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Abelson Miriam J., 2019, Men in Place. Trans Masculinity, Race, and Sexuality in America. Minneapolis, University of Minnesota Press.

  • Paul Rivest

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  • Paul Rivest
    Institut d’ethnologie méditerranéenne, européenne et comparative (Idemec), Université d’Aix-Marseille, Aix-en-Provence, France

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Couverture de Diversité de genre, Volume 47, numéro 2, 2023, p. 15-274, Anthropologie et Sociétés

Dans Men in Place, Miriam J. Abelson, professeure associée en Women, Gender, and Sexuality Studies à l’Université de Portland, s’intéresse aux transmasculinités étatsuniennes et entreprend de montrer en quoi les lieux façonnent les expériences de la masculinité, du genre, de la race et de la sexualité. Tiré de sa thèse en sociologie, l’ouvrage prend appui sur un terrain mené entre 2009 et 2013 (Abelson 2014) dans le cadre duquel l’auteure a parcouru différentes zones urbaines, péri-urbaines et rurales de trois régions du pays (l’ouest, le sud-est et le midwest) pour y mener des entretiens avec 66 hommes trans. Dans le champ des études trans, où une majorité d’enquêtes sont menées en ligne ou dans les grands centres urbains, la méthodologie déployée se distingue par la rencontre des participants sur leurs lieux de vie, permettant un accès aux discours et aux réalités concrètes d’individus souvent invisibilisés dans les recherches, notamment ceux des personnes vivant en milieu rural. En outre, l’ouvrage s’inscrit pleinement dans les épistémologies du point de vue situé, l’auteure revenant, en annexe, sur ses positionnements (de genre, de provenance géographique, de classe sociale, etc.) et sur les assignations dont elle a fait l’objet sur son terrain. La richesse des matériaux recueillis est restituée dans une analyse claire, structurée en cinq chapitres et développée selon une approche interactionniste visant à rendre compte de la production des inégalités dans leur intrication aux différents rapports de classe, de race et de sexualité. Le cadre théorique mobilisé prend appui sur une sélection étoffée de références tirées, entre autres, de l’anthropologie, de la géographie, de la sociologie et des études trans, complexifiant l’analyse et montrant l’apport d’une approche pluridisciplinaire du sujet. Deux originalités : l’ouvrage adopte une entrée par la géographie, une variable rarement prise en compte par les analyses intersectionnelles et qui s’avère particulièrement heuristique pour penser les savoirs situés, et il propose d’étudier la production des masculinités à partir des discours d’hommes trans, remplissant l’objectif énoncé par l’auteure d’inscrire ces derniers dans le champ des études des masculinités (p. 216). Le premier chapitre procède au déploiement d’une typologie des masculinités organisées autour de différentes figures idéal-typiques américaines telles celles du faggy man, du progressive man, du lumberjack, du redneck ou du thug. Présentées comme étant intrinsèquement liées aux catégories de race, de classe et de sexualité qui les structurent, ces figures sont montrées comme étant indissociables des lieux dans lesquels elles prennent place. Ainsi, si le redneck et le thug représentent des formes d’hypermasculinité, chacune de ces figures est rattachée à des espaces particuliers où elles opèrent un contrôle sexuel et racial : la première incarne une hypermasculinité rurale, blanche et pauvre, et la seconde, une hypermasculinité urbaine, pauvre, noire ou « latinx ». Bien que l’on puisse regretter l’absence des classes supérieures dans l’analyse de la classe, celle-ci s’articulant autour d’une opposition entre les classes moyenne et ouvrière, la variété des personnes composant l’enquête permet de dresser une cartographie complexe et originale des masculinités étatsuniennes aux appellations évocatrices de leur caractère local. Notion centrale autour de laquelle gravite l’analyse, la masculinité idéale est représentée par la figure du regular guy. Valorisée et associée à la classe moyenne, blanche et périurbaine, elle est mobilisée à travers un concept clé, la goldilocks masculinity, que l’auteure reformule à partir de la figure de Boucle d’Or (Goldilocks). Cette « masculinité Boucle d’Or » est une masculinité du juste milieu : elle n’est ni excessive, ni insuffisante. Elle structure les représentations que les sujets se font de la masculinité (ch. 2) et de ce qui en …

Parties annexes