a las acciones recíprocas tratadas por la sociología simmeliana.
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La guerre des universaux. La place de Simmel dans la réflexion sociologique sur l’obligation
Nicola Marcucci
p. 95–117
RésuméFR :
Cet article montre comment les différents moments de l’oeuvre de Simmel sont traversés par la nécessité d’une reformulation de la problématique libérale de l’obligation. Si la responsabilité des actions — comme cela est suggéré par l’invention des droits sociaux — n’est plus imputable aux seuls individus et si la rationalité de la loi n’est pas déterminable par le seul droit positif ou par les abstractions du droit naturel, ces aspects obligent à une révision sociologique du concept moderne de liberté. Hors du cadre naturaliste, positiviste et historiciste du xixe siècle, cette révision passe forcément par une analyse et une critique du lien étroit que les Modernes établissent entre universalisme et formalisme juridico-économique. En ce sens, la réflexion de Simmel représente une acceptation de la dimension historique de ce phénomène, mais veut pourtant la dépasser à travers une réflexion éthico-politique capable de laisser émerger un universalisme d’un genre nouveau, immanent au formalisme moderne.
EN :
The article examines the various instances at which Simmel’s work confronts the necessity to reformulate the liberal conception of obligation. If — as the emergence of social rights suggests — responsibility for action is no longer imputable to individuals alone and if the rationality of the law is not determinable through positive law or the abstractions of natural law, a sociological revision of the modern conception of freedom is indispensable. Beyond the naturalist, positivist, and historicist framework of the 19th century, this revision must necessarily include a critical analysis of the close link that the Moderns posited between universalism and legal-economic formalism. In this perspective, Simmel’s thought at once represents an acceptance of the historical dimension of this phenomenon, but also seeks to transcend it through an ethico-political reflection that allows for the emergence of a new type of universalism, which is immanent in modern formalism.
ES :
Este artículo muestra cómo los diferentes momentos de la obra de Simmel están atravesados por la necesidad de una reformulación de la problemática liberal de la obligación. Si la responsabilidad de las acciones -como lo sugiere la idea de los derechos sociales- ya no es imputable tan sólo a los individuos, y si la racionalidad de la ley no es determinada tan sólo por el derecho positivo o por las abstracciones del derecho natural, estos aspectos obligan a una revisión sociológica del concepto moderno de libertad. Esta revisión, fuera del marco naturalista, positivista e historicista del siglo XIX, pasa forzosamente por un análisis y una crítica del vínculo estrecho que los Modernos establecen entre el universalismo y el formalismo jurídico-económico. En este sentido, la reflexión de Simmel representa una aceptación de la dimensión histórica de este fenómeno pero, no obstante, busca rebasarla a través de una reflexión ético-política que permita surgir un universalismo de un nuevo género, inmanente al formalismo moderno.
II. Crises modernes / II. Modern Crises
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La crise de la culture face au multiculturalisme
Gregor Fitzi
p. 121–142
RésuméFR :
Nos sociétés deviennent de plus en plus « multiculturelles ». Il s’agit d’un phénomène très présent dans les débats politiques et scientifiques, dont la définition n’est pourtant pas univoque. Communautés avec langues, religions et moeurs caractéristiques produisent différentes identités, qui se partagent bien ou mal l’espace social entre elles. Arriveront-elles à s’intégrer un jour dans une société commune ou resteront-elles toujours dans un état de conflit latent ? La crise de la culture caractérise selon Simmel la vie de l’homme moderne, qui n’arrive plus à réaliser une synthèse subjective soit des contenus objectifs de la culture soit des rôles sociaux qu’il exerce. Face à la théorie simmelienne de la culture se pose aujourd’hui la question de l’interprétation sociologique du multiculturalisme. Est-elle à voir comme une stratégie de réduction de la complexité sociale moderne ou bien comme un conflit entre « multi-communautarisme » et pluralisme sociétaire ? L’article propose une clef de lecture simmelienne de la problématique.
EN :
Our societies are becoming increasingly “multicultural.” The phenomenon is a prominent element of political and scholarly debate, yet it escapes unequivocal definition. Communities with characteristic languages, religions, and customs produce distinct identities, which are shared with varying degrees of success across the common social space. Will they be able, eventually, to integrate into a common society, or will they always remain in a state of latent conflict ? According to Simmel, the crisis of culture characterizes the modern life of humanity, since people are unable to arrive at a subjective synthesis either of the objective contents of culture or of the social roles they themselves play. The Simmelian theory of culture today faces questions stemming from the sociological interpretation of multiculturalism : is it to be seen as a reductionist strategy in response to modern social complexity or as a conflict between « multi-communitarianism » and societal pluralism ? The article provides a Simmelian perspective on the arguments involved.
ES :
Nuestras sociedades devienen cada vez más “multiculturales”. Se trata de un fenómeno muy presente en los debates políticos y científicos, cuya definición no es por tanto unívoca. Comunidades y lenguas, religiones y costumbres características producen diferentes identidades que comparten, bien o mal, el espacio social entre ellas. ¿Podrán éstas llegar a interrogarse algún día en una sociedad común o permanecerán siempre en un estado de conflicto latente ? Según Simmel, la crisis de la cultura caracteriza la vida del hombre moderno, quien ya no logra realizar una síntesis subjetiva ni de los contenidos objetivos de la cultura ni de los roles sociales que ejerce. Frente a la teoría simmeliana de la cultura, hoy día se cuestiona la interpretación sociológica del multiculturalismo. ¿Debe éste ser visto como una estrategia de reducción de la complejidad social moderna o como un conflicto entre “multiculturalismo” y pluralismo societario ? Este artículo propone una clave de lectura simmeliana de la problemática.
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Le secret et la connaissance interpersonnelle : un fondement original du lien social
Annette Disselkamp
p. 143–163
RésuméFR :
L’analyse du secret chez Simmel, qui désigne un tournant sociologique par rapport à la philosophie des Lumières, comprend une vision spécifique de la « connaissance » interpersonnelle. Celle-ci peut servir de cadre à l’étude des réseaux sociaux sur internet, permettant l’analyse des cercles à travers la grille des données « publiques » et « cachées ». Cependant, elle suscite des problèmes d’ordre épistémologique : en effet, elle semble suggérer que l’image d’autrui se compose par l’agrégation d’éléments de type factuel. Afin d’éviter une telle conclusion, qui est incompatible avec les textes fondamentaux de Simmel, il sera proposé de relire les chapitres de la Sociologie à l’aune de la notion de compréhension, telle qu’elle est développée dans les textes tardifs. Une conception originale du lien social se profilera alors, qui articule les opérations du « connaître » et du « comprendre ».
EN :
Simmel’s analysis of secrecy, which marked a sociological turn away from Enlightenment philosophy, includes a specific vision of interpersonal “knowledge”. Interpersonal knowledge can serve as a framework for research into online social networks, allowing for the study of groups within a reference grid of « public » and « hidden » data. Yet it also raises epistemological difficulties, seeming to suggest, in fact, that the image of the other is composed through the aggregation of factual elements. In order to avoid this conclusion, which is incompatible with Simmel’s fundamental texts, a new reading of the chapters of Sociology is proposed in the light of the notion of understanding that Simmel developed in his later writings. An original conception of the social bond is elaborated, articulating the operations of « knowing » and « understanding ».
ES :
El análisis del secreto en Simmel designa un giro sociológico con relación a la filosofía de las Luces e incluye una visión específica del “conocimiento” interpersonal. Este análisis puede servir de marco para el estudio de las redes sociales en Internet, que permite el análisis de los círculos a través del cuadro de datos de lo “público” y lo “escondido”. Sin embargo, esto suscita problemas de orden epistemológico : en efecto, parece sugerir que la imagen del otro está compuesta por la agregación de elementos de tipo factual. Con el fin de evitar tal conclusión, compatible con los textos fundamentales de Simmel, aquí se propone releer los capítulos de la Sociología a través de la noción de comprensión, tal como es desarrollada en sus textos tardíos. Se presenta entonces una concepción original del vínculo social que articula las operaciones del “conocer” y “comprender”.
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L’argent comme écran psychique : l’étiologie des névroses et de la perversion en économie à partir de la Philosophie de l’argent de Georg Simmel
Alain Deneault
p. 165–180
RésuméFR :
La Philosophie de l’argent de Georg Simmel s’enquiert autant des modalités par lesquelles les processus monétaires peuvent être pervertis que de la façon dont l’argent peut lui-même pervertir les termes d’une culture. Après avoir analysé ce que l’on peut considérer chez Simmel au titre des structures perverses contredisant la dynamique interactionniste et vitaliste, notre article en chantier vise à étudier de plus près ce qu’il en est d’une modalité sociale d’agir motivée par une culture spécifique de l’argent, soit le cynisme. Cette attitude, plus qu’une seule disposition psychologique à l’origine d’un certain rapport à l’argent, se voit conditionnée socialement par une interférence d’un média fétichisé, dans les élaborations sociologiques d’acteurs sociaux quant aux faits de valeur.
EN :
In The Philosophy of Money, Georg Simmel examined both the modalities by which monetary processes may be perverted and the manner in which money may, in turn, pervert a culture. Having analysed what may be considered in Simmel’s thought to deal with perverse structures contradicting interactionist and vitalist dynamics, this article (in progress) aims to examine more closely a social modality of action motivated by a specific money culture : that is, cynicism. More than simply a psychological disposition underpinning a certain relationship with money, this attitude is socially conditioned by the interference of a fetishized media within sociological elaborations of social actors in relation to value facts.
ES :
En su Filosofía del dinero George Simmel se interroga tanto acerca de las modalidades por medio de las cuales los procesos monetarios pueden ser pervertidos, como acerca de la manera como el dinero puede en sí mismo pervertir los términos de una cultura. Después de haber analizado lo que puede ser considerado en Simmel como las estructuras perversas que contradicen la dinámica integracionista y vitalista, nuestro artículo, en desarrollo, apunta a estudiar más de cerca lo que podría ser una modalidad social de actuar, motivada por una cultura específica del dinero, es decir el cinismo. Esta actitud, más que una disposición psicológica que origina cierta relación con el dinero, se ve condicionada socialmente por una interferencia del medio fetichista en las elaboraciones sociológicas de actores sociales en cuanto a hechos de valor.
III. Individualités / III. Individualities
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Comment l’individualité est-elle possible ? Conditions structurelles et culturelles d’un idéal de la culture moderne
Hans-Peter Müller et Isabelle Kalinowski
p. 183–206
RésuméFR :
Dans ce qui va suivre, il s’agira de proposer une esquisse retraçant de manière systématique les idées majeures de Simmel relatives à cet ensemble de problématiques. Ma thèse est que le sociologue allemand a saisi avec une exceptionnelle acuité les conditions anthropologiques, structurelles et culturelles (idéelles mais aussi normatives) de l’individualité moderne. En effet, la question « Comment l’individualité est-elle possible ? » fait pendant, comme en miroir, à la question « Comment la société est-elle possible ? » Bien que Simmel n’ait pas posé la question exactement en ces termes, il a développé une réflexion systématique sur les conditions structurelles et les présupposés culturels de cet idéal moderne. La « tragédie de l’individualité », je tenterai de le montrer, résulte du hiatus entre le développement structurel, qui ouvre pour la première fois la voie à la liberté et à l’individualité modernes, et le développement culturel qui rend presque impossible, d’un point de vue moral, cette option générée d’un point de vue structurel. En termes wébériens, on pourrait dire que les « chances de vie de l’individualité » ne permettent pas de développer un « style de vie de l’individualité ».
EN :
The following article outlines in a systematic way the main ideas of Simmel on this set of issues. The general thesis is that the German sociologist discerned and seized anthropological, structural and cultural conditions (ideational but also normative) of modern individuality with an exceptional acuity. Indeed, the question “How is individuality possible?” is the mirrored equivalent to the question “How is society possible?” Though Simmel did not pose the question in exactly these terms he developed a systematic reflection on the structural conditions and the cultural prerequisites of this modern ideal. The “tragedy of individuality”, as I will try to show, results from the gap between structural and cultural development. The former, for the first time, enables modern freedom and individuality; the latter, however, from a moral point of view, almost renders impossible the realization of this option generated by the structural development. In Weberian terms, one could say that the “life chances of individuality” are not met by a “style of life of individuality.”
ES :
El presente texto busca esbozar de forma sistemática las ideas más importantes de Simmel con relación a este conjunto de problemáticas. Mi tesis argumenta que la sociología alemana ha captado con una agudeza excepcional las condiciones antropológicas, estructurales y culturales (ideales pero también normativas) del individualismo moderno. En efecto, la pregunta “¿cómo es posible el individualismo?” renvía, cual espejo, a la pregunta “¿como es posible la sociedad?” Aun cuando Simmel no se cuestionó exactamente en estos términos, desarrolló la reflexión sistemática acerca de las condiciones estructurales y los presupuestos culturales de este ideal moderno. Trata de demostrar cómo, la “tragedia de la individualidad”, resulta del hiato entre el desarrollo estructural, que abre por primera vez la vía a la libertad y a la individualidad modernas, y el desarrollo cultural que hace casi imposible, desde el punto de vista moral, esta opción generada de un punto de vista estructural. En términos weberianos, podría decirse que las “opciones de vida de la individualidad” no permiten desarrollar un “estilo de vida de la individualidad”.
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Individu et individualisme chez Georg Simmel, au prisme de Durkheim et de Weber
Catherine Colliot-Thélène
p. 207–233
RésuméFR :
L’individualisme constitue un des thèmes centraux des grands textes de la sociologie du début du xxe siècle. Par leur densité et leur complexité, les analyses que Georg Simmel a consacrées à ce thème justifient de voir en lui un des plus remarquables théoriciens de la modernité. Le présent article met en valeur l’originalité de ses analyses en les croisant de manière contrastive avec celles d’Émile Durkheim et de Max Weber. Cette originalité réside dans le lien que Simmel établit entre l’individualisme et le développement de la personnalité, qu’il entend, à la différence de Durkheim, comme singularité distinctive, et qui a été selon lui rendue possible par l’éradication des rapports de dépendance personnelle sous l’effet de la généralisation de l’économie monétaire. Tout en reconnaissant la puissance heuristique de cette interprétation de l’individualisme moderne sur le plan d’une phénoménologie du vécu, l’article en indique les limites, qui ressortent de la confrontation avec une sociologie qui, comme c’est le cas de celle de Max Weber, privilégie l’analyse des logiques institutionnelles.
EN :
Individualism was one of the central themes of the great works of sociology at the beginning of the 20th century. The density and complexity of Georg Simmel’s analyses of individuality offer ample justification for the view that he was among the most remarkable theoreticians of modernity. The present article highlights the originality of his analyses in contrast with those of Émile Durkheim and Max Weber. Simmel’s originality resides in his linking of individualism with the development of personality, which he saw, in opposition to Durkheim, as a distinctive singularity and as enabled by the eradication of personal dependence relationships that had been brought about by the proliferation of the money economy. While acknowledging the heuristic force of this interpretation of modern individualism in relation to a phenomenology of life, the article also points to its limitations, which stem from the confrontation with a sociology that accords, as did Max Weber, greater importance to analyses of institutional logics.
ES :
El individualismo constituye uno de los temas centrales de los grandes textos de la sociología de comienzos de siglo XIX. Por su densidad y complejidad, los análisis que George Simmel consagró a este tema justifican ver en él a uno de los más destacados teóricos de la modernidad. El presente artículo destaca la originalidad de sus análisis, contrastándolos con los de Emir Durkheim y Max Weber. Esta originalidad reside en el vínculo que Simmel establece entre el individualismo y el desarrollo de la personalidad que, a diferencia de Durkheim, Simmel entiende como una singularidad distintiva que ha sido posible gracias a la erradicación de las relaciones de dependencia personal bajo el efecto de la generalización de la economía monetaria. Reconociendo el poder heurístico de esta interpretación del individualismo moderno en el plano de la fenomenología de lo vivido, este artículo indica sus límites, que surgen de la confrontación con una sociología que, como en el caso de Max Weber, privilegia el análisis de las lógicas institucionales.
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Personnalité individuelle et personnalité collective selon Émile Durkheim et Georg Simmel
Jean Terrier
p. 235–259
RésuméFR :
Ce texte s’interroge sur la question de la personnalité chez Durkheim et Simmel. Après avoir dégagé quelques aspects de la problématique de la personnalité par le biais d’un survol de la littérature existante, l’auteur se penche sur deux questions principales. 1) La question anthropologique de la « personnalité individuelle » : l’auteur montre quelle conception de la personne humaine est adoptée par les deux auteurs (conscience de soi et moralité, chez Durkheim ; conscience de soi et originalité, chez Simmel). Le thème de la différence entre individu et personne dans les schèmes conceptuels de Durkheim et Simmel est abordé, ainsi que la question de la construction sociale et historique des personnes. 2) La question macrosociologique et ontologique de la « personnalité collective », c’est-à-dire de la « personnalité de la société » : l’auteur souligne ici les différences entre Durkheim et Simmel : si les deux sociologues refusent le postulat d’un être social supra-individuel, Durkheim fait un usage heuristique, politique, et pédagogique de la métaphore de la personnalité collective, tandis qu’un tel usage n’est pas présent chez Simmel.
EN :
In this paper, we address the question of personality in Durkheim and Simmel.We will address this issue by distinguishing between two distinct but interrelated questions, each of which will be specifically analyzed. 1) Question of philosophical anthropology : the concept of « individual personality ».It will be to discern what notion of the human being is implemented by the two authors ; We will focus in particular on the question of the difference between individual and individual, and between mind and body, on the other, in the conceptual schemes of Durkheim and Simmel. 2) Question macrosociological : here we will try to make sense of the term « collective personality », that is to say, « subjectivity of society » (understood as the more inclusive context of interactions between individuals).We must determine here whether it makes sense, in terms of both authors considered, to posit the existence, for a social entity, a « character traits » individuals.If the notion has obvious political benefits, it is not without methodological difficulty. We will see that as well as Durkheim Simmel have been reluctant on this issue.
ES :
El presente texto se interroga acerca de la cuestión de la personalidad en Durkheim y en Simmel. Después de analizar algunos aspectos de la problemática de la personalidad a través de una mirada general a la literatura existente, el autor analiza dos cuestiones principales. Primero, la cuestión antropológica de la “personalidad individualidad”, donde el autor muestra la concepción de la persona humana adoptada por los dos autores (consciencia de sí mismo y moralidad, en Durkheim ; consciencia de sí mismo y originalidad, en Simmel). Allí aborda el tema de la diferencia entre individuo y persona en los esquemas conceptuales de Durkheim y Simmel, así como la cuestión de la construcción social e histórica de las personas. En segundo lugar, la cuestión macrosociológica y ontológica de la “personalidad colectiva”, es decir, la “personalidad de la sociedad”. Aquí, el autor subraya las diferencias entre Durkheim y Simmel : si los dos sociólogos rechazan el postulado de un ser social supraindividual, Durkheim hace un uso heurístico, político y pedagógico de la metáfora de la personalidad colectiva, mientras que dicha utilización no está presente en Simmel.
IV. Dossier spécial : les actualités de Simmel / IV. Special Report: Simmel' News
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Les chemins de la pensée de G. Simmel en Italie
Claudia Portioli
p. 263–287
RésuméFR :
L’une des caractéristiques les plus frappantes de la première réception italienne de la pensée de Georg Simmel, c’est qu’elle passe, au départ, par la traduction de quelques-unes de ses contributions philosophiques les plus importantes. Les seules exceptions, concernant sa production sociologique, furent les essais Das Problem der Soziologie et Zur Soziologie der Armut, traduits respectivement en 1896 et en 1906. Ainsi, contrairement à ce qui est arrivé dans d’autres pays (Allemagne incluse), en Italie, Simmel a été connu et apprécié — par ceux qui se sont approchés les premiers de ses ouvrages — tout d’abord en tant que philosophe. C’est depuis les années 1980 qu’on assiste au renouveau de l’intérêt pour l’ensemble des ouvrages de Simmel qui amène, entre autres, la traduction de ses travaux sociologiques les plus importants et la réalisation de nombreuses études. Ces dernières mettent en valeur aussi bien sa contribution au développement de la sociologie que la complexité de sa pensée qui dépasse les strictes bornes disciplinaires.
EN :
One of the most striking characteristics of the initial reception of Georg Simmel’s thought in Italy is that it began with the translation of some of his most important philosophical treatises. The only exceptions to this were his sociological essays Das Problem der Soziologie and Zur Soziologie der Armut, translated respectively in 1896 and 1906. Thus, in opposition to his reception elsewhere (Deutschland included), in Italy Simmel was discovered and valued — by those who first came into contact with his work — as a philosopher first and foremost. The 1980s saw a renewal of interest in Simmel’s corpus of work, resulting in the translation of some of his most important sociological works, as well as providing the stimulus for numerous studies that have since demonstrated the importance of his contribution to the development of sociology and the complexity of his thought beyond the confines of any single discipline.
ES :
Una de las características más sorprendentes de la primera acogida del pensamiento de Georg Simmel en Italia es que ésta tiene lugar, inicialmente, por medio de la traducción de algunas de sus contribuciones filosóficas más importantes. Las únicas excepciones, con relación a su producción sociológica, fueron los ensayos Das Problem der Soziologie y Zur Soziologie der Armut, traducidos respectivamente en 1896 y 1906. Así, contrariamente a lo que sucedió en otros países (incluyendo a Alemania), en Italia Simmel fue reconocido y apreciado ante todo como filósofo, por los primeros que se acercaron a sus obras. A partir de 1980 se renueva el interés por el conjunto de su obra, lo que lleva, entre otras, a la traducción de sus trabajos sociológicos más importantes y a la realización de numerosos estudios. Estos últimos resaltan igualmente su contribución en el desarrollo de la sociología, donde la complejidad de su pensamiento rebasa los estrictos límites disciplinarios.
Comptes rendus
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Marian Mičko : Walter Benjamin, lecteur de Georg Simmel / Revue critique de Marian Mičko, Walter Benjamin und Georg Simmel, Wiesbaden, Harrassowitz Verlag, 2010, 409 p.
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Georg Simmel, Gesamtausgabe 21, Kolleghefte, Mit-und Nachschriften, [oeuvres complètes 21], A. Rammstedt et C. Rol (dir.), Frankfurt a. M., Suhrkamp, 2010, 1343 p.
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Georg Simmel, Gesamtausgabe 18, Englischsprachige Veröffentlichungen 1893-1910 [Oeuvres complètes 18, publications anglaises 1893-1910], David P. Frisby (dir.), Frankfurt a. M., Suhrkamp, 2008, 548 p.
Traduction inédite
Hors thème / Non thematic
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Les enfants parodiques : catastrophes sociales, néo-victimes et nouvelles identités dans les « mondes du détenu-disparu »
Gabriel Gatti
p. 311–335
RésuméFR :
Cet article explore les façons de construire du sens, de l’action, de l’identité dans un lieu marqué par une catastrophe sociale radicale, celle de la disparition forcée de personnes au Cône Sud de l’Amérique latine dans les années 1970. Pour ce faire, je développerai un argumentaire en trois temps : premièrement, je décrirai la sociogenèse de la disparition forcée de personnes en proposant qu’elle soit lue en tant qu’une catastrophe dévastatrice pour la lecture moderne de l’identité ; deuxièmement, je décrirai les caractéristiques essentielles des deux récits dominants dans le monde social des disparus, le plus traditionnel (le récit du sens) et celui qui appartient aux générations plus jeunes, les néo-victimes, les fils des disparus (le récit de l’absence du sens) ; finalement, à partir de l’analyse de ce dernier récit, je proposerai de récupérer un concept enraciné de vieille date dans l’histoire de la sociologie, celui de l’anomie, et de le combiner avec un autre encore très nouveau pour cette discipline, celui de parodie, pour penser la logique de la construction sociale de l’identité en situations extrêmes.
EN :
This article examines ways of constructing meaning, action, and identity in a place marked by the radical social catastrophe that was the enforced disappearance of individuals in Latin America’s Southern Cone in the 1970s. I develop my argumentation along three lines : first, I describe the sociogenesis of the enforced disappearance of individuals, proposing that it be understood as a devastating catastrophe for modern readings of identity ; second, I describe the essential characteristics of two narratives dominating the social world of the disappeared : first, the more traditional (the narrative of meaning) and, second, that belonging to the younger generations, the neo-victims, the children of the disappeared (the narrative of the absence of meaning) ; finally, drawing on an analysis of the latter form of narrative, I propose to employ a concept long rooted in the history of sociology — that of anomy — in combination with another that is still very new to the discipline — that of parody — in order to conceptualize the logic of the social construction of identity in extreme situations.
ES :
Este artículo explora los modos de construir sentido, acción e identidad en un lugar marcado por una catástrofe social radical, la de la desaparición forzada de personas en el Cono Sur de América Latina durante los años setenta. Desarrollaré un argumento en tres tiempos : en primer lugar, describiré la sociogénesis de la desaparición forzada proponiendo que sea interpretada como una catástrofe que devasta la lectura moderna de la identidad ; en segundo lugar, describiré las características esenciales de las dos narrativas dominantes en el mundo social de los desaparecidos, la más tradicional (narrativa del sentido) y la propia de las generaciones más jóvenes, las neo-víctimas, los hijos de desaparecidos (narrativa de la ausencia de sentido) ; finalemente, partiendo del análisis de esta última narrativa, propondré que se recupere un concepto de larga presencia en la historia de la sociología — el de anomía — y que se le combine con otro aún muy nuevo para esta disciplina — el de parodia — para con ellos pensar la lógica de la construcción social de identidad en situaciones extremas.