Louis-Edmond Hamelin
Recherches sociographiques
Vol. 35, n° 3, 1994, p. 421-432
Le vocabulaire traitant du fait autochtone est sous-développé et n’utilise pas suffisamment les notions non officielles. Autochtone fait référence à «ne pas venir d’ailleurs», à l’expression d’une descendance, aux liens avec la terre et à la diversité ethnique. Certains traits se sont transformés, en particulier, les «genres de vie» ainsi que les cultures d’origine. Ces évolutions du traditionalisme vers le modernisme, d’un type de différentialité vers un autre, d’un mode de canadianité vers un autre rendent difficile la définition de l’autochtonie d’aujourd’hui. Mais sans une compréhension suffisante de cette dynamique, des modèles de cohabitation ne pourraient être imaginés, définis et appliqués.
The vocabulary used to deal with the aboriginal fact is underdeveloped and does not make sufficient use of non-official concepts. «Aboriginal» refers to «not originating elsewhere», to the expression of a line of descent, to connections with the land and to ethnic diversity. Certain characteristics have gone through transformations, in particular the «ways of living», as well as the original cultures. These developments of traditionalism toward modernism, from one way of being different toward another, from one way of fact. But without a sufficient understanding of this dynamic, it would not be possible to imagine, define and apply models of cohabitation.
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Jean-Paul Lacasse
Revue générale de droit
Vol. 32, n° 3, 2002, p. 809-820
L’Innu est toujours à la recherche de l’harmonie sociale. Il veut éviter la confrontation si c’est possible. Si ça va mal, il cherche à rétablir l’harmonie. Il y avait, chez les Innus, des normes de conduite qui s’inséraient dans leur ordre naturel mais qui n’étaient pas imposés de l’extérieur (contrairement, par exemple à ce qui est prévu au Code criminel du Canada). En matière d’infractions aux normes de conduite, c’est la même chose : celles-ci sont considérées comme des ruptures de l’harmonie sociale.
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Louise Vigneault
Mens : revue d'histoire intellectuelle de l’Amérique française
Vol. 6, n° 2, printemps 2006, p. 239-261
Cet article porte sur la démarche et l’œuvre de l’artiste huron Zacharie Vincent qui, au cours du XIXe siècle, s’est consacré à la peinture de la tradition occidentale académique. Il a produit un nombre considérable d’autoportraits et de scènes de la vie quotidienne, ce qui lui a permis de renverser les schemes de représentation en vigueur du Sujet autochtone et de répondre au discours alarmiste à l’égard du sort de sa communauté. Cet essai constitue le premier jet d’une étude visant à cerner les stratégies de représentation et de diffusion des œuvres de cet artiste qui a réussi à témoigner de sa réalité et de celle de sa communauté auprès de l’intelligentsia et de l’élite politique canadienne et britannique.
This article presents the artistic process and works of Huron artist Zacharie Vincent who, throughout the 19th century, was dedicated to Western academic painting. He produced many self-portraits and scenes of daily life, thus changing how the Aboriginal was represented and responding to an alarmist discourse on the future of his community. This paper is the first in a study of the representation and exhibition strategies of an artist who succeeded in presenting his reality and that of his community to the Canadian and British intelligentsia and political elite.
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Sylvie Vincent
Recherches amérindiennes au Québec
Vol. 40, n° 1-2, 2010, p. 13-24
Depuis le tout début des années 1970, Rémi Savard a réfléchi tout haut, par la voie de textes envoyés aux journaux et par ses interventions à la radio, sur des sujets dont la plupart peuvent être ramenés à une question unique et lancinante : pourquoi les relations entre les Québécois et les Premières Nations du Québec ne sont-elles pas ce qu’elles devraient être ? Avec les sous-questions qui viennent naturellement à l’esprit : depuis quand et pourquoi se sont-elles détériorées, quelles devraient-elles être exactement, quand allons-nous enfin réagir pour ne pas transmettre ce gâchis aux générations futures ? Le tout dans la perspective d’un Québec indépendant. Car, au moins jusqu’en 1995, la préoccupation première – je dirais, l’inquiétude profonde – exprimée par Rémi Savard est de savoir si le Québec, une fois devenu indépendant, serait capable de reconnaître non seulement la présence des Premières Nations mais aussi leurs droits et l’intérêt de leur compagnonnage pour un pays qui s’élancerait sur la voie de sa souveraineté.
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Ghislain Otis
Recherches amérindiennes au Québec
Vol. 39, n° 1-2, 2009, Pages 99-108
Cet article analyse la contribution récente de la Cour interaméricaine des droits de l’homme au développement du droit international relativement à la question spécifique de la réparation des violations des droits fonciers des peuples autochtones. Il dégage ensuite les principales leçons que les juges canadiens devraient tirer de cette jurisprudence au moment de trancher un litige entre l’État et un peuple autochtone. Les deux grandes catégories de réparations identifiées par l’auteur sont la restitution et la compensation. Chacune opère une redistribution de la richesse et du pouvoir entre autochtones et non-autochtones. La réparation de nature restitutoire est celle qui soulève les plus grandes difficultés politiques et pratiques puisqu’elle implique une remise en cause de situations foncières parfois acquises de longue date au profit de tiers. Le droit du système interaméricain sur cette question paraît audacieux tout en étant empreint d’un certain pragmatisme qui amène à relativiser le principe de restitution au nom de l’équité et de la paix sociale. La compensation pécuniaire et non pécuniaire du préjudice subi par les autochtones, y compris le préjudice culturel, se présente par contre comme une mesure minimale qui souffre peu d’exceptions.
Remedies for the Infringement of Indigenous Land Rights: Lessons from the Inter-American Court of Human Rights
This article analyses the recent contribution of the Inter-American Court of Human Rights (IACHR) to the development of international law with respect to the specific issue of remedies for the infringement of indigenous land rights. The paper points to the main lessons that Canadian courts should draw from the Inter-American jurisprudence when resolving a dispute between the state and an indigenous people. The author identifies two categories of remedies, that is restitution and compensation, which may result in a substantial redistribution of wealth and power between non-indigenous and indigenous components of society. Restitutionary remedies are complex from both a policy and practical point of view because they sometimes entail the disruption of rights long held by third parties. While the law of the Inter-American system is no doubt ground-breaking with regard to restitution, it is not devoid of pragmatism in the name of equity and social harmony. On the other hand, monetary and non-monetary compensation of damages incurred by indigenous peoples, including cultural damage, is awarded as a matter of course.
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Gabriel Poliquin
McGill Law Journal
Vol. 58, n° 3, 2013, Pages 573-605
L’auteur propose d’interpréter l’article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982 et la jurisprudence pertinente à cet article à la lumière de certains principes généraux issus de la jurisprudence de la Cour suprême du Canada portant sur l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés, qui garantit des droits linguistiques aux communautés de langue officielle. La thèse suivante se dégage de cette interprétation : les droits autochtones garantis à l’article 35 comprennent des droits linguistiques, dont une obligation positive de l’État de favoriser la vitalité des langues autochtones. Cette obligation de favoriser la vitalité des langues autochtones se démarque de l’obligation de l’État en matière de langues officielles qui est d’assurer l’égalité des deux communautés de langue officielle. L’obligation positive de l’État à l’égard des communautés de langues autochtones est de mettre en place les structures nécessaires à la préservation des patrimoines linguistiques autochtones pour assurer leur transmission d’une génération à l’autre. Le contenu de cette obligation pourra varier d’une communauté linguistique autochtone à l’autre selon l’écologie linguistique propre à cette communauté. L’auteur propose en outre que cette interprétation de l’article 35 est conforme aux principes promulgués par les accords internationaux auxquels le Canada est partie en matière de droits autochtones.
The author proposes an interpretation of section 35 of the Constitution Act, 1982, and its related jurisprudence, in light of certain general principles emanating from Supreme Court judgments that discuss section 23 of the Canadian Charter of Rights and Freedoms. Section 23 provides guarantees of language rights to official-language communities. The following argument flows from this interpretation: aboriginal rights in section 35 create language rights and impose a positive obligation on the state to promote the vitality of aboriginal languages. This obligation is distinct from the state’s obligation concerning official languages, which serves to ensure equality between the two official linguistic communities. The state’s positive obligation toward aboriginal linguistic communities requires the development of structures necessary for the preservation of aboriginal linguistic heritage in order to ensure its transmission from one generation to the next. The content of this obligation may vary from one linguistic community to another, depending on the linguistic environment specific to a given community. The author proposes that this interpretation of section 35 also corresponds to the principles promulgated by the international treaties concerning aboriginal rights to which Canada is a signatory.
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This paper provides a framework for understanding the social complexity of the linkages between language, identity, and territoriality (or attachments to place). Drawing on qualitative research among Inuit in the Canadian Arctic and in Ottawa, it discusses Inuit identities in relation to the role played by local, regional, national, and global processes in constructing Inuitness and the transformation of Indigenous identities nationally and globally. The paper argues that although Inuktitut is being supported by institutional and political structures in Nunavik and Nunavut, English and French have become increasingly important in daily Northern life. At the same time, Inuit migration to Southern cities has offered new challenges and established new priorities in the fostering of the plurilingualism necessary for urban Inuit life.
Cet article offre un cadre pour comprendre la complexité sociale des liens entre la langue, l’identité et la territorialité (ou l’attachement au lieu). Reposant sur une recherche qualitative faite parmi les Inuits de l’Arctique canadien et d’Ottawa, j’y discute des identités inuites en relation avec le rôle joué par les processus locaux, régionaux, nationaux et mondiaux dans la construction de l’« Inuitness » et la transformation des identités indigènes sur les plans national et mondial. Cet article mettra en lumière que, bien que l’inuktitut soit soutenu par des structures institutionnelles et politiques au Nunavik et au Nunavut, l’anglais et le français sont devenus de plus en plus importants dans la vie quotidienne nordique. En même temps, la migration inuite vers les villes du Sud a présenté de nouveaux défis et a établi de nouvelles priorités dans la formation du plurilinguisme nécessaire à la vie inuite urbaine.
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Nancy Wachowich, Willow Scobie
Études/Inuit/Studies
Vol. 34, n° 2, 2010, p. 81-105
This article explores the contemporary use of open-access video-sharing sites by Inuit youth and young adults. Based on 12 months of cyber-fieldwork and focused specifically on YouTube, it explores how Inuit young people across the Canadian Arctic are using online spaces to post short excerpts from their lives and connect with others. The paper situates these digital autobiographies in the recent trajectory of Inuit storytelling, showing that Internet technology allows individual narrators the freedom to bypass established rules and institutions of cultural representation. Self-produced videos posted online are more multivalent, dialogical, and provocative expressions of Inuit selfhood than those texts that may have circulated in the past. While the Internet has been celebrated for its global reach, many of the social relationships and dialogues seemingly fostered by this technology are intimate and localised. Inuit youth and young adults use video-sharing technology to creatively mediate pasts, presents, and futures in the creation of new social worlds.
La mise en ligne de soi: récits inuit numérisés sur YouTube
Cet article explore l’utilisation contemporaine par des jeunes et jeunes adultes inuit de sites internet de libre accès avec vidéos partagés. S’appuyant sur 12 mois de cyber-terrain spécifiquement sur YouTube, il explore comment les jeunes inuit de l’Arctique canadien utilisent l’espace virtuel pour partager de courts extraits de leur vie et interagir avec les autres. L’article situe ces autobiographies numérisées dans la récente trajectoire des pratiques de mise en récit inuit, montrant que la technologie Internet offre aux narrateurs individuels la liberté de contourner les règles sociales et les institutions de représentation culturelle établies. Les vidéos auto-produites affichées en ligne sont des expressions plus polyvatentes, dialogiques et provocatrices du soi inuit que les textes qui ont circulé dans le passé. Bien que l’Internet ait été célébré pour sa portée mondiale, la plupart des relations sociales et des dialogues apparemment favorisés par cette technologie sont intimes et localisés. Les jeunes et les jeunes adultes inuit utilisent la technologie vidéo comme médiateur créatif entre divers passés, présents et avenirs possibles dans la création des nouveaux mondes sociaux.
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Denis Gagnon
Anthropologie et Sociétés
Vol. 30, n° 1, 2006, p. 180-186
Nous sommes plus familiers avec les torts subis par les Amérindiens et les Inuit qu’avec ceux qu’ont endurés les Métis parce que ce peuple suscite peu d’intérêt dans les milieux de la recherche. J’enseigne depuis deux ans et demi au Collège universitaire de Saint-Boniface (CUSB) et, en guise d’introduction, je vais présenter trois exemples de conflits identitaires qui concernent les Métis du Manitoba ; selon les cas, on craint la perte ou le partage de son identité ou bien on ne reconnaît pas l’identité métisse.
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Joanna Seraphim
Cahiers franco-canadiens de l'Ouest
Vol. 27, n° 1, 2015, p. 149-176
Les Métis francophones sont une minorité parmi les populations autochtones. En raison des discriminations, de nombreux Métis ont caché leur identité et n’ont pas appris à leurs enfants leur culture pour faciliter leur intégration économique et sociale dans la société dominante canadienne. Désormais, être Métis est mieux accepté qu’auparavant. Les Métis cherchent à sauvegarder leur culture et à l’enseigner à leurs enfants avant qu’il ne soit trop tard. En nous basant sur une enquête de terrain, des entrevues, une analyse qualitative de leur contenu, nous cherchons à comprendre le rôle de la famille et de la communauté dans la transmission culturelle et identitaire des Métis d’aujourd’hui. Nous nous rendons compte que des Métis sont toujours soumis à la violence symbolique, c’est-à-dire qu’ils pensent que les discriminations contre leurs pairs sont justifiées, et rejettent leur culture. Toutefois, de nombreux Métis ont le projet de préserver et de transmettre leur culture, à travers la pratique de traditions ou la fréquentation de la communauté métisse. Cette communauté métisse urbaine existe sous la forme d’association métisse. Ces structures associatives représentent un lieu de socialisation; elles oeuvrent pour la préservation de la culture à travers des événements communautaires et des ateliers culturels. Cette étude se démarque par la méthode et les concepts mobilisés, et par ses objectifs, qui visent à apporter des suggestions pratiques pour favoriser la transmission culturelle et identitaire des Métis en milieu urbain.
The Francophone Métis constitute a minority among aboriginal populations. Because of discrimination, many Métis concealed their identity and did not teach their children about their identity in order to facilitate their economic and social integration within the dominant Canadian society. Currently, being Métis is better accepted than previously. The Métis are attempting to preserve their culture and to teach it to their children before it is too late. Based on field research, interviews and a qualitative analysis of their contents, an attempt was made to investigate the role of the family and of the community in the transmission of a sense of culture and identity amongst the Métis of today. Consideration was taken that the Métis are still subject to symbolic violence, that they believe that the discrimination directed at their peers is justified and they reject their culture. Nonetheless, many Métis are intent upon preserving and transmitting their culture through the practice of traditions and through association with the Métis community. The urban Métis community exists in the form of a Métis association. These associative structures represent a space of socialisation; they strive to preserve the culture by means of community events and cultural workshops. This study is distinguished by the methodology and concepts used and by its goals, which are intended to deliver practical solutions to promote the transmission of the culture and identity of urban Métis.
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