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72.Plus d’information
Cet article propose d'explorer les indéterminations sémantiques à l'oeuvre dans Copie conforme (2010) d'Abbas Kiarostami, elles-mêmes au fondement des indéterminations narratives sur lesquelles le film construit son ambivalence interprétative. Au couple tiraillé diégèse vs mimésis se double la dichotomie original vs copie d'où s'observe le jeu signifiant de la déréalisation (Lageira : 2010). Exemplifiant par la négative la nécessité, pour tout jugement, de s'exercer dans des conditions référentielles, il sera démontré que Copie conforme contribue à la réflexion sur le problème proprement sémantique de la référence à travers la problématique de la copie en art (Danto : 1989). Narratologiquement fondé sur un réseau de signifiants émancipés (Descombes : 1983), l'oeuvre de Kiarostami ne permet aucun jugement interprétatif définitif quant à la vérité qui sous-tend le jeu auquel se prêtent les personnages-acteurs (Goffman : 1973) et par là démontre la nécessité de s'appuyer sur une théorie du signe à trois termes (Peirce) pour fonder une sémiotique propice à exercer, de manière pragmatique, la faculté de juger.
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78.Plus d’information
Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, au moment précis où le temps exerçait l'emprise la plus pressante et la plus oppressante qui soit (voir notamment Darwin, Clausius et Schopenhauer), l'espace me paraît s'être substitué au temps comme expérience première de l'être au monde. Si Rimbaud échoue, certes, dans sa tentative de tuer le temps par une sorte d'accélération éperdue, il est en revanche le premier à le prendre au piège de l'espace, d'un espace poétique fait de simultanéité et de réversibilité.Mallarmé puis Valéry et Apollinaire feront de ce nouvel espace, proprement phénoménologique, le lieu où le Moi (celui de l'auteur comme celui du lecteur) pourra se frayer sa propre voie, à la rencontre ou à l'encontre de lui-même - inaugurant ainsi le XXe siècle au cours duquel l'écriture ne prendra sens, dans une large mesure, qu'à former cet espace où, littéralement, un Moi peut s'inventer.
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79.Plus d’information
Cet article se propose d'examiner différentes théories de la lecture, de l'écriture et de la traduction dans le cadre d'une anthropologie interdisciplinaire de la traduction et à partir d'une réflexion féministe se situant aussi dans une perspective herméneutique. Si le concept de « genre » est une catégorie d'analyse utilisée pour désigner les rapports sociaux entre les sexes, c'est également une grille de lecture de constructions sociales signifiant des rapports de pouvoir. En effet, l'évolution actuelle des sociétés remet en question les acquis du mouvement féministe depuis les années 1970, et la traduction, en mettant au jour des enjeux de pouvoir, peut apporter de nouveaux éléments dans les débats autour de la question du rapport au pouvoir et celle de la violence de la tradition patriarcale. Notre examen de la symbolique de la hiérarchisation valorisant le masculin se réfère notamment aux travaux de Françoise Héritier sur la pensée de la différence sexuée dans les systèmes de représentation. Nous examinerons, à la suite de Lori Chamberlain, l'isotopie métaphorique de la sexualité et du mariage en traduction et le modèle masculin de George Steiner. Nous évoquerons aussi, en souscrivant à l'idée d'un « inconscient théologique » avancée par Jean-René Ladmiral, l'horizon d'un inconscient amoureux qui lui serait lié et qui nous paraît être à l'oeuvre dans toute la pensée sur la traduction et la réflexion traductologique. D'autres lectures de la traduction dans leur dimension amoureuse ou érotique seront également abordées, en particulier celles de Valery Larbaud et de Serge Gavronsky s'articulant autour de l'inconscient freudien. Nous opposerons à l'isotopie métaphorique de la sexualité en traduction et au modèle de Steiner différentes lectures féministes illustrant la liberté de s'insurger contre les stéréotypes et l'inégalité entre les sexes, tout en ouvrant la réflexion sur la question de l'autorité. Les questions de genre, de sexualité et d'autorité en traduction font apparaître des enjeux proprement politiques, et il conviendra en conclusion d'insister sur le pluralisme de l'autorité.
Mots-clés : lecture, herméneutique, traduction féministe, métaphores sexuelles, reading, hermeneutics, feminist translation, sexual metaphors
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Le « principe archaïque de la richesse » ou le vouloir comme possession dans Mammon de Robert Alexis
Plus d’informationMammon de Robert Alexis est une mise en scène du désir. Dans une fresque ambitieuse qui se veut l'aventure réfléchie de toutes les aventures, Alexis revient d'une manière plus concertée à l'aspiration qui habite ses romans précédents : vivre à la hauteur de la véritable exigence du désir. À l'instar de la jeune journaliste que le richissime Moreau invite dans son château, le lecteur pénètre dans le récit d'Alexis pour être initié peu à peu au matérialisme du désir, à l'égoïsme et au sacrifice qu'il exige dans une nature qui renaît sans cesse au sein de sa destruction même. Davantage qu'une histoire à lire en esthète ou en technicien, l'écriture alexienne se veut ainsi performative : il s'agit de rejoindre une communauté aristocratique dont le roman est la métaphore et dont l'exigence habite puissamment, selon Alexis, chacun de ses lecteurs.